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Le Paléolithique supérieur

Le Paléolithique supérieur, qui s'étend approximativement de 50 000 ans à10.000 ans avant le présent, est une période charnière de la Préhistoire mondiale, caractérisée par des changements profonds dans la technologie, le comportement et l'expression des populations humaines. Les humains anatomiquement modernes (Homo sapiens) sont désormais les principaux acteurs. Ils ont remplacé les Néandertaliens en Europe et les Denisoviens en Asie, devenant la seule espèce humaine survivante. 

Sur le plan technologique, cette période voit l'essor de l'industrie lithique lamellaire, permettant la production de lames et lamelles, outils plus standardisés, efficaces et diversifiés que les outils du Paléolithique moyen. On observe une plus grande variété de types d'outils spécialisés, comme les burins, les grattoirs, les pointes de projectiles, adaptés à différentes tâches comme le travail du bois, de l'os, du cuir et la chasse. L'utilisation de matières premières comme l'os, le bois de cervidé et l'ivoire se généralise pour fabriquer des outils, des armes (comme les propulseurs et plus tard les arcs et les flèches), et des objets d'ornement.

Un des traits les plus marquants du Paléolithique supérieur est l'émergence et la diversification de l'art pariétal (peintures et gravures sur les parois des grottes) et mobilier (objets décorés, sculptures, ornements personnels). Les grottes ornées comme Lascaux, Chauvet, Altamira, témoignent d'une capacité d'abstraction, d'expression symbolique et d'une complexité cognitive sans précédent. Ces manifestations artistiques, dont la signification exacte reste encore débattue (rituelle, magique, narrative, symbolique, etc.), suggèrent une organisation sociale plus complexe, des croyances, et un développement de la pensée symbolique. Les objets d'art mobilier, comme les Vénus paléolithiques, les bâtons percés, les parures, témoignent également de cette richesse symbolique et d'une individualisation accrue.

Sur le plan social et démographique, le Paléolithique supérieur semble correspondre à une augmentation de la densité de population dans certaines régions, et à une plus grande complexité de l'organisation sociale. On observe des sites d'habitation plus grands, parfois saisonniers, et des réseaux d'échange de matières premières ou d'objets manufacturés sur de longues distances. Les sépultures deviennent plus élaborées, avec des dépôts d'objets funéraires, suggérant des préoccupations religieuses et une différenciation sociale. Le Paléolithique supérieur est aussi la période de la colonisation de nouveaux territoires par Homo sapiens, notamment l'Australie et les Amériques, ce qui démontre chez lui une grande adaptabilité à des environnements variés et parfois hostiles, ainsi que des capacités de navigation (pour l'Australie).

Enfin, le Paléolithique supérieur se déroule durant la dernière période glaciaire (Würm en Europe), ce qui a fortement influencé les environnements et les modes de vie des populations. L'adaptation à ces conditions climatiques rigoureuses, la chasse de grands mammifères adaptés au froid (mammouths, rennes, bisons), et l'exploitation de ressources diversifiées (plantes, poissons, petits animaux) caractérisent les stratégies de subsistance des populations d cette périoder. 

Vers la fin du Paléolithique supérieur, on observe les premières tentatives de domestication de plantes et d'animaux, prélude au Mésolithique / Epipaléolithique, puis, sutout, au Néolithique. Les humains commencent à établir des campements plus permanents, indiquant une transition progressive vers des modes de vie sédentaires.

Modes de vie au Paléolithique supérieur

Modes de subsistance et organisation sociale.
Les groupes humains du Paléolithique supérieur étaient principalement des chasseurs-cueilleurs dont les modes de subsistance reposaient sur l'exploitation des ressources naturelles disponibles. La chasse jouait un rôle central dans leur alimentation, ciblant principalement les grands herbivores tels que le renne, le bison, le mammouth et le cheval. Les techniques de chasse étaient adaptées aux environnements traversés. Elles impliquaient l'utilisation d'armes comme les sagaies, les propulseurs et, plus tard, l'arc. La coopération entre les membres du groupe était essentielle pour rabattre le gibier et assurer le succès des expéditions. La cueillette complétait le régime alimentaire, fournissant des fruits, des baies, des racines et des noix, tandis que la pêche et la collecte de coquillages étaient pratiquées dans certaines régions.

L'organisation sociale était, pense-t-on, fondée sur des structures égalitaires, bien que certaines formes de différenciation aient pu existé en fonction de l'âge, de l'expérience ou du rôle au sein du groupe. Les communautés étaient généralement composées de petits groupes nomades de quelques dizaines d'individus, se déplaçant au gré des saisons et de la disponibilité des ressources. Les campements étaient établis de manière stratégique près des points d'eau, des passages migratoires ou des zones riches en matières premières comme le silex. Dans certaines régions, des habitats semi-permanents apparaissent, notamment sous la forme de huttes construites à partir d'os de mammouths et de peaux animales, ce qui indique une adaptation aux environnements rigoureux.

Les échanges entre groupes semblent avoir été fréquents. Ils favorisaient la circulation des ressources, des techniques et des objets symboliques. L'étude des vestiges archéologiques montre la présence de matières premières issues de régions éloignées. Il existait donc sûrement des réseaux de contact et d'interaction. Ces échanges pouvaient aussi jouer un rôle dans le maintien des alliances et dans la diversification génétique des populations.

La culture matérielle du Paléolithique supérieur reflète une grande ingéniosité dans la fabrication d'outils spécialisés. L'industrie lithique se caractérise par des techniques de taille avancées permettant de produire des lames fines et des outils diversifiés. L'usage de l'os, du bois de cervidé et de l'ivoire se développe, donnant lieu à la fabrication de harpons, d'aiguilles et d'ornements. Les manifestations artistiques et les rites funéraires suggèrent une pensée symbolique et des croyances partagées. L'inhumation des morts, parfois accompagnée d'objets ou de pigments, indique une attention portée aux défunts et une possible vision de l'au-delà. Ces pratiques, associées à l'art pariétal et mobilier, montrent que ces sociétés ne se limitaient pas à la simple subsistance, mais développaient aussi une vie sociale complexe.

Innovations technologiques.
L'une des principales innovations est l'amélioration des outils en pierre, avec le perfectionnement de la taille laminaire qui remplace progressivement la technique Levallois, typique du Paléolithique Moyen. Cette technique permet d'obtenir des éclats plus fins et plus longs, facilitant la fabrication de pointes de projectiles, de grattoirs et de burins. Ces outils sont plus efficaces et mieux adaptés aux différentes tâches de la vie quotidienne.

L'usage de nouveaux matériaux s'intensifie durant cette période. L'os, l'ivoire et le bois de cervidé sont de plus en plus utilisés pour fabriquer des armes et des outils sophistiqués, comme les harpons, les aiguilles à chas et les propulseurs. Ces innovations facilitent notamment la chasse et la confection de vêtements, améliorant ainsi les conditions de vie des groupes humains.

Une autre avancée majeure réside dans le développement des armes de jet. Les premières pointes de sagaies et les propulseurs apparaissent, augmentant la portée et la puissance des projectiles. Cette évolution accroît l'efficacité des chasseurs et favorise l'exploitation d'une plus grande diversité de gibier. Par ailleurs,l'invention du propulseur et  les premières attestations de l'arc et des flèches (probablement vers la fin du Paléolithique supérieur renforcent cette tendance à l'armement à distance. 
Les innovations technologiques s'étendent aussi au domaine de l'habitat et de l'artisanat. Des structures plus élaborées, comme des huttes en os de mammouth ou en bois, sont construites pour mieux résister aux conditions climatiques. La fabrication de parures et d'objets d'art témoigne également d'un raffinement des techniques de travail des matériaux, comme la gravure et la sculpture.

Art et symbolisme.
L'art du Paléolithique supérieur témoigne d'une riche expression symbolique. Les représentations figuratives, notamment les peintures rupestres et les gravures, se retrouvent dans de nombreuses grottes d'Europe, telles que Lascaux et la grotte Chauvet en France, ou Altamira en Espagne. Ces oeuvres représentent principalement des animaux, dont certains étaient chassés pour la subsistance, tandis que d'autres, comme les félins ou les rhinocéros, semblent relever d'un imaginaire symbolique plus complexe. L'absence fréquente de paysages ou de mise en scène suggère une approche stylisée et intentionnelle de la représentation.

Les signes abstraits, tels que les points, les lignes ou les formes géométriques, apparaissent fréquemment aux côtés des représentations animales et humaines (ces dernières étant bien plus rares). Ces motifs, dont la signification exacte reste débattue, pourraient être liés à un système de communication ou à des pratiques rituelles. Certains chercheurs y voient les prémices d'un langage graphique structuré.

L'emplacement des œuvres d'art dans les grottes, parfois situées dans des zones difficiles d'accès, suggère qu'elles avaient une fonction qui dépassait la simple décoration. Certaines théories avancent l'hypothèse de rituels chamaniques, où les représentations serviraient de médiation avec le monde spirituel. La répétition de certains thèmes et la présence d'empreintes humaines dans ces espaces renforcent l'idée d'une dimension cérémonielle et collective.

Les figurines sculptées, connues sous le nom de Vénus paléolithiques, témoignent d'un intérêt particulier pour la représentation du corps féminin. Ces statuettes, ordinairement caractérisées par des formes exagérées au niveau des hanches et des seins, pourraient être associées à des croyances liées à la fertilité et à la fécondité. Leur présence sur divers sites à travers l'Europe suggère un réseau de transmission d'idées et de pratiques symboliques partagées.

Sépultures et comportements funéraires au Paléolithique supérieur.
Les inhumations retrouvées dans divers sites archéologiques montrent que les défunts étaient parfois enterrés avec soin, dans des fosses aménagées et accompagnés d'objets divers tels que des outils, des ornements ou des armes. L'utilisation de pigments, notamment l'ocre rouge, est fréquente et semble jouer un rôle symbolique, peut-être lié à des croyances sur la vie après la mort ou à des rites de passage.

Certaines sépultures se distinguent par leur richesse et leur complexité, ce qui suggère des différences de statut au sein des groupes humains. Des tombes individuelles ou collectives ont été mises au jour, parfois regroupées en véritables nécropoles. Les individus inhumés dans ces contextes pouvaient être parés de colliers, de bracelets et de perles, témoignant d'une attention particulière portée aux défunts et peut-être d'une transmission de mémoire au sein du groupe.

Les postures des corps varient selon les sites. Certains sont déposés en position allongée, d'autres en position fléchie. Ces choix pourraient refléter des traditions culturelles distinctes ou des significations rituelles spécifiques. Dans certains cas, des restes humains portent des traces de manipulation post-mortem, comme des découpes ou des déplacements d'ossements, ce qui a conduit certains chercheurs à évoquer des pratiques funéraires incluant des rites secondaires ou des formes de cannibalisme rituel.

Au final, ces pratiques funéraires suggèrent l'existence de croyances liées à la mort et à l'au-delà. La présence d'objets symboliques dans les tombes, la récurrence de gestes rituels et l'attention portée aux défunts indiquent que ces sociétés ne considéraient pas la mort comme une simple disparition biologique, mais lui attribuaient une signification culturelle. Ces comportements traduisent l'émergence d'une pensée abstraite et d'une conception de l'existence qui dépasse le cadre strict de la survie matérielle.

Le paléolithique supérieur en Europe occidentale

Le Paléolithique supérieur en Europe occidentale est principalement associé à l'arrivée et au développement de l'Homo sapiens en Europe. Les cultures qui s'y sont déveleoppées sont caractérisées par une riche diversité d'industries lithiques et d'expressions artistiques,et  marquent une période de changements culturels et technologiques significatifs. On constate des innovations technologiques importantes, notamment dans la taille de la pierre (lames, microlithes, retouche par pression) et le travail de l'os et du bois de renne, ainsi quune explosion de l'art, sous toutes ses formes (pariétal, mobilier, parures), témoignant d'une pensée symbolique complexe et d'une organisation sociale plus développée. Les populations européennes du Paléolithique supérieurs ont par ailleurs dû s'adapter aux environnements glaciaires et périglaciaires, avec une économie basée principalement sur la chasse (grands mammifères comme le renne, le bison, le cheval, le mammouth) et la cueillette. 

Voici les principales cultures du Paléolithique supérieur en Europe occidentale, souvent définies par leurs industries lithiques (façon de tailler la pierre) et leurs caractéristiques culturelles.Ces cultures ne sont pas des entités rigides et homogènes. Il existe des variations régionales et des transitions progressives entre elles. 

Châtelperronien.
Le Châtelperronien est une industrie archéologique de transition du Paléolithique moyen au Paléolithique supérieur en Europe occidentale. Il est daté d'environ 45 000 à 40 000 ans avant le présent. Il est principalement associé aux Néandertaliens, bien que la question de son attribution fasse encore l'objet de débats. Il s'agit de la dernière industrie lithique attribuée à l'homme de Néandertal avant son extinction. Il montre une certaine continuité avec le Moustérien, l'industrie lithique du Paléolithique moyen, mais aussi des innovations qui annoncent le Paléolithique supérieur. Le Châtelperronien se situe à une période où les Néandertaliens et les premiers humains modernes (Homo sapiens) coexistaient en Europe. Il a été suggéré que le Châtelperronien pourrait refléter des échanges culturels entre les deux populations, bien que les preuves directes de ces interactions soient rares. Les sites châtelperroniens se trouvent principalement en France (notamment dans le Sud-Ouest et le Centre) et dans le nord de l'Espagne. Le site éponyme est la Grotte des Fées à Châtelperron, dans l'Allier.

Culture aurignacienne (Aurignacien). 
L'Aurignacien est une culture préhistorique du Paléolithique supérieur, apparue il y a environ 42 000 ans et s'étendant jusqu'à environ 30 000 ans avant notre ère. Elle tire son nom du site d'Aurignac (Haute-Garonne), où des vestiges caractéristiques ont été découverts. Cette période marque l'arrivée des Homo sapiens en Europe, qui remplacent progressivement les Néandertaliens. L'Aurignacien s'étend à travers une large partie de l'Europe, de la France à la Russie, en passant par l'Espagne et l'Allemagne.

L'industrie lithique de l'Aurignacien se distingue par des outils en silex élaborés, comme les lames retouchées, les grattoirs et les burins. L'usage des matières organiques est également significatif, avec des pointes en os, en bois de cervidé et en ivoire, souvent finement travaillées. 

L'art occupe une place importante, avec les premières manifestations de l'art pariétal, notamment dans les grottes de Chauvet et de Cussac, où l'on retrouve des peintures et des gravures représentant des animaux. Les objets d'art mobilier, comme les statuettes sculptées en ivoire et les pendentifs en os, montrent une sensibilité esthétique et symbolique.

Les pratiques culturelles et sociales se diversifient, avec des sépultures contenant des offrandes et des pigments, ce qui suggére des croyances ou des rites funéraires. La musique semble également présente, comme en témoignent des flûtes en os découvertes sur certains sites.

Culture gravettienne (Gravettien). 
Le Gravettien s'étend d'environ 34 000 à 24 000 ans avant notre ère. Il tire son nom du site de La Gravette, en Dordogne, où des outils caractéristiques ont été découverts. Cette période, qui succède à l'Aurignacien, marque une phase importante dans l'évolution des sociétés humaines en Europe. Le Gravettien est résent dans toute l'Europe, du Portugal à la Russie.  Il témoigne d'un mode de vie sophistiqué, combinant chasse, artisanat et expression symbolique, avant que le refroidissement climatique du Dernier Maximum Glaciaire ne transforme les conditions de vie et n'entraîne l'émergence de nouvelles traditions culturelles.

L'industrie lithique gravettienne est reconnaissable à ses pointes de projectile spécifiques, comme les pointes de La Gravette, qui sont de petites lames allongées à retouches abruptes, utilisées pour la chasse. Les populations maîtrisent également la taille du silex pour produire des burins, des grattoirs et des outils divers. L'utilisation de l'os et de l'ivoire est attestée, notamment pour la fabrication d'aiguilles et d'ornements.

L'art gravettien est particulièrement remarquable par ses statuettes féminines, souvent appelées Vénus, sculptées dans l'ivoire, la pierre ou l'argile. Ces représentations aux formes généreuses sont retrouvées dans plusieurs régions d'Europe et semblent témoigner de croyances symboliques liées à la fécondité ou à la fertilité. L'art pariétal se développe également, bien que moins répandu qu'à d'autres périodes.

Les populations gravettiennes s'adaptent à des environnements variés, des steppes froides aux zones boisées. Elles développent des techniques de chasse spécialisées, ciblant notamment les grands herbivores comme les rennes, les chevaux ou les mammouths. Certains groupes adoptent des stratégies collectives de chasse en rabattant les animaux vers des pièges naturels, comme des falaises.

Les habitats gravettiens incluent des campements en plein air, fréquemment composés de huttes semi-enterrées, et des abris sous roche. Certains sites révèlent des traces d'organisations sociales complexes, avec des structures communautaires et des sépultures parfois accompagnées d'objets funéraires.

Culture solutréenne (Solutréen).
Le Solutréen est une culture apparue en Europe entre environ 22 000 et 17 000 ans avant notre ère. Son nom provient du site de Solutré (Saône-et-Loire), où des vestiges caractéristiques ont été découverts. Cette période d'innovation technologique et d'adaptation aux conditions extrêmes du dernier maximum glaciaire se distingue par une avancée technique exceptionnelle dans la taille du silex, marquant un sommet dans l'art du débitage et de la retouche fine des outils en pierre.

L'industrie lithique solutréenne se signale par ses pointes foliacées, façonnées avec une grande précision par retouche par pression, une technique permettant d'obtenir des lames extrêmement fines et symétriques. Ces pointes, souvent en forme de feuilles de laurier ou de saule, témoignent d'un savoir-faire avancé et étaient probablement utilisées comme armatures de projectiles pour la chasse. À côté de ces outils en silex, des objets en os et en ivoire, comme des aiguilles et des pointes, montrent également un haut degré de maîtrise technique.

Les groupes solutréens vivent dans un environnement glaciaire, marqué par des conditions climatiques rigoureuses. Ils s'adaptent à ces contraintes en développant des stratégies de chasse spécialisées, ciblant des animaux comme le renne, le cheval et le bison. Certains sites révèlent des accumulations de restes d'animaux, suggérant des chasses collectives et des techniques sophistiquées d'abattage, comme le rabattage de troupeaux vers des pièges naturels.

Les habitats solutréens incluent des abris sous roche et des campements en plein air, parfois équipés de structures semi-enterrées pour mieux résister au froid. Certains sites montrent des traces d'aménagements destinés à améliorer le confort, comme des foyers organisés et des protections contre le vent.

L'art solutréen est relativement discret en comparaison d'autres périodes, mais quelques représentations gravées et sculptées ont été retrouvées. L'ornementation des objets et l'utilisation de matières précieuses, comme l'ivoire et les coquillages, témoignent d'un intérêt pour l'esthétique et peut-être pour des pratiques symboliques ou sociales.

Culture magdalénienne (Magdalénien).
Le Magdalénien s'étend d'environ 17 000 à 12 000 ans avant notre ère. Son nom provient du site de La Madeleine (Dordogne), où des vestiges caractéristiques ont été mis au jour. Il succède au Solutréen et correspond à une phase de réchauffement climatique marquant la fin de la dernière période glaciaire, ce qui influence profondément les modes de vie des populations humaines.

L'industrie lithique magdalénienne repose sur la production de lames et de grattoirs, mais elle est surtout remarquable pour son outillage en os, en bois de cervidé et en ivoire. Les Magdaléniens fabriquent des harpons, des propulseurs et des bâtons percés, utilisés pour la chasse et la pêche. L'invention du propulseur permet d'augmenter la portée et la précision des armes de jet, facilitant la capture des grands mammifères comme les rennes, les bisons et les chevaux.

L'art atteint un niveau de sophistication inégalé, avec un développement exceptionnel de l'art pariétal et de l'art mobilier. Les grottes ornées, comme celles de Lascaux et d'Altamira, présentent des peintures et des gravures représentant des animaux avec un réalisme et une maîtrise technique impressionnants. Des objets sculptés en os, en pierre et en ivoire, ainsi que des parures en coquillage ou en dents d'animaux, témoignent d'une forte dimension symbolique et esthétique.

Les Magdaléniens vivent principalement dans des abris sous roche et des campements en plein air, souvent installés près des cours d'eau et dans des zones riches en ressources animales. L'occupation de certains sites sur de longues périodes suggère un mode de vie semi-sédentaire, avec des structures organisées et des foyers aménagés.

Cette période marque également des évolutions sociales et culturelles, avec des pratiques funéraires plus élaborées, des échanges de matières premières entre groupes et une diversification des stratégies de subsistance. Le Magdalénien s'achève avec la fin de la glaciation et la transformation des écosystèmes, préparant la transition vers le Mésolithique et l'émergence de nouvelles formes d'organisation humaine.

Cultures régionales.
En plus des grandes cultures du Paléolithique supérieur en Europe occidentale (Aurignacien, Gravettien, Solutréen, Magdalénien), d'autres traditions culturelles ont existé en Europe et ailleurs. Quelques exemples :

Périgordien.
Le erme Le Périgordien (35 000 - 20 000 av. JC) est parfois utilisé pour regrouper l'Aurignacien et le Gravettien, notamment en France. Il est caractérisé par une industrie lithique combinant des éléments des deux cultures, avec des lames retouchées et des pointes spécifiques.

Épigravettien.
L'Épigravettien (24 000 - 10 000 av. JC) est une ariante du Gravettien qui se développe surtout en Europe de l'Est et du Sud (Italie, Balkans, Ukraine). Il perdure bien après la disparition du Gravettien occidental et évolue vers le Mésolithique.

Swidérien.
Le Swidérien (12 000 - 9 000 av. JC) est une culture de transition entre le Paléolithique supérieur et le Mésolithique en Europe centrale et orientale, notamment en Pologne et en Ukraine. Elle se caractérise par des pointes de flèches en forme de feuilles et une spécialisation dans la chasse au renne.

Hambourgien.
Le Hambourgien (14 000 - 12 000 av. JC.) est une culture présente en Allemagne et dans le nord de l'Europe, caractérisée par des outils lithiques adaptés à la chasse aux rennes dans un environnement de steppe-toundra.

Culture de Federmesser.
La culture de Federmesser (12 000 -10 000 av. JC), présente en d'Europe du Nord et centrale succède, au Hambourgien. Elle est caractérisée par des pointes de projectiles fines et des outils en silex indiquant une économie de chasse et de collecte diversifiée.

Ahrensbourgien.
L'Ahrensbourgien (11 000 - 9 500 av. JC) est la culture finale du Paléolithique supérieur en Europe du Nord. Elle se caractérise par l'usage du propulseur et une spécialisation dans la chasse aux cervidés.

Le Paléolithique supérieur dans les autres parties du monde

D’autres cultures contemporaines se développent en Europe orientale, en Asie, en Afrique et dans les Amériques, avec des adaptations aux environnements et aux ressources locales. 

Europe orientale et Sibérie.
L'Europe orientale et la Sibérie, caractérisées par des environnements souvent rigoureux. L'Europe Orientale, s'étendant des plaines russes à l'Ukraine et au-delà, a été un carrefour important durant le Paléolithique supérieur. Le climat y était généralement froid et steppique, nécessitant des adaptations spécifiques. 
La Sibérie, a également été peuplée par Homo sapiens durant le Paléolithique supérieur. Les environnements sibériens étaient extrêmement variés, allant de la toundra arctique à la taïga forestière, en passant par les steppes. Le Paléolithique Supérieur ancien de Sibérie (ca. 45 000 - 28 000 ans avant le présent) est encore mal connue, mais des sites comme Kara-Bom et Denisova Cave dans l'Altaï révèlent une présence humaine très ancienne. 

Europe orientale.

L'Aurigancien et le Gravettien.
La culture aurignacienne (ca. 43 000 - 29 000 av. JC) s'étend jusqu'en Europe orientale. Son extension vers la Sibérie est débattue. Elle se signale par l'utilisation d'outils en pierre laminaire, d'os et de bois de cervidé et l'apparition des premières formes d'art mobilier et pariétal. La culture gravettienne (ca. 32 000 - 22 000 av. JC), quant à elle, est présente en Europe de l'Est, notamment en Ukraine et dans le Sud de la Russie jusqu'à la région de la Volga. Elle est spécialisée dans la chasse aux grands mammifères de la steppe (mammouths, rennes). On trouve des pointes de la Gravette et microgravettes (outils lithiques finement retouchés, pointes de projectile efficaces pour la chasse au grand gibier). On observe aussi la création de figurines féminines ) en os, ivoire de mammouth et pierre (ex. : Vénus gravettiennes de Kostenki (Russie) ou d'Avdeevo (Russie)) et l'utilisation d'habitats semi-souterrains et tentes en os de mammouth (ex. : site de Mezhyrich  en Ukraine, site Kostenki-Borshchevo sur le Don, en Russie). 

Le Kostenkien.
Le Kostenkien (ou Kostenki-Borshchevo Culture) (c. 45 000 - 22 000 ans), concentrée le long du Don, dans la région de Kostenki et Borshchevo (Russie), est parfois considérée comme une variante régionale du Gravettien, mais elle présente des particularités importantes, notamment une occupation très précoce du Paléolithique supérieur en Europe de l'Est. Certains sites de Kostenki (Kostenki 14 par exemple) sont parmi les plus anciens sites occupés par Homo sapiens en Europe, suggérant une migration précoce vers l'Est. On y note la présence de différentes industries lithiques, parfois antérieures au Gravettien typique. On y a découvert aussi des exemples d''art pariétal et de mobilier très ancien, potentiellement antérieur au Gravettien classique.

L'Épigravettien oriental.
L'Épigravettien (ca. 20 000 - 10 000 ans), présent dans la steppe pontique et jusqu'à l'Oural, correspond à la phase finale du Paléolithique supérieur en Europe Orientale, après le Dernier Maximum Glaciaire. Cette culture, connue aussi sous le nom de Mézinien (du nom du site de Mezin, en Ukraine) est caractérisée par l'adaptation aux changements climatiques, avec une évolution des stratégies de subsistance et des technologies lithiques en réponse au réchauffement climatique et à la modification des paysages. On observe notamment le développement de micro-outils (microlithes) pour la chasse et la pêche dans des environnements plus diversifiés (forêts, rivières). Bien qu'évoluant, l'Épigravettien conserve certains éléments techniques et stylistiques du Gravettien. Cette culture présente des variations régionales importantes en Europe Orientale, reflétant des adaptations locales aux environnements post-glaciaires.

Sibérie.

Culture de l'Altaï (ca. 50 000 - 20 000 av. JC).
La grotte de Dénisova, site clé pour la découverte des Dénisoviens, une forme archaïque d'hominidé contemporaine de Néandertal et Homo sapiens, présente aussi des des artefacts  (outils et ornements) du Paléolithique supérieur ancien. La relation exacte entre les Dénisoviens et les cultures du Paléolithique supérieur ancien de Sibérie est encore débattue. Kara-Bom est un autre site de l'Altaï avec une industrie lithique complexe, potentiellement liée à l'origine des cultures du Paléolithique supérieur en Sibérie.

Culture de Dyuktai.
La culture de Dyuktai (ca. 35 000 - 10 000 ans avant le présent), culture emblématique du Paléolithique supérieur sibérien, est répandue dans une grande partie de la Sibérie orientale et centrale.  Elle se signale par  l'utilisation de la technique bifaciale pour la fabrication d'outils lithiques, notamment des pointes foliacées et des grattoirs. On observe aussi la présence de microlithes, indiquant une adaptation à des environnements diversifiés et à la chasse de différents types de gibier. L'art rupestre et mobilier est parfois stylisé et géométrique. Les représentants de cette culture avaient un mode de vie nomade ou semi-nomade, adapté à la chasse de grands herbivores (renne, mammouth, bison, rhinocéros laineux) dans les vastes territoires sibériens. La culture de Dyuktai est par ailleurs considérée comme un ancêtre potentiel des cultures paléo-indiennes arrivéees en Amérique du Nord depuis la Sibérie via le pont terrestre de Béringie.

Culture de Mal'ta-Buret'.
La culture de Mal'ta-Buret' (ca. 24 000 - 20 000 ou 15 000 ans avant le présent) est située dans la région du lac Baïkal, et à laissé des sites riches et bien conservés. On y note l'abondance d'outils en pierre, en os et en ivoire, indiquant une culture prospère et complexe. On a découvert aussi de nombreuses figurines féminines rappelant les vénus européennes (Vénus de Mal'ta-Buret') en ivoire de mammouth, caractérisées par leur forme allongée et leur style géométrique, ainsi que des figurines animales et des ornements. Les habitations étaient semi-souterraines, utilisant des os de mammouth et des bois de renne. L'analyse génétique des restes humains de Mal'ta-Buret' a révélé des liens avec les populations autochtones d'Europe de l'Ouest et d'Asie centrale, ainsi qu'une contribution génétique aux populations autochtones d'Amérique du Nord  (haplogroupe lié aux peuples amérindiens).

Autres cultures sibériennes.
D'autres cultures du Paléolithique supérieur existent en Sibérie, notamment Afontova Gora (région de Krasnoïarsk, le long du fleuve Ienisseï, ca. 20 000 - 12 000 av. JC), et diverses cultures régionales adaptées aux différents environnements sibériens. Elles partagent souvent des caractéristiques communes avec Dyuktai et Mal'ta-Buret', mais présentent aussi des spécificités locales. Une mention particulière doit être faite pour la culture Ushki (Kamtchatka, Russie), dont les sites sont importants car ils pourraient représenter une étape de transition avant la migration vers les Amériques. Ces sites présentent des technologies lithiques qui pourraient être liées à celles trouvées en Amérique du Nord pré-Clovis (V. ci-dessous).

Asie.
Le Paléolithique supérieur marque l'arrivée et l'expansion d'Homo sapiens en Asie, remplaçant progressivement les populations archaïques existantes (comme les Dénisoviens et potentiellement les derniers Néandertaliens dans certaines régions)

Les populations du Paléolithique supérieur en Asie étaient principalement des chasseurs-cueilleurs nomades ou semi-nomades. Ils chassaient de grands mammifères (mammouths, rhinocéros laineux, bisons, rennes, chevaux, etc.) dans les régions froides et tempérées, et des cerfs, sangliers, bovidés, et petits mammifères dans les régions plus chaudes et forestières. La pêche (en eau douce et en mer) et la collecte de ressources végétales et de petits animaux (coquillages, crustacés, oiseaux, œufs) jouaient également un rôle important dans l'alimentationdans les zones et les environnements susceptibles de fournir ces ressources.

L'Asie est un continent immense et diversifié, et les cultures du Paléolithique supérieur y présentent une grande variabilité régionale. Il n'existe pas une culture unique et monolithique, mais plutôt un ensemble de traditions et d'industries lithiques qui évoluent au fil du temps et de l'espace. Outre la Sibérie, déjà évoquée précedemment, on distingue généralement plusieurs grandes zones géographiques :

 Asie Centrale.

Le Paléolithique supérieur en Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, Tadjikistan et régions environnantes) a été  influencée par les interactions avec l'Eurasie occidentale et orientale. La région joue un rôle clé dans la diffusion des innovations techniques et culturelles entre l'Europe et l'Asie de l'Est. Les cultures du Paléolithique supérieur en Asie centrale sont souvent caractérisées par une industrie lithique laminaire et des outils en pierre taillée reflétant des influences de l'Ouest (Aurignacien, Gravettien) et des traditions locales. On observe aussi des technologies et de traditions communes avec les cultures sibériennes et eurasiatiques. 

Kara-Bom.
Lea culture de Kara-Bom, qui tire son nom du site de Kara-Bom, situé dans les montagnes de l'Altaï s'étendait jusqu'au au Kazakhstan. Kara Bom est l'un des sites paléolithiques les plus importants de Sibérie. Le site a été occupé par des humains pendant le Paléolithique supérieur, il y a entre 43 000 et 30 000 ans. Le site de Kara-Bom a livré une riche collection d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des burins. Le site a également livré des preuves d'art, notamment des gravures sur os et sur ivoire. Les artefacts de Kara-Bom suggèrent que le site était occupé par des chasseurs-cueilleurs qui étaient capables de fabriquer des outils en pierre sophistiqués et qui s'intéressaient à l'art.

Culture de l'Aktogai et sites du Kazakhstan.
Le site d'Aktogai est situé dans le sud-est du Kazakhstan. Il s'agit d'un grand site en plein air qui a été occupé par des humains pendant tout le Paléolithique supérieur. Il a livré une grande quantité d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des pointes. Les outils en pierre d'Aktogai sont fabriqués à partir d'une variété de matériaux, notamment du silex, du jaspe et de l'obsidienne. Le site a également livré des preuves d'art, notamment des peintures rupestres, qui représentent  notamment des chevaux, des cerfs et des bouquetins.

Le site de Shulbinka est situé dans l'est du Kazakhstan. Le site a été daté du Paléolithique supérieur, il y a entre 17 000 et 12 000 ans. Il a livré une variété d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des pointes. Le site a également livré des preuves de la présence d'habitations, notamment des foyers et des fosses.

La grotte de Karaungir est située dans le sud du Kazakhstan. Elle contient des preuves d'un peuplement humain datant d'il y a 48 000 à 40 000 ans. La grotte a livré des outils en pierre, des os d'animaux et de l'art pariétal. L'art pariétal comprend des empreintes de mains et des représentations d'animaux.

Le site de Batpak est situé dans le centre du Kazakhstan. Le site a été daté du Paléolithique supérieur, il y a entre 15 000 et 12 000 ans. Le site de Batpak a livré une variété d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des pointes. Le site a également livré des preuves de l'utilisation de l'ocre, un pigment naturel.

Site de Samarcande.
Le site de Samarcande est situé en Ouzbékistan. Il s'agit de l'un des sites paléolithiques les plus importants d'Asie centrale. Le site a été occupé par des humains pendant le Paléolithique supérieur, il y a entre 40 000 et 20 000 ans. Il a livré une riche collection d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des burins. Le site a également livré des preuves de la présence d'habitations, notamment des foyers et des fosses. 

Shugnou.
Le site de Shugnou est situé dans les montagnes du Pamir au Tadjikistan. Il s'agit d'un site de haute altitude qui a été occupé par des humains pendant le Paléolithique supérieur, il y a environ 12 000 ans. Le site de Shugnou a livré une collection d'outils en pierre, notamment des lames, des grattoirs et des pointes. Les outils en pierre de Shugnou sont fabriqués à partir d'une variété de matériaux, notamment du silex, du jaspe et de l'obsidienne. 

Asie de l'Est (Chine, Corée, Japon)

L'Asie de l'Est, avec sa vaste étendue géographique et sa diversité environnementale (steppes, montagnes, forêts, côtes), présente un panorama complexe du Paléolithique supérieur. Chaque région a ses particularités.

Chine.
La Chine possède un des plus riches registres archéologiques du Paléolithique supérieur en Asie de l'Est. De nombreux sites témoignent d'une occupation humaine continue. Sites Importants:

Zhoukoudian (Choukoutien). - Site classique où l'on a découvert l'Homme de Pékin, un Homo erectus (Paléolithique inférieur), mais qui présente aussi des vestiges d'Homo sapiens, vieux d'un peu plus de 30 000 ans (Grotte supérieure de Zhoukoudian) : outils lithiques lamellaires, ornements (coquillages perforés, dents animales).

Shiyu (Shanxi). - Site important pour la technologie lamellaire précoce en Chine, datant d'environ 40 000 BP. Il illustre une transition possible depuis le Paléolithique moyen.

Xinglongdong (Yunnan). - Grotte avec une longue séquence stratigraphique, incluant des restes humains et des outils lithiques du Paléolithique supérieur.

Sites du Nord-Est de la Chine (Mandchourie). - Adaptation aux environnements froids et steppiques.

Ordos. - Région steppique au Nord de la Chine et en Mongolie,  importante pour le Paléolithique supérieur, avec des sites de plein air  (35.000 - 18 000 av. JC)  et des industries lithiques avec des lames et pointes similaires aux traditions paléosibériennes, et des objets en os finement travaillés.

Mongolie.
La Mongolie, avec ses vastes steppes et ses chaînes montagneuses, a offert des environnements variés aux populations du Paléolithique supérieur. Sites Importants :
Sites de la Gobi. - Nombreux sites de plein air, souvent érodés, mais témoignant d'une occupation humaine dans les zones désertiques et semi-désertiques.

Sites de l'Altaï Mongol. - Région montagneuse importante, potentiellement liée aux migrations et aux interactions avec d'autres groupes humains (Denisova).

Sites de la Vallée de l'Orkhon. - Région fertile avec une histoire d'occupation humaine longue, incluant le Paléolithique supérieur.

Corée.
La péninsule coréenne a servi de trait d'union entre le continent asiatique et l'archipel japonais. Elle a pu être un corridor de migration et un lieu d'interactions culturelles. 
Seokjang-ri. - Site emblématique du Paléolithique coréen, avec une longue séquence stratigraphique couvrant le Paléolithique moyen et supérieur. Présence de technologies lithiques lamellaires et microlithiques.

Sites côtiers. - Nombreux sites le long des côtes coréennes, témoignant de l'exploitation des ressources marines.

Sites de grottes et abri-sous-roche. - Utilisation d'abris naturels pour l'habitat.

Japon.
Le Japon, en tant qu'archipel, a été colonisé par Homo sapiens plus tardivement que le continent asiatique, probablement vers la fin du Paléolithique supérieur ou au début du Mésolithique. On note l'apparition de la poterie dès la fin du Paléolithique supérieur (environ 16 000 ans avant le présent), ce qui est très précoce à l'échelle mondiale.Sites Importants:
Grotte de Fukui (Kyushu). - Site important avec des niveaux du Paléolithique supérieur et du début du Jōmon (Néolithique japonais).

Abri sous couche de Kamikuroiwa (Shikoku). - Autre site clé pour comprendre la transition Paléolithique-Jōmon.

Sites de Hokkaido. - Région nordique influencée par les traditions sibériennes et d'Asie du Nord-Est.

Asie du Sud-Est (Péninsule Indochinoise, Insulinde)

Asie du Sud-Est est une région est importante pour comprendre les premières migrations d'Homo sapiens hors d'Afrique. Des sites comme grottes de Niah  (Bornéo) et  de Tabon (Philippines)  témoignent de traversées maritimes précoces et d'une adaptation aux environnements tropicaux et insulaires. La technologie lithique est souvent moins orientée vers les lames que dans d'autres régions, avec un accent sur les outils sur galets et les éclats.

La grotte de Tabon (Philippines)  est l'un des sites les plus importants du paléolithique supérieur en Insulinde. Elle a livré des outils en pierre, des os d'animaux et des restes humains qui datent d'environ 50 000 à 10 000 ans avant le présent.

Le site de Lang Rongrien (Thaïlande)  est situé dans la péninsule indochinoise et a livré des outils en pierre, des os d'animaux et des restes humains qui datent d'environ 40 000 à 10 000 ans avant le présent.

La grotte de Niah (Malaisie)  est située dans l'île de Bornéo et a livré des outils en pierre, des os d'animaux et des restes humains qui datent d'environ 40 000 à 10 000 ans avant le présent.

Asie du Sud (Inde, Pakistan, Sri Lanka).

Le Paléolithique supérieur en Inde, Pakistan et au Sri Lanka est une période archéologique qui s'étend d'environ  50 000 à 10 000 ans avant le présent. La région est riche en ressources naturelles, telles que les forêts, les rivières, les lacs et les côtes, explotées dès cette époque. Le paléolithique supérieur a également vu des migrations et des échanges culturels entre les différentes populations dans la région.

La grotte de Bhimbetka (Inde)  est située dans l'État du Madhya Pradesh et est l'un des sites les plus importants du paléolithique supérieur en Inde. Elle a livré des peintures rupestres et des outils en pierre qui datent d'environ 30 000 à 10 000 ans avant le présent.

Le site de Patne (Inde)  est situé dans l'État du Maharashtra et a livré des outils en pierre et des os d'animaux qui datent d'environ 40 000 à 10 000 ans avant le présent.

La grotte de Fa Hien (Sri Lanka)  est située dans la région de Ratnapura et a livré des outils en quartz et des os d'animaux qui datent d'environ 30 000 à 10 000 ans avant le présent. 

Le site de Riwat (Pakistan) est situé dans la région de Potwar. Cette culture est caractérisée par des outils en pierre et des os d'animaux qui datent d'environ 40 000 à 20 000 ans avant le présent.

Asie de l'Ouest (Proche-Orient, Moyen-Orient, Anatolie).

L'Asie de l'Ouest, le Levant, est un carrefour entre l'Afrique, l'Asie et l'Europe, et, partant, une région importante pour le Paléolithique supérieur. Des sites comme les grottes de Üçağızlı (Turquie), Kebara (Israël), et Shanidar (Irak) ont livré des informations importantes sur les interactions entre Homo sapiens et les Néandertaliens, ainsi que sur les premières manifestations de l'art et de la symbolique. 

Le paléolithique supérieur dans la région est marqué par l'apparition de nouvelles technologies, telles que les outils en pierre plus sophistiqués, les harpons, les lignes de pêche et les filets. Les populations chassent les gazelles, les chevaux, les aurochs, les caprins, et complètent leur alimentation par la cueillette de plantes sauvages.  Le paléolithique supérieur dans la région est également caractérisé par l'apparition de l'art et du symbolisme. Les exemples incluent les peintures rupestres, les dessins sur les parois des grottes et les objets de parade, tels que les ornements personnels.

Le Paléolithique supérieur voit la diffusion des Homo sapiens dans la région, remplaçant progressivement les populations néandertaliennes qui dominaient auparavant. Cette période est caractérisée par une diversification des industries lithiques, l'apparition de l'art mobilier et l'évolution des modes de subsistance. Cette région, située à l'interface entre l'Afrique, l'Europe et l'Asie, joue un rôle fondamental dans la dispersion des populations humaines modernes et le développement de sociétés complexes. Elle est  caractérisé par des innovations techniques, des changements culturels et l'émergence de traditions qui annoncent le Néolithique.

Paléolithique supérieur initial (Transition Paléolithique moyen → supérieur).
La période qui va d'environ 50 000 ans - 40 000 ans avant le présent représente la transition entre le Paléolithique moyen, associé à l'Homme de Néandertal (bien que Homo sapiens soit déjà présent), et le Paléolithique supérieur typique, dominé par Homo sapiens. On observe une coexistence de techniques du Paléolithique moyen (comme la technique Levallois) et l'apparition progressive de techniques du Paléolithique supérieur (comme la production de lames). Parfois, comme à Shanidar (Irak) ou dans la grotte d'Hayonim (Israël), un même site peut avoir été occupé d'abord par des Néandertaliens (Paléolithique moyen), et ensuite par des Homo sapiens (Paléolithique supérieur ancien, environ 39 000 ans avant le présent à Shanidar, et jusqu'au Néolitique à Hayonim, avec des industries qui s'étagent du Moustérien au Natoufien). Cette phase est associée à la culture émirienne, du nom de la la grotte d'Emireh, en Israël. On peut y rattacher les sites de Boker Tachtit , dans le Néguev, et d' Üçagizli, en Turquie. 

L'Émirien (environ 45 000 - 38 000 ans avant le présent) se rencontre en Jordanie, en Syrie, et en Israël principalement. Il est caractérisé par des  pointes particulières présentant un amincissement basal. 
Deux site émiriens : 
Boker Tachtit est un site clé situé en Israël qui illustre lui aussi la transition  progressive de la technique Levallois vers la production de lames et de pointes appointées. Il est associé aux premières traces de la culture aurignacienne dans la région.

La grotte d'Üçagizli est l'un des sites les plus importants du Paléolithique supérieur en Anatolie. Elle a livré des outils en pierre et des os d'animaux qui datent d'environ 40 000 à 10 000 ans avant le présent.

Paléolithique supérieur ancien.
Entre 40 000 ans et 30 000 ans avant le présent, le Paléolithique supérieur est désormais bien établi. L'industrie lithique est dominée par la production de lames et de lamelles, utilisées pour fabriquer une variété d'outils plus spécialisés. On observe une diversification des types d'outils et une possible spécialisation des activités. L'Ahmarien est la culture dominante du Paléolithique supérieur ancien au Proche-Orient.
L'Ahmarien, qui a connu une grande dispersion géographique (Levant (Israël, Jordanie, Palestine, Liban, Syrie), Anatolie, Zagros) et une longue durée (environ 45 000 - 25 000 ans avant le présent), est caractérisé par la production de longues lames, de lamelles à dos, de pointes dites d'El-Wad, qui sont des pointes retouchées sur une seule face, et de grattoirs. L'Ahmarien est associé à une large dispersion géographique et une longue durée. Sites principaux : Grottes d'Erq el-Ahmar (site éponyme), de Qafzeh, Kebara, Manot, Üçağızlı.

Le Levantino-Aurignacien / Antélien (Levant) est parfois considéré comme contemporain (environ 38 000  - 22 000 ans avant le présent) ou légèrement postérieur à l'Ahmarien. Présente des similitudes avec l'Aurignacien européen, notamment dans la présence d'outils carénés et de pointes en os à base fendue; apparition de parures en coquillage et d'éléments de symbolisme. Son statut et son origine sont encore débattus.

La culture gravettienne du Moyen-Orient est caractérisée par des outils en pierre et des os d'animaux qui datent d'environ 28 000 à 22 000 ans avant le présent. Pratiques de chasse spécialisées (chevaux, gazelles); apparition d'éléments artistiques rudimentaires.  Localisation : Anatolie, Levant, Zagros.

Paléolithique supérieur récent / Épipaléolithique.
Entre environ 30 000 et 20 000 avant le présent, on observe  une évolution vers des industries microlithiques, caractérisées par la production de microlithes. Ces microlithes étaient souvent emmanchés pour former des outils composites plus efficaces (pointes de flèches, armatures de faucilles, etc.). On observe une diversification des microlithes, notamment l'apparition de formes géométriques. 
L'Atlitien, qui peut être vu comme une phase tardive de l'Aurignacien du Levant, est caractéristique de cette période également marquée par des changements climatiques et environnementaux (fin du Pléistocène, variations du niveau marin) elle débouche sur les cultures épipaléolithique (mésolithiques), comme le Natoufien, caractérisées par l'émergence de la sédentarité et des prémices de l'agriculture. Un des sites les plus remarquables du Paléolitique supérieur / Épipalolithique du Levant est celui d'Ohalo II,  sur les rives de la mer de Galilée (lac de Tibériade),  qui date d'environ 23 000 ans, et  offre des preuves précoces de proto-agriculture, avec des restes de huttes, des grains de céréales carbonisés et des outils de mouture.

Sahul.
C'est au Paléolithique moyen que les premières populations humaines arrivent au Sahul, une plate-forme continentale, alors complètement émergie, et dont il ne subsiste aujourd'hui, au-dessus du niveau de la mer que l'Australie, la Nouvelle-Guinée et îles voisines). Les premiers Homo sapiens sont parvenus dans la région via l'Asie du Sud-Est, probablement en suivant des routes maritimes à travers l'archipel indonésien, et ont colonisé progressivement des zones côtières et intérieures. Contrairement à l'Eurasie, où le Paléolithique Moyen et le paléolithique supérieur sont définis par des traditions lithiques spécifiques, le Sahul présente une adaptation particulière à des environnements insulaires et arides. En fait, appliquer directement la périodisation telle qu'elleest défini pour l'Eurasie nécessite quelques nuances quand il s'agit de parler de l'Australie, de la Nouvelle-Guinée et de la Tasmanie. Il semble plus pertinent de considérer les développements culturels en Océanie comme des expressions uniques de l'ingéniosité humaine et de l'adaptation, qui se sont déroulées dans un contexte temporel et environnemental distinct. 

D'abord, parce que l'arrivée d'Homo sapiens en Australie et en Nouvelle-Guinée est beaucoup plus précoce que le début du Paléolithique supérieur en Europe (qui commence il y a environ 40 000 ans). La colonisation de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée remonte à au moins 65 000 ans, voire potentiellement plus tôt (certaines estimations allant jusqu'à 70 000 ans). Cela signifie que les développements culturels en Océanie se sont produits dans un contexte temporel différent. De plus, l'environnement de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée est très différent de celui de l'Europe glaciaire du Paléolithique supérieur. 

Les adaptations aux environnements tropicaux, arides et insulaires ont façonné les cultures de manière distincte. Les archéologues en Océanie utilisent donc généralement une terminologie adaptée à la région, même si des parallèles avec le Paléolithique supérieur peuvent être établis. On parle ordinairement d'Industrie mode 3 pour désigner les phases les plus anciennes (l'équivalent du Paléolithique moyen), puis d'Industrie mode 4 pour les périodes plus récentes (correspondant au Paléolithique supérieur). 

Australie

L'Australie possède l'une des plus longues histoires d'occupation humaine hors d'Afrique. Les populations australiennes se sont adaptées à une grande variété d'environnements, des forêts tropicales aux déserts arides. La chasse aux grands marsupiaux (mégafaune, qui a disparu vers la fin du Pléistocène) et la collecte de ressources végétales jouaient un rôle important. Les sites de Madjedbebe (Arnhem Land) et Nauwalabila (Northern Territory) ont livré des preuves d'occupation humaine datant d'au moins 65 000 ans, voire plus. Ces sites montrent une continuité culturelle à travers le temps. Les premières industries lithiques australiennes sont souvent classées comme Mode 3, avec des outils taillés sur éclats. Au fil du temps, on observe une évolution vers des technologies plus complexes, qui peuvent être comparées à celle du Paléolithique supérieur :

 • Microlithes. - Vers 30 000 ans avant le présent, l'Australie voit l'apparition de microlithes, de petites pièces lithiques taillées qui étaient souvent emmanchées pour former des pointes de sagaies, des couteaux, ou des barbelures. C'est un développement comparable aux industries microlithiques du Paléolithique supérieur ailleurs dans le monde. Les microlithes australiens sont très variés (backed blades, points, crescents, etc.).

Pointes de sagaies bifaciales. - Dans certaines régions (comme le Nord de l'Australie), on trouve des pointes de sagaies bifaciales finement travaillées, qui rappellent les pointes Solutréennes ou Magdaléniennes d'Europe, bien qu'elles soient d'un âge différent et d'une tradition technique distincte.

L'Australie possède un art rupestre ancien et spectaculaire. L'art rupestre y commence à apparaître très tôt (peut-être dès 40 000 ans avant le présent ou plus) et se développe et se diversifie considérablement ensuite. Des peintures et gravures sur des parois rocheuses représentant des animaux (kangourous, émeus, poissons), des figures anthropomorphes, des motifs abstraits et des scènes de la vie quotidienne.  Des sites comme Nourlangie Rock, Ubirr et Burrup Peninsula sont célèbres. L'art mobilier, moins fréquent que l'art rupestre, est quant à lui représenté par des objets décorés (pierres, os, coquillages). 

Nouvelle-Guinée

La Nouvelle-Guinée et l'Australie étaient autrefois connectées en une seule masse continentale, la Sahul, durant les périodes de bas niveau marin. La colonisation de la Nouvelle-Guinée est contemporaine de celle de l'Australie (occupation humaine confirmée dès environ 50 000 ans avant le présent). La Nouvelle-Guinée est un centre d'origine de l'agriculture, qui préfigure l'agriculture néolithique. Le site de Kuk Swamp a révélé des preuves de cultivation de plantes (taro, igname, banane) remontant à au moins 10 000 ans BP, et potentiellement même plus tôt, au Pléistocène supérieur. Ces premières formes d'agriculture sont parmi les plus anciennes au monde. Comme en Australie, la technologie lithique de la Nouvelle-Guinée évolue au fil du temps. On trouve des outils taillés sur éclats, puis des microlithes et des outils plus spécialisés. Les haches polies apparaissent également relativement tôt en Nouvelle-Guinée, indiquant une innovation technique importante. L'art rupestre est présent en Nouvelle-Guinée, bien qu'il soit peut-être moins étudié et moins spectaculaire que celui d'Australie. On trouve des peintures et gravures représentant des figures anthropomorphes, des animaux, et des motifs géométriques.

Tasmanie

La Tasmanie était également connectée à l'Australie continentale durant les périodes de bas niveau marin. Elle a été colonisée en même temps que l'Australie et la Nouvelle-Guinée. Cependant, la montée des eaux à la fin du Pléistocène a isolé la Tasmanie il y a environ 12 000 ans. Cet isolement géographique a eu un impact profond sur la culture tasmanienne. Durant l'Holocène (après l'isolement), la technologie lithique tasmanienne a connu une simplification. Certains types d'outils présents sur le continent australien, comme les microlithes, ont disparu de l'arsenal tasmanien. Cette simplification est un phénomène unique et sujet à débat parmi les archéologues (est-ce une adaptation à l'isolement, une perte des connaissances, ou un changement culturel plus complexe?). La culture matérielle tasmanienne de l'Holocène présente des caractéristiques spécifiques, notamment une typologie lithique particulière et l'absence de certaines technologies présentes ailleurs (comme le boomerang). L'art rupestre est moins abondant en Tasmanie qu'en Australie continentale, mais il existe, notamment des gravures. La Tasmanie, comme l'Australie continentale, a connu l'extinction de la mégafaune à la fin du Pléistocène. Les populations tasmaniennes ont donc dû adapter leurs stratégies de subsistance à la faune restante (kangourous, phoques).

Afrique.
La  périodisation et les caractéristiques du Paléolithique supérieur en Afrique ne correspondent pas toujours parfaitement à celles de l'Europe ou de l'Asie, et, réuni à l'Epipaléolithique et au Mésolithique, il est ordinairement appelé Âge de pierre récent ou Later stone age (LSA) (ou industries lithiques de modes 4 et 5)  par les archéologues africanistes pour souligner certaines différences avec le Paléolithique supérieur européen. Il fait suite à l'âge de pierre moyen ou Middle stone age (MSA), correspondant au Paléolithique moyen.

Contrairement à l'Europe où certaines cultures (Aurignacien, Solutréen, Magdalénien) sont plus largement distribuées, l'Afrique présente une grande diversité régionale de cultures lithiques. Il n'y a pas de "culture africaine du Paléolithique supérieur" unique, mais plutôt une mosaïque d'industries locales. La transition entre le MSA et le LSA en Afrique est souvent graduelle et complexe, avec des industries intermédiaires et des chevauchements. Certaines industries considérées comme "de transition" (comme l'Howiesons Poort et le Still Bay) présentent des caractéristiques à la fois MSA et LSA.

Une tendance importante du LSA  est la microlithisation, c'est-à-dire la production d'outils lithiques de petite taille (microlithes). Ces microlithes étaient souvent emmanchés dans des hampes de bois ou d'os pour former des pointes de flèches, des armatures de sagaies ou des outils composites. Le LSA africain est, par ailleurs,  associé à l'émergence et à la diffusion de comportements modernes chez Homo sapiens, tels que l'art mobilier, la parure personnelle, les pratiques funéraires plus complexes, et une plus grande complexité sociale et cognitive. Cependant, certains de ces comportements sont déjà présents, de manière sporadique, durant le MSA. Les cultures du LSA témoignent d'une grande adaptation aux différents environnements du continent, allant des forêts tropicales aux savanes, en passant par les zones désertiques et côtières.

Principales cultures et industries du Paléolithique supérieur (LSA) en Afrique (non exhaustif et simplifié) :

Afrique Australe.

Durant le Paléolithique supérieur, l'Afrique australe était habitée par des groupes de chasseurs-cueilleurs. Les changements climatiques de la période ont influencé les modes de subsistance et les mouvements des populations. Les outils lithiques et microlithiques étaient utilisés comme pointes de flèches ou intégrés dans des armes composites. Certaines sociétés fabriquaient également des outils en os, notamment des pointes de harpon et des aiguilles. L'usage d'armes de jet, comme l'arc et la flèche, se développe progressivement. De nombreuses peintures et gravures sur roche datant de cette période ont été découvertes, notamment en Namibie (ex. : les peintures du site de Twyfelfontein). On retrouve des objets d'ornementation comme des perles en coquillage ou en os, témoignant d'un développement de la pensée symbolique et d'une organisation sociale plus complexe. Les populations qui vivaient en Afrique australe à cette époque sont souvent associées aux ancêtres des Khoisan (San et Khoïkhoï). Leur culture matérielle et leurs traditions orales montrent une continuité avec certaines pratiques du Paléolithique supérieur.

Howiesons Poort.
La culture de Howiesons Poort (vers 65 000 - 59 000 ans avant le présent) est considérée souvent comme une industrie de transition MSA/LSA, ou un LSA ancien. Caractérisée par des microlithes segmentés, des pointes bifaciales, et des preuves d'utilisation de l'ocre et de coquillages décorés. Sites importants : Klasies River Mouth, abride Diepkloof Rock, grottes de Sibudu de Border.

Industries post-Howiesons Poort/Still Bay.
Après 60 000 ans, diverses industries microlithiques émergent, montrant une régionalisation et une diversification technologique. On trouve des industries à microlithes géométriques, des industries à lamelles à dos, etc. Ces industries, qui peuvent rappeler le Solutréen européen, persistent jusqu'à l'Holocène (après 11 700 ans). La culture de Still Bay (vers 75 000 - 70 000 ans, chevauchant parfois celle de Howiesons Poort)  est une autre industrie de transition, ou LSA ancien. Elle est caractérisée par des pointes foliacées (en forme de feuilles) bifaciales. Sites importants : les grottes de Blombos, Still Bay et Sibudu.

Wiltonien.
Le Wiltonien (10 000 - 5 000 av. notre ère) est une culture tardive du LSA final et de l'Holocène en Afrique australe, associée à des outils microlithiques et à des pratiques culturelles qui évolueront vers celles des populations San.

Afrique de l'Est.

L'essor des techniques de taille fine et l'utilisation d'outils composites indiquent un développement des stratégies de chasse et de collecte. L'organisation sociale des populations évolue, avec des signes d'une transmission accrue des savoirs et d'un réseau d'échanges entre groupes. Les premières formes d'habitat semi-permanent apparaissent dans certaines zones, suggérant une gestion plus sophistiquée des ressources. Les groupes humains de cette époque, souvent considérés comme les ancêtres des populations actuelles de chasseurs-cueilleurs, montrent une continuité culturelle avec certaines sociétés modernes, notamment par leurs traditions orales et leur adaptation aux environnements variés de la région.

L'Olschewanien.
L'Olschewanien (vers 40 000 - 20 000 ans) est une industrie à lames et lamelles du Kenya et de Tanzanie.

Le Magosien.
Le Magosien (plus tardif, vers 15 000 - 10 000 ans) est une industrie microlithique de l'Est et du Sud de l'Afrique, caractérisée par des microlithes géométriques et des pointes à dos. Elle peut être considérée comme une industrie de transition vers le Néolithique.

La culture de Nachikufan.
La culture de Nachikufan (Zambie et régions environnantes, LSA final et Holocène) correspond à une industrie montrant une continuité technologique sur une longue période.

La culture de Kibaran.
La culture de Kibaran (18 000 - 8000 av. notre ère) est connue pour ses outils microlithiques et son rôle dans la transition vers des modes de vie plus sédentaires.

Afrique Centrale et de l'Ouest.

Les industries lithiques du Paléolithique supérieur ici encore se caractérisent par l'essor des microlithes, des outils spécialisés et l'utilisation accrue de matériaux comme l'os et le bois pour la fabrication d'armes et d'outils. Les populations exploitent divers environnements allant des forêts denses aux savanes. Des preuves d'activités symboliques et artistiques, comme l'usage de pigments, la fabrication de parures et l'art rupestre, témoignent d'une complexité croissante des systèmes de pensée et des interactions sociales. L'existence de réseaux d'échanges entre groupes est suggérée par la diffusion de certaines matières premières et de techniques de fabrication sur de vastes territoires. Dans certaines régions, des occupations semi-permanentes émergent, indiquant une gestion plus organisée des ressources. On note aussi que les traditions culturelles des populations du Paléolithique supérieur en Afrique Centrale et de l'Ouest présentent, comme dans d'autres régions d'Afrique,  une certaine continuité avec celles des groupes contemporains de chasseurs-cueilleurs, soulignant une adaptation durable aux milieux variés de ces régions.

Le Lupembien.
La culture Lupembienne (vers 40 000 - 20 000 ans) est une industrie de l'Afrique centrale et de l'Ouest (Congo, Gabon, Angola, Zambie), caractérisée par de grands outils sur éclats, des pointes lancéolées, et des herminettes. Souvent associée aux environnements forestiers. Culture Lupembienne (≈ 40 000 - 12 000 av. JC)

Industries microlithiques forestières.
On connaît aussi diverses industries microlithiques adaptées aux environnements forestiers se développent en Afrique centrale et de l'Ouest à partir du LSA.

Afrique du Nord.

Les industries lithiques, notamment l'Ibéromaurusien, montrent une diversification des outils avec une production accrue de lamelles, de pointes et de grattoirs, souvent associés à des armes de jet comme l'arc et la flèche. L'utilisation de l'os et des coquillages pour la fabrication d'outils et d'ornements reflète une pensée symbolique avancée. L'art rupestre, particulièrement présent dans les montagnes de l'Atlas et du Sahara, révèle des représentations d'animaux, de scènes de chasse et d'expressions symboliques suggérant des croyances et des pratiques rituelles. L'exploitation des ressources naturelles devient plus spécialisée, avec des preuves d'une chasse ciblée et d'une collecte diversifiée dans des environnements variés, du littoral aux zones désertiques. La présence de sites d'habitat semi-permanents et de sépultures témoigne d'une organisation sociale plus complexe et d'une attention particulière portée aux rites funéraires. Les populations du Paléolithique supérieur en Afrique du Nord sont souvent considérées comme les ancêtres des groupes berbères, certains éléments culturels ayant perduré jusqu'aux périodes historiques.

Ibéromaurusien.
L'Ibéromaurusien (vers 22 000 - 10 000 ans) se rencontre essentiellement au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Égypte. Elle est associée à l'occupation de grottes et d'abris sous roche, et notamment aux sites d'Afalou-bou-Rhummel (Algérie) et Tafoghalt (Maroc). C'est une industrie lithique sophistiquée, qui a aussi produit des sépultures complexes, témoignant d'une organisation sociale avancée. Elle a évolué vers la culture capsienne, qui appartient au Mésolithique. 

Amériques.
Ici encore, l'expression "Paléolithique supérieur", traditionnellement utilisée pour décrire une période de l'histoire humaine en Eurasie et, voire en Afrique, est un peu plus complexe à appliquer, car l'histoire du peuplement américain qui commence il y a environ 22 000 ans, rend inappropriées les subdivision habituelles du Paléolithique (il n'a pas en Amérique de Paléolithique inférieur et de Paléolithique moyen), l'histoire a son propre déroulement. Si donc on parle de cultures du Paléolithique supérieur dans les Amériques, ce sera pour désigner les premières cultures humaines qui ont existé sur le continent américain durant une période chronologique et un niveau de développement technologique qui correspondent grosso modo à ceux du Paléolithique supérieur eurasien. En d'autres termes, on se réfère à la période de la colonisation initiale des Amériques et des premières cultures qui s'y sont développées, souvent associées à la fin du Pléistocène et au début de l'Holocène.

La période concernée s'étend approximativement de la fin de la dernière glaciation (Wisconsin en Amérique du Nord, Llanquihue en Amérique du Sud) jusqu'au début de l'Holocène. Les dates précises sont encore débattues, mais on parle généralement d'une période allant d'environ 20 000 à 10 000 ans avant le présent , voire potentiellement plus tôt selon certaines découvertes. Cette période coïncide en partie avec le Paléolithique supérieur eurasien (environ 40 000 à 10 000 ans).

L'arrivée d'Homo sapiens en Amérique. - La théorie traditionnelle est que les premiers Américains sont arrivés d'Asie en traversant la Béringie, une plaine continentale qui existait à l'époque du Pléistocène lorsque le niveau de la mer était plus bas, reliant la Sibérie et l'Alaska. Ils auraient ensuite migré vers le sud à travers un couloir libre de glace entre les glaciers Cordillère et Laurentide en Amérique du Nord. Cependant, l'ouverture et la viabilité de ce couloir à l'époque supposée du peuplement Clovis sont maintenant remises en question. Une théorie alternative, de plus en plus acceptée, est celle d'une migration côtière le long de la côte Pacifique de l'Amérique du Nord et du Sud. Les premiers migrants auraient pu naviguer ou suivre les côtes en utilisant des embarcations, profitant des ressources marines et évitant les difficultés du couloir libre de glace. Des sites côtiers anciens sont difficiles à trouver en raison de l'élévation du niveau de la mer depuis la fin du Pléistocène. Des théories plus spéculatives envisagent également d'autres routes, comme une possible migration transatlantique depuis l'Europe (hypothèse Solutréenne), mais ces théories manquent encore de preuves archéologiques solides et sont généralement moins acceptées par la communauté scientifique.
Principales cultures et sites archéologiques :

Sites pré-Clovis (exemples).

Pendant longtemps, le modèle dominant était celui de "Clovis First", qui postulait que la culture Clovis (environ 13 000 ans avant le présent) était la première culture humaine des Amériques, arrivée par le détroit de Béring et se répandant rapidement vers le sud. Les pointes de Clovis, des pointes de lance en pierre finement travaillées et cannelées, étaient considérées comme l'outil diagnostique de cette culture. Depuis les dernières décennies du XXe siècle, de nombreuses découvertes archéologiques ont remis en question le modèle "Clovis First". Des sites avec des dates plus anciennes que Clovis (Monte Verde au Chili,Pedra Furada au Brésil, etc.) et des types d'outils différents ont été découverts à travers les Amériques, suggérant une présence humaine bien antérieure et plus complexe. Ces sites sont appelés sites pré-Clovis.

Monte Verde.
Daté d'environ 14 500 ans avant le présent (voire plus ancien selon certaines interprétations), Monte Verde (Chili) est un des sites les plus importants et les plus anciens. Il présente une riche variété d'artefacts, dont des outils en pierre, en bois, en os, des restes alimentaires de plantes et d'animaux, et même des fondations de structures d'habitation. Monte Verde est une preuve solide d'une occupation humaine pré-Clovis en Amérique du Sud. 

Meadowcroft Rockshelter.
Meadowcroft (Pennsylvanie) est un abri sous roche avec des niveaux d'occupation potentiellement très anciens, avec des dates incertaines, mais remontant peut-être jusqu'à 16 000-19 000 ans avant le présent, voire plus. La datation et la nature des artefacts les plus anciens sont encore débattues.

Paisley Caves.
Les grottes de Paisley (Oregon) ont révélé des coprolites humains (excréments fossilisés) datés d'environ 14 300 ans avant le présent, et contenant de l'ADN humain de l'haplogroupe A2, typique des populations amérindiennes. On y a également trouvé des pointes de projectile de type Western Stemmed Tradition (tradition occidentale des tiges, de la région du Grand bassin et du Plateau), différentes des pointes Clovis.

Topper.
Le site de Topper (Caroline du Sud) a révélé des avec des artefacts lithiques sous la couche Clovis, suggérant une occupation encore plus ancienne. Les dates et la nature des artefacts pré-Clovis sont encore en cours d'étude et de débat.

Buttermilk Creek (Texas, USA.
Buttermilk Creek (Texas) est un complexe  avec des outils en pierre datés d'environ 15.500 ans avant le présent. 

Pedra Furada.
Le site de Pedra Furada, situé dans le Parc national de la Serra da Capivara au Brésil, est l'un des plus anciens sites archéologiques des Amériques. Des outils en pierre et des vestiges de foyers qui pourraient remonter à plus de 50 000 ans, remettant en question la théorie classique de la migration humaine en Amérique. Il contient également des peintures rupestres représentant des scènes de chasse et des figures anthropomorphes.

Cueva de las Manos.
Située en Patagonie argentine, cette grotte est célèbre pour ses peintures rupestres, en particulier les empreintes de mains négatives peintes à l'ocre rouge et noir. Les peintures sont estimées à environ 9000 ans et témoignent des pratiques artistiques et rituelles des chasseurs-cueilleurs de l'époque. Le site est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1999.

   Culture Clovis (environ 13 000 - 12 700 ans BP).

La culture Clovis tire son nom du site archéologique découvert près de Clovis, au Nouveau-Mexique. Elle est caractérisée par des pointes de projectiles finement façonnées, appelées pointes de Clovis, reconnaissables à leur forme allongée et à une rainure centrale facilitant leur fixation sur des hampes de lance. Ces outils en pierre, souvent réalisés en chert ou en obsidienne, témoignent d'un savoir-faire avancé dans la taille lithique.

Les groupes clovis étaient des chasseurs-cueilleurs nomades qui parcouraient de vastes territoires. Ils chassaient principalement le mammouth, le bison ancien et d'autres grands animaux du Pléistocène, ce qui les rattache au modèle de la chasse au gros gibier (big-game hunting). Leur dispersion rapide à travers le continent suggère une grande adaptabilité aux environnements variés, des plaines aux régions boisées.

L'extinction des Clovis coïncide avec la fin du Pléistocène, une période caractérisée par des changements climatiques majeurs et la disparition de nombreuses espèces de mégafaune. Certains chercheurs avancent l'hypothèse que la surchasse pratiquée par ces groupes a pu contribuer à ces extinctions, tandis que d'autres mettent en avant des facteurs environnementaux comme le refroidissement brutal du Dryas récent (dernier épisode glaciaire) qui aurait modifié les écosystèmes. Outre celui de Clovis, cette culture compte pami les autres sites majeurs : Blackwater Draw (Nouveau-Mexique), Dent (Colorado) et Gault (Texas).

   Cultures Post-Clovis.

Culture Folsom
La culture Folsom (vers 12 000 - 10 000 avant notre ère), principalement localisée dans les Grandes Plaines des Etats-Unis est souvent associée à des outils de pierre plus fins que ceux de Clovis, incluant des pointes de projectile en forme de feuille avec des bords plus fins et parfois des gravures, également trouvées en association avec des restes de mégafaune (les sites de la culture Folsom, tels que le site de Folsom lui-même en Nouvelle-Mexique, indiquent nortamment une spécialisation dans la chasse aux bisons).

Cultures Plano.
Après Clovis et Folsom, on observe une diversification culturelle à travers les Amériques, avec des adaptations locales et des développements technologiques spécifiques. Il en est ainsi, par exemple, avec les cultures Plano (environ 10 000 - 8 000 ans avant le présent) qui sont un ensemble de cultures régionales en Amérique du Nord qui se sont épanouies principalement dans les Grandes Plaines, après Folsom, avec une diversification des types de pointes de projectile et une adaptation à des environnements variés.

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