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Coupole

Une coupole est une voûte dont la forme se rapproche plus ou moins de la demi-sphère de la coupe renversée, d'où son nom italien 'cupola, passé en français au XVIe siècle. Il ne faut pas confondre la coupole, qui désigne surtout une voûte intérieure, avec le dôme, qui ne devrait s'employer que pour désigner l'enveloppe extérieure de cette voûte : ainsi, dans le cas où il n'y aurait pas de construction intermédiaire entre la coupole et le dôme lui servant d'enveloppe, la coupole serait, à proprement parler, l'intrados de la voûte dont l'extrados formerait le dôme, et cette confusion dans l'emploi des deux termes est d'autant plus fâcheuse que les coupoles ne sont pas toutes accentuées à l'extérieur par un dôme et que les dômes ne recouvrent pas toujours une coupole. 
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Coupole de la Bibliothèque de Vienne.
La coupole du grand hall de la Bibliothèque nationale de Vienne (Autriche).

Cependant, en rangeant parmi les coupoles toutes les voûtes analogues à la demi-sphère, nous comprenons sous cette dénomination toutes les voûtes susceptibles en principe par leur forme générale de donner naissance à un dôme. Les coupoles peuvent donc être élevées sur un plan circulaire, sur un plan hexagonal, octogonal ou elliptique. Dans ces divers cas, la coupole conserve la forme hémisphérique en rachetant la forme brisée du plan sur lequel elle repose au moyen de pendentifs. Ou bien elle reproduit la forme même des constructions qui lui servent de base en présentant un certain nombre de pans correspondants à celui de la figure géométrique de sa base. 

Dans leur élévation, ces voûtes peuvent suivre soit la courbure du cercle, soit celle de l'ellipse. La décoration intérieure des coupoles peut être fort simple ou très riche, suivant le caractère de l'édifice. On emploie beaucoup la peinture à fresque pour ce genre de décoration, ou bien on trace des caissons et des compartiments dans la pierre, le bois ou le plâtre. On peut laisser apparente la matière composant ces caissons et compartiments, ou la recouvrir de peintures et de dorures. 

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Coupole de la  cathédrale de Tolède.
Coupole de la cathédrale de Tolède (Espagne). Photos : The World Factbook.

L'origine de la coupole est des plus anciennes, surtout sous la forme ovoïde, forme sous laquelle elle semble, à l'origine de toutes les civilisations, avoir servi aussi bien à couvrir les premières habitations que les premiers tombeaux.Des huttes traditionnelles de la Laponie aux îles océaniennes, ainsi que les anciennes cabanes des Gaulois et des Marcomans, dont les bas-reliefs romains nous ont conservé des représentations très nettes, nous offrent également des coupoles parfois semblables de forme à celles que l'on remarque dans les tumulus préhistoriques de la Gaule, dans les nourhages de la Sardaigne, au trésor d'Atrée à Mycènes, dans les îles de la mer Egée, à la pyramide de Qournah, en Nubie, etc.; mais, fait intéressant à noter, ces coupoles primitives sont construites en encorbellement, ce qui en rendait l'établissement plus facile; en revanche, dans plusieurs d'entre elles, la taille et le ragréement de la surface intérieure laissent bien peu à désirer. 

A l'état d'élément architectural, la coupole semble avoir pris naissance en Orient, en Perse ou en Mésopotamie, ces pays riches en limon, et un bas-relief assyrien, découvert par Layard à Koyoun-djick, sur l'emplacement des ruines de Ninive, ne laisse aucun doute sur la haute antiquité des coupoles asiatiques. A une époque plus rapprochée de nous, on vit des coupoles s'élever en Grèce, témoin celle monolithe couvrant le petit monument chorégique de Lysicrates à Athènes et aussi, mais à une époque peut-être antérieure, en Etrurie, témoin, entre autres, la demi-coupole, taillée dans le calcaire, d'un tombeau souterrain de Vulci où des détails de charpenterie indiquent bien l'imitation d'une armature en bois recevant, à l'intérieur de ses nervures, des caissons de remplissage. 
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Monument de Lysicrates, à Athènes.
Coupole monolithique du monument 
de Lysicrates, à Athènes.

Les Romains, en perfectionnant le système des voûtes et en surmontant leurs temples, leurs édifices circulaires et les grandes salles rondes de leurs thermes de voûtes hémisphériques, furent les véritables créateurs de la coupole. Le plus grand effort de l'emploi de la coupole dans l'Occident, où cet élément d'architecture semble s'être surtout développé en même temps que le système de balnéation des Orientaux, dans les salles des Thermes, est la coupole de la grande salle ronde des Thermes d'Agrippa, à Rome (aujourd'hui le Panthéon), salle de 44 m de diamètre, sans points d'appui intermédiaires et dont la construction de la coupole, effectuée à l'aide d'arcs superposés, en briques, dénote une grande science.

C'est surtout dans le monde oriental, byzantin ou musulman, que la coupole couvrit, avec des formes diverses, aplatie, hémisphérique, ovoïde ou bulbeuse, un grand nombre d'édifices, depuis le transfert du siège de l'empire de Rome à Byzance devenue Constantinople, pendant toute la durée du Moyen âge et encore de nos jours. On vit alors la coupole, qui n'avait été l'objet que de timides essais de la part des premiers chrétiens, soit dans les catacombes de Rome, soit dans les kalibis de Syrie, se dégager peu à peu du plan circulaire qui lui servait d'abord de base, se servir de pendentifs pour recouvrir des surfaces carrées, s'adapter ainsi à merveille à accentuer la croisée du transeptet de la nef des églises chrétiennes, et offrir, sous Justinien, dans la partie centrale de Sainte-Sophie de Constantinople, oeuvre des architectes ioniens Anthémius de Thralles et les Isidore de Millet, la plus grande coupole de ce genre. 

Tout l'empire byzantin, dans ses provinces d'Europe, d'Asie et d'Afrique, éleva des coupoles sur pendentifs et l'influence de ce système de construction se fit sentir à l'Occident, en même temps qu'à l'est de l'Europe, où la coupole devint même un des éléments caractéristiques de l'architecture russe. Si en Orient les édifices chrétiens des premiers temps furent pourvus de coupoles, en Occident le style latin, perpétuant les antiques dispositions de la basilique païenne, n'en fit pas usage; on ne peut considérer en effet comme coupoles les voûtes en cul-de-four qui surmontaient les absides de ces basiliques. 

En Occident il n'existe pas de coupoles postérieures à la chute de l'empire romain ou antérieures au XIe siècle, si. ce n'est dans quelques édifices épars, fort peu nombreux du reste, dans lesquels l'influence orientale s'est tellement fait sentir qu'on peut les considérer comme appartenant plutôt au style byzantin. C'est principalement sur les bords du Rhin, et dans les provinces du centre de la France, qu'on rencontre des églises romanes, ou plutôt romano-byzantines, pourvues de coupoles. Ainsi à Neuss, à Mayence, à Cologne, on remarque, sur la croix des transepts et des nefs, des coupoles elliptiques en élévation et circulaire ou à pans, suivant la disposition des tambours et la présence ou l'absence de pendentifs. Dans le Poitou, le Périgord, Auvergne, dans l'Angoumois et dans l'Anjou, il existe un certain nombre d'églises offrant la même disposition; la plus remarquable de toutes est celle de Saint-Front, à Périgueux.

De même, tout l'est et le sud de l'empire, l'Asie antérieure, l'Afrique septentrionale et une partie de l'Espagne, converties à l'Islam, éprouvant, soit l'influence byzantine, soit une influence purement orientale, voyaient la coupole se multiplier et comme caractériser les édifices musulmans, d'Ispahan, de Bagdad et de La Mecque au Caire, à Kairouan et à Cordoue.

Si du XIIe au XVIe siècle, l'Italie a vu s'élever quelques rares coupoles liées à des édifices d'architecture gothique, pendant cette époque, la coupole fut presque complètement abandonnée dans tous les pays que nous venons de citer. C'est surtout avec la Renaissance que la coupole reprit faveur en ce pays, et, de là, avec l'expansion de l'architecture italienne, dans tout le monde moderne, de la Russie aux Etats-Unis (le Capitole, à Washington, par exemple). La première grande coupole, de forme ovoïde et pyramidale, fut, au commencement du XVe siècle, la coupole de Sainte-Marie des Fleurs, à Florence, oeuvre de Brunelleschi. C'est aussi la première coupole double, qui consiste en une première voûte intérieure, ordinairement hémisphérique, au-dessus de laquelle se trouve un vide où se placent les escaliers, puis en une seconde, d'un galbe plus ou moins élevé, destinée à donner au dôme cette forme élancée ou pyramidale qui produit un si bel effet. La coupole de Sainte-Marie des Fleurs peut encore être considérée comme une coupole de style gothique, type extrêmement rare.

Soixante ans plus tard, Rome vit s'élever celle de Saint-Augustin. L'élan était donné, toutes les difficultés furent surmontées par le génie de Brunelleschi, et toutes les églises se couvrirent de coupoles. En première ligne se place celle de l'église de Saint-Pierre, dont l'idée première est de Bramante, et  qui fut continuée par ses successeurs, dont Michel-Ange, qui en fit faire un modèle en bois, et enfin achevée par Jacques de la Porte et Dominique Fontana. Citons encore celles de Saint-Jean des Florentins, de Saint-André della Valle, de l'église du Gézu, celle du petit temple élevé par Bramante dans le cloître de San-Pietro in Montorino, remarquable par sa petite dimension. Cette coupole peut être considérée comme une miniature, puisqu'elle ne mesure que 4,58 m de diamètre intérieur.
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Coupole des Invalides, à Paris.
Coupe la partie supérieure de la coupole
des Invalides, à Paris.

En France, il faut citer, entre autres, les deux plus anciennes coupoles de Paris, celle de la chapelle du couvent des Augustins, aujourd'hui enclavée dans l'Ecole nationale des beaux-arts, et celle de l'église des Carmes, rue de Vaugirard; puis celles des églises ou chapelles du Val-de-Grâce, de l'Assomption, de la Sorbonne, du collège Mazarin (Institut de France), de la Visitation de Sainte-Marie, rue Saint-Antoine (aujourd'hui convertie en temple protestant), enfin, dans les édifices consacrés au culte, celle de l'église des Invalides et celle de l'église Sainte-Geneviève (aujourd'hui le Panthéon). Cette dernière, commencée par Soufflet, fut achevée par Rondelet, qui, dans son admirable Traité de l'art de bâtir, nous a laissé une description des plus détaillées de sa construction, des matériaux et des machines qui y furent employées. Les coupoles des Invalides et du Panthéon sont intéressantes à examiner, car elles constituent plutôt un ensemble de trois coupoles superposées : une première coupole, inférieure, hémisphérique, tronquée à son sommet et décorée de caissons et de peintures, avec, au centre, un grand vide laissant voir les peintures qui décorent la surface intérieure d'une seconde coupole ovoïde fermée, laquelle est elle-même enveloppée et surmontée d'une troisième coupole ovoïde, formant dôme à l'extérieur et couronnée d'un lanternon. 

La plupart de ces coupoles, élevées depuis la Renaissance, sont en pierre ou en maçonnerie : il en est de même de celle de Saint-Paul de Londres, oeuvre de Cristopher Wren; mais celle de l'église Saint-Isaac, à Saint-Pétersbourg, est toute de construction métallique, et, dès la Renaissance, Philibert de Lorme avait projeté, pour l'abbaye de Montmartre, un vaste réfectoire circulaire qui devait être couvert d'une voûte hémisphérique en bois suivant un système qui porte son nom et que réalisèrent, en 1782, Legrand et Molinos, dans l'ancienne coupole en bois de la Halle aux blés, laquelle, incendiée en 1802, fut remplacée en 1811 par une coupole en fer due à Bélanger. D'autres coupoles de métal furent exécutées au XIXe siècle et il suffira de citer les deux coupoles intérieure et extérieure de l'église Saint-Augustin, à Paris, les coupoles mobiles des observatoires de Paris, de Vienne, de Saint-Pétersbourg et de Nice (cette dernière construite par Ch. Garnier, architecte, et Eiffel, ingénieur), enfin celles élevées au Champ-de-Mars, pour l'Exposition universelle de 1889, sur les dessins de Bouvard et Formigé. (Ch. Lucas / E. Bosc).



David Stephenson et al., Visions célestes, les plus belles coupoles d'Europe, Citadelle et Mazenod, 2007. 9782850882401
Renverser la tête pour contempler une coupole, découvrir une vision céleste conçue jadis par quelque artiste de génie : ce sont cette magie, cette sensation sublime que David Stephenson a su saisir, les éternisant par ses photographies uniques. David Stephenson a parcouru l'Europe, de l'Italieà l'Espagne, du Portugal à la Turquie, de l'Angleterre à l'Allemagne et à la Russie, pour photographier des églises, des palais, des mosquées et des synagogues de toutes époques, créant ainsi une véritable typologie de la voûte en coupole. Grâce à ses images, la complexité des structures géométriques, la somptuosité des décors de stucs et la virtuosité des fresques nous apparaissent comme jamais auparavant. Sans son habileté et son talent, des détails et des couleurs seraient demeurés dans la pénombre pour l'éternité. L'ouvrage Visions Célestes présente plus de cent vingt photographies, du Panthéon de Rome aux églises byzantines d'Istanbul, des grandes coupoles de la Renaissance aux coupoles illusionnistes du baroque et du rococo, sans oublier la cathédrale Saint-Paul de Londres ou encore une synagogue du XIXe siècle en Hongrie. Un essai de Victoria Hammond retrace l'histoire fascinante de la coupole et de son décor, tandis que Keith F. Davis rappelle la préoccupation majeure de l'artiste, l'idée du sublime, si nécessaire pour capter ces images remarquables. (couv).
 
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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