|
Le Val d'Aran
ou Vallée d'Aran est une vallée adossée, au
Sud, à la crête des Pyrénées
centrales, depuis les cimes orientales du massif des monts Maudits jusqu'aux
sommets qui dominent le port de la Bonaïgue, et bornée, au
Nord, par une ligne de montagnes bien moins élevées, dont
les sommets principaux sont les pics Maubermé et de Crabère.
C'est dire que la vallée d'Aran, qui est rattachée politiquement
à l'Espagne
et dépend de la province de Lérida (Catalogne),
appartient à la France
par sa situation géographique : toutes les eaux de son territoire
sont tributaires de la Garonne;
la flore y est également caractéristique du versant Nord
des Pyrénées.
La Garonne prend sa source, au pied du
col de Béret, traverse toute la vallée de l'Est à
l'Ouest, puis du Sud au Nord, et pénètre en France par le
défilé de Pont-du-Roi, à 590 m d'atitude, qui marque
la frontière entre la France et l'Espagne. La population est répartie
entre trente-deux bourgs, villages ou hameaux, dont les principaux sont
Viella, qui est la capitale, Salardu et Bosost. Le pays est froid; son
agriculture traditionnellement ne produit guère que du blé
noir, du seigle, des pommes de terre, des forêts. Jusqu'au percement
du tunnel de Viella (5 km), ouvert au trafic en 1948, le Val d'Aran restait,
pendant une grande partie de l'année, séparé de l'Espagne
par les neiges, et les fonctionnaires, pour s'y rendre l'hiver, passaient
par la France et par Toulouse.
Par leur langue, qui est dérivée
du languedocien (Les
langues d'Oc), les habitants se rapprochent plus de leurs voisins français
que des Espagnols de Catalogne, auxquels ils confinent. Les Aranais, comme
les Andorrans, vivent aujourd'hui surtout du commerce transfrontalier et
des sports d'hiver (stations de Salardu et de Viella, notamment).
Dans le passé, le commerce des mulets
et la contrebande, ainsi qu'une maison de jeux au Pont-du-Roi étaient
leurs principales sources de revenu.
-
Visualisation
3D du Val d'Aran. (Nasa World Wind).
Le Val d'Aran a été très
anciennement habité; c'est l'un de ces refuges naturels où
durent se retirer les populations voisines refoulées par les invasions
des époques préhistoriques. On a signalé, dans les
montagnes environnantes, des alignements granitiques, des cromlechs,
des menhirs, notamment sur la rive gauche
de la Noguera Pallaresa. Des inscriptions et des débris antiques,
parmi lesquels un buste d'Isis transporté
au musée de Toulouse, témoignent
que le pays fut habité à l'époque romaine. Les eaux
de Lès, notamment, étaient fréquentées et il
reste des ex-voto de malades reconnaissants
qui leur durent la santé au IIe
ou au IIIe siècle de notre ère.
Il est bien difficile de suivre l'histoire de l'Aran à travers la
période gallo-romaine et les siècles du haut Moyen
âge. Il devait faire partie, après la constitution des
fiefs,
du comté de Comminges.
De même que la plupart des vallées
perdues dans un repli des Pyrénées, celle-ci fut littéralement
oubliée pendant de longues années et jouit d'une indépendance
de fait à peu près absolue (les
Républiques pyrénéennes). En 1119 cependant, elle
fut attribuée par le roi d'Aragon à
Centulle de Bigorre, et à la fin du
siècle, à l'occasion du mariage de Gaston
de Béarn avec Béatrix de Bigorre, Alphonse d'Aragon,
donnant à celle-ci les domaines qui lui revenaient, spécifia
qu'il retenait la terre d'Aran. Les Albigeois
trouvèrent des sectateurs dans ces vallées reculées,
qui plus tard eurent encore à souffrir des Guerres
de religion. Au XVIIe siècle,
le traité des Pyrénées
attribua définitivement à l'Espagne ce petit pays. Napoléon
l'incorpora à la Haute-Garonne; il échappa à la France
en 1815.
Le Val d'Aran, si riche en sites pittoresques
et grandioses, ne possède que de rares édifices dignes d'attirer
l'attention. Cependant, on y a signalé, en outre des monuments mégalithiques
dont il a déjà été parlé : l'église
de Betren, dont les trois absides à
pans coupés sont d'un bel effet; celle de Bosost, du XIIe
siècle, dont le territoire possède aussi les restes du château
de Castera; les ruines du château de Castel-Léon, qui fut
encore restauré en 1589; l'église de Garros, avec sa tour
carrée; les restes des fortifications de Salardu; l'église
de Viella, avec ses boiseries, ses peintures
et sa Vierge en ivoire; des maisons à tourelles et à colonnettes
Renaissance,
dans la même ville, etc.
La plupart des églises
sont couronnées par une tour octogonale à toit pointu; certaines
possèdent des roues à clochettes comme il en existe dans
toute la région pyrénéenne. |
|