| On donne le nom d' Itinéraire (du latin iter, gén. itineris, chemin) à des ouvrages où l'on décrit, soit certaines routes, soit toutes les routes d'un pays ou d'un État. Ces sortes de livres sont précieux pour les géographes, surtout s'ils se rapportent à l'Antiquité. II est vraisemblable que, dans l'empire des Perses, où les routes militaires et le service postal étaient l'objet d'une attention toute particulière, le gouvernement possédait des documents sur la direction et la longueur des routes, les localités qu'elles traversaient, les distances qui séparaient les stations les unes des autres. Ces documents ont dû être connus d'Hérodote. Nous avons quelques fragments d'Itinéraires rédigés par des Grecs, tels que les Stathmes (stations) d'Asie par Amyntas, écrivain d'une époque inconnue, les Stathmes de l'expédition d'Alexandre par Béton et Diognète, et les Stathmes parthiques rédigés au temps d'Auguste par Isidore de Charax. Les Romains eurent deux sortes d'Itinéraires : les Itineraria picta ou cartes routières, et les Iteneraria scripta ou annotata, itinéraires écrits, donnant différents genres de renseignements. Agrippa avait consigné dans ses Commentaires les résultats des opérations géodésiques décrétées par tout l'empire romain au temps de J. César; d'après cet ouvrage de son ami, Auguste fit représenter, par la peinture ou en mosaïque, sur les murs du Portique que Pola Vipsania, soeur d'Agrippa, avait élevé dans le Champ-de-Mars, un Orbis terrarum que Pline l'Ancien a certainement consulté. On croit qu'une révision de cet Orbis fut faite au temps d'Alexandre Sévère, et qu'il servit ensuite pour l'exécution de la Table dite de Peutinger qui nous est parvenue. Parmi les Itinéraires écrits, le plus important est l'Itinéraire d'Antonin, divisé en deux parties, l'Itinéraire des provinces et l'Itinéraire maritime. Henri Estienne, qui le publia en 1512, l'attribuait à Antonin le Pieux ou à Marc Aurèle, opinion qui n'est pas adoptée. Quelques savants ont prétendu qu'il fut fait au temps de J. César par trois géographes ou ingénieurs, et reçut sa forme d'Antonin : mais il y a des noms de villes qui n'ont pu être donnés que plus tard, comme Dioclétianopolis, et d'ailleurs les routes de la Gaule et de la Grande-Bretagne s'y trouvent. D'autres supposent que l'Itinéraire d'Antonin est l'ouvrage d'un géographe du IIIe ou du IVe siècle, qui emprunta le nom de cet empereur pour lui donner crédit, ou qu'il fut composé longtemps après, en exécution d'un projet conçu par lui. Ce qu'on peut tenir pour certain, c'est que le premier fond de l'Itinéraire a été enrichi par des additions successives. Certains Itinéraires latins ne donnent qu'un seul routier : tels sont les trois Itinéraires de Cadix à Rome, gravés sur trois vases d'argent qu'on a découverts en 1852 à Vicareilo (près du lac de Bracciano), et l'Itinerarium burdigalense ou hierosolymitanum, qu'un pèlerin composa en 333 pour l'usage des voyageurs qui voudraient se rendre de Bordeaux à Jérusalem. Angelo Maï a publié à Milan, en 1817, sous le titre d'Itinerarium Alexandri, une courte description de l'expédition d'Alexandre le Grand en Perse, ouvrage dédié par un inconnu à l'empereur Constance lorsqu'il entreprit, en l'an 345, sa seconde expédition contre les Perses. Les Itinéraires poétiques pourraient bien ne pas figurer avec grand fruit dans les collections utiles à la géographie. Sans parler de certains voyages chantés par Lucilius, par Horace et par Ovide, on sait que Jules César avait raconté en vers son voyage de Rome dans l'Espagne Ultérieure; que Perse composa dans sa jeunesse des odoiporica; que Lactance décrivit également en vers son voyage d'Afrique à Nicomédie. Nous avons l'Itinéraire de Rome en Gaule par Rutilius Numatianus (en 416) et le voyage que fit à Limoges, Théodulfe, évêque d'Orléans sous Charlemagne. Certains voyages à la Terre Sainte, écrits au Moyen âge, portent le nom d'Itinéraires; tels sont : Itinerarium B. Antonini martyris, vers l'an 600; S. Willibaldi vira seu Hodoeporicon, 722; Bernardi monachi Sapientis Itinerarium ad loca sancta, 870; Itinéraire de Benjamin de Tudèle, 1160; Gerardi Friderici I in Egyptum et Syriam ad Saladinum legati Itinerarium, 1175; Magistri Thetmari iter ad Terram Sanctam, 1217, publié par T. Tobler, Berne, 1851. Les modernes ont quelquefois donné le nom d'Itinéraires à de purs récits de voyage; tel est l'Itinéraire de Paris à Jérusalem, par Chateaubriand. On trouvera dans ce site de brèves notices sur les Itinéraires (au sens propre ou non) suivants : Itinéraire de Paris à Jérusalem, par Chateaubriand Itinéraire d'Alexandre Itinéraire d'Antonin Itinéraire de Bordeaux ou de Jérusalem Itinéraire de la Grèce, par Pausanias | |