| L'Ordre des Humiliés était un ordre religieux comprenant des religieux et des religieuses, qui fut fondé à Milan, au commencement du XIIe siècle, et placé ensuite sous la règle de Saint-Benoît. Il sera supprimé en 1571 par le pape Pie V. L'origine de cet ordre est attribuée à des gentilshommes lombards qu'un empereur, Henri V ou Frédéric Barberousse, emmena comme otages en Allemagne. Ils se réunirent en confrérie, par esprit de pénitence, adoptèrent pour leurs vêtements la couleur grise, et pratiquèrent en commun des exercices de piété. En Allemagne, on les appelait Bérettins de la pénitence, du nom qu'ils donnaient à leur bonnet (berettino). Afin de pourvoir à leurs besoins, ils apprirent à tisser les étoffes de laine, et perfectionnèrent par leur propre industrie les procédés allemands. Quand on leur permit de rentrer en Italie, ils conservèrent leur costume, leurs exercices de pénitence et leur genre de vie. Ils établirent des manufactures de laine, où ils travaillaient eux-mêmes, et ils y joignirent la fabrication des tissus d'or et d'argent. Pendant un séjour qu'il fit à Milan (1134), saint Bernard les persuada de se séparer de leurs femmes pour vivre dans la continence; puis, suivant le conseil de saint Jean de Méda, qui fut le premier prêtre de leur ordre, ils adoptèrent le capuce et la règle des bénédictins. Leur premier monastère avait été fondé à Milan, vers 1134, dans le quartier Bréra; il s'en forma bientôt un grand nombre dans l'Italie supérieure. En 1201, Innocent III approuva leur institut, sous le nom d'Humiliés. En 1239, ils s'établirent à Florence; en 1246, le supérieur de la maison de Milan reçut le titre de général. Des couvents de religieuses furent constitués sous la même règle; ils furent d'abord peuplés par les femmes dont les Bérettins s'étaient séparés. Il y eut aussi un tiers ordre d'humiliés. Les supérieurs des couvents étaient à vie et s'appelaient prévôts. L'industrie des religieux et les libéralités des fidèles assurèrent promptement de grandes richesses aux humiliés. Dès lors, le travail devint inutile, l'opulence et l'oisiveté déterminèrent un profond relâchement. Les prévôts s'appliquèrent à diminuer, d'année en année, le nombre des religieux, et s'attribuèrent la jouissance de tous les revenus, étalant un grand luxe, ayant équipages, s'adonnant à la chasse, aux jeux, aux plaisirs. Au milieu du XVIe siècle, l'ordre possédait 94 monastères ; mais ne comptait plus que 170 religieux. Saint Charles Borromée essaya de le réformer; mais plusieurs prévôts sè concertèrent pour le faire tuer; ils envoyèrent à Milan un de leurs religieux, nommé Farina, qui tira sur l'archevêque un coup d'arquebuse. Les balles ne percèrent que ses habits et ne lui firent aucun mal. Farina et les prévôts, ses instigateurs, furent mis à mort, le 28 juillet 1570. Leur ordre fut aboli par une bulle de Pie V (8 février 1571) décrivant amplement la vie scandaleuse des religieux. Les religieuses furent maintenues. (E.-H. Vollet). | |