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jusqu'en 1900 |
Les
populations préhistoriques ont laissé d'assez nombreuses
traces de leur existence sur le territoire qui correspond aujourd'hui au
département des Hautes-Pyrénées. Au débouché
des vallées supérieures du Gave de Pau, de l'Adour,
de la Neste, des cavernes contenant des gisements des âges de la
pierre ont été explorées avec soin; dans les grottes
de Lourdes, dans les grottes de Lortet et
de Tibiran, des ossements humains, des armes et des instruments de silex,
des bois de renne finement ciselés ont été découverts.
Plus à l'ouest est la grotte sépulcrale de Saint-Pé.
Plus tard, des populations qui font usage d'ornements et d'instruments en bronze s'établissent sur les bourrelets morainiques qui bordent les contre-forts des Pyrénées. On ne connaît de dolmens que ceux de la commune de Bize et celui d'Uzès, près de Loubajac, mais d'innombrables tombelles couvrent les landes d'Ossun et de Bartrès. Les fouilles ont livré des urnes en terre rouge, pleines de cendres, de fragments d'ossements, de débris d'ornements en bronze; d'autres tombelles ont été répertoriées sur les landes de Lannemezan. On ne sait quel fut le degré de parenté de ces différentes couches de populations avec les populations aquitaniques qui habitaient la région lors de l'arrivée de César dans les Gaules. A cette époque, les Bigerriones, Bigerrones ou Bigerri occupaient la Cité, devenue plus tard diocèse, de Bigorre, territoire aussi long du Nord au Sud, mais un peu moins large de l'Est à l'Ouest, que le territoire actuel du département des Hautes-Pyrénées. Son chef-lieu était Bigorra, qui serait le village actuel de Cieutat (arrondissement de Bagnères-de-Bigorre). La première rencontre des Romains et des Bigerri a lieu en 56 avant notre ère. César, pendant la troisième campagne des Gaules, détache de son armée P. Crassus avec douze cohortes et une nombreuse cavalerie, et l'envoie contre les Aquitains; malgré la prise de l'oppidum des Sontiates ou Sotiates (Sos, Lot-et-Garonne), les peuples pyrénéens, s'alliant avec les tribus, peut-être de même origine, de l'Espagne citérieure, prennent pour chefs d'anciens lieutenants de Sertorius et continuent la lutte; mais, vaincus dans une bataille, ils font en grande partie leur soumission et envoient des otages. Les Aquitains ne fournirent aucun secours à la grande levée de Vercingétorix. En 51, César, après avoir, dans sa huitième campagne, vaincu Lucterius et pris Uxellodunum, l'oppidum des Cadurci, vient avec deux légions visiter l'Aquitaine ou Novempopulanie, qui cette fois tout entière se soumet et envoie des otages. En l'an 27, une partie de la Gaule s'étant révoltée, la Novempopulanie, à laquelle Auguste avait adjoint quatorze peuples, se soulève également, et il semble que la cité de Bigorre fut le centre de la résistance. Le proconsul Valerius Messala fut envoyé contre les révoltés; d'après les traditions, la grande bataille où les Aquitains furent vaincus eut lieu entre Sainte-Marie-de-Campan et le col d'Aspin, dans la plaine du Pré Saint-Jean, appelée encore aujourd'hui le Camp Batalhé. Auguste traversa probablement la région lorsqu'il alla combattre les Cantabres et les Astures, et ce serait de cette époque que dateraient les thermes de Bagnères-de-Bigorre, de Cauterets, et peut-être de Capvern. Peut-être aussi l'Oppidum Novum (Lourdes), que traversait la voie romaine de Bordeaux et de Dax à Toulouse, fut-il construit alors pour contenir les populations turbulentes. Depuis la victoire de Messala, les Bigerri demeurèrent entièrement asservis, et bientôt, au dire de Sulpice-Sévère, ils se distinguèrent comme les autres Aquitains (au moins dans les hautes classes), parmi tous les peuples de la Gaule, par la pureté avec laquelle ils parlaient le latin; plus tard, un Bigorrais; Paul Axius, l'ami d'Ausone, fut le précepteur des enfants de l'empereur Valentinien. De nombreux monuments votifs romano-aquitains ont été trouvés à Montsérié et sur quelques autres points du département, nous livrant les noms de divinités locales et un assez grand nombre de noms aquitains. D'autres inscriptions purement latines ont été découvertes à Bagnères-de-Bigorre, à Capvern, à Tarbes, à Lourdes, etc. Le christianisme commença à être annoncé dans le Bigorre au IVe siècle, mais on ne trouve aucun nom d'évêque de la cité de Bigorre authentiquement antérieur à l'an 506. De 407 à 409 arrivent les Vandales, les Suèves, les Alains; « tout est ravagé, rien, rien n'est épargné, dit saint Jérôme, par ce fléau dévastateur »; puis viennent les Wisigoths, auxquels les Romains abandonnent en 419 la seconde Aquitaine, et qui s'emparent de la Novempopulanie. Ils s'établissent dans le pays et se partagent les terres décennaires et les terres abandonnées. En 466, toute la Gaule méridionale appartient à leur roi Euric, arien fanatique qui persécute les catholiques, chasse les prêtres, ferme les églises. Son fils Alaric, plus tolérant, s'occupe de l'organisation du pays, fait ouvrir ou réparer des routes, creuser des canaux. C'est à lui qu'est attribué le canal dit d'Alaric, dérivé de l'Adour près de Pouzac et arrosant toutes les terres de la rive droite du fleuve jusqu'au delà de Rabastens-de-Bigorre. C'est également lui qui, sous la direction du jurisconsulte Anien, fait rédiger pour ses sujets romano-aquitains le Code publié en 506, à Aire; mais il se trouve en contact avec les Francs, et en 507 Clovis détruit la domination wisigothique dans les Gaules à la grande bataille de Vouillé. Dès lors, l'Aquitaine appartient aux Francs et fait partie de l'un ou de l'autre de leurs royaumes, suivant l'ordre des partages. Les cités sont administrées par des comtes d'origine franque, les évêchés, les églises donnés à des Austrasiens. En 566, la cité de Bigorre est, avec la cité de Béarn, etc., le cadeau de noces de Chilpéric à sa femme Galswinthe, et passent après le meurtre de cette reine, à sa soeur, la célèbre Brunehaut. A la fin du VIe siècle, les Vascons, chassés d'une partie du versant méridional des Pyrénées par les Goths d'Espagne, passent en Novempopulanie, battent en 581 le duc Bladaste, dévastent le pays; mais, battus à leur tour, ils se soumettent, reçoivent pour duc un Franc, Génialis, et, abandonnant la plaine, se cantonnent dans les vallées connues ensuite sous les noms de Labourd, de Basse-Navarre et de Soule. En 629, Charibert II prend le titre de roi d'Aquitaine. C'est de lui que procéderaient les ducs de Gascogne, les comtes de Bigorre, d'Armagnac, les vicomtes de Béarn, etc., si l'on en croyait la fameuse charte d'Alaon, à peu près apocryphe selon les uns, tout à fait apocryphe selon les autres. Quoi qu'il en soit, la lutte fut très vive entre les populations de l'Aquitaine et les rois francs. En 688, le duc Eudes possède la région comprise entre la Loire et les Pyrénées, entre l'océan Atlantique et le Rhône, et avec ses seules forces il défait en 721, devant Toulouse, les Sarrasins, déjà maîtres de Narbonne. En 731 arrive une nouvelle invasion des Sarrasins. Cette fois, ce n'est plus une simple incursion, une grande razzia, c'est toute une innombrable armée; Eudes ne peut leur résister, le Bigorre et toute l'Aquitaine sont ravagés; il réunit alors ses forces à celles de Charles le Martel, et les Sarrasins, écrasés dans la grande bataille de Poitiers, s'enfuient vers les Pyrénées. Au dire des traditions locales, les débris de leur armée auraient été écrasés le 24 mai 733, dans la Lanne-Mourine. Puis la lutte recommence entre les Carolingiens et les ducs d'Aquitaine, ne laissant ni repos ni trêve à ce malheureux pays. En 773, Charlemagne va porter la guerre en Espagne, enlève en passant Mirambel, aujourd'hui Lourdes, à un émir sarrasin, tandis que son neveu Roland est vainqueur à Saint-Savin de trois farouches géants sarrasins, et que, après avoir abattu, en lançant des madriers de sapins, les murs du château de Castelloubon, il franchit la fameuse brèche qui porte son nom. Si vous en doutez, ou vous montrera près de Lourdes un petit étang creusé par le poids de son genou; on vous montrera à gauche de la route, dans la haute vallée du Gave de Pau, la trace du pas de son cheval... Toutes ces légendes, reflets des chansons de geste, sont peut-être aussi vraies (ou fausses, au choix) qu'une partie de l'histoire admise de cette époque peu connue. En 778, au retour d'Espagne, ont lieu à Roncevaux la défaite et la mort de Roland; et, peu après, Charlemagne crée en faveur de son fils Louis, qui vient de naître, le royaume d'Aquitaine, donnant ainsi une apparence de satisfaction aux désirs d'autonomie des Aquitains; mais il a soin de distribuer les comtés et les évêchés à ses leudes, et il donne aux Espagnols qui l'ont suivi dans sa retraite les trop nombreuses terres vacantes du Bigorre. Ce royaume eut un siècle d'existence. En 877, Louis le Bègue, son dernier roi, monte sur le trône de France, et l'Aquitaine n'est plus qu'un des grands fiefs du royaume. En 820, paraît pour la première fois le nom d'un comte de Bigorre, Donat-Loup. Vers 840, les Vikings dévastent le pays, brûlent les villes, emmènent les habitants en esclavage, et, pénétrant dans la partie moyenne des hautes vallées, ils détruisent le monastère du palais Émilien, fondé par Charlemagne, et que reconstruit en 945, sous le vocable de saint Savin, Raymond, premier comte historique du Bigorre, qui donne à l'abbaye la vallée de Cauterets et ses bains. En 1062, Bernard ler met son comté sous la protection de Notre-Dame du Puy-en-Velay, constituant une rente annuelle et perpétuelle de 60 sols morlans , à payer par lui et par ses successeurs, au chapitre de cette église. Cette donation eut plus tard une grande importance dans l'histoire de la possession du comté, et le premier acte des prétendants fut d'acquitter la rente consentie par le comte Bernard, afin de se faire reconnaître comme légitimes possesseurs de la terre de Bigorre. En 1097, Bernard Il fait compiler et rédiger les anciennes coutumes du pays, comme elles avaient été arrêtées et ordonnées par Bernard son aïeul. C'est pourquoi il assembla tous les hommes avancés en âge qui s'étaient mêlés du gouvernement des affaires du temps de Bernard Ier ou qui avaient été instruits des anciens usages par des gens entendus; et, sur leur rapport, fit dresser la compilation des coutumes. C'est ce qu'on appelle les Fors de Bigorre. Les comtes de Bigorre furent mêlés activement aux affaires du royaume d'Aragon et combattirent vaillamment contre les Maures. Le comté passe successivement, par le mariage de l'héritière, dans les maisons de Carcassonne, de Béarn, de Marsan, etc., mais en gardant son autonomie; et si, en 1270, la suzeraineté de la vicomté d'Aure et des Quatre-Vallées fut détachée du Bigorre, c'est qu'elle n'avait jamais fait partie intégrante du comté. En 1171, Bagnères-de-Bigorre reçoit une charte d'affranchissement; puis Tarbes, Lourdes, Vic, lbos, Maubourguet, etc., sont tour à tour érigées en communes. De nouvelles villes, jouissant des mêmes privilèges, sont fondées au XIIIe siècle et au commencement du XIVe : Lannemezan, Lubret, Montfaucon, Rabastens, Saint-Martin, Trie, etc. Quant aux vallées supérieures, telles que la vallée de Barèges, ce sont de véritables petites républiques, concluant, sans intervention du comte, des paxeries ou traités de paix, non seulement avec les vallées voisines du Bigorre et du Béarn, mais encore avec les vallées espagnoles de la Tena, de Broto, de Bielsa. Elles s'administrent elles-mêmes, et lorsque le comte veut pénétrer sur le territoire de la vallée de Barèges, il est obligé pour sa sûreté d'exiger des otages. Vers la fin du XIIe siècle, la doctrine des Albigeois se répand dans le Bigorre. Gaston de Moncade, vicomte de Béarn, comte de Bigorre, par suite de son mariage avec la comtesse Pétronille, suivant l'exemple du comte de Toulouse et de tous les seigneurs du Midi, protège ses sujets hérétiques contre l'armée de Simon de Montfort. Gaston, excommunié, perd et reprend Lourdes et le comté de Bigorre; mais fin opportuniste, comme le furent presque tous les seigneurs de Béarn, pour prolonger une lutte qui ne devait lui rapporter aucun profit, il se hâte, après la bataille de Muret (1212), d'abandonner le parti du comte de Toulouse; en 1214, il abjure ses choix antérieurs, obtient des lettres d'absolution et fait lever l'anathème dont il avait été frappé. Mais il meurt en 1215, et la comtesse Pétronille épouse en 1216 Gui, le second fils de Simon de Montfort, qui devient par le fait de son mariage comte de Bigorre. Les Albigeois furent chassés du comté, sauf du château de Lourdes, que Montfort ne put réduire. En 1258, le traité de Corbeil, conclu entre le roi saint Louis et Jacques, roi d'Aragon, régla définitivement les droits de suzeraineté des deux couronnes sur les fiefs pyrénéens. En échange de l'abandon des droits du roi de France, héritier de Charlemagne, sur l'ancienne marche d'Espagne : les comtés de Roussillon, de Cerdagne et de Barcelone, le roi d'Aragon abandonne tous ses droits de suzeraineté sur les fiefs situés au nord des Pyrénées, autres que le Roussillon; mais la vallée française d'Aran, retenue par les Aragonais en 1198, lors du mariage de Pétronille avec Gaston de Béarn, comme ne faisant point partie du comté de Bigorre, fit oubliée dans le traité et resta possession aragonaise, de même qu'elle fut oubliée, en 1659, dans le traité des Pyrénées. La comtesse Pétronille, mariée cinq fois, avait eu des enfants de ses différents maris. Sa succession donna lieu à des luttes opiniâtres, du vivant même de son petit-fils Esquivat, reconnu comte de Bigorre, qui engage successivement sa terre à Montfort, comte de Leicester, à Thibault de Champagne, roi de Navarre, à Gaston VII de Béarn. A sa mort, en 1284, le roi d'Angleterre, duc de Guyenne, voulant s'emparer de ce riche héritage, s'empresse de faire hommage du Bigorre à l'église de Notre-Dame du Puy-en-Velay et d'acquitter la rente de 60 sols morlans, consentie par Bernard Ier, tandis que les États de Bigorre reconnaissent comme comtesse, Constance, fille aînée de Gaston VII de Béarn et petite-fille de Pétronille. Mais le roi de France, Philippe le Bel, représentant les droits de sa femme, Jeanne de Navarre, suscite le chapitre de Notre-Dame du Puy à attaquer devant le parlement de Paris, comme entaché de nullité, le contrat fait avec le roi d'Angleterre et refuse de recevoir l'hommage de Constance de Béarn. Le parlement prononce le séquestre, et le comté est mis sous la main du roi de France, qui en devient possesseur provisionnel. Philippe le Bel rachète au chapitre du Puy, moyennant une rente annuelle et perpétuelle de 500 livres tournois, les droits de suzeraineté que le chapitre pouvait avoir sur le comté, et après avoir fait faire, en l'an 1300, une enquête sur la valeur du Bigorre, prête serment d'observer les fors et coutumes. Le comté, donné en apanage à Charles, comte de la Marche, devenu plus tard le roi Charles le Bel, était alors divisé en sept bailies ou vigueries : Tarbes, Bagnères-de-Bigorre, Mauvesin, Goudon, Lavedan, Barèges et Vic-en-Bigorre, et payait par abonnement 4000 livres tournois pour tous droits comtaux. En 1360, à la suite du traité de Brétigny, le Bigorre est cédé aux Anglais, et en 1361, les barons, les villes et communautés prêtent serment de fidélité au prince Noir, représentant du roi d'Angleterre. Mais bientôt, le pays, exaspéré par les exactions des Anglais, se soulève, et le duc d'Anjou, frère du roi Charles V, vient soutenir les Bigorrais. Tout le plat pays et le château de Mauvesin sont enlevés par les Français. Il ne reste plus aux Anglais que le château de Lourdes, le Lavedan et Barèges; mais le sénéchal anglais en Bigorre ayant eu la maladresse de donner gain de cause aux Espagnols, au sujet de pâturages en litige, les Barégeois se soulèvent à leur tour, appellent à leur aide le comte de Clermont, et, avant à leur tête le brave Auger Coffite, de Luz, ils s'emparent des châteaux de Sainte-Marie-en-Barèges et de Castelnau-d'Azun, et bientôt les Anglais n'ont plus dans tout le Bigorre que Lourdes, qu'ils conservent jusqu'en 1418. En 1425, Jean de Foix, vicomte de Béarn, héritier de Constance, obtint, en récompense de ses services contre les Anglais, que le procès relatif à la possession du Bigorre fût jugé, et le parlement de Paris, l'ayant reconnu pour légitime héritier, lui donna main-levée du séquestre. Charles VII adhéra à cet arrêt, et, par lettres-patentes du 18 octobre 1425, il ordonna à ses officiers de remettre le fief entre les mains du comte de Foix, vicomte de Béarn. Le procès avait duré 139 ans. De 1425 à 1566, le comté de Bigorre, sagement administré par les seigneurs de Béarn, devenus rois de Navarre, répare ses pertes et devient florissant. La Réforme, prêchée par les ministres que protégeait sous main la cour de Navarre, y fit peu de progrès; quelques barons et leur entourage l'accueillirent seuls favorablement, et la grande majorité des Bigorrais resta catholique. Aussi, lorsque la reine Jeanne d'Albret, devenue protestante, voulut, en 1566, interdire dans le comté les processions publiques et les enterrements dans les églises, une partie de la population se souleva; elle dut retirer son édit et assurer, en 1567, le libre exercice des deux cultes. Les actes de ceux qui se disaient protestants n'étaient, d'ailleurs, pas faits pour plaire aux Bigorrais : un bandit de la vallée d'Aure, Jean Guilhem, se déclarant l'ennemi du catholicisme, rassemble une bande de tuchins (coquins) et de mécontents, pille les églises de Ger, de Pintac, etc., et s'empare de l'antique et riche abbaye de l'Escaledieu; mais bientôt, assailli par quelques seigneurs catholiques, il est pris avec ses principaux lieutenants et mis à mort. Le roi de France, en qualité de suzerain du Bigorre, saisit l'occasion de ces premiers troubles; et Antoine de Lomagne, baron de Terride, reçoit, en 1569, l'ordre de marcher contre les huguenots du Béarn et du Bigorre. Jeanne, de son côté, appelle à son aide le comte de Montgommery; alors commence une guerre sans merci entre catholiques et protestants. Chaque parti, à son tour, brûle et tue. Tous les monastères, toutes les églises du Bigorre sont saccagés par les protestants; toutes les villes prises par Montluc, chef des catholiques et de l'armée royale, sont mises à sac. Tarbes est dévastée par les protestants : Rabastens, par les catholiques. En 1571 a lieu la paix de Saint-Germain. En 1572, Henri de Bourbon hérite de sa mère, Jeanne d'Albret, épouse Marguerite de Valois et devient Henri II roi de Navarre avant d'arriver au trône de France sous le nom de Henri IV. Le 24 août. 1572 a lieu la Saint-Barthélemy, et le 2 septembre suivant, Henri, contraint et forcé, abjure le calvinisme. Tarbes, abandonnée depuis trois ans par ses habitants, se repeuple; mais la lutte recommence entre les protestants du Béarn et les Bigorrais. Pour ajouter aux malheurs de ce pays qui voulait rester à la fois catholique et royaliste, les ligueurs et toute la population du Comminges, jusqu'aux paysans assemblés, se ruent sur la plaine du Bigorre : « Il n'a jamais été vu de pareil désordre, quant au pillage, depuis le commencement des guerres... Capitaines, soldats, valets et volontaires étaient si chargés de meubles, que la charge leur était ennuyeuse. Aussi, après ce brigandage, les paysans de Bigorre abandonnèrent la culture des terres par manque de bestail, et la plus grande partie d'iceux print la route d'Espaigne. »En 1589, arrive la peste qui dépeuple Bagnères-de-Bigorre. Enfin, en 1594, Henri IV ayant abjuré le calvinisme, les Bigorrais, avec l'aide de Caumont de la Force, se délivrent des ligueurs et des protestants, et la paix est solennellement célébrée à Tarbes. Le comté de Bigorre, réuni à la couronne de France le 18 juillet 1607, conserva tous ses fors, coutumes et privilèges, ainsi que ses états particuliers, présidés (1611) par l'évêque de Tarbes. Les États votaient la répartition de l'impôt, s'occupaient des intérêts généraux de la province et défendaient ses droits. Dès lors l'histoire du comté se confond avec l'histoire générale de la France. Un moment, au XVIIe siècle, le conseil du roi ayant voulu introduire la gabelle en Bigorre, pays rédimé, un bandit basque, Audijéos, profita de l'occasion pour susciter des troubles; mais, grâce à l'intervention des états, les lettres relatives aux gabelles furent retirées et les troubles cessèrent. Le Bigorre n'était astreint qu'à un droit de traite qui variait de 9 à 10 livres par quintal de sel. Le séjour du duc du Maine et de Mme de Maintenon à Barèges, la rédaction (1670) des coutumes des Vallées et (1704) du Lavedan, quelques troubles locaux à propos de gens accusés de sorcellerie, l'ouverture de la route de Tarbes à Barèges, sous l'intelligente administration de l'intendant d'Étigny, sont, heureusement, pour les Bigorrais, à peu près les seuls faits à signaler du XVIIe au XVIIIe siècle. En 1789, Louis XVI réunit au gouvernement de Bigorre, après avoir consulté les états du pays, le Nébouzan et les Quatre-Vallées. Ces dernières, séparées du comté de Bigorre depuis l'an 1270, s'étaient mises; en 1475, sous la main du roi de France, et elles avaient, ainsi que le Nébouzan, leurs états particuliers. Cette réunion précéda de peu de temps la convocation des États généraux, et en 1790 le comté de Bigorre devint le département de Bigorre, et peu après le département actuel des Hautes-Pyrénées. Après la Révolution
de 1789 le territoire des Hautes-Pyrénées n'a été
le lieu d'aucun grand fait; il ne s'y est passé que des événements
n'ayant qu'une portée locale, depuis que le département a
été constitué en 1790. On le composa, cette année-là,
du Bigorre, des Quatre-Vallées, de fractions du Nébouzan,
de l'Astarac, de l'Armagnac, tous pays dépendant
de la province de Gascogne. Le Bigorre - on dit aussi la Bigorre
-, fournit environ les deux tiers du pays, et en général
ce qui y forme aujourd'hui le bassin de l'Adour; il donna les quatre sous-pays
dont il se composait : la Montagne, suffisamment décrite par
ce nom et qui comprenait en effet toutes les vallées, tous les monts
du haut Gave et du haut Adour, de Gavarnie à Saint-Pé et
du Pic du Midi à Bagnères-de-Bigorre; la Plaine, dont le
nom suffit également, autour de Tarbes, capitale de tout le Bigorre;
la Rivière-Basse, sur lies deux rives de l'Adour de Vic, de Maubourguet,
de Castelnau; le Rustan, sur l'Arros inférieur, avec chef-lieu à
Saint-Sever (de Rustan), au Sud-Est de Rabastens. - Les Quatre-Vallées,
c'était trois vallées réelles à l'Est de la
contrée, les vallées d'Aure, de Louron, de Barousse, et la
vallée de Magnoac, qui n'était pas un val, mnais un prolongement
Nord-Nord-Est du plateau de Lannemezan. Le Nebouzan, situé pour
la plus grande part en Haute-Garonne (autour de Saint-Gaudens),
fournit aux Hautes-Pyrénées les environs de Lannemezan et
de Tournay-sur-Arras (il séparait les trois vallées véritables
des Quatre-Vallées, de la fausse vallée de Magnoac (au Nord);
- de l'Armagnac et de l'Astarac, les Hautes-Pyrénées n'ont
presque rien tiré : c'est le département du Gers qui les
a confisqués presque totalement. (A. Joanne).
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