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L'île de
Rhodes,
dont le nom signifie île des grenadiers, fut aussi désignée
dans l'Antiquité
sous ceux d'Ophiussa, Stadia, Telchinis, Asteria, Aethrea, Trinacria, Corymbia,
Poiessa, Atabyria, Macaria, Oloessa. Selon la légende, aux origines
de l'époque historique, elle aurait été peuplée
de Telchines,
venus de Crète.
Ce peuple mythique, allié à Poseidôn,
aurait disparu après une inondation et aurait été
remplacé par les Héliades, créés par Hélios,
et répandus sur les îles de la mer Egée. On parle aussi
d'immigrants égyptiens, phéniciens, thessaliens et cariens.
Aux temps homériques, l'île renfermait trois cités
: lalysos au Nord (auj. Palaeo Rhodo), la blanche Kameiros à l'Ouest,
et Lindos à l'Est. On les retrouve occupées par les Doriens,
lesquels auraient conquis l'île sous la direction de Tlépolème
l'Héraclide; ces trois cités formèrent alors, avec
celles de Cos,
Cnide
et Halicarnasse,
l'hexapole de la Doride.
- Carte de l'île de Rhodes. Habiles navigateurs, les Rhodiens fondèrent de nombreuses colonies : Gagae et Corydalla en Lycie, Soli en Cilicie, Gela en Sicile, Sybaris, Siris, Salapia, Parthenope en Italie, Rhode (Rosas) en Espagne, sans oublier leurs comptoirs des îles Baléares. Cependant ils n'eurent qu'un rôle secondaire jusqu'au moment où, pour centraliser leurs forces, les trois cités fondèrent la cité nouvelle de Rhodes (408) puissamment fortifiée. Elle fut bâtie sur un plan régulier par Hippodamos, l'architecte des murs du Pirée; sa forme était celle d'un amphithéâtre s'élevant de la mer vers l'acropole sise au Sud-Ouest; en haut, le théâtre; au bas, deux excellents ports. Le parti démocratique était favorable aux Athéniens, le parti aristocratique aux Spartiates, comme dans le reste de la Grèce; de 412 à 370, il y eut cinq révolutions. En fin de compte, les Rhodiens prennent une part active à la révolte des insulaires contre Athènes, dénommée guerre sociale (357-355); les princes de Carie les y encouragent; ce qui n'empêcha pas bientôt après les aristocrates rhodiens de solliciter l'aide d'Athènes contre la Carie. Le plus habile adversaire d'Alexandre le Grand fut le Rhodien Memnon. La garnison macédonienne, imposée à la ville, fut expulsée à la mort d'Alexandre. La période suivante fut la plus glorieuse de l'histoire de Rhodes. Alliés à l'Egypte, les Rhodiens soutinrent victorieusement contre Démétrius Poliorcète un siège de plus d'une année (305-304) qui leur valut l'admiration universelle. Non seulement leur flotte de commerce et de guerre devint l'une des principales de la Méditerranée, mais ils trouvèrent dans les constructions navales et la fabrication des armes et engins de guerre des industries lucratives. Ils étendirent leur suzeraineté sur la côte voisine d'Asie Mineure, dénommée Pérée, et sur les îles de Kasos, Karpathos, Telos, Chalcé. Les Rhodiens furent, au IIIe siècle av. J.-C., les marins les plus renommés du monde hellénique; ils fondèrent une sorte de droit commercial et maritime dont ils firent admettre les règles. Leur gouvernement paraît avoir été assez habilement pondéré; deux prytanes annuels exerçaient le pouvoir exécutif, assistés de navarques ou amiraux; un Sénat (Boulh) préparait les décisions soumises ensuite à l'approbation de l'assemblée du peuple. La richesse et le luxe n'effaçaient pas les vieilles qualités de patriotisme, de labeur et de sérieux. Enfin Rhodes devint un des foyers intellectuels de la civilisation grecque. Eschine quittant Athènes y ouvrit une école dont la vogue fut considérable et persistante; à l'époque romaine encore, on venait étudier la rhétorique à Rhodes; Panaetius, Stratoclès, Andronicus, Eudemus, Hiéronyme, Pisandre, Simmias, Aristide sont des Rhodiens; Posidonius, Apollonius (dit de Rhodes) résidèrent longtemps à Rhodes. Une partie de l'illustration de cette île
lui vint du colosse de Rhodes, l'une
des sept Merveilles du monde, selon les
Anciens. Cette statue fut faite vers 300 ou
280 av. J.-C., par Charès de Lindos, disciple
de Lysippe; Pline l'attribue, au contraire, à
Lachès, statuaire du même pays qui aurait consacré
12 ans à cette oeuvre. Elle avait 79 coudées de hauteur (32
m); peu d'hommes pouvaient embrasser son pouce, et la longueur de ses doigts
surpassait la hauteur des statues ordinaires. On avait affermi cette masse
de métal, en I'emplissant de grosses pierres. La dépense
fut de 300 talents.
Le Colosse de Rhodes (image extraite du Théâtre du Monde (1645) de Willem Blaeu). Le colosse de Rhodes fut renversé
par un tremblement de terre vers 224 av. J.-C., 56 ans après son
érection. Il fut reconstruit avec le concours des Ptolémées.
L'empereur Commode y fit mettre sa tête
à la place de celle d'Hélios.
En 655, les Arabes le mirent en morceaux, qu'ils vendirent, selon Cedrenus,
à un Juif d'Emèse (672 ap. J.-C.); il aurait fallu, paraît-il,
900 chameaux pour emporter la charge, ce qui, à 400 kilogramme par
chameau, donnerait un poids de 360 000 kg. L'écartement des jambes
du colosse ne pouvant, d'après sa hauteur, être de plus de
12 m, il n'a pu être placé, comme le dit la tradition, à
l'entrée du grand port, ou, d'ailleurs, le tremblement de terre
l'eut précipité dans les flots. Il était au fond du
port et en face de l'entrée, devant le bassin des galères,
au-dessus de deux tours qu'on voit encore aujourd'hui.
Siège de Rhodes par les Turcs. (Illustration de l'Histoire du Siège de Rhodes de Guillaume Caoursin, 1483). En 661, le calife Moawiyah s'en empara, puis les Grecs la reconquirent; les Génois s'y établirent, repoussèrent Jean Cantacuzène (1249), mais furent chassés par Théodore Protosebastos. Elle résistait difficilement aux corsaires musulmans. En 1310, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, expulsés de Palestine, s'installèrent à Rhodes, sous la direction du grand maître Foulques de Villaret. Ils y demeurèrent jusqu'en 1522 où, après un siège mémorable de six mois, Soliman s'en empara. Ils se retirèrent à Malte. A l'époque ottomane Rhodes formait, avec quelques îles voisines, un sandjak du vilayet turc de Djezaïri-bahri-Séfid (îles de la mer Blanche). Le gouverneur du vilayet, qui était chrétien, résidait à Rhodes, quelquefois aussi à Chios. L'île est restée sous la domination turque jusqu'en 1912, date à laquelle elle fut prise par l'Italie, qui la restitua à la Grèce en 1948. (GE). |
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