| Jayme ou Jacques Ier est un roi d'Aragon, surnommé le Conquérant ou le Belliqueux, né à Montpellier en 1206. Fils de Pierre II, il monta sur le trône en 1213, après la mort de son père, et trouva le royaume partagé entre deux factions qui se disputaient le gouvernement. Les Etats lui ayant prêté serment de fidélité, Jacques fut confié, à cause de son extrême jeunesse, aux soins de Guillaume de Mouredon, grand maître des Templiers, et gardé dans le château de Monzon, officiellement afin qu'il ne fut pas exposé aux entreprises des factieux. Ennuyé bientôt de cette de captivité, il décida les seigneurs de son parti à le conduire à Saragosse. A peine était-il arrivé dans son palais, que les grands qui conspiraient contre lui l'y firent garder à vue. Jacques parvint à s'échapper, se rendit à Huesca, et, par une conduite pleine de fermeté et de modération, finit par se concilier tous les partis. Devenu paisible possesseur de ses États, il résolut de tourner ses armes contre les Maures, fit une expédition aux Îles Baléares, attaqua Majorque, défit les Maures sur le rivage, marcha vers leur capitale, et, montant le premier à l'assaut, il s'empara de la place, et soumit cette île à l'Aragon. Jacques entreprit ensuite la conquête du royaume de Valence. Sous prétexte de marcher au secours de Zeith, l'un des deux princes maures qui se disputaient ce royaume, il y pénétra, et, profitant de ses avantages, força son antagoniste à lui livrer la capitale. Adopté par le roi de Navarre Sanche IV, et désigné pour lui succéder, Jacques eut la générosité de renoncer à ce royaume en faveur de Thibaud, comte de Champagne, oncle de Sanche. Il obtint, par le traité de Corbeil (1256), la renonciation de Saint Louis aux comtés de Barcelone et de Roussillon et à la seigneurie de Montpellier Ce prince eut différents démelés avec le pape, qui voulait rendre son royaume tributaire de l'Église romaine. Sa passion immodérée pour les femmes lui causa des chagrins violents et des remords, mais sans que jamais Il songeât sérieusement à se corriger. Il mourut à Xativa, le 27 juillet 1276, âgé de 70 ans, après en avoir régné soixante-trois. Avant d'expirer, il se revêtit de l'habit de l'ordre Cîteaux, faisant veau de finir ses jours dans le cloître et la pénitence, si sa santé se rétablissait. Il avait écrit lui-même la chronique de son temps. Il laissa deux fils qui régnèrent, l'un sur l'Aragon, sous le nom de Pierre III, l'autre sur Majorque, sous le nom de Jacques I. (Z.). | |