| Il y a aujourd'hui 123 églises à Venise. Le nombre des églises a d'ailleurs toujours été considérable dans cette ville; pendant longtemps, la population ecclésiastique y a été supérieure à celle des premiers Etats de la catholicité. D'après le travail des commissaires nommés par le gouvernement vénitien en 1763, afin de répri mer l'excessive richesse du clergé, travail extrait avec soin par Daru, le nombre des ecclésiastiques s'élevait a quarante-cinq. mille sept cent soixante et treize, ce qui donnait une personne du clergé sur cinquante-quatre habitants, tandis qu'en France il n'y en avait qu'un sur cent cinquante, et en Espagne sur soixante et treize. D'après les tableaux statistiques des provinces vénitiennes publiés par Quadri en 1827, la population ecclésiastique n'y était plus que d'une personne sur deux cent seize; elle était descendue en France à une sur huit cent trente-trois. Malgré les querelles du gouvernement et du clergé avec la cour de Rome, on sent que la dévotion du peuple a du être un obstacle invincible à une rupture. Ce clergé opulent et populaire (le peuple élisait les curés) était exclu des conseils et des emplois de la République et, à un fort petit nombre d'exemples près, il se rangea toujours du côté de l'autorité civile contre la puissance spirituelle. Les libertés de l'Église vénitienne se rapprochaient bien plus du schisme grec, toujours si docile au pouvoir, que de l'esprit séditieux de la réforme. Chose singulière, le divorce était au nombre de ces libertés; il était également permis en Pologne, au moyen de nullités ménagées d'avance. La tolérance dont Venise a été louée, et qu'elle dut sans doute à la position du clergé en dehors du gouvernement, parait s'être affaiblie plus tard lors de la décadence de la république : le vertueux Maffei fut exilé pour quelques opinions de son livre sur l'usure; et la même rigueur atteignit un patricien qui, dans ses voyages, avait visité Voltaire et Rousseau. Les églises de Venise offrent le double intérêt de souvenirs historiques reculés, éclatants, et des merveilles de l'art, dues aux grands maîtres vénitiens. On ne donnera ici que quelques exemples de ces églises. Certaines bénificient de présentations plus complètes sur des pages séparées. San Marco Saint-Marc. L'église-basilique Saint-Marc, se situe sur l'un des côtés de la place du même nom. L'art chrétien n'a rien produit d'aussi original : c'est un mélange des styles byzantin, romanetgothique, un musée de dépouilles apportées de la Grèce, de Constantinople, de Syrie, d'Espagne, de tous les pays où Venise vit flotter son pavillon, et une magnifique galerie de peintures nationales. L'édifice fut commencé en 977, sur l'emplacement d'une première église bâtie en 828 et détruite par le feu; on n'en fit la consécration solennelle qu'en 1111. Il n'est devenu église cathédrale qu'en 1817, et fut considéré jusque-là comme la simple chapelle des doges, destinée aux cérémonies qui avaient un caractère national. Le doge nommait le primicier et les 26 chanoines du chapitre. - La basilique Saint-Marc, à Venise. Santa Maria Zobenigo (Santa Maria del Giglio). L'église Santa Maria Zobenigo ou du Giglio s'élève sur le campo homonyme . Cette église fut construite par la famille Barbaro en 1680, qui en confia l'exécution à l'architecte Giuseppe Sardi. La façade est en style baroque, avec des niches spéciales dans lesquelles furent placées les statues des principaux personnages de ladite famille. Sur les piédestaux des colonnades, il y a des bas-reliefs avec les plans topographiques de diverses villes. A l'intérieur de I'église, on admire deux petits monuments en l'honneur de Jules et Justinien Contarini, par A. Vittoria et quelques tableaux très appréciables. San Moisè. L'église Saint Moïse (San Moisè) a été bâtie, sur les ruines d'une autre très ancienne, à l'initiative de la famille Fini, qui donna 30 mille ducats en vue de cette reconstruction. La façade, exécutée par l'architecte Termignan en 1668, est l'oeuvre la plus baroque qu'on puisse imaginer, si bien que Selvatico la jugea le comble de la folie architecturale. Ici, à San Moisè, il y a aussi l'ancien Ridotto, auquel se rattachent tant de faits historiques et tant de vicissitudes. Construit sur l'ordre de Marc Dandolo au XIVe siècle, il subit différentes modifications et transformations, de façon que sa disposition originaire se trouva presque entièrement changée, surtout à l'intérieur. Ce fut d'abord la résidence de l'ambassadeur de France, Guillaume Pellicier, évêque de Rhodes, qui y cacha le traître Augustin Abbondio, coupable d'avoir communiqué à la Porte Ottomane les délibérations de la République. Puis cet édifice devint le Ridotto ou Casino des Nobles, où les patriciens corrompus gaspillaient au jeu et dans l'oisiveté les richesses de leurs aïeux; enfin les salles de l'édifice furent louées pour des bals et des amusements carnavalesques. Dans ce même endroit se réunirent les exilés de la Vénétie pour discuter de quelle manière on pourrait empêcher les anciennes provinces vénitiennes de tomber à nouveau sous la domination autrichienne. -. | | L'église San Moisè | L'église San Salvador. | San Salvatore L'église du Saint Sauveur (San Salvatore ou san Salvador), à l'Est de la Riva del Carbon, est une des plus belles églises de Venise. Commencée en 1506 par Georges Spaventa, elle fut achevée en 1534 par Tullio Lombardo. La façade, construite par Sardi en 1663, en est plutôt de style baroque et dissemblable à l'intérieur de l'édifice se développant simple et sévère dans les trois nefs en forme de croix grecque, où sont placés les monuments grandioses du procureur André Dolfin et de sa femme; du doge André Venier, de Sansovino; de l'ex-reine de Chypre, Catherine Cornaro de Contino, etc. Dans le maître-autel, un tableau de Titien avec la Transfiguration de Jésus sur le Mont Tabor sert à garder la sublime auréole en argent avec des travaux précieux, au ciseau et en relief, exécutés par un auteur inconnu vers la fin du XIIIe siècle (1290). Le cloître voisin fut commencé par Tullio Lombardo et achevé par Sansovino. On dit que c'est sous le vestibule de cette église que se réfugia en 1177 le pape Alexandre III, pour se soustraire aux persécutions de Frédéric Barberousse. Du haut du clocher on jouit d'une vue splendide sur la ville. Santo Stefano. L'église Saint-Etienne (San Stefano), dont la construction remonte à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle. L'intérieur est à trois nefs et contient des motifs architecturaux splendides, ainsi que des ornements, des sculptures et des peintures insignes. Dans le pavé de l'église, au milieu de la nef centrale, on voit la pierre tombale couvrant la tombe du valeureux Francesco Morosini. Le clocher, en style gothique, comme la façade de l'église, est attribué à Antoine dalle Masegne. Plusieurs monuments funèbres sont scellés dans le portique du cloître, parmi lesquels celui du doge André Contarini avec des figures et des ornements dorés, qui remonte à peu de temps après 1382. Sur la porte vers le Campo San Angelo, on voit un bas-relief polychrome en marbre, représentant Saint Augustin en train de dicter aux moines les principes de son ordre. San Vitale. L'église, aujourd'hui désaffectée, de San Vitale (ou San Didal), au fond du campo homonyme, élevée par le doge Vitale Falier en 1084, fut réédifiée deux fois consécutivement, jusqu'à ce qu'en 1700 elle prit la forme qu'elle a encore. - L'église San Vidal, entre les palais Cavalli-Franchetti et, à droite, Loredan. San Maurizio. L'église de Saint-Maurice, en style grec, construite en 1806 par les architectes Antoine Selva et Antoine Diedo sur les restes d'une autre, très ancienne, élevée par la famille Candiani. Les bas-reliefs en sont des sculpteurs Ferrari et Zandomenaghi. La fresque avec la Vierge est d'Horace da Castelfranco. San Zulian. L'église San Zulian (Julien), s'élève sur les ruines d'une autre église édifiée en 829 par Jean Marturio. Elle fut reconstruite en 1553 d'après le plan de Jacob Sansovino et d'Alexandre Vittoria, qui exécuta aussi la statue en bronze du médecin Thomas Rangone de Ravenne, le fondateur de l'église. L'intérieur renferme des tableaux et des statues de grande valeur, et au plafond, divisé en plusieurs compartiments, on voit des peintures de Palma le Jeune et des stucs d'Alexandre Vittoria. Castello Santi Giovanni e Paolo. La basilique Santi Giovanni e Paolo (San Zanipolo, en dialecte vénitien) est une église de style gothique italien (1240-1430), à trois nefs, très haute, remarquable surtout parce qu'elle était le mausolée de la République, le panthéon de ses grands hommes, et qu'on peut y suivre, sur une rangée sépulcres, l'histoire de son génie. Le plus ancien-tombeau est celui du doge Morosini (mort en 1382); le plus moderne, celui du doge ' Giovanni Pesaro; un monument d'assez mauvais goût a été élevé à Titien. Devant l'église se dresse une statue de Colleoni (en 1475) par Verrocchio, que Burckhardt a pu appeler « le monument équestre le plus grandiose du monde ». Santa Maria Formosa. L'église Sainte Marie Formosa est comprise dans le nombre des sept églises fondées par Saint Magne et ensuite reconstruite plusieurs fois pendant la période du IXe au XVe siècle, où elle eut sa forme actuelle par l'architecte Moro ou Moretto Bergamasco. La façade vers le rio en fut construite plus tard, soit en 1541, par un autre architecte; sur le portail on voit le sarcophage du Général Vincent Cappello, avec sa statue en costume romain, oeuvre de Dominique da Salo. La façade du côté du campo est de date encore postérieure, car elle fut construite en 1604 moyennant un legs de la famille Cappello; en souvenir de cette générosité, on y placa les bustes de trois membres de ladite famille. C'est de cette église que par le passé sortait la procession des Maries, le jour où l'on célébrait la fête pour rappeler l'enlèvement des jeunes filles vénitiennes par les pirates Narentais. Dans cette occurrence, le doge, accompagné de la Seigneurie, visitait l'église et recevait l'hommage des travailleurs de casse (caisses), qui demeuraient dans ce bout de rue; cette rue prit justement le nom de casselleria. - L'église Santa Maria Formosa. Santa Maria della Fava. L'église Sainte-Marie de la Consolation ou de la Fava, comme on l'appelle vulgairement. Elle surgit en 1705 d'une petite chapelle, qui y avait été bâtie en 1480. Les dessins de la construction furent exécutés par l'architecte Antoine Gaspari, et le maître-autel dessiné par Georges Massari. San Francesco della Vigna. L'église San Francesco della Vigna est une église à une seule nef. Elle a été bâtie sur l'endroit où s'élevait autrefois une vieille petite église, dont le terrain appartenait à la famille Ziani, terrain occupé par une Vigne, ce qui fit que l'église prit ce nom. La tradition dit que saint Marc s'étant réfugié ici pour échapper à une tempête. En conséquence la petite église fut, à l'origine, dédiée à saint Marc; mais ensuite les moines Franciscains en construisirent une autre qu'ils appelèrent Saint François de la Vigne, détruite au XVIe siècle, et sur les ruines de cette dernière se dressa celle que nous admirons aujourd'hui, construite en 1534 d'après le plan de Sansovino. La façade en fut exécutée après plusieurs années, à savoir entre 1568 et 1572, par Palladio et successivement Titien Aspetti, qui la décora des deux statues en bronze représentant saint Moïse et saint Paul. L'intérieur aussi, divisé en une nef centrale et en deux latérales en forme de croix latine, est de Sansovino; il renferme des oeuvres très intéressantes de sculpture et de peinture. San Zaccaria. San Zaccaria (1457-1515) marque la transition du gothique à la Renaissance. Façade à six étages et clocher de style vénéto-byzantin. L'intérieur contient plusieurs tableaux intéressants (Tintoret, Tiepolo, Bellini). Santa Maria della Pietà. L'église de la Pitié, contiguë à un ancien hospice où Vivaldi enseignait le violon, a été construite par George Massari en 1745 et complétée plus tard dans sa façade, demeurée inachevée, grâce au legs généreux fait par Fiorentini. Il n'y a rien de bien remarquable à l'intérieur de cette église, si ce n'est son beau plafond contenant le Triomphe de la Foi, peint par Giovani Batta Tiepolo, et la grisaille du grand autel représentant le Roi David, cette dernière du même auteur. Sur le côté extérieur on lit une inscription du 12 novembre 1548 et dont l'initiative est papale, par laquelle on menace de malédiction et d'excommunication ceux qui envoeint leurs enfants légitimes ou naturels à l'hospice de la Charité, bien qu'ayant les moyens de les élever. - L'église Santa Maria della Pieta. San Giorgio degli Schiavoni San Giorgio degli Schiavoni, de la Renaissance. Cette église est ainsi appelée, parce qu'elle fut construite pendant la seconde moitié du XVIe siècle, par les Esclavons composant la nombreuse colonie Dalmate résidant alors à Venise pour des raisons de commerce. L'auteur de l'église et de la façade fut Zuanne de Zonne, maître-maçon de l'Arsenal. Les deux bas-reliefs très précieux qu'on voit sur la façade, renfermés dans le même cadre et représentant celui d'en-haut saint Georges tuant le Dragon, l'autre la Vierge et des Saints, sont le premier de Fracesco da Salo et le second d'un auteur inconnu. A l'intérieur on admire de superbes tableaux de Vittore Carpaccio et de Catena. San Giorgio dei Greci. San Giorgio dei Greci (Saint-Georges des Grecs) est une église de style de la Renaissance, commencée en 1539 par Santo Lombardo et achevée en 1548 par Giannantonio Chiona. La coupole fut exécutée par un certain Mastro Andrea en 1571 et le clocher, qui actuellement présente une inclinaison notable vers le rio, fut élevé en 1592 par Siméon Sarella. A l'intérieur il y a des tableaux et des mosaïques remarquables de facture grecque, ainsi que des évangiles précieux, en langue grecque du Xe siècle, et un papyrus de Ravenne de l'année 553 avant J.-C. -. | | Clocher de San Giorgio dei Greci | L'église San Martino | San Martino. L'église de Saint Martin qui se trouve à proximité de l'entrée de l'Arsenal même le long des « Fondamenta ». Les origines de cette église sont très anciennes, mais celle qu'on voit actuellement fut commencée par Sansovino en 1540 et achevée seulement en 1653, la façade exceptée, qui fut exécutée au XIXe s. dans la forme simple et élégante, telle qu'on la voit aujourd'hui. On y voit une des fameuses gueules de lion, qui, au temps jadis, servaient à recevoir les délations secrètes contre les hérétiques. Dans l'oratoire voisin il y a un bas-relief avec une inscription; et aux fondamenta della Pegola (poix) on voit un autre bas-relief de saint Martin. Le clocher est du XIVe siècle. San Giovanni in Bragora. L'église de san Giovanni in Bragora serait, au dire d'aucuns, l'une des sept églises construites à Venise au VIle siècle par Saint Magno, Evêque d'Oderzo. Cet édifice subit plusieurs modifications; il fut réédifié deux fois en 1178 et en 1475 puis nouvellement restauré en 1738. L'intérieur est d'un style moyenâgeux à trois nefs, mais il porte l'empreinte des diverses époques où il fut restauré et contient des oeuvres d'art remarquablement précieuses. -. | | L'église San Giovani in Bragora | L'église San Blasio | San Biagio. L'église de Saint Blaise (San Biagio ou San Blasio) a été reconstruite complètement en 1754 d'après le plan de Philippe Rossi, prote de l'Arsenal. Elle fut fermée en 1810, rouverte ensuite en 1817 et affectée au service du corps de la Marine royale. Anciennement elle était desservie par le rite patriarcal et grec mixte. Elle garde un beau monument à la mémoire d'Ange Emo, le dernier amiral de la République Vénitienne, oeuvre du sculpteur Jean Ferrarriz-Torretti, le maître de Canova; et quelques fresques de bonne école. Les quatre bas-reliefs qui ornaient le monument furent transportés à l'Arsenal. San Pietro in Castello. Dans une petite île voisine de l'Arsenal s'élève San Pietro di Castello (église Saint Pierre), ancienne église patriarcale de Venise. L'église de Saint-Pierre est spécialement renommée pour ses souvenirs historiques; elle est particulièrment riche en décorations et oeuvres d'art, parce que de 1451 à 1807, elle fut la cathédrale de Venise; c'est tellement vrai qu'à côté de l'église même il y avait, comme on le voit encore aujourd'hui, l'ancien palais du patriarche, construit par un architecte inconnu du VIIe siècle et agrandi en 1251 par l'Evêque Pietro Pino. Au palais était annexé le séminaire, qui fut transformé en caserne après la chute de la République, soit en 1807, quand le siège patriarcal fut transféré à Saint Marc. Cannaregio Santa Maria dei Miracoli. L'église Sainte-Marie des Miracles (chiesa di Santa Maria dei Miracoli) est une très belle construction du XVe siècle de Pierre Lombardo, jugée l'une des plus belles oeuvres dans le style de la Renaissance. La façade ainsi que les autres parties extérieures en sont entièrement incrustées de marbres orientaux très fins. Au-dessus du portail il y a un haut-relief, à demi-buste, de la Vierge, portant gravé le nom de Pyrgotele attribué à Giammaria Zorzi. Dans l'intérieur, à une seule nef, on remarque la chapelle du maître-autel surmontée d'une coupole, et tout autour un ensemble de colonnettes, de piliers, de sculptures. Le plafond de l'église est à panneaux, divisé en 50 compartiments, sur lesquels on voit des peintures de Piermaria Pennacchi. San Giovanni Crisostomo. San Giovanni Crisostomo (Saint Jean Chrisostome) date de 1497. Elle a été contruite d'après le plan de Tullio Lombardo en face d'une autre église qui avait été construite en 1080 par la famille Cataneo. La nouvelle construction fut commencée par Sébastien da Lugano et achevée en 1497 par Alloro Coducci. On attribue à Stringa la construction du clocher. -. | | San Giovanni Crisostomo | San Marcuola | San Marcuola. L'église San Marcuola tire ses origines des premiers temps de la fondation de la ville; la bâtisse actuelle en fut faite entre 1728 et 1736 d'après le plan de l'architecte Massari, la façade qui donne sur le Grand canal étant encore en rustique. A l'intérieur il possède plusieurs peintures de prix. Sur le campo. on admire une très belle margelle de puits du XVIIe siècle. On voit derrière l'église l'École du Christ, construite en 1635 et agrémentée de belles peintures. Santi Apostoli. L'église des Santi Apostoli (église des saints-Apôtres) est l'une des sept élevées par saint Magnus au VIle siècle. Toutefois, il ne reste plus rien de la vieille construction et l'édifice actuel construit par Giuseppe Pedolo remonte au XVIIIe siècle. Dans l'intérieur, à une seule nef, on voit la chapelle Cornaro, où gisait la dépouille mortelle de la reine dépossédée Catherine Cornaro, maintenant transportée à San Salvatore. Le clocher est dû à l'architecte Tirali et il doit avoir été construit au XVIIesiècle. Sur la place des Saints Apôtres on a placé le monument à la mémoire de l'artiste dramatique vénitien Gustavo Modena, monument exécuté par le sculpteur Carlo Lorenzetti. Santa Maria Assunta. L'église des Gesuiti (chiesa Santa Maria Assunta ou Chiesa dei Gesuiti), commencée en 1715 et terminée en 1730 d'après le plan de Dominique Rossi. Sa façade, revêtue de marbre blanc et vert, type achevé de style baroque, est de Tintoret et les statues sont de Bonazza, Gropello et d'autres encore. A l'intérieur il y a des peintures appréciables de Titien (le Martyre de saint Laurent), Palma le Jeune, Tintoret, etc.; l'on admire : le mausolée des Procureurs de Saint Marc, Priame Jean et André da Lezze, élevé au XVIe siècle sur le mur de la porte; le monument du doge Pascal Cicogna par Jérôme Campagna, monument qui se trouve dans la chapelle à gauche du maître-autel. Cet autel est du moine Dal Pozzo, il a un tabernacle recouvert de lapis lazuli et de jaspe, et surmonté d'un groupe représentant le Père éternel assis sur le monde. Le plafond aussi est peint par Palma le Jeune. Santa Maria dell' Orto. Santa Maria dell' Orto (Madone du Potager) ou de saint Christophe, parce qu'elle fut fondée en 1371 par Tiberio da Parma, général de l'ordre des Humiliés et dédiée à saint Christophe. La tradition dit qu'ayant trouvé dans un jardin tout près de là une grande image de la Madone, cette image fut transportée dans l'église, et à partir de cette époque l'église prit le nom de Madone du Potager. C'est une église de style gothique tertiaire. L'intérieur est à trois nefs subdivisées par des colonnes en marbre grec et contenant, ainsi que la façade, des oeuvres très précieuses de peinture, sculpture et d'ornementation, dont beaucoup sont de Tintoret (notamment : l'Adoration du veau d'or et le Jugement dernier), les cendres duquel et celles de ses fils et de son gendre, furent déposées, sur une délibération de la municipalité, à droite du choeur. Le clocher en style lombard, très élancé remonte au XVe siècle. Sant'Alvise. L'église de saint Alvise (ou Ludovic) a un monastère annexe. L'origine de cette église, en style gothique, remonte à 1388 par les soins d'Antoine Venier; mais elle fut réédifiée en 1430 et restaurée ensuite au XVIIe siècle. Sur la porte extérieure on voit un bas-relief en couleurs du XIVe siècle, représentant le saint. A l'intérieur il y a des oeuvres en peinture très précieuses de Véronèse, Tintoret, Carpaccio, Jacobello del Fiore, Pierre Vecchia, Tiepolo, Palma le Jeune, Bonzfacio et de beaucoup d'autres grands artistes. On voit scellée dans la façade de l'église une de ces habituelles inscriptions lapidaires avec des ordonnances des Très Illustres et Très Excellents Exécuteurs du blasphème. L'Eglise des Scalzi. L'église degli Scalzi (des déchaussés); elle a pour titulaire Sainte Marie de Nazareth et est desservie par les Franciscains déchaussés. Elle ne comprend qu'une seule nef avec des chapelles latérales, nef construite, dit-on, par Longhena entre 1649 et 1689. La façade en style baroque est de Sardi. Une profusion excessive de marbres, de statues, et d'ornementations rend l'intérieur extrêmement lourd; derrière l'autel, le tableau de Giambellino représentant la Vierge. -. | | La façade baroque des Scalzi. | L'église San Geremia. | San Geremia. L'église San Geremia (Saint Jérémie) se trouve sur le Grand Canal dès aussitôt passé l'embouchure du canal de Cannaregio. La construction de cette église remonte au XVIIIe siècle, mais n'offre pas de mérites dignes de mention. La façade donnant sur le rio est due à la munificence du Baron Rivoltella, un vénitien qui demeurait à Trieste. San Giobbe. San Giobbe (Job) est une petite église de la Renaissance, blanche et nue à l'extérieur, sauf une porte délicatement ornementée. En style lombard, construite en 1451 grâce à la donation du doge Christophe Moro. Elle s'élève sur l'emplacement d'un antique et modeste oratoire de Frères, dont le clocher est resté, tandis que qu'il ne reste que quelques éléments ogivaux de leur cloître du côté de la petite place voisine. On remarque dans la façade d'ailleurs modeste la porte finement travaillée, ornée d'un bas-relief rond représentant les saints Job et François. A l'intérieur il y a des précieux autels d'auteurs inconnus, plusieurs tableaux de prix et quelques assiettes en terre-cuite vernissée attribués à Luca della Robbia. Santa Croce et San Polo Les quartiers à l'Ouest du Grand Canal (San Polo et Santa Croce) contiennent également de beaux monuments : Santa Maria Gloriosa dei Frari. Les Frari, une des plus grandes et des plus belles églises de Venise; de style gothique (1280-1338), à trois nefs, avec des tombeaux de personnages célèbres et un superbe tableau d'autel du Titien. San Rocco. L'église de saint Roch (San Rocco) a été édifiée à l'origine par Bartolomeo Buon en 1489 et reconstruite ensuite par Jean Scalfarotto en i725. La façade en fut exécutée en 1771 d'après le plan de Bernardin Maccaruzzi, et les sculptures qu'on y voit, représentant David et Sainte Cécile, sont de Jean Marchiori. - L'église San Rocco. San Polo. L'église Saint Paul (San Polo ou San Paolo), d'origine très ancienne (837); mais successivement réformée et réduite à l'état actuel par l'architecte David Rossi en 1805. Un ancien bas-relief représentant la Madone, au milieu de saint Pierre et de saint Paul, est sculpté sur le mur extérieur de l'abside; à l'intérieur on admire des tableaux de Véronèse, Palma le Jeune, Tiepolo, Salviati et d'autres encore. Les statues en bronze de saint Antoine et de saint Paul sont de Vittoria. San Giacomo di Rialto. L'église saint Jacques de Rialto, sur le Campo homonyme, vulgairement appelée San Giacometto, qui est parmi les plus anciennes de Venise; on a même prétendu que c'était la première église fondée dans la ville. La tradition dit qu'elle fut élevée pour accomplir un voeu, par Eutinofra de Crète, constructeur de navires vers l'an 421 ou 428. San Giacomo dall'Orio L'église Saint Jacques dell'Orio a été reconstruite en 1225 par les familles Badoer et Da Mula, puis restaurée au XVIe siècle tout en respectant plusieurs parties de la construction primitive. Cet édifice offre l'atmosphère typique du christianisme primitif. Un superbe exemplaire de plafond en bois en carène caractérise l'édifice ainsi que des oeuvres remarquables de Palma le Jeune, de Paul Véronèse et la belle Madone à l'Enfant et aux Saints de Lorenzo Lotto. On peut y voir également un très beau pupitre octagonal, ouvrage de l'année 1400 et sur la magnifique colonne en vert antique. San Cassiano. L'église Saint Cassien a été construite en 1611 sur l'emplacement d'un autre très vieil édifice érigé par Michieli au Xe siècle. San Pantalon. L'église Saint Pantaléon est d'origine très ancienne. On croit que la construction actuelle en est du XVIIe siècle. A l'intérieur on y conserve beaucoup de peintures et sculptures remarquables; mais ce qui éveille la plus grande admiration, c'est le plafond de l'église, peint à l'huile par Giannantonio Fumiani, où se déroule une composition grandiose avec plusieurs faits de la vie du saint, jusqu'à son apothéose. La construction du clocher remonte à 1732. San Giovanni Elemosinario. L'église de Saint-Jean l'Aumonier, l'église des marchands, est très ancienne. On conserve à l'intérieur deux sarcophages de membres de la famille Badoer, par laquelle, dit-on, elle fut édifiée; on peut y voir divers témoignages des confréries d'art et de métiers qui la fréquentaient; il s'y trouve aussi plusieurs tableaux et peintures de Titien (San Giovanni Elemosinario), Pordenone (Saints catherine, Sébastien et Roch), Palma le Jeune, Tintoret, Vicentino, Aliense et d'autres encore. -. | | San Giovanni Elemosinario | L'église San Stae | San Stae. L'église de San Stae (ou Saint Eustache), à riche façade baroque de mauvais goût, façade exécutée en 17 09 par Dominique Rossi aux frais du doge Aloïse Mocenigo II. Les statues en sont de Pierre Baratto, Joseph Torretti, Jean Cà Bianca et d'autres. L'édifice fut construit en 1678 d'après le plan de Jean Grassi. On remarque à l'intérieur un tableau représentant le martyre de Saint Barthélemy (c'est de Tiepolo); d'autres tableaux de Lazzerini et Maffeo de Vérone ainsi que le monument expiatoire érigé par la République à la mémoire d'Antoine Foscarini, égorgé en prison en 1622 pour avoir été soupçonné de haute trahison. Dorsoduro Santa Maria della Salute. Près de la Douane de Mer, il y a l'église Sainte Marie de la Santé (Santa Maria della Salute) , qui est le chef-d'oeuvre de Baldassarre Longhena du XVIIe siècle. Sa coupole apparaît imposante en raison des grandes volutes qui font office de contre fort aux angles du tambour octogonal. Par son architecture elle sert aussi à rendre encore plus imposante l'embouchure du Grand Canal. L'intérieur est en forme d'une vaste rotonde dans laquelle s'ouvrent les chapelles. Aux autels de trois premières, la Présentation de la Vierge au temple, l'Assomption, et la Naissance de la Vierge, par Luca Giordano. - L'église Santa Maria della Salute et la pointe de la Douane, au débouché du Grand canal. Santa Maria del Carmelo (Chiesa dei Carmini). L'église sainte Marie du Carmel (ou des Carmes) a été fondée, croit-on, par les moines carmélitains provenant de la Thrace, au XIIIe siècle. Mais la construction primitive dut subir plusieurs réédifications et plusieurs restaurations, dont la dernière au XVIIe siècle. L'intérieur est à trois nefs subdivisées par des colonnes et contient plusieurs peintures et sculptures, dont beaucoup sont cependant de valeur médiocre. Au-dessus du portail principal, on voit le monument du général Jacob Foscarini. Le clocher, surmonté d'une statue en bronze de la Vierge, fut redressé en 1688 par Joseph Sardi. San Sebastiano. L'église de Saint Sébastien (San Sebastiano), pour la richesse de ses oeuvres d'art, et particulièrement pour les peintures qu'y prodigua le génie de Paul Véronèse, est considérée comme l'un des plus insignes monuments religieux de la ville. Elle fut édifiée entre 1506 et 1548 par François Castiglione sur l'emplacement d'une autre église plus ancienne; on dit que Scarpagnino et Guillaume Grigi Bergamasco ont contribué à sa construction actuelle. A l'intérieur, parmi beaucoup d'oeuvres de sculpture et d'architecture, il y a des travaux inestimables de Paul Véronèse, qui peignit aussi les petites portes de l'orgue, le plafond de l'église et celui de la sacristie. C'est ici que fut ensevelie la dépouille mortelle de Véronèse, comme il ressort de la pierre tombale avec inscription existant sur les dalles. San Nicolo dei Mendicoli. L'église Saint Nicolas des Mendiants est ainsi appelée parce que dans cette rue demeuraient jadis les pauvres gens. La construction primitive en remonte au VIIe siècle, mais l'édifice actuel est postérieur à 1700. Il contient plusieurs toiles de bons auteurs, tels que Leonard Corona, Alvise da Friso, le Schiavone et d'autres. Le clocher est formé d'une vieille tour en style italo-byzantin, du XIIIe siècle. San Barnaba. L'église San Barnaba a été construite par l'architecte Boschetti en 1749 sur les restes de l'église antérieure, qui remontait au IXe siècle. Le clocher, en style byzantin, est très ancien; mais il a été restauré, car il menaçait de tomber en ruine. -. | | L'église San Barnaba | San Trovaso | San Trovaso. L'église des Saints Gervais et Protais (ou vulgairement San Trovaso), d'origine très ancienne, puis reconstruite après 1584 par un architecte inconnu, ou, comme d'aucuns croient, par Palladio. A l'intérieur, en forme de croix latine, il y a de très beau autels en style de la Renaissance, et particulièrement splendide est le bas-relief du parapet de l'autel dans le bras droit du transept. On y admire aussi des tableaux appréciables de Tintoret, Giambellino, Jacobello del Flore, Palma le Jeune et d'autres bons artistes de l'époque en question. Santa Maria del Rosario (Chiesa dei Gesuati). L'église Sainte-Marie du Rosaire, vulgairement connue sous le nom de Les Gesuati, parce que c'était là le siège de la Compagnie des pauvres Gesuati (Jésuates), transformée ensuite en celle des Dominicains. L'église fut élevée en 1726 par l'architecte Georges Massari qui y construisit aussi la façade. Elle se caractérise par son luxe froid, sa pompeuse façade de gigantesques colonnes composites, de colonnade corinthienne et de petites chapelles revêtues de marbres bigarrés. Dans les îles environnantes Giudecca. Chiesa del Redentore. L'église du Rédempteur (chiesa di Redentore) a été construite par André Palladio, pour exaucer le voeu fait par le Sénat de la République (Les Institutions de Venise) en 1576 pour implorer la cessation de la peste. En effet la première pierre en fut posée le 3 mai 1577. Les deux statues qu'on voit dans les niches de la façade, représentent saint Marc et saint François; elles sont de Gérôme Campagna. A l'intérieur on admire des oeuvres en bronze de Mazza et de Campagna, puis des tableaux très précieux de Tintoret, Palma le jeune, Cellini, Cagliari, etc. San Giorgio Maggiore. San Giorgio Maggiore. L'église saint Georges Majeur a été construite, telle quelle, par André Palladio à partir de 1565 et achevée par Vincent Scamozzi en 1610. Les bustes et les statues ornant sa façade sont de Jules del Moro. Elle renferme beaucoup de peintures et de sculptures de Jacob Bassano, de Michelazzo Michelazzi, de Tintoret, de Campagna, etc. Les stalles du choeur, au nombre de 48, sont un ouvrage sublime de sculpture sur bois par Albert de Brule, flamand (1598), qui y reproduisit plusieurs scènes de la vie de Saint Benoît. Les candélabres en bronze sont du génois Nicolas Roccatagliata (1594). Le clocher, d'où l'on jouit d'une belle vue, fut construit en 1791 par le père Benoît Buratto sur le même emplacement que le précédent, tombé en 1774. - L'église de San Giorgio Maggiore. © Photos :Serge Jodra, 2012. Lido. San Nicolo. l'église de Saint-Nicolas, à Malamocco, est construite dans le style de la décadence, cette dernière fondée en 1626 par le doge Dominique Contarini, dont le monument est au-dessus du portail. A l'intérieur on conserve de bonnes peintures et des oeuvres sculpturales de vaillants artistes, ainsi que le choeur ayant 27 stalles sculptées, ornées de scènes de la vie de saint Nicolas, d'un auteur inconnu. San Michele. San Michele in Isola. Un couvent et une église sont annexés au cimetière communal qui occupe presque la totalité de l'île. L'église Saint-Michel a été reconstruite vers 1470 par Moretto Bergamasco. Sa façade de style lombard, est en marbres d'Istrie. L'intérieur de l'église est riche en marbres précieux et en oeuvres d'art vraiment insignes; sur les dalles on voit la pierre tombale indiquant l'endroit où furent déposés les restes de Fra Paolo Sarpi. Murano et Burano. Eglises de Murano. L'île de Murano possède trois belles églises : la basilique de Santa Maria e San Donato, saint Pierre Martyr, sainte Marie des Anges, dont la première en style italo-byzantin est très ancienne, c'est à-dire antérieure à l'an mil. Cette église fut restaurée fidèlement au XIVe siècle. Les deux autres sont du XVIe siècle. On y admire des tableaux très précieux, des fresques splendides et des mosaïques de Paul Véronèse, Bartolomeo Vivarini, Santacroce, Basaiti Pierre Maria Pennacchi et d'autres. Dans l'église des Anges on conserve aussi des gobelins de grande valeur. Eglise de Burano. Dans l'île se trouve de Burano l'église de Saint Martin, où l'on conserve plusieurs tableaux précieux et un beau calice en argent doré, travail vénitien. Torcello Le Dôme (Cathédrale). Le Dôme, église dédiée à Santa Maria Assunta, fut construit vers 1640 et puis réédifié plusieurs fois; on conserva toutefois sa forme basilicale primitive à trois nefs avec colonnes en marbre grec. On y admire la grande mosaïque sur le portail, le bénitier, le dallage, la grille du presbytère et les encadrements de marbre mis aux fenêtres. Le clocher est une construction grandiose du XIe siècle. En face du portail s'élève le baptistère de forme octogonale du Xe siècle. Un péristyle extérieur, supporté par des colonnes et des piliers avec des décorations de bas-reliefs et d'inscriptions, relie le Dôme à l'église de Santa-Fosca Santa Fosca. La construction de l'église Sainte Fosca remonte à l'an 1000. A l'intérieur on voit un seul autel, où il y a une pale peinte par Jules Del Moro. (A. Scrocchi). | |