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 L'histoire de l'Asie
Histoire de la Turquie

Les premières traces d'habitation dans la région de la Turquie actuelle remontent au Paléolithique. Les sites de Çatalhöyük et de Göbekli Tepe sont particulièrement notables pour leur ancienneté et leur importance archéologique. Au cours de l'Âge du Bronze (vers 3000-1200 av. JC), des cités-États et des royaumes se développent dans l'Anatolie, comme Hattusha, la capitale des Hittites. Les Hittites établissent un empire puissant qui rivalise avec l'Égypte et la Mésopotamie. A l'Âge du Fer (vers 1200-546 av. JC), après le déclin des Hittites, plusieurs royaumes se succèdent dans la région, dont les Phrygiens, les Lydiens et les Urartéens. Le royaume lydien est particulièrement connu pour son développement monétaire.

Entre environ 800 et 300 av. JC, les colonies grecques se développent le long des côtes anatoliennes, telles que Milet, Éphèse, et Smyrne. Ces colonies deviennent des centres importants de culture et de commerce. Entre 546 et 334 av. JC), l'Anatolie devient une partie de l'Empire perse achéménide après la conquête de la Lydie par Cyrus le Grand.

Après la conquête par Alexandre le Grand, la région connaît une période de domination hellénistique  (334-30 av. JC). Les successeurs d'Alexandre, notamment les Séleucides, contrôlent la région avant l'émergence des royaumes locaux comme le royaume de Pergame. La région est ensuite intégrée à l'Empire romain, divisée en provinces telles que la Galatie, la Cappadoce, et l'Asie. La ville de Byzance, plus tard renommée Constantinople (Istanbul), devient un centre important sous l'Empire romain (30 av. JC - 330 ap. JC). Lorsque l'Empire romain se divise, la partie orientale devient l'Empire byzantin  (330-1453). Byzance, rebaptisée Constantinople par l'empereur Constantin Ier en 330 ap. JC, devient la capitale de l'Empire byzantin. La région continue d'être un centre de culture et de pouvoir au cours des siècles suivants.

 En 1071, la bataille de Manzikert marque la défaite de l'Empire byzantin face aux Seldjoukides turcs. Cette victoire permet aux Seldjoukides de s'installer en Anatolie, débutant une période de domination turque. Ils établissent leur capitale à Konya et développent un empire qui influence fortement la région, mais ils sont confrontés à des pressions internes et externes.

La Turquie ottomane.
Fondé  en 1299par Osman Ier, l'Empire ottoman commence à s'étendre à partir d'une petite principauté en Anatolie. L'Empire croît rapidement en puissance et en territoire.Constantinople en 1453 est conquise par Mehemet II, mettant fin à l'Empire byzantin et transformant la ville en capitale de l'Empire ottoman sous le nom d'Istanbul. Sous le règne de Soliman le Magnifique, au XVIe siècle, l'Empire ottoman atteint son apogée, avec une grande puissance militaire, une administration centralisée, et une influence culturelle considérable.

A partir du XVIIe siècle, l'Empire ottoman commence à décliner face à la montée des puissances européennes et des rivalités internes. Des réformes sont tentées pour moderniser l'Empire, mais les problèmes persistent. Au XIXe siècle, l'Empire ottoman subit des revers importants, notamment lors de la guerre de Crimée (1853-1856) et ensuite des guerres balkaniques (1912-1913). Les réformes connues sous le nom de Tanzimat visent à moderniser l'administration et l'armée, mais ne suffisent pas à inverser le déclin. Lors de la Première Guerre mondiale (1914-1918), l'Empire ottoman rejoint les Puissances centrales (Allemagne et Autriche-Hongrie).  

L'ère Atatürk.
Après la Première Guerre mondiale et la signature du Traité de Sèvres en 1920, l'Empire ottoman se voit imposer des conditions sévères par les puissances alliées. Mustafa Kemal, un militaire, mène un mouvement de résistance contre les forces d'occupation grecques, arméniennes, françaises, britanniques et italiennes. La Grande Assemblée nationale de Turquie (GANT) est créée à Ankara en 1920. L'année suivante, la bataille de Sakarya offre une victoire majeure aux forces nationalistes turques. Le sultanat et aboli en 1922. La dernière campagne militaire contre les forces grecques conduit à leur retrait d'Anatolie. En 1923, la signature du Traité de Lausanne qui établit les frontières de la Turquie moderne. La République de Turquie est proclamée le 29 octobre avec Mustafa Kemal comme premier président.

Atatürk entreprend une série de réformes pour moderniser et laïciser la Turquie. Il abolit le califat et fait adopter de la nouvelle constitution. Il instaure un système éducatif laïc. En 1925, les confréries religieuses (tarikats) et et le port fez sont interdits. La législation turque se calque sur celles de plusieurs ppays européen en 1926, avec l'adoption du Code civil suisse, du Code pénal italien, et du Code commercial allemand. En 1928, l'alphabet latin est introduit pour remplacer l'alphabet arabe. Le droit de vote accordé aux femmes  en 1930 pour les élections municipales, et étendu aux élections nationales en 1934. La même année, les noms de famille deviennent obligatoires. Mustafa Kemal prend le nom de Atatürk ( = Père des Turcs). La semaine de travail de cinq jours instaurée l'année suivante.

Les gouvernements d'İnönü et de Menderes.
Après la mort d'Atatürk en 1938, İsmet İnönü devient président et poursuit les réformes tout en adaptant la politique turque aux nouvelles réalités mondiales, qui d'ailleurs s'imposent rapidement avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La Turquie reste neutre jusqu'en 1945, quand elle rejoint les Alliés en déclarant la guerre à l'Allemagne nazie et au Japon.

Le multipartisme est introduit en 1946. Le Parti républicain du peuple (CHP) d'İnönü reste au pouvoir, mais de nouveaux partis émergent, notamment le Parti démocrate (DP). En 1950 a lieu la première élection démocratique libre. Le Parti démocrate, dirigé par Adnan Menderes, remporte les élections. Cette victoire marque la fin de la domination du CHP et le début de l'ère multipartite en Turquie.

Adnan Menderes et son gouvernement entreprennent des politiques économiques et sociales qui visent à libéraliser l'économie et à attirer des investissements étrangers. Dans la première moitié des années 1950, la Turquie connaît une croissance économique rapide, avec un accent mis sur l'agriculture et les infrastructures.

La Turquie qui a rejoint l'ONU dès 1945 devient membre de l'OTAN en 1952,  consolidant son alignement avec l'Occident pendant la Guerre froide.

A partir de 1955, le gouvernement Menderes commence à faire face à des défis économiques croissants et à des tensions politiques internes. La répression de l'opposition politique et des accusations de corruption minent le pouvoir de Menderes. Le  27 mai 1960, les forces armées turques renversent le gouvernement, invoquant la nécessité de restaurer la démocratie et de protéger la laïcité. Menderes est arrêté, jugé et exécuté en 1961.

Les années 1960 et 1970.
Une nouvelle constitution promulguée la même année. Elle établit un système bicaméral avec une Chambre des députés et un Sénat. Le Parti républicain du peuple (CHP) et d'autres partis participent aux élections. En 1965, Süleyman Demirel devient Premier ministre, représentant le Parti de la justice (AP). La Turquie connaît une période de croissance économique.

Mais les années 1970 et 1971 vont être une période de troubles sociaux et politiques avec des grèves, des manifestations et des affrontements entre la gauche et la droite. Le 12 mars 1971, un deuxième coup d'État militaire (connu sous le nom de mémorandum militaire) renverse le gouvernement civil. Un gouvernement technocratique est installé.

Les années suivantes, l'instabilité plitique persiste, avec des gouvernements de coalition fragiles. La violence entre groupes de gauche et de droite s'intensifie. En 1974, la Turquie envahit Chypre par la Turquie en réponse à un coup d'État soutenu par la Grèce. Cela conduit à la division de l'île en une partie nord turque et une partie sud grecque. Ankara a, depuis, instauré une forme de protectorat sur la « République turque de Chypre du Nord », que seule la Turquie reconnaît. 

Alors que la situation politique intérieure est devenue incontrôlable avec des assassinats politiques fréquents et des affrontements entre factions. Le général Kenan Evren organise un nouveau d'État militaire, le 12 septembre 1980. La constitution est suspendue, les partis politiques sont dissous et la loi martiale est instaurée.

De Turgut Özal à l'an 2000.
La Turquie retrouve un gouvernement civil en 1983. Le Parti de la Mère Patrie (ANAP) de Turgut Özal remporte les élections. Özal, devenu Premier ministre introduit des réformes économiques libérales dans le but de stabiliser l'économie et d'encourager l'investissement étranger. La Turquie connaît une période de croissance économique significative. En 1987, la Turquie fait une demande officielle pour devenir membre de la Communauté économique européenne (CEE), marquant ainsi son désir d'intégration avec l'Europe.

Une insurrection séparatiste lancée en 1984 par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) retient pendant plusieurs années l'attention des forces de sécurité turques et va faire plus de 40 000 morts. 

Turgut Özal devient président de la Turquie en 1989. Il continue à promouvoir des politiques économiques libérales et une orientation pro-occidentale.  Après les élections législatives de 1991, Süleyman Demirel revient au pouvoir en tant que Premier ministre. La Turquie participe à la coalition internationale pendant la guerre du Golfe. Mais au cours de la décennie suivante, la Turquie continue de faire face à de nombreux défis internes, à commencer par la montée des tensions avec la population kurde et les conflits armés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Özal décède en 1993. Demirel devient président et Tansu Çiller devient la première femme Premier ministre. L'année suivante, la Turquie connaît une crise économique majeure, qui entraîne une dévaluation de la livre turque et des mesures d'austérité. La Turquie signe l'Union douanière avec l'Union européenne. Une nouvelle étape importante dans les relations économiques avec l'Europe.

Une coalition instable entre le Parti de la Mère Patrie (ANAP) et le Parti de la Juste Voie (DYP) gouverne dans les années 1996 et 1997, tandis que le Parti de la prospérité (RP), islamiste, gagne en influence. L'orientation trop religieuse du gouvernement suscite, le 28  février 1997, un coup d'État militaire (communément appelée « coup d'État post-moderne »), qui  impose des restrictions au gouvernement du Parti de la prospérité et contraint Necmettin Erbakan à démissionner. En 2001, une nouvelle crise économique,éclate. Elle conduist à des réformes économiques et bancaires soutenues par le FMI.

L'ère Erdoğan.
Lors élections législatives de  2002 le Parti de la justice et du développement (AKP) de  Recep Tayyip ErdoÄŸan obtient une victoire écrasante. ErdoÄŸan devient Premier ministre en 2003. En 2005, commencent des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, mais avec les atteintes répétées à la démocratie du régime ErdoÄŸan, le processus se perdra bientôt dans les limbes. En 2007, éclate un conflit politique autour de l'élection présidentielle. Abdullah Gül, membre de l'AKP, devient président après une crise constitutionnelle et des élections législatives anticipées. L'économie turque est touchée par la crise financière mondiale de 2008-2009, mais se redresse rapidement grâce à des politiques économiques prudentes.

 Un référendum constitutionnel qui se tient en 2010 est approuvé par la majorité et renfoce le pouvoir exécutif et judiciaire de l'AKP. Un un mouvement de contestation se fait jour en 2013 (protestations de Gezi Park) contre les politiques de plus en plus autoritaires du gouvernement. Mais il ne parvient en rien à freiner le renforcement du pouvoir personnel d'ErdoÄŸan, qui devient président de la République, marquant par là le début d'un système présidentiel de facto.  En 2013, le gouvernement turc et le PKK ont mené des négociations visant à mettre fin à la violence, mais des combats intenses ont repris en 2015. Représentant les intérêts kurdes, le Parti démocratique des peuples (HDP) entre cependant  au parlement cette année là. En 2015 et 2016, la Turquie connaît une recrudescence de la violence terroriste, notamment des attentats majeurs à Ankara, à Istanbul et dans toute la région du sud-est de la Turquie, à prédominance kurde. 

Le 15 juillet 2016, une tentative de coup d'État militaire échoue à la suite d'une résistance populaire généralisée. Plus de 240 personnes sont tuées et plus de 2000 blessées après que des citoyens turcs soient descendus dans la rue en masse pour affronter les forces du coup d'État. Celui-ci, au final, profite à ErdoÄŸan. Le gouvernement turc institue l'état d'urgence de juillet 2016 à juillet 2018.  Des purges massives suivent, ciblant les opposants présumés. 

Le gouvernement accuse les partisans du mouvement religieux et social transnational Fethullah Gulen (« Hizmet  ») d'avoir été l'instigateur du coup d'État manqué et a qualifié les partisans du mouvement de terroristes. Cet événement aura été le prétexte d'une évolution de plus en plus autoritariste du régime. Les autorités gouvernementales turques suspendent ou renvoient plus de 130 000 membres du personnel de sécurité, journalistes, juges, universitaires et fonctionnaires en raison de leur lien prétendu avec le mouvement de Gulen. 

Le gouvernement turc organise un référendum le 16 avril 2017 au cours duquel les électeurs approuvent  des amendements constitutionnels faisant passer la Turquie d'un système parlementaire à un système présidentiel. Les amendements  entrent pleinement en vigueur après les élections présidentielles et législatives de juin 2018. ErdoÄŸan est réélu président. Il est encore est réélu en 2023, et l'AKP conserve une majorité parlementaire avec son allié, le Parti du mouvement nationaliste (MHP).

Depuis le début des années 2020, la politique étrangère de la Turquie reste active, volontiers agressive, en Syrie, en Libye et en Méditerranée orientale, et cause des tensions avec l'UE et les États-Unis. La situation intérieure, notamment les atteintes aux droits humains et aux libertés civiles, restent des sujets de préoccupation majeurs, dans une société turque qui montre des signes de polarisation croissante et de contestation.

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