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Baldaquin,
anciennement baldachin ou baudequin (du bas latin baldechinum,
nom d'une riche étoffe tissue d'or et de soie, brodée, et
venant, dit-on, de Bagdad ou de Babylone,
qu'on appelait autrefois Baldac ou Baudac); dais ou couronnement
d'autel élevé sur plusieurs colonnes,
et qui remplaça le ciborium.
A ce dais étaient jadis appendues
de riches tentures de baldechinum, et l'étoffe a donné son
nom à l'ensemble du couronnement. Les tentures sont désignées,
dans le Liber pontificalis d'Anastase, sous les noms de tetravela
et de circitorium. Le baldaquin était
surmonté d'une croix, coutume plus ancienne que celle de mettre
la croix sur l'autel lui-même.
On voyait dans cette construction l'image
de l'Arche d'alliance ou une allusion au Tabernacle
de l'ancienne loi; car le baldaquin recouvrait les mystères ou sacrements
de la loi nouvelle. Au-dessous on suspendait l'hostie dans une pyxide on
tour d'or en forme de colombe.
Le bois et la tenture ont été
abandonnés de bonne heure pour le bronze
et le marbre, que les dimensions gigantesques
du baldaquin rendaient nécessaires. Le plus grand que l'on connaisse
est celui de la basilique de Saint-Pierre,
à Rome, porté sur 4 colonnes torses,
et construit par le Bernin, en 1633; les colonnes,
d'ordre composite, et hautes de 11,30
m, sont surmontées d'un entablement, aux angles duquel il y a des
anges debout; quatre hautes consoles renversées se réunissent
dans le milieu, et supportent un globe sur lequel est placée une
croix. Entre ces consoles, deux Chérubins
ailés portent les attributs de la papauté, la tiare et les
clefs de saint Pierre. Ce baldaquin est tout en bronze doré, a 28,
76 m de hauteur, nécessita 186,392 livres de métal enlevé
au portique du Panthéon, et coûta
100,000 écus romains.
Exécuté sous le pape Barberini
(Urbain VIII), il inspira la satire suivante
: Quod non fecere Barbari, fecere Barberini, parce que le pape n'avait
pas craint de dépouiller plusieurs monuments pour orner la basilique
de Saint-Pierre.
Le baldaquin de l'église
Sainte-Marie-Majeure, élevé par les ordres de Benoît
XIV, sur les dessins de Fuga, est soutenu par 4 colonnes corinthiennes
de porphyre, entourées de palmes dorées; 6 anges de, marbre,
sculptés par Pierre Bracci, le surmontent.
On peut citer encore le baldaquin de Saint-Jean-de-Latran
à Rome, ceux de Santo-Spirito à Florence,
du Val-de-Grâce et des Invalides
à Paris, etc, La Renaissance
du XVIe siècle à fait tomber
la plupart des anciens baldaquins, qui ont été remplacés
par les autels à retables.
On donne aussi le nom de baldaquin au couronnement
du trône d'un souverain, du siège épiscopal dans une
église, d'une chaire à prêcher, du banc-d'oeuvre
des marguilliers, aux dais ou ciels de lit, dans les appartements; aux
dais en pierre sculptés qui sont au-dessus de la tête des
statues dans les églises, et aux dais portatifs, en menuiserie et
tapisserie, qui servent dans les processions.
(E. L.). |
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