|
. |
|
|
| | | |
L'adoption du christianisme dans l'empire romain, devenue officielle au IVe siècle, avec Constantin, a modifié les besoins architecturaux en rapport avec les nouvelles pratiques cultuelles. En Occident, pendant plusieurs siècles, l'architecture religieuse ne s'éloigna cependant pas des formes consacrées par l'art romain. Simplement, les églises exigeant des proportions plus vastes que les temples païens, afin de pouvoir contenir la foule des fidèles, les chrétiens adoptèrent une forme d'édifice dont le plan rappelle celui du temple de la Paix à Rome ou plutôt celui des anciennes basiliques romaines, qui étaient de vastes salles rectangulaires où l'on rendait la justice. Dans cette architecture, qui ne marque pas de rupture avec l'architecture romaine traditionnelle, et que l'on appelle parfois le style latin, les arcades sont constamment en plein cintre, et sont supportées par des colonnes cylindriques où l'on reconnaît quelque imitation des proportions classiques : les chapiteaux rappellent le chapiteau corinthien, ou bien sont ornés de divers feuillages lourdement sculptés. Les pilastres, les corniches et les entablements offrent encore quelques points de ressemblance avec ces même parties telles qu'on les observe dans l'architecture romaine. Les surfaces rectangulaires et les moulures carrées prédominent également, et les lignes horizontales règnent presque sans partage. Les murs sont épais et construits soit en pierres, soit en briques. Ils ne présentent pas de contre-forts saillants et se terminent ordinairement par une forte tablette ou une espèce de corniche. Les ouvertures sont petites, étroites, en plein cintre et subordonnées aux surfaces dans lesquelles elles sont pratiquées. Les membres d'architecture sont massifs et lourds; enfin les voûtes sont forts rares. Les plus anciennes basiliques chrétiennes sont à Rome et datent du règne de Constantin. Il s'agit de Saint-Pierre, qui disparaîtra au XVe siècle pour faire place au monument actuel, Saint-Jean de Latran, Saint-Laurent hors les murs, Saint-Paul hors le murs, détruit par le feu, Sainte-Marie-Majeure. Saint-Apollinaire de Ravenne, élevée au VIe siècle, marque un progrès. L'architecte fait preuve d'originalité. Désormais la façadedes temples sera l'objet d'une décoration extérieure; des tours ou clochers s'ajouteront à l'édifice, dont la division intérieure n'est plus la même que dans les basiliques romaines. Quant aux monuments de style latin, en France, nous mentionnerons l'église Saint-Jean à Poitiers, et la Basse-Oeuvre à Beauvais. Corbeaux à la base d'arcs du cloître de la cathédrale de Saint-Bertrand-du-Comminges (Haute-Garonne). D'après les descriptions qu'on trouve dans les auteurs il y a lieu de croire qu'il existait alors une grande variété dans la forme et la disposition des édifices consacrés au culte et que la plupart des plans qu'avaient pu fournir les édifices profanes des Romains, basiliques, thermes, prétoires, cénacles, avaient été adaptés à cette destination. Toutefois, la forme basilicale, modifiée par l'adjonction d'un transept, paraît avoir été la plus générale. Les églises à trois nefs étaient peu nombreuses; les autres avaient la forme d'un rectangle terminé par une abside circulaire. La maçonnerie était généralement de petit appareil; la brique simulait des assises régulières et de grossières archivoltes. Les colonnes ont fait place à de lourds supports, et les chapiteaux, quand ils existent, attestent que la sculpture était tombée dans la barbarie. L'entablement antique a été brisé : des trois parties qui le constituaient, il en est deux, l'architrave et la frise, qui ont disparu; la troisième, la corniche, est imparfaitement exécutée, et s'appuie, à l'extérieur, sur des corbeaux ou modillons de formes très variées. Les arcades, les voûtes, les portes, les fenêtres, sont à plein cintre. Quelques fenêtres pourtant, percées en forme de meurtrières, se terminent à la partie supérieure par une espèce de linteau. |
L'architecture byzantine. En 328, Constantin ayant transféré le siège de I'empire dans l'ancienne Byzance, qui dès lors prit le nom de Constantinople, il voulut que cette ville rivalisât de grandeur et de magnificence avec Rome. En conséquence, non seulement il y édifia une foule de palais, de bains et d'édifices religieux, mais encore il dépouilla la Grèce, l'Italie et l'Asie de leurs chefs-d'oeuvre pour enrichir et décorer sa nouvelle capitale. Il semble que plusieurs des églises que cet empereur y fit construire offraient déjà les caractères propres qui ont fait donner à l'architecture néo-grecque (ou néo-hellénique) le nom d'architecture byzantine. Parmi les caractères de cette nouvelle architecture, les uns sont relatifs au plan et au mode de construction, les autres à la décoration et a l'ornementation des parties accessoires de l'édifice. Le plan des églises construites dans ce nouveau style diffère essentiellement de celui des édifices religieux construits en Occident à la même époque. Aux angles d'un vaste carré, dont les côtés se prolongeaient à l'extérieur en quatre nefs plus courtes et égales entre elles (forme de la croix grecque), se trouvaient quatre piliers liés par quatre arcades qui s'appuyaient sur eux. Des pendentifs étaient disposés entre ces arcades de manière à former avec ces dernières, à leur sommet, un cercle qui portait une coupole. Cette coupole s'élançait dans les airs au-dessus de ces quatre immenses arcades; et pour qu'elle réunit, autant que possible, la légèreté et la solidité, malgré ses grandes dimensions, elle était en général construite avec des tubes cylindriques de terre ajustés l'un dans l'autre. Des demi-coupoles fermaient les arcs sur lesquels s'appuyait le dôme central, et couronnaient les quatre nefs ou bras de la croix. L'une de ces nefs, terminée par l'entrée principale, était précédée d'un portique ou narthex. |
Les bases, les fûts et les chapiteaux de ces colonnes offrent la plus grande diversité : par conséquent il n'y a pas ici de forme caractéristique. Nous dirons seulement que ces parties sont en général d'autant plus chargées d'ornements qu'on approche davantage de la fin de cette période. Les voûtes sont d'un usage général. Elles sont ordinairement cylindriques et renforcées d'arcs-doubleaux. Cependant on rencontre aussi des voûtes d'arêtes, et dans quelques-unes même, on voit déjà apparaître des espaces de nervures. Dans un grand nombre de portes, surtout dans celles qui sont peu élevées, la baie ne dépasse pas la naissance de l'arc, et alors le tympan est habituellement décoré d'ornements divers ou de bas-reliefs représentant des sujets religieux. Les fenêtres offrent communément l'aspect de petites portes, et sont dépourvues de meneaux : parfois elles sont disposées deux à deux et séparées par une simple colonnette qui supporte la retombée des deux arcs; souvent une arcade plus large surmonte les deux arcs de la fenêtre. Enfin, dans quelques cas , les fenêtres sont groupées trois par trois. |
L'architecture romane. En Occident, où le mode de construction romain (ou latin) avait persisté, il y eut, après l'an mil, une véritable renaissance en architecture, et on reconstruisit la plupart des églises, mais en suivant des règles rigoureuses. L'influence byzantine se fit sentir, grâce aux communications que les Croisades établirent entre l'Occident et l'Orient. Avec ce nouveau style de construction que l'on qualifiera d'architecture romane, le plan des églises se modifiant, les bas côtés de la nef s'allongent et tournent autour du sanctuaire, et l'on établit des chapelles absidales. L'aire du choeur est souvent plus élevée que le pavé de la nef, parce qu'elle recouvre une crypte. Les colonnes commencent à se grouper d'une manière assez élégante, et ont des chapiteaux historiés. - L'église romane de Marignac-Laspeyres (Haute-Garonne) : porche et voûtes du XVe siècle. Le plein cintre est toujours un caractère dominant; toutefois, on trouve aussi l'arc surbaissé ou enanse de panier, et l'arc outre-passé ou en fer à cheval. Les fenêtres sont de petites dimensions : leur baie extérieure est formée de claveaux très réguliers et artistement appareillés; parfois elle est accompagnée de deux colonnettes, et surmontée d'une archivolte. On voit apparaître les fenêtres géminées. Dans plusieurs églises, des voûtes en coupole s'élèvent à l'intersection des transepts. Les tours, construites primitivement dans un but d'utilité, pour recevoir les cloches, se multiplient pour le coup d'oeil et pour la régularité du plan. Les ornements le plus fréquemment usités sont les chevrons, les étoiles, les méandres ou frettes, les losanges enchaînés, les tores coupés, les pointes de diamant, les câbles, les torsades, les damiers, les têtes de clou. |
Le XIIe siècle est un âge de transition. On découvre la première apparition d'une nouvelle forme d'arcade, l'ogive, qui caractérisera bientôt une nouvelle période d'architecture (L'architecture gothique). L'ogive se montre timidement encore; elle est employée concurremment avec le plein cintre : il n'est pas rare alors de rencontrer une ogive encadrée dans un plein cintre, ou des arcades alternativement semi-circulaires et ogivales. L'ogive n'a pas encore sa forme parfaite : tantôt elle s'éloigne peu du plein cintre, tantôt elle est très aiguë, et elle conserve les ornements et les moulures propres à l'architecture romane. Les colonnes continuent de se perfectionner : leur fût est mieux profilé, plus élancé, et les chapiteaux historiés sont remplacés par les chapiteaux à feuillages. Les pieds-droits des portes reçoivent des statues, et la voussure elle-même se garnit de statuettes. Les fenêtres, comme les portes, sont encore à plein cintre, mais elles reçoivent des encadrements plus riches, et sont surmontées de roses. On applique l'ogive à la construction des voûtes. Dans l'ornementation, on aperçoit pour la première fois les trèfles et les quatre-feuilles. |
L'architecture gothique. L'expression style gothique, a été imaginée à la Renaissance pour définir le caractère des monuments du XIIe au XVIe siècle, est impropre. Elle avait, dans l'esprit de ceux qui la mirent en circulation, le sens de barbare, terme méprisant et injuste, que les architectes, les écrivains du XVIe au XVIIIe siècle, ont employé pour qualifier une quantité considérable d'édifices que les générations postérieures apprécieront heureusement à leur juste valeur. Aujourd'hui, l'épithète gothique n'a plus le sens amer qu'elle avait autrefois, et nous l'employons quand nous voulons parler de l'architecture ogivale. Mais, avant que les constructeurs aient franchement adopté l'ogive, ils l'avaient en quelque sorte essayée dans des édifices où le plein cintre dominait encore. Certaines cathédrales nous permettent de juger de la pénétration du style gothique dans le style roman, pénétration timide au premier moment, puis peu à peu plus envahissante, et enfin absorbante. C'est alors que l'architecture romane est délaissée, et cède le pas à l'ogive. |
En France, trois périodes, et pour ainsi dire trois styles, marquent les étapes de l'architecture ogivale. La première a une durée approximative de deux siècles (XIIe et XIIIe). On est convenu de définir les monuments de cette époque par les mots de gothique à lancette. Cette expression vise les fenêtres très étroites et très allongées que l'ogive aiguë qui les surmonte fait ressembler à un fer de lance. La deuxième période embrasse à peu près le XIVe siècle. C'est l'époque du gothique rayonnant. Là encore, ce sont les fenêtres, devenues très larges et terminées dans leur partie supérieure par des rosaces ou des quatre-feuilles, qui ont motivé la dénomination nouvelle. Enfin la troisième période s'étend du début du XVe siècle au milieu du XVIe siècle, et les édifices construits à cette époque sont dits de style flamboyant, les meneaux des fenêtres affectant, dans leurs contours compliqués, la forme de flammes. Il va de soi que, pendant ces diverses périodes, les fenêtres n'ont pas été les seules parties des édifices qui aient subi de profondes modifications. Le plan général des églises, le nombre et l'emplacement des chapelles, exclusivement disposées autrefois autour du choeur, et bientôt groupées le long des bas-côtés, depuis le transept jusqu'au portail, la forme de la colonne, la décoration des chapiteaux, et maint autre détail, diffèrent selon les époques dont nous venons de marquer les limites. |
. |
|
| ||||||||
|