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Les populations de l'Afrique
Les Khoïsan
Les populations Khoïsan, qui regroupent les Khoï (ou Khoï-khoï) et les San sont les habitants les plus anciens d'Afrique australe. Des preuves archéologiques et génétiques montrent que les populations Khoïsan, aujourd'hui fortement acculturées, ont une histoire qui remonte à plusieurs dizaines de milliers d'années, bien avant l'arrivée des Bantous dans la région.

Les Khoï étaient des pasteurs qui élevaient du bétail et vivaient en communautés semi-nomades. On les appelait autrefois Hottentots, un terme désormais considéré comme péjoratif. Les San (ou Bochimans, Bushmen, termes parfois également considérés comme péjoratifs) étaient principalement des chasseurs-cueilleurs vivant de la faune sauvage et des plantes de la savane. Ils sont souvent perçus comme les représentants d'un mode de vie paléolithique.

Ces deux groupes partageaient des langues appartenant à la famille des langues khoïsan, caractérisées par l'utilisation de clics distinctifs.
 

Avec l'expansion des populations bantoues il y a environ 2000 ans, les Khoïsan ont progressivement été marginalisés. Les Khoï, en particulier, ont été déplacés ou assimilés par les Bantous. L'arrivée des colons européens à partir du XVIIe siècle a marqué une nouvelle phase de déclin pour les Khoïsan. Les Néerlandais, en colonisant le Cap ont pris possession des terres des Khoï-khoi, entraînant des guerres et des épidémies qui ont décimé la population. Les Khoïsan ont été soumis à des formes de servitude et d'esclavage. Aujourd'hui, les Khoïsan continuent de lutter pour la reconnaissance de leurs droits fonciers et de leur identité culturelle. En Namibie, en Afrique du Sud et au Botswana, certaines populations San tentent de préserver leur mode de vie traditionnel malgré les pressions économiques et sociales.

Les Khoï-Khoï.
Les Khoï-Khoï étaient des pasteurs semi-nomades qui vivaient principalement dans les régions côtières de l'actuelle Afrique du Sud, en particulier dans la région du Cap, ainsi qu'en Namibie et au Botswana.

Origines et histoire.
Les Khoï-Khoï sont l'un des premiers peuples à s'être installés dans le sud de l'Afrique, il y a plusieurs milliers d'années. Contrairement aux San, qui étaient principalement des chasseurs-cueilleurs, les Khoï-Khoï pratiquaient l'élevage de bétail, en particulier de bovins et de moutons. Ils vivaient en communautés organisées, se déplaçant avec leurs troupeaux en fonction des besoins en pâturages. Leur mode de vie semi-nomade reposait sur une économie pastorale qui leur permettait de subsister dans les environnements souvent arides de la région.

Organisation sociale et culturelle.
Les Khoï-Khoï étaient organisés en clans ou en groupes tribaux appelés kraals, chacun ayant ses propres terres de pâturage. Les chefs (khoen ou kaptein) jouaient un rôle central dans la gestion des affaires communautaires et des relations avec les autres groupes.

Sur le plan culturel, les Khoï-Khoï avaient des pratiques religieuses basées sur des croyances en des esprits et des divinités, ainsi que sur des rituels liés à l'élevage et à la fertilité. Leurs rites comprenaient des danses, des chants, et des cérémonies pour honorer leurs ancêtres et demander des bénédictions pour leurs troupeaux.

Confrontation avec les Européens et déclin.
L'arrivée des colons néerlandais au Cap au XVIIe siècle marque le début d'une période de bouleversements pour les Khoï-Khoï. Les Européens, cherchant des terres et des ressources, se heurtèrent aux Khoï-Khoï pour le contrôle des pâturages et des sources d'eau. Les conflits étaient fréquents et violents, et les Khoï-Khoï subirent des pertes importantes dues aux guerres, mais aussi aux maladies introduites par les Européens, comme la variole.

Au fil du temps, les Khoï-Khoï ont été dépossédés de la majorité de leurs terres. Certains ont été réduits à l'esclavage ou intégrés de force dans la société coloniale. D'autres se sont mélangés avec les esclaves que l'on avait fait venir d'Asie et d'Afrique, donnant naissance à la population des « Coloured » ou métis, aujourd'hui prédominante dans la région du Cap.

Résistance et adaptation.
Malgré cette marginalisation, les Khoï-Khoï ont tenté de résister par divers moyens. Certaines populations ont migré vers des régions plus isolées pour échapper à la domination coloniale. D'autres ont mené des révoltes, comme la guerre des Khoï-Khoï en 1659 contre les Néerlandais. Cependant, l'intégration forcée dans le système colonial et la perte des modes de vie traditionnels ont entraîné une dilution de l'identité culturelle des Khoï-Khoï au fil des générations.

Aujourd'hui, les descendants des Khoï-Khoï vivent principalement en Afrique du Sud et en Namibie. Bien que leur culture traditionnelle ait été largement effacée, des mouvements émergent pour revendiquer leurs droits et promouvoir leur patrimoine. En Afrique du Sud, certains groupes réclament une reconnaissance officielle en tant que communauté indigène et des droits fonciers. Leur héritage est visible dans certaines pratiques culturelles, mais aussi dans les revendications identitaires des communautés métisses du Cap. Le rôle des Khoï-Khoï dans l'histoire de l'Afrique australe est aujourd'hui réévalué, mettant en lumière leur contribution à la diversité culturelle de la région.

Les San.
Les San sont réputés pour être l'une des plus anciennes sociétés humaines encore existantes. Ils sont connus pour leur mode de vie traditionnel de chasseurs-cueilleurs et leur profond lien avec la nature.

Origines et mode de vie.
Les San sont parmi les premiers habitants d'Afrique australe, et leurs ancêtres auraient vécu dans cette région il y a plus de 20 000 ans. Ils occupaient autrefois une vaste région couvrant l'actuelle Namibie, le Botswana, l'Afrique du Sud, et le Zimbabwe.

Le mode de vie des San était traditionnellement basé sur la chasse et la cueillette. Ils vivaient en petits groupes nomades, se déplaçant en fonction des saisons et des ressources naturelles disponibles. Les hommes chassaient principalement à l'aide d'arcs et de flèches empoisonnées, tandis que les femmes cueillaient des plantes, des fruits et des racines comestibles.

Culture et croyances.
La culture des San est riche en traditions orales, contes, mythes et pratiques rituelles. Ils ont développé une connaissance approfondie de leur environnement (plantes médicinales, techniques de survie dans des environnements arides). 

L'art rupestre des San est célèbre pour ses peintures et gravures anciennes, représentant des scènes de chasse, des animaux et des figures d'esprits. Ces oeuvres, que l'on trouve dans des grottes et des abris rocheux à travers l'Afrique australe, témoignent de leur riche patrimoine culturel.

Sur le plan religieux, les San pratiquent le chamanisme, et les guérisseurs ou chamans jouent un rôle central dans la culture. Les rituels de transe, ordinairement accompagnés de danses, sont utilisés pour entrer en contact avec les esprits et guérir les maladies.

Conflits et marginalisation.
L'arrivée des peuples bantous, puis des colons européens, a entraîné un déplacement progressif des San de leurs terres traditionnelles. Contrairement aux Khoï-Khoï, qui pratiquaient le pastoralisme, les San étaient souvent perçus comme des « sauvages » par les sociétés agricoles et coloniales. Ils ont été victimes de discrimination, de violence, et même de chasses à l'homme organisées par les colons européens, en particulier au XVIIIe et XIXe siècles.

Au fil du temps, les San ont été contraints de se retirer vers des régions de plus en plus arides et inhospitalières, comme le désert du Kalahari. Leur mode de vie traditionnel a été perturbé par la perte de leurs terres et l'imposition de nouvelles structures sociales et économiques.

Situation actuelle et défis
Aujourd'hui, les San sont principalement concentrés au Botswana, en Namibie, en Afrique du Sud et en Angola. Beaucoup ont été forcés de s'adapter à des modes de vie sédentaires, souvent dans des conditions de pauvreté et de marginalisation. Les terres qui leur étaient autrefois accessibles sont souvent utilisées pour l'agriculture, l'élevage ou l'exploitation minière. Le gouvernement du Botswana, par exemple, a expulsé de nombreuses populations San du Central Kalahari Game Reserve (CKGR), un territoire traditionnellement occupé par les San, pour promouvoir des projets touristiques et miniers. Ces expulsions ont suscité des critiques internationales et des campagnes pour la défense des droits des San.

Malgré ces défis, des organisations locales et internationales les soutiennent dans leurs revendications, et certains groupes San tentent de préserver leurs traditions en maintenant des pratiques de chasse et de cueillette. Des initiatives culturelles et éducatives visent également à revitaliser les langues San, dont beaucoup sont en danger d'extinction. Des efforts sont menés pour documenter et transmettre les savoirs traditionnels aux jeunes générations.

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