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La basilique de Saint-Marc |
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Tel que nous l'avons l'indiqué dans le résumé historique, après le transport à Venise du corps de Saint Marc, en 827, par les soins de Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, on proclama sous le doge Justinien Partecipazio ce saint Patron de la Ville, et on érigea en son honneur un temple en pierre brute en forme de basilique romaine, qui fut ensuite détruit par l'incendie éclaté au Palais Ducal à la suite de l'insurrection du peuple contre le doge Pierre Candiano IV. Lorsqu'en 976 le doge Pietro Orseolo Ier succéda, il procéda tout de suite à la reconstruction du temple, et en 1071, comme il ressort d'une épigraphe du péristyle, il fut achevé dans ses lignes générales, mais certainement pas dans les décorations ornementales, oeuvre de plusieurs siècles successifs et de différents artistes. Vers 1043, le doge Dominique Contarini entreprit la transformation du temple en style byzantin, prenant peut être pour modèle quelque église de Constantinople, et dès lors on continua la somptueuse décoration orientale qui fait que la basilique de Saint-Marc peut être considérée comme la plus riche et la plus splendide église du monde. La place et la basilique Saint-Marc, à Venise. Photo : © Angel Latorre. Extérieur de la basilique. Les architectes de Saint-Marc, nourris des principes de l'école byzantine, donnèrent à leur plan la forme d'une croix grecque, longue de 76,50 m, en y ajoutant un portique large de 60 m, qui rappelle aussi le narthex des églises d'Orient. Ils placèrent au centre de la croix une coupole de 14 m de diamètre, et, sur les branches, quatre autres coupoles un peu plus petites, copies réduites de celle de Sainte-Sophie à Constantinople (Istanbul), c.-à-d. que chacune est exhaussée sur quatre piliers et quatre grands arcs, auxquels elle se rattache par des pendentifs, et entourée d'une ceinture de fenêtres. Ces coupoles, qui sont des moitiés de sphère, reçurent au XVe siècle la forme renflée et bulbeuse de l'architecture arabe, par l'addition de charpentes revêtues de feuilles de plomb. Portail central de la basilique Saint-Marc : le Christ en gloire et Jugement dernier, mosaïque du XIXe siècle. Sur les voussures, scènes symboliques, mois et signes du zodiaque, métiers, arts, etc.). Comme elles sont juxtaposées, deux des piliers et un des grands arcs de chaque petite coupole se confondent avec les piliers et les arcs de la coupole centrale : pour agrandir leur plan, les architectes donnèrent aux grands arcs de coupoles et aux piliers qui les soutiennent un développement excessif, tout à fait inutile à leur solidité; chaque pilier eut près de 7 m sur chaque face, et chaque grand arc, devenu une large voûte en berceau, fut, à l'exception de ceux de la coupole centrale, fermé du côté de l'extérieur par un mur très mince, que l'on perça de fenêtres; les piliers, rétrécissant de toute leur masse l'intérieur, furent évidés et percés d'ouvertures. Les voûtes, dans la construction desquelles les artistes grecs étaient expérimentés, ont été préférées, pour le reste de l'édifice, aux plafonds de bois des basiliques latines. L'église à un clocher séparé, tour carrée de 102 m de hauteur, surmontée d'un ange d'or servant de girouette : on monte jusqu'au sommet par une rampe douce, sans marches et en forme de limaçon. Le portique ou vestibule qui sert de façade à l'église Saint-Marc est percé de cinq grands arcs, soutenus par deux ordres de petites colonnes superposés, et de deux arcs plus petits : au-dessus de ces arcs, une galerie règne sur trois côtés de l'église; elle est ornée d'une colonnade de marbre à hauteur d'appui. Au milieu de cette galerie, au-dessus de la principale porte, sont quatre chevaux antiques en bronze doré qu'on attribue à Lysippe, et qui, apportés, dit-on, d'Alexandrieà Rome par Auguste, placés successivement sur les arcs de Néron et de Trajan, transportés par Constantin dans l'hippodrome de Constantinople, furent enlevés de cette ville par les Vénitiens après la 4e croisade, en 1204. De la galerie s'élève un second ordre de cinq grands arcs, soutenus par des colonnes de porphyre, et dont les renfoncements sont remplis de mosaïques, de figures, de guirlandes, etc. Ces arcs sont surmontés de grandes statues de marbre; celui du milieu, plus élevé que les autres, supporte un Saint Marc foulant aux pieds un lion de bronze doré. Intérieur de la basilique. L'effet intérieur de l'église de Saint-Marc est des plus pittoresques : ses voûtes d'or, ses dallages des marbres les plus choisis et les plus variés, ses riches mosaïques, ses colonnes de bronze, de marbre, de porphyre, d'albâtre, de vert antique, de serpentine, dont le nombre s'élève à plus de 500, et dont les chapiteaux sont composés d'élégants feuillages, peu saillants, mais taillés avec beaucoup de finesse, tout cela produit un ensemble merveilleux. Les colonnes et les arcs en plein cintre qui séparent la nef des ailes supportent une galerie qui fait le tour de l'édifice, et qui était réservée aux femmes, selon les usages de l'Orient. Le choeur est séparé de la nef par un soubassement de marbre, surmonté de huit colonnes : sur l'architrave, 14 statues de marbre, sculptées en 1393 par les frères Dalle Massegne, représentent la Sainte Vierge, Saint Marc et les Apôtres; au milieu est une croix d'argent massif. Sur les côtés de l'entrée du choeur, il y a deux chaires de marbre, et deux petits autels dont la sculpture très délicate est attribuée à P. Lombardo (XVe siècle). Le maître-autel, au-dessus duquel règne un baldaquin soutenu par quatre colonnes de marbre couvertes de bas-reliefs, a deux icônes ou tableaux, dont l'un recouvre l'autre : le premier, dans le goût byzantin, a été peint à l'huile sur planche, en 14 compartiments, par maître Paul et ses fils Luc et Jean de Venise, l'an 1344; le second, appelé la pala d'oro, est peint en émail sur lame d'argent et d'or ornée de ciselures, guillochis, perles, camées, pierres précieuses, et a été exécuté à Constantinople à la fin du Xe siècle, mais plusieurs fois restauré. Les mosaïques du péristyle de la basilique Saint-Marc. © Photos : Serge Jodra, 2012. Le tabernacle est formé de lames d'or avec des bas-reliefs, dont les figures sont dans des espèces de niches entourées de diamants, de rubis, d'émeraudes, etc. L'autel est accompagné de huit statues en bronze : les quatre Évangélistes, par Sansovino, et les quatre docteurs, par G. Caliari. Derrière ce grand autel on en voit un autre où repose le Saint Sacrement : il est orné de bas-reliefs en marbre et en bronze doré, par Sansovino, et entouré de colonnes, dont deux, en albâtre oriental transparent comme le cristal, proviennent, dit-on, du temple de Jérusalem; la balustrade est en porphyre. Le choeur contient encore des sièges ornés d'ouvrages très fins en marqueterie du XVIe siècle, et, au-dessus de ces sièges, deux tribunes avec bas-reliefs en bronze, où Sansovino a représenté la vie de Saint Marc. Dans l'aile gauche de l'église, on remarque : 1° la chapelle de Notre-Dame-des-Mâles, ainsi appelée parce qu'elle appartint à une confrérie religieuse qui excluait les femmes, et où se trouvent un autel en marbre de très belle sculpture et des mosaïques de Giambono (fin du XVe siècle) représentant l'histoire de la Vierge; 2° la chapelle de Saint Isidore, où la vie de ce saint est figurée en mosaïques du XIVe siècle, et dont la porte est surmontée d'un arbre de Jessé, exécuté par V. Bianchini, sur les cartons de Salviati ; 3° l'oratoire de la Croix, où se trouve une colonne de porphyre noir et blanc, qui passe pour un échantillon unique; 4° la sacristie, ornée d'admirables mosaïques et d'ouvrages en marqueterie du XVIe siècle, et dont la porte en bronze, magnifique ouvrage de Sansovino, représente la mort et la résurrection de Jésus. Du côté droit se trouvent : 1° un bénitier de porphyre, dont la base est un autel antique; 2° le Baptistère, contenant des mosaïques très anciennes,, le tombeau du doge André Dandolo, et un grand bassin de marbre avec couvercle en bronze orné de bas-reliefs, exécuté par Tizianino de Padoue et Desiderio de Florence; 3° le Trésor, dépouillé d'un grand nombre d'objets précieux en 1797, et où l'on conserve encore des reliques et quelques curiosités. (B.). |
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