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Strabon

Strabon, Strabo, est un écrivain et géographe grec. On ne connaît pas avec précision la date de sa naissance ni celle de sa mort. Il naquit vers le milieu du Ier siècle av. J.-C., il vivait encore pendant les premières années du règne de Tibère; il mourut aux environs de l'année 20 ap. J.-C. Il était originaire du Pont; sa ville natale était Amasie (Amasya).

Il descendait, par sa mère, d'une famille grecque, dont quelques membres jouèrent un rôle assez important auprès des rois du pays, en particulier auprès de Mithridate Eupator : le général Dorylaos, qui fut vaincu par Sylla à Orchomène, était un de ses ancêtres; son grand-père Moaphernès abandonna le parti de Mithridate et négocia pour son propre compte avec Lucullus

Strabon reçut une instruction soignée : il suivit, à Nysa de Carie, les cours du célèbre rhéteur et grammairien Aristodemos; il fut aussi l'élève du grammairien Tyrannion; comme maître de philosophie, il eut le péripatéticien Xenarchos de Séleucie; mais il préféra la philosophie stoïcienne aux doctrines d'Aristote

La littérature, l'histoire, la philosophie tinrent dans l'éducation de Strabon une place plus grande que les mathématiques et l'astronomie; il possédait fort bien les poètes grecs les plus fameux, et entre tous Homère; mais il n'avait pas la science d'un Eratosthène, d'un Hipparque, d'un Ptolémée. Ses véritables maîtres, ses guides habituels furent les historiens Ephore et Polybe

Strabon voyagea beaucoup et visita un grand nombre de pays, depuis les frontières de l'Arménie jusqu'aux rivages de la mer Tyrrhénienne, depuis les bords du Pont-Euxin (Mer Noire) jusqu'aux confins de l'Ethiopie; mais il ne parcourut pas dans tous les sens les pays compris entre ces points extrêmes; par exemple, il ne fit que traverser la Grèce par Athènes, Mégare, Corinthe et Argos; en Italie, il se rendit de Brindes à Rome et poussa vers le Nord jusqu'à Populonium et Luna; de l'Afrique  il ne visita vraiment que l'Egypte. Quant à l'Europe occidentale (Gaule, Espagne, Bretagne), aux régions rhénanes et danubiennes, à l'Afrique propre, à la Numidie et à la Maurétanie, il ne les connut que par les récits des historiens et des géographes.
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Strabon
Strabon.

Nous savons par Plutarque et par Strabon lui-même que Strabon écrivit, sous le titre de Souvenirs historiques, un ouvrage en 43 livres, qui commençait au point où se terminaient les Histoires de Polybe, et qui se continuait peut-être jusqu'à la bataille d'Actium. Mais nous ne possédons que son grand ouvrage géographique, intitulé Géographie, qui nous est parvenu à peu près complet : il ne manque que la fin du VIIe livre, dont plusieurs fragments se sont néanmoins conservés. Strabon a lui-même caractérisé son oeuvre et nettement indiqué l'esprit dans lequel il la conçut : tout en accordant aux mathématiques le rôle qu'elles doivent jouer dans la géographie, Strabon met surtout en lumière la nécessité morale et politique de cette science. 

« La géographie nous paraît être autant qu'aucune autre science du domaine du philosophe [...]. La géographie répond surtout aux besoins de la vie politique; [...] elle exerce une influence directe sur la conduite des chefs d'Etat; ces chefs s'acquitteront mieux du détail de leur administration, s'ils connaissent l'étendue, la situation exacte de leur pays, toutes les variétés de climat et de sol qu'il peut présenter. En somme, le présent ouvrage s'adresse à tout le monde, aux politiques et aux simples particuliers, et par ce mot de politiques, nous désignons ceux qui ont parcouru le cercle entier des études dont se compose toute éducation libérale et philosophique. » 
L'oeuvre de Strabon est donc une description générale de la Terre connue des Anciens, qui insiste de préférence sur les faits importants, qui comprend beaucoup de notions historiques et de souvenirs littéraires, qui s'efforce, de donner pour chaque région moins des notions mathématiques qu'une physionomie générale.
 « Notre ouvrage, dit-il, reproduit uniquement les grands traits et les effets d'ensemble ». 
Strabon a exercé envers et contre ses prédécesseurs une critique parfois injuste. Il cite souvent Homère, qu'il appelle, à l'imitation, dit-il, d'Hipparque, le fondateur de la science géographique; il emprunte beaucoup à Eratosthène, à Hipparque, à Polybe; mais il se montre d'une sévérité excessive pour Hérodote, pour Pythéas de Marseille; il puise presque uniquement aux sources grecques, sans attribuer une importance suffisante aux auteurs latins qui vivaient avant lui; tout au plus se sert-il de César pour la Gaule et les régions voisines, et de quelques autres généraux et voyageurs romains. Son oeuvre n'en est pas moins très précieuse, en raison des nombreux renseignements géographiques et historiques qu'elle renferme : à ce point de vue, elle rend à la science moderne plus de services que les énumérations très sèches de Pline et le livre plus scientifique de Ptolémée
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Géographie de Strabon
La Géographie de Strabon (édition de Casaubon, 1620).
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La Géographie de Strabon est divisée en 17 livres. Le premier est une sorte d'introduction générale; dans le second, l'auteur critique les théories géographiques d'Eratosthène et d'Hipparque. Avec le troisième livre commence la description proprement dite des diverses contrées de la Terre connue des Anciens, qui sont passées en revue dans l'ordre suivant : l'Ibérie (livre III), la Bretagne, la Gaule et le versant Nord des Alpes (I. IV), l'Italie et ses dépendances (l. V et VI), l'Europe septentrionale et tout le Nord de la péninsule des Balkans jusqu`à la Grèce proprement dite (I. VII), la Grèce et les îles (I. VIII, IX, X), l'Asie antérieure (l. XI, XII, XIII, XIV), la Perse et l'Inde (I. XV), l'Assyrie, la Mésopotamie, la Syrie, la Phénicie, la Palestine, l'Arabie (I. XVI), enfin toute l'Afrique du Nord (l. XVII).

Malgré quelques erreurs (notamment sur la direction des Pyrénées), c'est, avec celui de Ptolémée, le meilleur ouvrage de ce genre que nous ait laissé l'Antiquité : l'histoire, la religion, les moeurs, les institutions des différents peuples y sont mêlées aux descriptions géographiques; l'histoire doit à ce livre une foule de renseignements précieux. Strabon a joui au Moyen âge d'une telle autorité qu'on ne l'appelait que le Géographe. (J. Toutain).



Editions anciennes - Le principal manuscrit de Strabon est le Codex Paris 1393, qui est à la Bibliothèque nationale. Parmi les éditions, nous citerons l'édition princeps, chez Alde (Venise, 1516); l'éd. Casaubon (Genève, 1587; Paris, 1620); l'éd. Falconer (Oxford, 1807); l'éd. Siebenkiess (Leipzig, 1841); l'éd. Koray (Paris, 1815-1818); l'éd. Kramer (Berlin, 1844-1847); l'éd. Ch. Muller, dans la collection Didot (Paris, 1858) ; l'éd. Meineke (Leipzig, 1852-1853).

Parmi les traductions, les plus importantes sont : la traduction allemande de Grosskurd (Berlin et Stettin, 1831-1833); la trad. française de La Porte du Theil et Koray, terminée par Letronne, avec la collaboration de Gosselin (Paris, 1805-1819); la trad. française d'Amédée Tardieu (Paris, 1867-1894).

Le monde de Strabon.
La carte de la Terre, d'après Strabon, dessin de O. MacCarthy.
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