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Un sarcophage était un tombeau dans lequel les Anciens mettaient, les corps qu'ils ne voulaient pas brûler, et qui était fait, dit-on, d'une sorte de pierre caustique propre à consumer les chairs en peu de temps. Les sarcophages sont généralement de forme quadrangulaire et le dessus est bombé, angulaire ou droit; dans ce dernier cas, ils affectent la forme d'un parallélépipède. On en faisait en terre cuite, en plomb, en maçonnerie et même en verre. On donne aujourd'hui ce nom au cercueil ou à sa représentation dans les grandes cérémonies funèbres. Quand les sarcophages ne contiennent pas le corps du défunt, que ce sont simplement des monuments élevés en leur honneur, on les nomme cénotaphes. Antiquité. Sarcophage contenant la momie de Seracher, nourrice du pharaon Taraka (XXVe dynastie). Grèce et Méditerranée orientale. Sarcophage crétois. Les sarcophages ornés de bas-reliefs sont assez rares dans la Grèce proprement dite avant l'époque romaine. La stèle est la forme qu'adopte le plus ordinairement l'art appliqué aux monuments funéraires. On en connaît quelques-uns cependant. Un sarcophage du VIe siècle, orné de colonnes, provient de Samos. Un autre, trouvé à Thespies, antérieur à l'époque impériale, représente des scènes de la légende d'Héraclès. Quelques autres sont ornés de combats d'Amazones, de Génies bachiques, de Centaures; un autre représente Achille au milieu des filles de Lycomède. Mais les plus remarquables parmi les sarcophages à bas-reliefs d'époque grecque sont assurément les sarcophages de Sidon, actuellement déposés au musée d'Istanbul. Ces magnifiques oeuvres d'art, connues sous le nom de sarcophages Lycien, des Pleureuses, du Satrape, d'Alexandre, où la richesse de l'architecture le dispute à la beauté des sculptures qui les décorent, ont probablement reçu les corps des rois de Sidon et appartiennent au style grec du Ve et du IVe siècle et du commencement du IIIe siècle. Sarcophage dit d'Alexandre le Grand. Une autre classe mérite d'être signalée, celle des sarcophages phéniciens anthropoïdes. Ce sont de lourdes cuves en pierre, dont le couvercle en forme de gaine porte une tête en relief et, à l'autre extrémité, un renflement qui indique les pieds. Parfois les bras sont également sculptés. Il faut sans doute chercher l'inspiration première des sarcophages anthropoïdes dans les coffres à momies que les Phéniciens voyaient en Égypte. Quant à l'exécution, elle est certainement due à des artistes grecs. Les plus beaux sont du pur style du Ve et du IVe siècle. Plusieurs semblent même se rattacher à la même école que les frontons d'Olympie, oeuvre d'artistes pariens. Les têtes de sarcophages paraissent être en marbre de Paros. On a retrouvé de ces sarcophages non seulement à Sidon, mais à Solunte, en Sicile, colonie phénicienne située près de Palerme. L'un de ces derniers porte une véritable statue couchée comme il y en eut tant au Moyen âge. La série paraît s'étendre du IVe au IIIe siècle av. J.-C. Sarcophage phénicies anthropoïde. Etrurie. Sarcophage étrusque en forme de lit. On n'en trouve aucun qui rappelle la boîte à momie de l'Egypte ou les sarcophages anthropoïdes de Phénicie. En revanche, une forme nouvelle apparaît, qui nous fournit les plus précieux renseignements sur la sculpture étrusque. Le sarcophage est alors conçu comme un lit de repos ou de festin, avec la figure du défunt tantôt étendue, comme on le voit sur beaucoup de pierres tombales du Moyen âge, tantôt à demi dressée, comme un homme couché à table. Quelquefois, le sarcophage est destiné à recevoir deux corps. Le couvercle porte alors deux personnages, le mari et la femme, attablés au banquet funèbre. Ces figures, comme le couvercle lui-même, sont en pierre ou en terre cuite. Le lit est un meuble de luxe, sculpté, garni de coussins et de draperies. Dans les plus soignés, les détails sont rendus avec un réalisme et une minutie achevés. Il en est de même de la parure, du costume, de la coiffure du défunt, habillé de vêtements de fête, chargé de guirlandes et de bijoux. Sarcophage étrusque. Le defunt est représenté enveloppé dans son linceul. Les bas-reliefs qui décorent la caisse de nombreux sarcophages sont presque tous funéraires par le sujet. Ce sera par exemple un personnage couché sur un lit et entouré de pleureuses à gage, un convoi, une procession se dirigeant vers un tombeau, des banquets, des jeux, des danses, accompagnements obligés des funérailles. Les sujets mythologiques sont fréquents. Tous relèvent des mythes grecs; tous aussi sont choisis, en raison de leur caractère tragique, parmi les plus sombres, éveillant quelque souvenir de carnage, d'assassinat, de mort prématurée. Le génie étrusque se révèle par la présence de figures telles que les Charons malfaisants et les Furies. Toute cette sculpture, du reste, n'a rien d'original et se contente d'imiter assez lourdement l'art grec du Ve et du IVe siècle. Tous les sarcophages connus paraissent appartenir au IVe et au IIIe siècle, mais il est possible qu'il en existe de plus anciens. Rome. Sarcophage de Cnéus Scipion Barbatus. -Les scènes mythologiques les plus diverses se déroulent sur les parois des sarcophages. Le choix n'en était cependant pas laissé tout à fait au hasard. Beaucoup, en effet, semblent vouloir symboliser les luttes de la vie présente et les espérances d'immortalité. C'est pourquoi un grand nombre sont empruntées aux cycles de Bacchus, d'Hercule, d'Ariane, de Prométhée, etc. L'histoire de Phèdre et d'Hippolyte, la chasse de Calydon, les aventures d'Achille, les combats de Centaures ou d'Amazones, les Niobides, les Néréides, etc., sont parmi les sujets qui reviennent le plus fréquemment. - Sarcophage romain avec couvercle à personnages. D'autres ont un caractère historique, par exemple un sarcophage de Lyon avec une marche triomphale et Romulus et Rémus tétant la louve, ou les nombreux sarcophages figurant des Romains ou des Grecs combattant contre les barbares; beaucoup de ces derniers, comme le beau sarcophage, dit Amendola, s'inspirent des sculptures du grand autel de Pergame; quelques autres retracent des scènes de la vie publique ou privée, telles que les jeux du cirque (Vatican), toutes les cérémonies du mariage romain (Rome, église Saint-Laurent-hors-les-Murs) toute la vie d'un Romain (Florence, Uffizi) ou la vie d'un jeune poète (Louvre). Le plus beau de tous les sarcophages conservés à Rome est sans doute celui qui retrace l'histoire d'Achille au musée du Capitole. Sarcophage chrétien du IVe siècle (musée du Latran). Christianisme primitif. Sarcophage de style byzantin (Ravenne, Italie). Au VIe siècle, le sarcophage de saint Andoche à Saulieu (Côte-d'Or), d'autres à la cathédrale de Vienne (Isère), montrent les bas-reliefs remplacés par de grossières gravures au trait; bientôt, la barbarie alla plus loin. Le Poitou a conservé nombre de sarcophages mérovingiens ornés de croix et de monogrammes du Christ d'un dessin extrêmement sommaire et barbare; les sarcophages de plâtre maintes fois trouvés à Paris n'ont pas d'autre ornementation. Ces figures sont tracées en faible relief sur les couvercles et les bouts; beaucoup d'autres sarcophages, depuis le VIe ou le VIIe siècle, ne portent sur toutes leurs faces et sur leurs couvercles que de grosses stries qui semblent tracées par les dents d'un outil monstrueux (sarcophages de saint Erkembode à Saint-Omer; de sainte Honorine à Graville, près du Havre, etc.). Dans la crypte de Jouarre, le sarcophage de l'abbesse Tetchilde est cependant orné d'une suite de coquilles assez bien sculptées. Ce sarcophage et ceux qui l'accompagnent ne sont que des cénotaphes surmontant un sarcophage réel, sans ornement, enfoui dans le sol. Ce procédé devint de plus en plus fréquent et, à l'époque romane, les tombeaux riches furent généralement de faux sarcophages, ou même la simple imitation d'un couvercle de sarcophage élevé sur des colonnettes ou sur des lions accroupis au-dessus d'une sépulture souterraine où le sarcophage de pierre ne portait pas d'ornement, tandis que le monument extérieur et simulé était parfois richement sculpté. A l'époque gothique, on orna d'une statue couchée le couvercle du faux sarcophage qui repose, en général, directement sur le sol. Dans les pays du Midi, l'usage romain du sarcophage de marbre sculpté placé hors du sol se perpétua durant tout le Moyen âge. On peut en citer de beaux exemples à Toulouse et dans les Pyrénées-Orientales, à Oms, Sarralongue, Le Boulou, Perpignan, Saint-Genis, Fuilla, Montferrer. Cet usage est aussi très répandu en Espagne (Musée archéologique de Barcelone, abbaye de Poblet, etc.) et en Italie (Boccace, Décaméron, Journée II, nouv. V) et fut pratiqué également par les colons français de l'île de Chypre qui, au XIIe et XIVe siècles, sculptèrent en style gothique de très beaux sarcophages de marbre. (C. E.). |
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