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Bénitier

Un bénitier est une petite cuve circulaire ou polygonale destinée à contenir l'eau bénite, faite le plus souvent de pierre, de marbre ou de métal, isolée sur un socle ou en partie engagée dans la construction et placée à l'entrée des églises chrétiennes. Les bénitiers consistent aussi en vases portatifs, souvent de métal, tenus à la portée de l'officiant dans les processions et autres cérémonies religieuses. Il faut chercher l'origine des bénitiers dans les ablutions et les purifications par lesquelles les Anciens procédaient à tout acte religieux ou privé, aussi bien les Egyptiens, desquels l'ablution des mains était exigée avant leur entrée dans un édifice sacré, que les Hébreux qui ne pouvaient, sans s'être purifiés par l'eau la tête et les mains, franchir le seuil du Temple ou commencer des prières particulières et enfin les Grecs et les Romains chez lesquels la lustration à l'aide d'eau aspergée avec un rameau de laurier ou d'olivier ou par le moyen d'un goupillon, accompagnait certaines cérémonies religieuses et toutes les purifications auxquelles, pouvaient être soumis les individus, les navires, les armées, les colonies (lors de leur fondation), les cités et parfois, en cas de grands désastres, les Etats eux-mêmes.

L'usage de cette eau consacrée venant de l'Orient et remontant à l'Antiquité, nul doute que les bénitiers fixes ou portatifs, rappelant les coupes et autres vases dans lesquels les prêtres païens versaient l'eau lustrale, ne furent en usage dès les premiers temps du christianisme, à l'époque des apôtres et des premiers papes grecs; mais, soit que pendant plusieurs siècles ces bénitiers, mêmes fixes, aient été faits de métal et aient été détruits dans les incendies ou fondus dans une pensée de lucre, ce n'est guère qu'au XIIe siècle que l'on peut faire remonter, avec quelque certitude, les plus anciens bénitiers, fixes ou portatifs, encore existant de nos jours. Viollet-le-Duc, - après avoir rappelé les tables de pierres posées sous le porche des églises primitives de l'ordre de Cluny et devant peut-être servir d'autels en même temps. que recevoir un bénitier portatif - cite et reproduit, d'après dom Plancher (Histoire de Bourgogne, t. ler, p. 517), un bénitier placé devant une statue de la Vierge faisant partie du trumeau de la porte centrale de l'église abbatiale de Moûtier-Saint-Jean, bénitier datant probablement du milieu du XIIe siècle et dont la coupe, recevant l'eau bénite, est posée sur une colonne corinthienne dont l'excessive maigreur fait supposer que, ainsi que la coupe, elle était de métal. 

Un peu plus tard, vers le commencement du XIIIe siècle, des bénitiers creusés dans la pierre, d'une forme hémisphéroïdale à l'intérieur et offrant à l'extérieur les faces d'un prisme polygonal, ont été taillés en saillie à même de blocs incrustés dans les piliers placés à l'entrée des églises des bords de l'Oise et de l'Aisne et nous ont été conservés en grand nombre et sans grande altération. Mais, à partir de cette époque et pendant une partie de l'ère gothique, les architectes, tout en continuant à disposer les réservoirs des bénitiers contre les piliers ou les faisceaux de colonnettes, leur donnèrent plus d'importance et. les combinant dans la construction avec laquelle ils faisaient corps, les surmontèrent généralement d'un dais sculpté, témoin le bénitier faisant partie du faisceau de colonnettes placé près la porte d'entrée méridionale de l'église de Villeneuve-sur-Yonne (Yonne); de même, encore de nos jours, les petits bénitiers disposés dans les chapelles funéraires ou creusés à même les pierres tombales, surtout dans les cimetières de l'Ouest de la France. 
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Bénitier de l'église Saint-Ours, à Loches.
Bénitier creusé dans une colonne d'un ancien temple de Bacchus, à Loches (Indre-et-Loire).
© Photo : Serge. Jodra, 2013.

En Angleterre, pendant le Moyen âge, les bénitiers appelés Stoups ou souvent aussi Holy-water Stones (Pierres de l'eau sainte), consistaient en une petite niche ressemblant assez à une piscine et comprenant un bassin de pierre creusé en partie dans le mur, niche disposée soit sous le porche, soit à l'intérieur, mais toujours près de l'entrée de l'église. Avec le XVe et le XVIe siècles, les bénitiers redevinrent des meubles et furent formés généralement d'une cuve portée sur un socle assez élevé (le tout atteignant environ un mètre de hauteur); mais, fixes ou mobiles, de pierre ou de bronze et placés à la porte des églises ou destinés à être tenus à la main, ces bénitiers revêtirent une décoration symbolique rappelant les Evangélistes, les luttes de la religion chrétienne contre Satan, les vertus et les vices ou tout au moins furent décorés de feuillages, d'animaux, d'inscriptions et d'écussons.

L'Espagne et l'Italie ont conservé d'admirables bénitiers sculptés, datant de la Renaissance, le plus souvent de marbre et presque aussi importants que les fonts baptismaux dont ils ne diffèrent guère que par l'absence de couvercle : tels sont, en Italie, dans la cathédrale de Florence, un bénitier ou pila d'aqua Santa attribué au Giotto et, dans la cathédrale de Sienne, une belle cuve ornée de têtes d'anges que relient de riches guirlandes et portée sur un socle circulaire décoré de personnages nus et enchaînés au-dessus d'un premier socle, lui aussi décoré de têtes d'anges. Parmi les inscriptions les plus souvent gravées sur les bénitiers, il faut citer celle qu'on lisait sur un bénitier de l'église Sainte-Sophie de Constantinople, inscription qui se retrouve sur un bénitier ancien conservé au musée d'Orléans et qui a été reproduite
jours sur les bénitiers de l'église de Saint Vincent-de-Paul, à Paris et sur divers autres monuments similaires. Cette inscription, disposée sur une bordure circulaire
et composée de façon à pouvoir être lue de droite à gauche et de gauche à droite à partir d'une petite croix à la fois initiale ou finale, est ainsi conçue et définit bien le précepte dont l'ablution à l'entrée de l'église est le symbole : NIPSON ANOMHMATA MH MONAN OPSIN (lave tes péchés et non pas seulement ta figure). (Charles Lucas).

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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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