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Carnaval
est le temps de fêtes et de divertissements
qui précède le Carême, commence
le 6 janvier, jour de l'Épiphanie,
et finit le mardi, veille du mercredi des Cendres.
L'étymologie
de ce mot a donné lieu à mille controverses; les érudits
n'ont pu se mettre d'accord sur sa signification. Les uns proposent carne
vole ou carovale, les autres carne levamen (pour carnis
levamen), d'autres carn avallare, d'autres carnalia,
d'autres enfin carnis privium (jeûne
partiel observé par les prêtres depuis la Sexagésime
jusqu'au Carême). Mais, comme on l'a fait observer avec raison, aucune
de ces étymologies n'est complètement satisfaisante et moins
encore que les autres, celle qu'on admet communément (carne vale).
Établie sur ce fait que le carnaval précède immédiatement
le Carême, elle le présente comme un adieu à la chair.
Cet adieu durant plus de deux mois, l'explication semble peu admissible.
Si l'on n'est pas d'accord sur l'étymologie du carnaval, au moins
l'est-on sur ses origines. (La
religion populaire au Moyen Âge)
Il dérive directement des Saturnales,
de l'ancienne Rome. Les analogies sont trop
frappantes et la succession trop naturelle pour permettre là-dessus
le moindre doute. Mais, d'une manière plus
générale, on y retrouve les vestiges des fêtes religieuses
que tous les peuples, depuis la plus haute antiquité, célébraient
au commencement de chaque année
nouvelle pour se la rendre favorable ou au printemps
pour symboliser la renaissance de la nature. Rappelons,
sans y insister, les fêtes des Babyloniens,
celle des Égyptiens en l'honneur d'Isis,
la fête des sorts des Hébreux;
en Grèce et à Rome, perpétuant une tradition séculaire,
les Bacchanales, les Saturnales,
les Calendes de janvier, les Lupercales
de février; toutes réjouissances qui consistent essentiellement
en mascarades, travestissements, danses et festins et qui sont tellement
implantées dans les moeurs à l'avènement du christianisme,
que l'Église ne peut que les adopter en
essayant de les sanctifier (Épiphanie,
Purification,
etc.).
Bal de mardi gras à Munich, vers 1920. Histoire
du Carnaval en France.
Les
jours gras.
Les vieilles femmes osaient à peine
quitter leurs maisons de peur des attrapes du mardi gras. On plaquait sur
leurs manteaux noirs des empreintes de craie figurant
De
cette époque à nos jours.
Pour en terminer avec les jours gras, rappelons quelques curieux usages locaux qui pour la plupart ont complètement disparu. A Paris et dans certaines villes de province, la promenade du Boeuf gras jouit longtemps d'une vogue extraordinaire. A Paris, toujours les momons firent rage, au XVIe siècle surtout. Les Arrets d'Amour (1540, plaidoyer XII) nous fournissent sur ce divertissement tous les détails désirables. Des troupes de masques, « en robes retournées, barbouillez de farine ou charbon, faux visages de papier, portant argent à la mode ancienne »,accompagnées de musiciens et de valets tenant des flambeaux, se présentaient dans toutes les maisons où l'on donnait soirée, y entraient sans autorisation, faisaient danser les demoiselles, offraient des dragées aux dames et proposaient des défis aux dés. De telles libertés choquaient fort les particuliers qui, n'osant pas résister ouvertement, à l'approche d'un momon « éteignent leurs lumières, répondent qu'il n'y a personne, qu'on est couché, ou font sortir leurs femmes et leurs filles par l'huis de derrière ».Ces précautions n'évitaient pas toujours les injures, les querelles et les rixes; les valets des masques profitaient du tumulte pour voler, dévorer toutes les provisions de l'office et débaucher les chambrières. Si bien que le parlement, assailli de plaintes, dut à plusieurs reprises interdire la fabrication et la vente des masques. On se masquait encore pour jouer aux jeux de hasard. Le jeu était d'ailleurs une des licences caractéristiques du carnaval. Il y avait des blanques, des loteries, des jeux de dés sur le pont au Change, et, le jour de mardi gras, après l'audience du grand conseil, la cour elle-même jouait aux dés sur le bureau du greffier en présence du public. Les Sots, les Enfants sans-souci, les acteurs du théâtre de Bourgogne, donnaient le mardi gras des représentations sous les piliers des Halles. - Enfin, à Paris (cette coutume se retrouvera en province avec des variantes), les maris battus et trompés par leurs femmes eurent longtemps maille à partir avec les suppôts de mardi gras qui, déguisés en estafiers, les promenaient et les bernaient sur les places publiques. On se contentait parfois de les représenter par des mannequins de paille qu'un voisin escortait, monté à rebours sur un âne, entouré de masques armés de passoires, de pots, de soufflets, de bouteilles et de jambons. Et le bonhomme criait : « Ceci n'est pas mon fait, mais celui de mon voisin ! »A Dijon, la société de la Mère folle, qui dura de 1381 à 1630, faisait tous les ans aux jours gras une procession solennelle. Nobles et gros bourgeois, déguisés en vignerons, couraient les rues sur des chariots, chantant des chansons grivoises et satiriques, véritable chronique scandaleuse de la ville. Dans la Marche, à Dont, une tradition qui remonte aux débuts du XIIe siècle, voulait que, le jour du mardi gras à onze heures du matin les jeunes gens mariés ou tonsurés dans l'année, achetassent un porc gras et le fissent découper et distribuer aux pauvres à la porte de l'église Saint-Pierre. Après quoi, le prévôt de l'église, portant un petit enfant, passait vivement sous un globe de verre rempli d'eau que le chanoine de semaine cassait avec une gaule. Si le prévôt n'était pas mouillé il recevait une récompense. A midi, les jeunes mariés, les tonsurés, les bourgeois et le peuple se rendaient au château seigneurial en se tenant par la main et en dansant au son des trompettes, des tambourins, des hautbois et des cornemuses. Trois fois, ils faisaient le tour du château en chantant les louanges des comtes de La Marche qui étaient tenus de leur offrir du vin dans un gobelet de bois. Cette charité du lard se retrouve à Vatan (Indre), ou les hôpitaux faisaient une distribution aux pauvres le mardi gras. A La Châtre (Indre), les femmes du peuple s'assemblaient le mardi gras sur la grande place et y dansaient des rondes en chantant les couplets les plus obscènes. Bientôt elles se répandaient à travers la ville en jouant à l'enfile aiguille. Se donnant la main, elles formaient une sorte de farandole. Chaque fois que les extrémités de la chaîne venaient à se rencontrer les deux personnes placées en tête élevaient leurs bras. La dernière femme de la chaîne, passant sous cet arc, entraînait à sa suite toutes les autres qui criaient à tue-tête : Enfile, enfile, enfile, l'aiguille de Paris!Cet usage n'a disparu que vers 1830. Dans les villes du Nord, on promène encore aux jours gras les géants populaires: à Cambrai, Martin et Martine; à Dunkerque, Reuse-Papa; à Lille, Lyderic et Phinaert; à Douai, le célèbre Gayant, sa femme et sa famille. Le carnaval de Nice, le seul de France qui ait conservé quelque éclat, est en tout semblable au carnaval italien. Carême-prenant. Il semblerait que le mercredi des Cendres, début du Carême, dût clore définitivement le carnaval. Mais loin de là, carême-prenant ou carême entrant a toujours été l'occasion d'une recrudescence de folies, comme en témoigne un adage populaire : A caresme-prenant et en vendange,A Paris, c'est précisément le mercredi des Cendres qu'on représentait la grande bataille de Mardi gras contre Carême et l'enterrement burlesque de Mardi gras; que les clercs de la basoche plaidaient la cause grasse en faisant assaut de grivoiseries. C'est précisément ce jour là qu'avait lieu, un peu plus tard, la fameuse descente de la Courtille. On sait que tous les masques qui avaient passé la nuit du mardi gras dans les restaurants des hauteurs de Belleville en redescendaient en masse au petit jour avec leurs déguisements ignoblement salis et déchirés, hurlant des obscénités. C'est, écrit Jules Janin, une cohue immense, c'est une mêlée immense, c'est une ivresse immense. Les beaux jeunes gens de la ville et les belles petites maîtresses encore toutes pâles et tout en désordre du festin et du bal de la nuit accourent et se rangent sur le chemin pour voir tout le peuple descendre. La descente de la Courtille dure quelquefois une demi-journée, ceux qui passent insultent ceux qui regardent passer, les uns et les autres se disent mille injures.Dans toute la France, on fêtait de même carême-prenant. Au XIVe siècle, dans la plupart des provinces, on livrait alors de grands assauts de seule (ou choule). C'était un jeu de balle à la crosse dont les partenaires étaient soit des hommes mariés contre célibataires, soit les habitants d'une commune contre ceux d'une autre commune. A Brest, les débardeurs promenaient dans les rues un mannequin de paille et le jetaient dans le port. On habillait souvent ce mannequin de sardines et de queues de morues et on le brûlait au lieu de le noyer. A Châlons-sur-Marne, un immense mannequin de paille revêtu d'habits funèbres était amené par quatre hommes dans le choeur de la cathédrale. On disait une messe de Requiem avec des cérémonies toutes spéciales; par exemple, l'officiant mettait son étole et sa chasuble à l'envers, les chanoines portaient de longues robes noires et un seul cierge était allumé au milieu de l'église. Dans d'autres églises, à Tours notamment, on enterrait l'Alleluia avec de grotesques cérémonies. On multiplierait à plaisir les exemples. La
fête des Brandons.
La
mi-carême.
Nous relevons en province quelques coutumes singulières. A Argenton, les enfants couraient les rues, armés de sabres de bois, poursuivaient les vieilles femmes et assiégeaient leurs maisons. A la tombée de la nuit, ils se rendaient sur le bord de la rivière, sculptaient en terre glaise une vieille de la mi-carême, puis se précipitant sur elle, la mettaient en pièces avec leurs sabres et jetaient les débris dans la rivière. Mêmes usages à peu près à Tulle et à Rodez. Dans le Jura, on appelait jours de la vieille les trois derniers jours de mars et les trois premiers d'avril. A Bourges, on sciait la vieille, représentée par un mannequin. En 1856 encore, les gamins criaient : « Fendons la vieille ! Fendons la plus vieille du quartier! »On a rapproché cette coutume du culte du bas peuple de Rome pour Anna Perenna. Police
du carnaval.
« que nul ne portast faux visages ne embrunchiez et que interposeement, par personnes incongneues, aucun ne batist ou injuriant, ne feist batre ne injurier autres personnes ».A partir du XVe siècle, les parlements commencèrent à sévir; mais la fréquence même de leurs arrêts peut inspirer quelques doutes sur leur efficacité. Nous citerons les principaux. Le 14 décembre 1509, le parlement de Paris défend de faire et de vendre des masques, de porter des masques, de jouer au jeu de momon en masques ou avec d'autres déguisements, à peine de prison et d'amende (Id. Clermont, 27 décembre 1509). Le 26 avril 1514, arrêté portant que les masques et faux visages seront brûlés en public, avec défense d'en porter sous peine de confiscation. Les 26-27 novembre 1535, 9 mars 1539, 2-14 janvier 1562, 8 janvier 1575, 4 février 1592, défense d'aller en masques dans les rues de Paris avec des joueurs d'instruments, à peine d'être punis comme perturbateurs du repos public. Une ordonnance royale du 9 novembre 1720, et une ordonnance de police du 5 février 1746, interdirent aux masques de porter des bâtons et des épées ou d'en faire porter par les laquais. Des ordonnances de police du 6 décembre 1737 et du 11 décembre 1742, défendirent aux jeunes gens et tapageurs de nuit d'entrer de force dans tous les lieux où il y a des bals et de la musique (c'était, comme on l'a vu plus haut, l'usage en temps de carnaval), de violenter les traiteurs, leurs femmes et enfants et d'obliger les violons à jouer toute la nuit. Le carnaval fut interdit de 1790 à 1798. A partir de cette époque, la police a publié tous les ans au moment du carnaval une ordonnance conçue toujours à peu près dans les mêmes termes. Visant la loi des 16-24 août 1790, l'arrêté des consuls du 12 messidor an VIII, celui du 3 brumaire an IX, les lois du 7 août 1850 et 10 juin 1853, les art. 259, 330, 471, 475 et 479 du C. pén., elle interdit à tous les masques de se montrer sur la voie publique avec des armes ou bâtons, de se masquer avant 10 heures du matin et après 6 heures du soir, de prendre des déguisements de nature à troubler l'ordre public ou à blesser la décence et les moeurs, de porter aucun insigne, aucun costume ecclésiastique ou religieux, d'apostropher qui que ce soit par des invectives, des mots grossiers ou provocations injurieuses, de s'arrêter pour tenir des discours indécents et provoquer les passants par gestes ou paroles contraires à la morale, de jeter dans les maisons, dans les voitures et sur les personnes des objets ou substances pouvant causer des blessures, endommager ou salir les vêtements, de promener ou brûler des mannequins dans les rues et places publiques. Tel est le fonds commun. Il y a quelques variantes intéressantes. Le 10 février 1801, l'ordonnance de police défend le port du masque dans les rues et lieux publics. Cette défense persiste jusqu'en 1820. De 1815 à 1820, parmi les mascarades interdites figurent « celles qui rappelleraient les époques malheureuses de la Révolution française ».L'ordonnance du 10 février 1830 interdit la vente du catéchisme poissard. Celle du 14 mars 1871 interdit les bals publics, mascarades et promenades organisés ordinairement pendant la mi-carême. Enfin, celle du 7 février 1880 défend de sonner sur les voies parcourues par les tramways du cornet à bouquin ou de tout autre instrument dont le son pourrait être confondu avec celui de l'avertisseur de ces voitures. - Parade de Mardi gras à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis). Le
carnaval dans d'autres pays.
Allemagne. - Suite naturelle des antiques représentations des métamorphoses des dieux, de la promenade symbolique de la charrue et du char naval au printemps (Carrus navalis, encore une étymologie qui nous avait échappé...), le carnaval eut un grand éclat avant la Réforme et la guerre de Trente Ans. Les mascarades, les facéties de Hanswurst, les Jeux du mardi gras, sorte de satires burlesques déclamées sur les places publiques en furent les principales phases. Memmingen, Augsbourg, Bamberg, Nuremberg surtout se distinguèrent par leur gaieté. Puis le carnaval disparut presque complètement pour ne reparaître qu'au début du XIXe siècle. Les villes du Rhin l'empruntèrent alors à la France. Cologne, Aix-la-Chapelle, Düsseldorf, Mayence, Trèves rivalisèrent un moment avec Venise et attirèrent une foule d'étrangers. Les villes protestantes, Leipzig, Hambourg, Berlin, qui n'avaient même pas le prétexte du jeûne catholique, adoptèrent à leur tour les banquets, beuveries, danses, mascarades et bouffonneries de toutes sortes qui le précèdent. Le bal des tonneliers de Francfort-sur-le-Main, les bals des bouchers et des tonneliers de Munich sont restés célèbres dans toute l'Allemagne. Notons une coutume spéciale à la Bavière. Au XVIe siècle, pendant les jours gras et le mercredi des Cendres, des masques couraient les rues en frappant tous les passants avec de petits sacs remplis de cendres. Le mercredi, les jeunes filles, réunies par les jeunes gens, s'attelaient à une charrue, la promenaient à son de trompe et la précipitaient ensuite dans un fleuve ou dans un lac. Belgique. - Bruxelles et surtout Anvers célèbrent joyeusement le carnaval. Le principal attrait des jours gras est la promenade des géants et la bataille des pepernoten. A Bruxelles, les fameux Jan et Mieke, petit Jean, petit Michel, Gudule et Jean de Nivelle, le sultan et la sultane; à Anvers, Druon Antigon, la géante des navires et autres personnages monstrueux parcourent les rues avec un immense cortège de chars allégoriques, de baleines, de dauphins, de pierrots, d'astrologues, de débardeurs et de marquis. On sonne de la trompe, on frappe le dos des passants avec des vessies de porc gonflées. Les masques bombardent de popernoten (pâtisseries dures de farine et de miel, en forme de dé à jouer) les spectateurs des balcons et les promeneurs, qui leur répondent par une grêle de mêmes projectiles. Espagne. - Madrid, Séville, Cadix, Barcelone, ont eu des mascarades brillantes. A Barcelone, des quadrilles de gens masqués entrent dans toutes les maisons où l'on danse. C'est l'ancien momon qui se pratiquait en France. A Madrid, on promène dans les rues un mannequin représentant une vieille femme qu'on appelle la Reina cuaresma. Elle a pour sceptre un poireau, une couronne de feuilles d'oseille et d'épinards, des oripeaux bizarres et sept jambes longues et maigres qui symbolisent les sept semaines du carême. Cette procession se fait le soir à la lueur des torches, on y chante des chants funèbres. Après quoi, la Reina cuaresma est enfermée dans une maison où tout le monde peut lui rendre hommage. A la fin de chaque semaine, on coupe une des jambes de la reine. Le soir du samedi saint, on transporte le corps sur la plaza mayor, on le décapite et on le met en pièces aux applaudissements de la foule. Italie. - L'Italie berceau des anciens
saturnales,
est aussi le berceau du carnaval. Aussi ne doit-on pas s'étonner
qu'il ait atteint en ce pays une splendeur et un développement exceptionnels.
Jadis Florence fut renommée pour
la licence de son carnaval, licence dont les chants carnavalesques de Laurent
de Médicis peuvent seuls donner
une idée. Le carnaval de Rome et celui de Venise
ont joui longtemps d'une renommée européenne. On y accourait
de toutes parts. Cette affluence d'étrangers riches, à Rome
notamment, peut expliquer la tolérance séculaire de l'Église
pour des divertissements profanes que d'aucuns, à vrai dire, jugeaient
assez déplacés dans une ville directement soumise à
l'autorité des papes. Ceux-ci d'ailleurs protestèrent parfois
contre des licences un peu trop vives, mais il ne paraît pas qu'ils
aient insisté beaucoup en ce sens et plusieurs d'entre eux ont collaboré
aux magnificences de ces fêtes.
Sixte-Quint se montra moins indulgent. Il fit élever sur les places publiques des gibets et des piloris à l'usage des tapageurs. On lui doit l'établissement des barrières destinées à prévenir les accidents qui se produisaient trop fréquemment aux courses des chevaux libres. Clément XI (lettres apostoliques de 1719 et 1721) et Benoît XIV (encyclique de 1748) sévirent aussi contre le carnaval. Jadis, le carnaval de Rome commençait la veille de la Séxagésime, les derniers papes en avaient peu à peu réduit la durée aux seuls jours gras. A partir de l'annexion de Rome à la couronne d'Italie, il a perdu beaucoup de son importance. Courses de gala, cavalcades, procession de chars, promenade du corso, batailles de fleurs et de confetti, mascarades, bals travestis (veglioni), courses de barberi dans le Corso (supprimées en 1874) resteront au début du XXe siècle les principales réjouissances populaires. Ajoutons-y les moccoletti, qui, par leur singularité, méritent une mention. Le soir du mardi gras, on célèbre l'enterrement du carnaval en brûlant un mannequin. Des files d'équipage circulent sur le Corso, une foule énorme envahit les rues, et chaque personne porte à la main un petit cierge allumé (moccoletto). Chacun essaie d'éteindre le moccoletto de son voisin en soufflant dessus, ou à coups de mouchoirs. Il en résulte un combat plus amusant encore que celui des confetti de plâtre. Le carnaval de Venise fut encore plus célèbre et plus fréquenté que celui de Rome, car il le dépassait en licence et durait une partie de l'hiver. Des illuminations féeriques, des feux d'artifice, des gondoles illuminées circulant sur les canaux avec leur équipage de masques et de musiciens, le luxe des déguisements, l'affluence des belles courtisanes et surtout l'autorisation des jeux de hasard, tels étaient les attraits puissants de ces fêtes qui ont, elles aussi, beaucoup pâli, quand Venise perdit son indépendance politique. Ce carnaval connaît cependant un renouveau notable depuis les années 1980. (A19). |
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