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Le
Paléolithique
moyen est une période de la préhistoire qui s'étend d'environ 300.000
à 30 000 ans avant notre ère. Elle se situe entre le Paléolithique
inférieur et le Paléolithique
supérieur. C'est une période de grands changements, tant sur le plan
environnemental que sur le plan culturel, caractérisée par une succession
de périodes glaciaires et interglaciaires. Le climat est généralement
plus froid et plus sec qu'aujourd'hui. Les paysages sont dominés par des
steppes et des toundras, avec des forêts présentes dans les zones plus
clémentes. La faune est adaptée à ces conditions climatiques, avec la
présence d'animaux tels que le mammouth, le rhinocéros laineux, le renne
et le bison.
Le Paléolithique
moyen est principalement associé à l'Homme de Néandertal en Europe et
en Asie de l'Ouest, et à des hominidés contemporains en Afrique et en
Asie de l'Est (Homo denisova, Homo rhodesiensis, Home naledi, Homo
Florensensis, etc). L'Homme de Néandertal a aussi cohabité avec l'Homo
sapiens (l'homme moderne) pendant une partie de cette période. L'Homme
de Néandertal est physiquement robuste, avec un cerveau aussi volumineux,
voire plus, que celui de l'homme moderne.
L'industrie lithique
du Paléolithique moyen est principalement caractérisée par la technique
de débitage Levallois, qui permet de produire des éclats de forme prédéterminée
à partir d'un nucleus préparé. Cette technique démontre une grande
maîtrise technique et une capacité d'anticipation de la part des tailleurs.
Les outils sont variés et comprennent des racloirs, des pointes, des grattoirs,
etc. On trouve également des preuves d'utilisation du feu, de la construction
d'abris et de l'utilisation de pigments.
Les humains du Paléolithique
moyen sont des chasseurs-cueilleurs. Ils chassent le gros gibier, comme
le mammouth et le rhinocéros, mais aussi des animaux plus petits. Ils
pratiquent également la cueillette de végétaux et de fruits. Les preuves
archéologiques suggèrent une organisation sociale déjà complexe, avec
des stratégies de chasse coopératives et une possible division du travail.
Par ailleurs, des preuves de comportements symboliques apparaissent Ă
cette époque. On trouve notamment des sépultures intentionnelles, avec
des offrandes funéraires dans certains cas. L'utilisation de pigments,
comme l'ocre rouge, suggère une possible utilisation pour des peintures
corporelles ou d'autres activités symboliques. Des objets non utilitaires,
comme des coquillages perforés ou des os gravés, ont également été
découverts, suggérant une dimension esthétique ou symbolique.
Évolution des hominidés
Hominidés présents
au Paléolithique moyen.
Le Paléolithique
moyen est une période de grande diversité et de développement pour les
hominidés. Les Néandertaliens et les premiers Homo sapiens ont montré
des capacités cognitives et culturelles avancées.
Homo
heidelbergensis et les Homo rhodesiensis.
Les Homo heidelbergensis
et les Homo rhodesiensis sont deux espèces à peu près contemporaines
(entre environ 600 000 - 200 000 ans avant le présent) vues comme de possibles
ancêtres de l'Homme moderne. Mais le place dans l'évolution des humains
reste sujette à débats. Homo heidelbergensis est d'abord présent en
Afrique, puis, Ă partir de 300 000, se rencontre en Europe et en Asie
occidentale, où il aurait été également l'ancêtre des Néandertaliens
et des Dénisoviens. Son proche parent Homo rhodesiensis, considéré parfois
comme une forme transitionnelle entre Homo heidelbergensis et Homo sapiens,
est resté, pour sa part en Afrique (Afrique du Sud, Zimbabwe et Namibie).
Les Homo héidelbergensis et Homo rhodesiensis avaient une taille moyenne
d'environ 1,70 m pour les mâles et 1,60 m pour les femelles. Ils avaient
un crâne plus arrondi que les Homo erectus, avec une capacité crânienne
moyenne de 1300-1400 cm³. Ils étaient des chasseurs-cueilleurs,
se nourrissant de fruits, de légumes, de gibier et de poisson. Ils maîtrisaient
le feu et utilisaient des outils en pierre, comme des bifaces et des pointes
de lance. Les Homo héidelbergensis et Homo rhodesiensis vivaient probablement
en petits groupes, composés de quelques dizaines d'individus. Ils avaient
une organisation sociale plus complexe que les Homo erectus, avec une division
du travail et une coopération pour la chasse et la défense. Ils utilisaient
des non seulement des outils en pierre, mais aussi des outils en bois et
en os, ainsi que des armes de chasse efficaces. Ils maîtrisaient également
l'utilisation de la pierre pour construire des abris.
Néandertaliens
(Homo neanderthalensis).
Les Néandertaliens
ont évolué en Europe et en Asie de l'Ouest, vivant entre environ 400
000 et 40 000 ans avant notre ère. Ils avaient le crâne allongé avec
un front bas et des arcades sourcilières proéminentes. Les Néandertaliens
étaient bien adaptés aux climats froids. Ils avaient un corps trapu et
robuste, limitant la perte de chaleur. Des adaptations génétiques ont
été retrouvées, comme des gènes impliqués dans la régulation thermique.
Ils avaient également un cerveau de taille comparable voire légèrement
plus grand (environ 1200-1750 cm³) que celui des Homo sapiens, mais organisé
différemment. Les Néandertaliens étaient des chasseurs-cueilleurs
très adaptés aux environnements européens et eurasiens, avec une capacité
à survivre dans des climats froids et rudes. Ils étaient spécialisés
dans la chasse de grands herbivores, tels que les bisons, les chevaux,
les mammouths, et les cerfs. Des preuves indirectes (comme des fractures
sur des os d'animaux ou des traces de lances) montrent qu'ils pouvaient
utiliser des stratégies de chasse élaborées, suggérant une organisation
sociale développée. Associés à la culture moustérienne, ils maîtrisaient
des techniques de taille de pierre sophistiquées telles que la méthode
Levallois pour produire des éclats standardisés. Ils utilisaient leurs
outils pour découper les carcasses, traiter les peaux et préparer des
matériaux pour d'autres usages. Les Néandertaliens étaient probablement
des nomades, déplaçant leurs campements selon les saisons et les migrations
animales. Ils habitaient des abris sous roche ou des campements Ă l'air
libre. Ils maîtrisaient l'usage du feu pour se chauffer, cuire des aliments
et fabriquer des outils en bois. Ils utilisaient probablement des bâtons
et des lances de bois, dont certains vestiges ont été trouvés dans des
sites moustériens. Leur maîtrise technologique témoigne de leurs compétences
cognitives et manuelles avancées. L'ADN
montre une diversité génétique plus faible chez les Néandertaliens
que chez Homo sapiens, ce qui indique qu'ils vivaient en petites populations
isolées, les rendant plus vulnérables aux changements environnementaux
et aux maladies. L'extinction des Néandertaliens vers 40 000 ans avant
notre ère est probablement due à une combinaison de facteurs : compétition
avec Homo sapiens pour les ressources, changements climatiques ayant réduit
leurs habitats, faible diversité génétique et fragilité démographique.
Denisoviens
(Homo denisova).
Les Denisoviens
sont un groupe d'hominidés proches des Néandertaliens et des humains
modernes, dont les premiers vestiges dont été découverts en 2008 en
Sibérie dans la grotte de Denisova, sous la forme d'une phalange (un os
de doigt) et de quelques dents. Ces restes appartenaient Ă un individu
vivant il y a environ 50 000 à 100 000 ans (Paléolithique moyen). Les
Denisoviens étaient sans doute des chasseurs-cueilleurs, capables de survivre
dans des environnements rudes. Des artefacts retrouvés dans la grotte
de Denisova, comme des bijoux et des outils en os, suggèrent qu'ils possédaient
des compétences techniques avancées, bien que leurs pratiques culturelles
et leur mode de vie restent encore mal compris en raison du manque de vestiges
fossiles et archéologiques. Ajoutons qu'on a a retrouvé des fossiles
en Chine, en Mongolie et ailleurs en Asie, qui pourraient appartenir Ă
des Denisoviens, ce qui indique une répartition potentiellement vaste.
Des analyses ADN ont révélé qu'ils représentaient une lignée distincte
d'hominidés, séparée des Néandertaliens et des humains modernes, bien
qu'étroitement liée à eux. L'ADN dénisovien montre aussi des caractéristiques
particulières, comme une adaptation à de grandes altitudes, suggérant
qu'ils ont pu habiter des régions montagneuses.
Homo
sapiens.
Les premiers humains
anatomiquement modernes ont émergé en Afrique il y a au moins 300 000
ans (date des restes fossiles trouvés au Jebel Irhoud, au Maroc). Ils
ont progressivement migré hors d'Afrique, atteignant d'autres continents
et coexistant avec les Néandertaliens pendant plusieurs milliers d'années.
Leurs caractéristiques distinctives aux Néandertaliens : un crâne rond
avec un front haut et des arcades sourcilières réduites, un corps gracile
et une capacité crânienne en moyenne de 1350 cm³. Ils utilisaient
des technologies de pierre similaires à celles des Néandertaliens au
début, mais ont développé par la suite des industries plus variées
et sophistiquées. Restés la seule espèces d'Hominidés au Paléolithique
supérieur, il développeront alors un art rupestre et mobilier bien plus
avancé, avec des peintures, des gravures et des sculptures
Homo
naledi.
Homo naledi est une
espèce découverte en 2013 dans la caverne de Rising Star au sud-ouest
de l'Afrique, près de Johannesburg, en Afrique du Sud. Les spécimens
de l'Homo naledi ressemblent à un mélange d'ancêtres et de descendants
humains modernes. Ils ont des caractéristiques du crâne et du squelette
qui rappellent ceux des hominidés anciens comme l'Australopithèque, mais
aussi certains aspects du squelette qui ressemblent Ă ceux des humains
modernes. es individus de l'Homo naledi étaient relativement petits, avec
une taille moyenne d'environ 1,50 mètre pour les femmes et 1,55 mètre
pour les hommes. Le cerveau de l'Homo naledi était assez petit, avec un
volume d'environ 560 cmÂł, ce qui est plus petit que celui des humains
modernes (environ 1,3 à 1,4 litres) mais plus grand que celui de l'Australopithèques.
Les dates estimées pour l'âge des fossiles de l'Homo naledi varient,
mais ils semblent avoir vécu il y a environ 236 000 à 335 000 ans, soiit
au début du Paléolithique moyen. L'un des aspects les plus intéressants
de l'Homo naledi est qu'il semble avoir pratiqué des pratiques funéraires
: les fossiles ont été trouvés dans une chambre profonde et difficile
d'accès au sein de la caverne, ce qui suggère que les individus ont été
délibérément placés là , peut-être pour des raisons religieuses ou
culturelles.
L'Homme
de Florès (Homo floresiensis).
L'Homme de Florès
(Homo floresiensis), que l'on a surnommé le "Hobbit" en raison de sa petite
taille a été découvert en 2003 sur l'île de Flores en Indonésie, dans
la grotte de Liang Bua. Il a vécu il y a environ 100 000 à 50 000 ans,
et peut-être même jusqu'à 12 000 ans. L'hypothèse principale est que
l'Homme de Florès descend d'une population d'Homo erectus qui s'est retrouvée
isolée sur l'île de Flores. L'isolement insulaire aurait conduit à un
phénomène de nanisme insulaire (une réduction de la taille corporelle
observée chez de nombreuses espèces animales isolées sur des îles avec
des ressources limitées et une absence de grands prédateurs). Quoi qu'il
en soit, c'est l'une des espèces d'hominidés les plus récentes non Homo
sapiens. L'Homme de Florès était grand d'environ 1 mètre de haut, ce
qui est exceptionnellement petit pour un hominidé. Ses relativement longs
par rapport à leurs jambes. Son volume cérébral était très réduit,
comparable à celui d'un australopithèque, et à peine plus grand que
celui d'un chimpanzé. Dans l'ensemble, il présentait un mélange de caractéristiques
primitives (comme la forme du crâne) et de caractéristiques dérivées
(comme la forme des dents). L'Homme de Florès utilisait des outils
en pierre sophistiqués, indiquant une certaine intelligence et capacité
technique. Cette découverte a remis en question les idées préconçues
sur l'évolution humaine, montrant qu'une petite taille et un petit cerveau
n'excluent pas des comportements complexes et une survie prolongée. Il
a également mis en évidence l'importance de l'environnement insulaire
dans la diversification de l'évolution humaine.
L'Homme
de Luzon (Homo luzonensis).
Découvert sur l'île
de Luzon aux Philippines, dans la grotte de Callao en 2007, Homo luzonensis
a été officiellement nommé ainsi en 2019. Il a vécu il y a au moins
67 000 ans, et possiblement jusqu'Ă 50 000 ans. Les origines de l'Homme
de Luzon sont encore moins claires que celles de l'Homme de Florès. Il
pourrait représenter une lignée d'hominidés distincte et ancienne, arrivée
aux Philippines avant Homo erectus, ou pourrait également être issu d'une
forme d'Homo erectus ayant subi un nanisme insulaire, mais indépendamment
de l'Homme de Florès. Des outils en pierre ont été trouvés sur le site
de Callao Cave, mais leur association directe avec Homo luzonensis n'est
pas encore complètement établie. Il était de petite taille, bien que
peut-être légèrement plus grand que l'Homme de Florès. Ses dents, petites,
présentent une combinaison de caractéristiques primitives et dérivées,
distinctes de celles d'autres espèces d'Homo. Les phalanges de ses pieds
et de ses mains étaient courbées, ce qui suggère une possible adaptation
à la vie arboricole, ou du moins une mobilité différente dans les arbres.
Les caractéristiques de ses dents et phalanges suggèrent une évolution
insulaire distincte. L'Homme de Luzon élargit encore notre compréhension
de la diversité de l'évolution humaine en Asie du Sud-Est. Il montre
qu'il existait plusieurs lignées d'hominidés de petite taille et morphologiquement
distinctes vivant dans des environnements insulaires à la même époque.
Il souligne également que l'évolution humaine dans cette région du monde
est beaucoup plus complexe et diversifiée que ce que l'on pensait auparavant.
Homo
erectus.
Mentionons encore
pour pour mémoire, l'Homo erectus. Bien que son apogée se situe au Paléolithique
inférieur, certaines populations d'Homo erectus ont survécu en Asie du
Sud-Est jusqu'au Paléolithique moyen, notamment à Java.
Interactions entre
Homo sapiens et les autres espèces d'hominidés.
Les premiers Homo
sapiens ont migré hors d'Afrique il y a environ 70 000 ans et ont rencontré
les Néandertaliens en Eurasie, puis les Dénisoviens en Asie. Des hybridations
ont eu lieu. Sans jamais avoir été massives, elles ont suffi à laisser
une empreinte génétique durable.
Homo neanderthalensis
a coexisté avec Homo sapiens en Europe et en Asie occidentale. Les études
ont confirmé qu'il y a eu un métissage entre Néandertaliens et Homo
sapiens. Environ 1 à 3 % du génome des populations actuelles d'origine
non africaine provient des Néandertaliens.Ce métissage a eu lieu il y
a environ 50 000 Ă 60.000
ans, probablement au Moyen-Orient, peu après la sortie d'Afrique des Homo
sapiens et avant leur dispersion en Eurasie.Certains gènes hérités
des Néandertaliens influencent aujourd'hui notre immunité,
notre peau, et même notre sensibilité à certaines maladies. Par exemple,
certains variants néandertaliens sont associés à une meilleure résistance
aux infections, mais aussi Ă un risque accru de maladies auto-immunes.
D’autres gènes influencent des caractéristiques comme la couleur de
peau et des cheveux, l'adaptation au climat, ou encore la tolĂ©rance Ă
certaines substances.
Il y a environ 50
000 ans, des hybridations ont également eu lieu entre Homo sapiens et
Homo denisova. L'ADN des populations actuelles d'Asie et d'Océanie (notamment
les Aborigènes d'Australie, les
Papous et certaines populations du Tibet) contient de 4 à 6% d'ADN dénisovien.
Dans certaines populations tibétaines, le gène EPAS1, qui aide à s'adapter
aux faibles niveaux d'oxygène des hautes altitudes, semble avoir été
hérité des Denisoviens.
Des analyses récentes
suggèrent l'existence d'un "fantôme" génétique, une autre espèce humaine
archaïque dont on n'a pas encore trouvé de fossiles, mais dont des traces
subsistent dans l'ADN de certaines populations africaines.
Certaines mutations
héritées des Néandertaliens sont impliquées dans l'immunité et la
résistance aux maladies. D’autres sont associées à des caractéristiques
physiologiques, comme la pigmentation de la peau ou, comme on l'a dit,
l'adaptation à l'altitude. Quelques variants néandertaliens ont été
liés à des risques accrus de certaines maladies (ex. diabète de type
2, dépression).
Cultures et technologies
lithiques
La transition entre
le Paléolithique inférieur et le Paléolithique moyen est caractérisée
par des évolutions importantes dans les techniques de taille de pierre,
qui traduisent des changements cognitifs et culturels chez les hominidés.
La
méthode Levallois représente une avancée technologique significative.Cette
méthode commence à apparaître vers la fin du Paléolithique inférieur
(environ 400 000 ans avant le présent) et devient dominante au début
du Paléolithique moyen. Elle consiste à préparer un nucleus ( = noyau
de pierre) de manière à détacher des éclats prédéterminés. Cela
permet de produire des outils standardisés avec des formes et des dimensions
contrôlées, comme des pointes et des racloirs. Les outils Levallois
sont plus efficaces et permettent d'exploiter de manière optimale les
ressources lithiques, en économisant le matériau. L'industrie levalloisienne
traduit une complexité cognitive accrue et une meilleure anticipation
des formes d'outils. Elle incarne un progrès par rapport aux technologies
antérieures en termes de planification et de contrôle de la taille. La
méthode Levallois est emblématique du Moustérien, en particulier chez
les Néandertaliens en Europe et chez les Homo sapiens archaïques dans
le Proche-Orient et en Afrique. Cette méthode est également utilisée
dans des cultures spécifiques comme l'Atérien en Afrique du Nord et le
Nubien dans la vallée du Nil, montrant son adoption dans diverses régions
du monde préhistorique.
La
culture mugharanienne.
Le Mugharanien est
une culture lithique qui a été découverte dans les grottes de Mugharat
el-Zuttiyeh et d'autres sites situés au Levant, dans la région qui correspond
aujourd'hui à Israël et la Palestine. Elle s'étend d'environ 400 000
à 220 000 ans avant notre ère. Le Mugharanien appartient à une industrie
de transition entre l'Acheuléen et des traditions plus modernes. Il se
distingue par des bifaces et d'autres outils plus complexes que ceux des
périodes précédentes, suggérant des compétences accrues en taille
de pierre. Cette culture est généralement associée à des hominidés
archaĂŻques du genre Homo, comme Homo heidelbergensis, et peut-ĂŞtre aux
premiers Homo sapiens.
Le
Moustérien.
Le Moustérien (environ
300 000 à 40 000 ans avant le présent) est l'industrie lithique la plus
caractéristique du Paléolithique moyen. Le Moustérien tire son nom du
site de Le Moustier, une grotte située en Dordogne, en France, où des
outils typiques de cette culture ont été découverts au XIXe
siècle. Cette culture est associée principalement aux Néandertaliens
en Europe et d'Asie occidentale, mais elle a aussi été exprimée par
certains Homo sapiens archaĂŻques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Elle se base sur la méthode Levallois mais avec des perfectionnements.
On trouve des outils sur éclats plus diversifiés et spécialisés : pointes,
racloirs, grattoirs, denticulés. Cette culture est souvent considérée
comme un témoin des capacités cognitives avancées de ces hominidés,
marquant une étape importante dans le développement de la technologie
préhistorique.
Les Néandertaliens
moustériens fabriquaient une grande variété d'outils, adaptés à différents
usages. Les racloirs étaient utilisés pour gratter les peaux animales
ou travailler le bois; les pointes étaient des outils allongés, ordinairement
montés sur des manches, utilisés probablement comme armes de jet ou de
contact (lances). Les grattoirs et burins servaient à découper et travailler
les matériaux souples ou durs. Les outils denticulés et crantés, devaient
être utilisés pour des tâches spécifiques comme le découpage de végétaux
ou de bois. Ajoutons qu'en plus des outils en pierre, les Néandertaliens
moustériens utilisaient probablement des outils faits d'autres matériaux
périssables, comme le bois et l'os, même si ces vestiges sont rarement
préservés dans les contextes archéologiques.
Le Moustérien n'est
pas uniforme à travers son aire de distribution géographique. Il existe
plusieurs variantes régionales qui montrent des adaptations locales et
des changements dans la manière dont les outils étaient fabriqués. Mentionnons
:
• Le
Moustérien de type Quina. - Une variante caractérisée par des racloirs
très épais et robustes, probablement adaptés à la boucherie d'animaux
de grande taille.
• Le Moustérien
de type Ferrassie. - Ce type comprend des outils avec une préparation
soignée des éclats et des bifaces, souvent associés à des environnements
plus tempérés.
• Le Moustérien
de tradition acheuléenne . Ce style montre une continuité avec les
industries précédentes comme l'Acheuléen, avec la persistance de bifaces.
La culture moustérienne
disparaît progressivement avec l'extinction des Néandertaliens, il y
a environ 40 000 à 30 000 ans, et est remplacée par la culture aurignacienne,
associée à l'arrivée des Homo sapiens modernes en Europe.
L'Atérien.
La culture atérienne
est une industrie lithique largement répandue à travers l'Afrique du
Nord, de la côte atlantique marocaine jusqu'à l'Égypte, en passant par
l'Algérie, la Tunisie et le désert du Sahara. Parmi les sites les plus
importants, on trouve les grottes d'El Guettar en Tunisie et d'AĂŻn Hanech
en Algérie, ainsi que plusieurs gisements au Maroc. L'Atérien se développe
entre environ 150 000 et 30 000 ans avant notre ère, bien que certaines
études placent ses origines aussi loin que 190 000 ans.
Les outils atériens
se distinguent par l'utilisation de pointes pédonculées. Ces pointes
sont caractérisées par une base amincie ou "pédoncule", qui permettait
de les lier facilement Ă des manches en bois ou en os, probablement pour
fabriquer des lances ou des outils de chasse.
La
capacité à emmancher des outils montre une innovation technique importante.
Elle reflète une pensée anticipatoire, où les hominidés ne fabriquaient
pas seulement des outils jetables, mais des armes complexes, améliorant
ainsi leur efficacité à la chasse. L'emmanchement des outils, marque
distinctive de la culture atérienne, est souvent interprété comme une
preuve d'une évolution culturelle et cognitive avancée chez les hominidés
de cette époque. Cela suggère un degré de complexité technologique
supérieur, impliquant une meilleure organisation sociale et une transmission
de savoir-faire.
Comme dans le Mugharanien
et le Moustérien, les Atériens utilisaient la technique Levallois pour
produire des éclats standardisés, mais ils ont poussé cette méthode
plus loin, notamment pour la fabrication de pointes et de racloirs sophistiqués.
En plus des pointes, les Atériens fabriquaient aussi des outils tels que
des grattoirs, des burins et des couteaux.
La culture atérienne
est principalement associée aux Homo sapiens archaïques et aux premiers
Homo sapiens modernes. C'est l'une des premières industries lithiques
à être clairement liée à des hominidés dotés d'une morphologie et
d'un comportement proches de l'Homme moderne. Les Atériens vivaient dans
des environnements extrêmement variés, depuis les zones côtières méditerranéennes
jusqu'aux régions désertiques du Sahara. Leur maîtrise d'outils spécialisés,
comme les pointes emmanchées, leur a permis de s'adapter à différents
modes de chasse et d'exploiter des ressources alimentaires variées, incluant
des grands mammifères et des petites proies.
La culture atérienne
prend fin autour de 30 000 ans avant notre ère, en partie à cause de
la transformation progressive des environnements nord-africains et de la
diffusion d'autres industries lithiques plus récentes, comme l'Ibéromaurusien,
dans la région.
La
culture micoquienne.
La culture micoquienne
(130 000 - 70 000 ans) est particulièrement présente en Europe centrale
et orientale, ainsi que dans certaines parties de l'Europe de l'Ouest.
Le Micoquien se distingue par ses bifaces allongés, en forme de feuilles
ou de lames. Il représente une évolution par rapport à la tradition
acheuléenne, avec une taille de pierre plus fine et plus élaborée. Les
outils micoquiens incluent des racloirs, des pointes de chasse et des bifaces,
ce qui témoigne d'une adaptation à des environnements variés. Hominidés
associés : Cette culture est principalement associée aux Néandertaliens,
bien qu'il y ait des variations régionales dans les outils et les techniques
utilisées.
Le
Sangoen.
L'industrie sangoenne
(environ 200 000 à 50 000 ans avant le présent) se rencontre en Afrique
centrale (notamment en République démocratique du Congo, Ouganda, Rwanda),
parfois aussi Afrique de l'Est. Elle se caractérise par des outils de
grande taille souvent épais et peu retouchés (haches à main, haches
bifaces et outils sur éclats robustes) adaptés à des tâches lourdes,
probablement pour traiter des matériaux durs. Bien que moins sophistiquée
que d'autres industries contemporaines, la culture sangoenne semble adaptée
Ă des environnements forestiers, notamment pour le travail du bois, ce
qui suggère une adaptation à un milieu humide et boisé. Hominidés associés
: Homo sapiens archaĂŻques.
Le
Nubien.
L'industrie nubienne
(environ 150 000 à 50 000 ans avant le présent) est une variante de la
méthode Levallois, spécifiquement adaptée à l'environnement saharien
et semi-désertique de la vallée du Nil (principalement en Nubie, au Soudan
et en Égypte), avec des extensions vers la mer Rouge. Elle montre une
capacité à exploiter efficacement les ressources minérales de cette
région désertique et se distingue par des noyaux Levallois spécifiques,
avec des éclats prédéterminés ordinairement utilisés pour produire
des pointes et des racloirs. La préparation du noyau est plus élaborée
que dans d'autres variantes de Levallois. Le Complexe nubien est parfois
considéré comme ayant influencé d'autres cultures lithiques du Paléolithique
tardif, notamment en Afrique de l'Est. Hominidés associés : Homo sapiens
archaĂŻques.
Le
Fayoumien
Le
Fayoumien (environ 50 000 à 30 000 ans avant le présent, selon les estimations)
est une culture attestée dans la région du Fayoum, en Égypte, qui se
distingue par la production d'outils sur éclats, souvent de petite taille,
avec un usage important de la méthode Levallois pour préparer des outils
spécialisés, comme des grattoirs, des racloirs et des pointes. Cette
culture est surtout remarquable pour sa diversité d'outils et une adaptation
locale aux conditions environnementales du Fayoum, une zone relativement
fertile dans un contexte général aride. Hominidés associés : Homo sapiens.
Chine.
Quelques-unes des
cultures principales de cette période en Chine :
• Culture
de Zhoukoudian. - Cette culture se signale par les restes fossiles
de l'Homme de Pékin, ainsi que pour des outils lithiques tels que des
galets aménagés et des pointes de flèches bifaciales.
• Culture de
Longgushan (province de Jiangxi). - Cette culture est caractérisée
par des outils lithiques bifaciaux, des pointes de flèches, et des galets
aménagés. Elle est souvent associée à des habitats de grottes.
• Culture de
Miaohoushan (province du Henan). - Cette culture est connue pour ses
pointes de flèches bifaciales, ses lames et des outils en os. Elle montre
des influences eurasiennes du nord.
• Culture de
Shuidonggou (région du Ningxia). - Cette culture est remarquable pour
ses industries lithiques variées, réprésentées par des pointes de flèches
bifaciales, des grattoirs, et des burins. Elle est souvent associĂ©e Ă
des sites lacustres.
Asie
centrale et Asie du Sud.
Quelques-unes
des cultures du Paléolithique moyen en Asie Centrale et en Asie du Sud
:
Asie Centrale :
•
Culture
de Kokshaal-Teg (Kirghizistan, région de l'Alay). - Cette culture
est connue pour ses industries lithiques complexes, comprenant des pointes
de flèches bifaciales, des burins, et des outils en os. Elle reflète
des influences eurasiennes du nord et montre une présence humaine durable
dans les steppes et montagnes de la région.
• Culture de
Tasbas (Kazakhstan, région de l'Ili). - Cette culture est caractérisée
par des industries lithiques variées, y compris des pointes de flèches
bifaciales, des grattoirs, et des outils en os. Elle est couramment associée
Ă des sites lacustres et montre des adaptations aux environnements changeants
de l'Asie centrale.
Asie du Sud :
• Culture
d'Ahar-Banas (Inde, régions de l'Ahar et de Banas). - Cette culture
est connue pour ses industries lithiques bifaciales, avec des pointes de
flèches et des outils en pierre polie. Elle montre une transition progressive
vers le Néolithique et est associée à des habitats de plaine et de rivière.
• Culture de
Soanian (Inde, régions du Penjab et de l'Himachal Pradesh). - Cette
culture est caractérisée par des industries lithiques simples, avec des
galets amĂ©nagĂ©s et des outils de coupe. Elle est souvent associĂ©e Ă
des habitats de plaine et de montagne, et montre des adaptations aux environnements
variés de l'Asie du Sud.
• Culture de
Malwan (Pakistan, région du Sindh). - Cette culture est connue pour
ses industries lithiques bifaciales, avec des pointes de flèches et des
outils en pierre polie. Elle montre des influences eurasiennes du nord
et est associée à des habitats de plaine et de rivière.
Le
Pré-Aurignacien.
Le Pré-Aurignacien
ou Proto-Aurignacien (environ 45 000 à 35 000 ans avant le présent) correspond
à la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur.
On rencontre la culture pré-aurignacienne principalement en Europe, notamment
dans le sud de la France, et le Proche-Orient. Bien qu'elle tĂ©moigne dĂ©jĂ
des caractères du début de l'Aurignacien, certains groupes utilisent
encore la méthode Levallois pour produire des éclats, en parallèle de
nouvelles technologies de lame plus complexes.
Modes de vie et compétences
cognitives
Les Néandertaliens
et les Homo sapiens vivaient en petits groupes familiaux (clans ou bandes).
Des preuves archéologiques (ex. : soins aux blessés, aide aux personnes
âgées) indiquent une solidarité au sein des groupes. Ces groupes, par
ailleurs étaient nomades ou semi-nomades, se déplaçant en fonction des
saisons et des ressources disponibles.
Ils étaient des
chasseurs-cueilleurs, dépendant de la chasse au gros gibier, de la collecte
de plantes, de fruits, de noix et de la pĂŞche. Ils utilisaient des techniques
de chasse coopératives. Ils vivaient dans divers environnements, notamment
dans des campements en plein air, souvent situés près de sources d'eau.
Des preuves de structures temporaires, comme des huttes construites Ă
partir d'os de mammouth, ont été trouvées. Le contrôle du feu
était bien établi, utilisé pour se réchauffer, cuisiner et se protéger
des prédateurs. En plus des outils en pierre, des preuves d'outils en
os et en bois indiquent une diversification des techniques de fabrication
et d'utilisation des outils.
L'organisation des
ossements et des crânes dans certaines grottes pourrait indiquer des pratiques
rituelles ou symboliques. Certaines sépultures néandertaliennes(comme
celles de la grotte de Shanidar en Irak) montrent que les morts étaient
enterrés, parfois avec des offrandes. La présence de sépultures avec
objets, pigments et fleurs suggère une pensée symbolique et peut-être
des croyances en une vie après la mort.
L'art des Néandertaliens
était moins développés que chez Homo sapiens, mais des preuves récentes
montrent qu'ils créaient également des oeuvres d'art. Des coquillages
percés et colorés, retrouvés en Espagne et datant de plus de 50 000
ans, témoignent d'un souci esthétique et peut-être d'un statut social.
Des fragments d'ocre (un pigment rouge) ont été trouvés sur certains
sites, ce qui suggère qu'ils pouvaient utiliser ces matériaux pour la
parure corporelle ou des activités symboliques. Les plus anciennes traces
d'art pariétal connues datent d'environ 64 000 ans et ont été découvertes
en Espagne. Ces oeuvres sont attribuées aux Néandertaliens. |
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