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Les grosses molaires
(du latin mola, meule) ou multicuspidées sont les dents
qui occupent la partie la plus reculée du rebord alvéolaire.
Elles atteignent leur plus haut degré de développement chez
les ruminants et chez les pachydermes. Chez
l'humain, on en compte douze, six pour chaque mâchoire
: trois à droite et trois à gauche. On les désigne
sous les noms numériques de première, deuxième,
troisième, en allant d'avant en arrière. La troisième,
qui apparaît longtemps après les autres, est encore appelée
dent de sagesse.
Caractères
généraux.
La couronne des grosses molaires, assez
régulièrement cuboïde, nous présente quatre faces,
comme pour les prémolaires. Les faces
antérieure et postérieure, suivant lesquelles ces dents se
correspondent, sont planes; les deux autres, interne et externe, sont convexes,
lisses, arrondies. Leur surface triturante, véritables meules sur
lesquelles se broient les aliments, sont armées de quatre cuspides,
que sépare un double sillon disposé en croix. Toutefois,
le nombre de ces cuspides n'est pas constant-:
il peut, suivant les cas, descendre à trois un s'élever à
cinq.
La racine des grosses molaires est toujours
multiple; on en compte deux ou trois, plus rarement quatre. Quand il existe
deux racines seulement, l'une est antérieure, l'autre postérieure
et toutes les deux sont aplaties d'avant en arrière. Lorsqu'il en
existe trois ou quatre, un en rencontre deux en dehors : la troisième
ou les deux autres sont en dedans. Exceptionnellement, on observe des molaires
avec cinq racines.
En ce qui concerne leur direction, les
racines des grosses molaires sont parallèles un plus ou moins divergentes.
Dans certains cas, après s'être écartées de
l'axe de la dent, elles reviennent vers cet axe en formant un crochet.
Les dents qui présentent une pareille disposition sont dites dents
barrées. Un conçoit sans peine qu'on ne pourra en pratiquer
l'avulsion qu'à la condition d'enlever en même temps la portion
du maxillaire qu'elles embrassent par leurs
racines.
Caractères
différentiels.
Les grosses molaires supérieures
se distinguent des grosses molaires inférieures par leur volume
qui, contrairement à ce qu'on observe pour les autres dents, est
moins considérable. A ce premier caractère distinctif vient
s'en ajouter un autre, tiré du nombre des racines : les molaires
supérieures, en effet, présentent trois ou quatre racines,
tandis que les molaires inférieures n'en possèdent que deux.
Les trois molaires supérieures se
distinguent d'abord les unes des autres par leur volume, qui va en décroissant
de la première à la troisième. Il en résulte
que leurs faces triturantes forment dans leur ensemble une surface triangulaire
dont la base est formée par la première molaire et dont le
sommet, plus ou moins fortement tronqué, répond à
la partie postérieure de la troisième. Elles se distinguent
ensuite par le nombre et la disposition de leurs cuspides. La première
molaire supérieure possède ordinairement quatre cuspides,
un à chaque coin. La deuxième en présente trois, deux
externes, le troisième interne. La troisième ou dent de sagesse,
la plus petite des trois, en possède également trois; mais
ils sont généralement moins volumineux et moins distincts
que pour la dent précédente. En même temps, ces trois
racines semblent s'âtre ramassées sur elles-mêmes et
sont plus ou moins soudées.
Les trois molaires inférieures décroissent,
comme les supérieures, de la première à la troisième.
La première, qui est la plus volumineuse de toutes les dents, nous
présente cinq cuspides, trois externes et deux internes. La seconde
n'en possède que quatre, un pour chaque coin, séparés
par un sillon en croix. La dent de sagesse, enfin, très variable
dans sa forme comme tous les organes rudimentaires, en possède suivant
les cas, trois, quatre ou cinq; mais ils sont toujours plus petits et moins
bien délimités que sur les deux dents précédentes.
Pour reconnaître le côté
auquel appartiennent les grosses molaires, il convient de se baser sur
la disposition et le volume respectif des racines. Nous avons vu que les
molaires supérieures possédaient trois racines, dont deux
externes et l'autre interne. Or, des deux racines externes, l'antérieure
est plus volumineuse que la postérieure : il faudra donc, une molaire
supérieure étant donnée, la disposer d'une façon
telle que, de ses deux racines externes, la plus grosse soit placée
en avant, la plus petite en arrière. De même pour les molaires
inférieures, nous savons qu'elles ne présentent que deux
racines, l'une antérieure plus forte et plus large, l'autre postérieure
plus petite : ceci connu, il suffira, pour mettre en position une molaire
inférieure, d'avoir l'oeil sur ses deux racines et de la disposer
sur le côté du maxillaire où la racine la plus développée
sera en avant et la moins développée en arrière.
Le volume des grosses molaires, avons-nous
dit plus haut, décroît de la première à la seconde
et de la seconde à la dent de sagesse. Chez les singes, au contraire,
les molaires augmentent de volume dans le même sens : la première
est plus petite que la seconde et celle-et est plus petite que la troisième.
(Testut). |
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