| Vitale Faliero ou Faledro est le 33e doge de Venise; il est mort en 1096. Les Vénitiens ayant déposé le doge Domenico Silvio, qui avait laissé détruire la flotte de la République par le Normand Robert Guiscard, duc de la Pouille, élurent Vitale Faliero, qui d'ailleurs se fit également battre par les Normands, Il s'allia étroitement avec Alexis Comnène, empereur d'Orient, et acceptant, en retour d'avantages commerciaux, une sorte de vasselage, en reçut, avec un revenu important, le titre de protosébaste. C'est à lui que les Vénitiens doivent l'invention du corps de Saint-Marc et l'institution de la foire de ce nom qui fut longtemps un des grands marchés du monde. (R. G.). | |
| Marino Faliero est le 56e doge de Venise; il est né en 1274, mort le 18 avril 1355. C'est à la suite de la prise de Zara, dont l'honneur lui revenait, qu'il occupa successivement les plus hautes dignités de la République et fut enfin élu doge, presque octogénaire, le 11 octobre 1354. Le 4 novembre suivant, la flotte vénitienne était détruite par l'amiral génois Paganino Doria, mais Faliero conjura les conséquences de ce désastre en obtenant la signature d'une trêve de quatre mois (5 janvier 1355). Ces deux faits, malgré leur importance, auraient été insuffisants à garder de l'oubli le nom de Marino Faliero sans la suite de son histoire, encore qu'on en ait singulièrement exagéré l'intérêt. Dans une fête donnée par le doge, un jeune patricien, Michele Steno, se permit quelques privautés un peu vives avec une des dames de la dogaresse et Faliero le fit mettre à la porte; Steno se vengea par des quolibets sur la dogaresse dont Faliero, de soixante ans plus vieux qu'elle, était fort jaloux. Traduit devant la Quarantie criminelle, Steno ne fut condamné qu'à deux mois de prison. Faliero considéra cette indulgence comme une personnelle injustice et n'attendit que l'occasion de se venger des nobles qui se soutenaient les uns les autres. - Les derniers instants du doge Marino Faliero, par Fracesco Hayez (1867). Les plaintes d'un plébéien de marque, de l'ammiraglio Israele Bertuccio, qui eut à se plaindre de la brutalité d'un patricien, la lui fournirent : un complot fut organisé qui avait pour but d'égorger tous les nobles et de rendre au peuple, mais surtout au doge, les pouvoirs usurpés par le patriciat. Une indiscrétion fit tomber les conjurés aux mains de la justice et la Giunta ou conseil des Trente condamna le doge à la décapitation. Un grand nombre de conjurés furent pendus. Cette anecdote historique a été le sujet d'un drame de lord Byron, d'un conte d'Hoffmann, d'une tragédie de Casimir. Delavigne et de toute une littérature, en Italie, en France et en tous les pays où a fleuri le romantisme. Conspiration romantique, en effet, qui prête à la mise en scène, mais n'a pas d'intérêt, d'abord parce qu'elle n'a pas réussi; ensuite, à cause de la médiocrité du prétexte. (R. G.). |