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Cornaro

Les Cornaro. sont une illustre famille vénitienne, a fourni quatre doges à la république de Venise.
Marc Cornaro était plus qu'octogénaire lorsque sa réputation de prudence et de savoir le fit élire doge en 1365. Il mourut en 1567. 

Jean Cornaro, élu doge en 1624, mourut, en 1629. 

François Cornaro, élu doge en 1656, mourut la même année.

Sous le dogat de Jean Cornaro, 1709-1722, Venise abandonna la Morée aux Turcs, par le traité de Passarowitz, en 1718

Catherine Cornaro épousa en 1470 Jacques II, roi de Chypre, et en eut un fils, Jacques III, qui régna de 1473 à 1475. Elle gouverna ensuite le royaume, et en fit donation à la  république de Venise en 1489.

Louis Cornaro, né en 1467, et mort presque centenaire en 1565, rétablit sa santé par là sobriété, après l'avoir altérée par les désordres de sa jeunesse. Il a écrit en italien un livre sur la sobriété, Discours de la vie sobre, qui a été trad. en latin par Lessius.

Lucrèce-Hélène Cornaro-Piscopia  (ci-dessous).

Elena Cornaro Piscopia est une philosophe née le 5 juin 1646 à Venise, dans l'une des familles les plus influentes de la République, et morte le 26 juillet 1684 à Padoue. Bien que plus connue pour avoir été la première femme au monde à obtenir un doctorat, elle était aussi une érudite polyglotte qui s'intéressait aux mathématiques, à l'astronomie et aux sciences. Elle a enseigné les mathématiques et la philosophie brièvement. Elle est probablement la figure la plus proche de l'idée d'une femme ayant une connaissance approfondie des mathématiques à cette période dans un cadre académique.

Son père, Giovanni Battista Cornaro, est doge en puissance, tandis que sa mère, issue d'un rang social inférieur, lui interdit l'accès à la noblesse, ce qui accentue sa soif d'excellence personnelle. Dès l'enfance, elle se montre exceptionnellement douée. Elle apprend le latin, le grec, l'hébreu, l'arabe, le français et l'espagnol, et devient rapidement une figure intellectuelle admirée. Elle étudie les mathématiques, la logique, la philosophie, la musique et la théologie avec une rigueur telle qu'à dix-sept ans, on la compare déjà aux savants de son temps.

Elle consacre sa vie à l'étude, dans un environnement encore hostile à la reconnaissance publique des femmes. Mais sa réputation est telle qu'en 1678, elle est autorisée à soutenir une thèse de philosophie à l'université de Padoue — événement historique : elle devient la première femme au monde à recevoir un doctorat universitaire. Elle défend ses thèses en public, vêtue de la toge d'érudition, dans une salle comble où des princes, des professeurs et des prélats sont présents. Elle affirme alors : 

« Ce n'est pas mon sexe que je défends, mais la vérité, qui n'a pas de genre. » 
Elle y aborde des questions d'ontologie, de métaphysique et de logique scolastique, en mobilisant Aristote, Thomas d'Aquin, mais aussi des auteurs plus modernes.

Son érudition ne se limite pas à l'exercice académique. Elle compose également des traités de théologie, des commentaires bibliques, des traités de musique sacrée, et entretient une correspondance philosophique avec des humanistes italiens. Dans ses écrits, elle insiste sur la liberté intérieure que procure le savoir : 

« La science n'est pas un ornement : c'est une voie de salut intellectuel. » 
Cette vision ascétique de l'étude la conduit à un engagement religieux profond. Elle refuse le mariage, entre dans l'ordre bénédictin comme oblate, et consacre les dernières années de sa vie à la contemplation, à l'enseignement des pauvres et à la transcription de manuscrits rares.

Sa reconnaissance, bien qu'exceptionnelle, reste symbolique. L'université célèbre sa mémoire, mais peu de ses textes sont publiés. Pourtant, elle devient un modèle pour les femmes savantes des siècles suivants. Elle montre qu'une femme peut penser, débattre, enseigner, et atteindre le sommet du savoir sans renier sa foi ni son humanisme. Elle meurt en 1684, à l'âge de trente-huit ans, après une vie  traversée par le feu de la connaissance. Son nom reste aujourd'hui inscrit sur les murs de Padoue, et son destin demeure une leçon de courage intellectuel et d'humilité savante.

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