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Contrefort

Contrefort. - Elément de construction faisant saillie à l'intérieur ou à l'extérieur d'une maçonnerie pour la renforcer au droit d'une charge ou d'une poussée quelconque. Les Anciens connurent cette nécessité d'établir des contreforts pour résister à la poussée des terres, notamment dans la construction des gradins de leurs théâtres et ils employèrent à cet effet un système assez ingénieux, dont on a retrouvé de nombreux vestiges en Gaule et qui consistait en la construction de demi-tours rondes qu'ils laissaient vides afin d'économiser les matériaux et la main-d'oeuvre. Mais l'utilité des contreforts et leur rôle dans l'architecture à l'extérieur des édifices religieux où ils devaient prendre une place si considérable, s'imposa surtout lorsque, renonçant au système de charpente en bois qui servait dans l'Antiquité à couvrir les basiliques, mais qui fut partout la cause de nombreux incendies, les maîtres d'oeuvres du Moyen âge se mirent à voûter les nefs et les collatéraux des églises en berceaux et en demi-berceaux, lesquels exercèrent sur les murs extérieurs des poussées d'autant plus fortes que, dans la plupart des édifices, ces poussées étaient reportées et accumulées sur quelques points isolés, grâce au système devenu général d'arcs doubleaux, de formerets et d'arêtiers employé dans la construction des voûtes.
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Notre-Dame de Paris : contreforts.
Contreforts de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Il fallut donc renforcer les points d'appui partout où ils recevaient les retombées des voûtes, aussi bien sur la façade principale que sur les façades latérales et sur la façade absidale et, avec le développement de l'architecture romane puis de l'architecture ogivale, l'extérieur des grands édifices du Moyen âge, surtout des églises et des salles communes, présenta, à partir du Xe siècle et jusqu'à la fin du XVe, c.-à-d. pendant plus de cinq cents ans, une succession de saillies diversement construites, d'abord massives et liées à la construction, puis ajourées et ne s'y rattachant que par quelques points, et saillies plus ou moins richement décorées, mais répondant à une nécessité inéluctable de construction. Aussi Viollet-le-Duc (Dictionnaire de l'Architecture, t. I, p. 60) a-t-il pu écrire, à propos de l'arc-boutant, lequel n'est autre que le contrefort ajouré servant à contre-buter la poussée des voûtes en arcs d'ogive (V. l'exemple de la cathédrale de Beauvais, ci-dessous), que demander une église gothique sans arcs-boutants, c'est demander un navire sans quille, l'arc-boutant étant pour l'église comme la quille pour le navire une question d'être ou n'être pas. 

Les contreforts constituent donc, un élément primordial de l'architecture du Moyen âge, d'abord à l'état de contreforts proprement dits, véritables piliers verticaux présentant un grand empâtement à la base et faisant corps avec la maçonnerie des murs pendant la période romane, puis, plus tard, à l'état d'arcs-boutants se détachant de la construction et servant à relier les parties de murs recevant les poussées des voûtes des hautes nefs aux contreforts verticaux établis dans le plan de division des basses-nefs et des chapelles
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Contrefort de l'abside de l'église de Vétheuil.
Contrefort de l'abside de l'église de Vétheuil.

Nous donnons deux exemples de ces différents systèmes de contreforts. Le premier (ci-dessus) est un exemple de contreforts primitifs, élevés au commencement du XIIIe siècle, au pourtour de l'église de Vétheuil, près de Mantes. L'architecte a voulu, à l'aide de ces contreforts, opposer à la courbe des poussées exercées par les arcs de la voûte une butée oblique, composée d'une succession de retraites formant autant de glacis et venant, à la partie supérieure des contreforts, affleurer le larmier de la corniche de l'abside. De plus, pour économiser de la pierre et en alléger la masse en même temps que pour faciliter peut-être l'exécution des travaux de réparation dans l'avenir, un passage extérieur règne tout au pourtour du chevet un peu au-dessous des appuis des fenêtres
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Contreforts de l'église saint-Pierre-le-Guillard, à Bourges.
Contreforts du clocher de l'église 
Saint-Pierre-le-Guillard, à Bourges.

Le second exemple (ci-dessous) montre le développement du système des arcs-boutants poussé à l'extrême par les constructeurs de la cathédrale de Beauvais, ce type par excellence du mode de construction de l'architecture gothique arrivé à ses limites extrêmes. Comme on peut le voir, les murs, entre les contreforts accentuant et consolidant les points d'appui, sont réduits à la plus faible épaisseur possible et sont encore percés, à leur partie supérieure, d'immenses fenêtres; une double volée d'arcs-boutants reporte la poussée des arcs des voûtes sur les contreforts montant de fond et se prolongeant au-dessus du départ de ces arcs; enfin, en certains endroits de l'édifice, on remarque que l'arc-boutant supérieur sert à la conduite des eaux pluviales provenant du haut comble de l'église
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Contreforts de la cathédrale de Beauvais.
Contreforts de la cathédrale de Beauvais.
Contreforts de la cathédrale de Beauvais. 

Avec la Renaissance et son style charmant d'architecture imité de l'Antiquité, plus de contreforts massifs ni de volées d'arcs-boutants, mais des chaînes saillantes, reliées par des arcs, comme au château-vieux encore existant de Saint-Germain-en-Layeet bientôt des pilastres ou des colonnes engagées ou dégagées, mais superposées à la façon des ordres antiques, ainsi qu'en offrent de nombreux édifices des XVIIe et XVIIIe siècles et même quelques édifices encore plus récents. Les pavillons du nouveau Louvre sur le square du Carrousel, à Paris, montrent ainsi de véritables contreforts composés de colonnes superposées et surmontées, dans l'étage supérieur, de s renversées formant atterrissements, tandis que, à l'église Saint-Augustin, à Paris, les colonnes en fonte, appliquées à l'intérieur des points d'appui de la nef et recevant les retombées des arcs portant des voûtes, sont, elles aussi, de véritables contreforts et en remplissent la fonction. (Charles Lucas).
Cathédrale de Chartres : contreforts.

Les contreforts de la cathédrale de Chartres. Photos : © Serge Jodra, 2009 - 2011.
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Dictionnaire Architecture, arts plastiques et arts divers
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