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Brunehaut

Brunehaut, fille d'Athanagilde, roi wisigoth d'Espagne, née en 534, morte à Renève en Bourgogne le 28 février 613. Elle épousa en 566 Sigebert (Moyen âge, Mérovingiens), roi d'Austrasie, après avoir abjuré l'arianisme entre les mains de l'évêque de Metz. A l'occasion de son mariage, le poète Fortunat composa un épithalame. Après le meurtre de Galswinthe, femme de Chilpéric, fille aînée d'Athanagilde, Brunehaut résolut de venger sa soeur; à son instigation, Sigebert déclara la guerre à son frère Chilpéric. Gontran, qui était d'abord allié à Sigebert, prit le rôle de médiateur et décida de tenir une assemblée pour le rétablissement de la paix. Il réussit à faire accepter par Brunehaut comme la cession des cités de Bordeaux, Limoges, Cahors, Béarn et Bigorre, que sa soeur Galswinthe avait reçues à titre de dot et de morgengabe. Mais le roi Chilpéric se promit, sinon de reprendre ces villes, au moins de leur substituer d'autres villes du domaine de son frère. En l'année 573, il lança avec une armée son fils Clovis sur la ville de Tours. Maire de cette place, Clovis se dirigea vers Poitiers qui lui ouvrit ses portes. A la nouvelle de cette agression inattendue, Sigebort invoqua l'aide de Gontran, qui aussitôt envoya son général Mummolus reprendre Tours et Poitiers. Une expédition de Théodebert, l'aîné des fils de Chilpéric, fut plus heureuse. Mais en 574, Sigebert rassembla des hordes de païens qu'il fit venir de la Germanie; ils commirent de tels excès qu'il dut les renvoyer au delà du Rhin. Provoqué à nouveau en 575, Sigebert s'empara de Paris, bloqua Chilpéric dans Tournai ; les leudes neustriens venaient de lui offrir la couronne de Chilpéric quand il fut assassiné au milieu même de son camp, à Vitry-sur-Scarpe (575). Cette mort délivra Chilpéric et Frédégonde qui, sortant de Tournai, marchèrent sur Paris et s'en emparèrent.

Brunehaut tomba en leur pouvoir. Mais elle avait eu soin de sauver son fils Childebert, que le duc Gondebaud avait conduit à Metz. Childebert II, à peine âgé de cinq ans, y fut proclamé roi d'Austrasie. Quant à Brunehaut, elle fut exilée à Rouen. C'est là que Mérovée, fils de Chilpéric et d'Audovère, touché de sa beauté, vint la rejoindre et l'épousa. Frédégonde présenta aux yeux de Chilpéric le mariage de son fils comme un acte de rébellion. Chilpéric courut à Rouen, s'empara des deux époux et, tandis qu'il faisait tondre Mérovée, il laissa Brunehaut rejoindre son fils à Metz. Celle-ci mit son fils Childebert sous la protection du roi Gontran. Mais l'an 583 Childebert fit alliance avec Chilpéric, l'ennemi de Gontran. En 584, Chilpéric mourut assassiné; si l'on en croit le chroniqueur Frédégaire, Brunehaut aurait ainsi vengé sur Chilpéric le meurtre du roi Sigebert; mais on doit se mettre en garde contre l'opinion de Frédégaire, qui se montre partout dans son histoire hostile à Brunehaut. Quoi qu'il en soit, cette reine sut ménager entre son fils Childebert Il et le roi Gontran un traité d'alliance qui fut conclu à Andelot  en 587.

Après la mort de Childebert (596), qui avait hérité du royaume de Gontran, ses États furent partagés entre ses fils Théodebert Il et Thierry II. Brunehaut administra d'abord les deux royaumes d'Austrasie et de Bourgogne. Cette princesse et Frédégonde, n'ayant plus personne pour les retenir, donnèrent libre carrière à leur inimitié. Une première rencontre des armées austrasienne et neustrienne eut lieu à Laffaux (Latofao), entre Soissons et Laon; les troupes de Brunehaut furent vaincues. La mort frappa Frédégonde au lendemain de sa victoire. C'était pour sa rivale l'occasion d'une facile revanche. Mais Brunehaut était en lutte avec les leudes austrasiens; elle crut les faire rentrer dans l'obéissance en se débarrassant par un meurtre de leur chef, le duc Wintrio; ce crime ne fit que porter à son comble la colère des grands. Brunehaut dut quitter Metz (599). Elle se réfugia en Bourgogne auprès de son fils Thierry . Elle chercha à l'exciter contre son frère Théodebert, à qui elle gardait rancune de l'avoir abandonnée dans sa lutte contre les leudes. Elle fit donner la charge de maire du palais à son favori Protade. Puis Thierry marcha contre Théodebert. Mais, arrivés en Austrasie, les leudes ou farons de Bourgogne, au moment d'engager le combat, assaillirent Protade dans la tente royale, le mirent à mort et forcèrent les deux rois à s'embrasser (605). Brunehaut fit périr les meurtriers de son favori. En 607, elle ordonna la lapidation de saint Didier, évêque de Vienne, qui avait osé condamner et flétrir les désordres du roi Thierry. La guerre se ralluma entre celui-ci et son frère en 610. Deux ans après, Théodebert tomba aux mains de son frère; on le conduisit à Chalon-sur-Saône, où Brunehaut lui fit d'abord couper les cheveux, puis le fit mettre à mort. Thierry mourut peu après (612). Les leudes austrasiens et bourguignons, craignant de tomber sous la tyrannie de Brunehaut, invitèrent Clotaire à venir s'emparer des deux royaumes. En vain Brunehaut envoya-t-elle au roi de Neustrie des ambassadeurs pour le prier de laisser aux enfants de Thierry les États de leur père. 

Clotaire s'avança dans les plaines de Châlons-sur-Marne ; l'armée de Sigebert, l'aisé des enfants de Thierry, abandonna son roi. Brunehaut, qui était à Metz, s'enfuit; atteinte dans la villa d'Orbe, près du lac de Neuchâtel, par Herpon, son confident, elle fut livrée à Clotaire. Celui-ci, après lui avoir reproché la mort des victimes de Frédégonde, la fit promener sur un chameau à travers le camp, puis lier par les cheveux, par un bras et par un pied à la queue d'un cheval indompté qui mit son corps en pièces. Brunehaut avait quatre-vingts ans.

Fortunat loue la grâce et la beauté de cette reine. Grégoire de Tours la cite comme un modèle de vertu; le pape saint Grégoire comme une reine pieuse, une vertueuse régente, une mère chrétienne. Brunehaut avait essayé de rétablir chez les Francs l'administration romaine. Elle fit accomplir pendant sa régence de grands travaux, veillant à la réparation des routes, à la construction de châteaux forts; le souvenir en a été conservé dans les noms de chaussées de Brunehaut, tours de Brunehaut, que la tradition populaire assigne à beaucoup de voies romaines et à quelques vieilles constructions (Monuments de Brunehaut). Les restes de Brunehaut furent transportés dans l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, qu'elle avait fondée, et enfermés dans un sarcophage de marbre blanc. (M. Prou).

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Dictionnaire biographique
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