| Comble, assemblage de charpente qui supporte un toit. La principale partie en est la ferme, espèce de cadre on chevalet vertical qui se place transversalement sur les principaux points d'appui de la construction : ainsi, dans les églises, on met les fermes sur les trumeaux, dans l'axe des contre-forts et des arcs-boutants. Une ferme se compose de 2 arbalétriers, formant les côtés; d'un entrait, qui, posé horizontalement, les relie à leur pied pour contenir l'écartement; et d'un poinçon, descendant verticalement du sommet de l'angle sur le milieu de l'entrait, ou bien posant sur un faux entrait, que soutiennent deux aisseliers. Les fermes sont maintenues à leur sommet par un faîtage, pièce longitudinale qui règne dans toute la longueur du toit; leurs pieds posent sur l'entrait, ou sur une pièce de charpente appelée sablière, qui pose à plat sur le mur et court sur toute sa longueur. D'autres pièces longitudinales, espacées, nommées pannes, servent à relier entre eux les arbalétriers des fermes, et à soutenir les chevrons, pièces intermédiaires posées suivant l'inclinaison des arbalétriers, et sur lesquelles se fixent les lattes ou voliges qui doivent recevoir la couverture. La brisure d'un comble qui forme un angle rentrant se nomme noue; celle qui, au contraire, forme un angle saillant, se nomme arêtier. Le comble droit est celui dont les deux pentes sont rectilignes, et le comblé brisé, celui dont la pente est formée de deux lignes d'inclinaison. On appelle comble à la Mansart, du nom de l'architecte Mansart à qui on en a attribué l'invention, celui dont la partie inférieure se relève de manière à se rapprocher beaucoup de la verticale, et permet d'établir sous les toits de petites chambres basses (mansardes) que la trop grande inclinaison du toit aurait empêché d'être habitables. Le comble à deux égouts forme deux versants inclinés en sens contraire à partir du faîtage; il est dit à bât d'âne, quand les deux pignons le dépassent des deux côtés, comme ou en voit beaucoup d'exemples dans les Flandres. Le comble simple ou appentis n'a qu'une seule pente; le comble pyramidal ou en pavillon est formé de quatre ou d'un plus grand nombre de faces triangulaires; le comble conique a la base circulaire. Le comble en croupe se termine, à une de ses extrémités, par une surface circulaire, conique ou plane, qui relie les deux pentes longitudinales; par exemple, les parties des combles qui couvrent les absides circulaires ou polygonales des églises. "On a fait, dit Quatremère de Quicy, plus d'une recherche pour établir une théorie pratique d'après laquelle on pût fixer les pentes des combles en raison de la température de chaque climat et de la manière dont ils doivent être couverts. Il est généralement reconnu que dans les pays chauds il pleut moins souvent que dans les pays tempérés; mais on sait aussi que les pluies y sont plus abondantes. La quantité d'eau qui tombe à la fois et la température de l'air sont telles qu'il faut très peu de pente à l'écoulement, et que les toits sont secs presque aussitôt que la pluie a cessé. Dans les pays tempérés, les pluies sont moins abondantes, mais plus fréquentes; l'écoulement est moins rapide, et les toits, plus lents à sécher, demandent une plus grande pente. Dans les pays froids, les pluies sont plus fines, la température plus humide, et les neiges qui séjournent longtemps sur les combles nécessitent une pente encore plus considérable. Il doit donc y avoir une proportion à observer pour la pente des combles, et cette proportion peut trouver une règle approximative dans les degrés de température de chaque climat. On doit observer encore que les combles destinés à être couverts en plomb, en zinc ou autre métal, ont besoin d'une moindre pente, la couverture ne devant former qu'une seule pièce. Les tuiles ont besoin de plus de pente que le plomb, et les tuiles plates, ainsi que l'ardoise, en veulent plus que les tuiles creuses." Les peuples de l'antique Orient, dont le pays produisait la pierre en gros blocs, recouvrirent d'abord leurs constructions avec des pierres d'énorme dimension, qui souvent formaient plafond à l'intérieur et étaient taillées extérieurement en pente pour faciliter l'écoulement des eaux : on en a des exemples dans les ruines de Ninive, en Égypte, et dans l'ancienne Grèce. Mais de pareils recouvrements n'étaient possibles que pour de petits édifices, et, quand on éleva de grands monuments, il fallut recourir au bois. Vitruve nous apprend que, parmi les modèles grecs de combles en charpente, figuraient l'Odéon d'Athènes et le temple de Déméter, les temples d'Artémis à Éphèse et d'Apollon à Utique. Ces combles avaient une double pente qui suivait l'inclinaison du fronton. Ils étaient pou inclinés, ce qui nécessitait l'emploi de bois d'un fort équarrissage pour résister à la charge des tuiles. Les constructions particulières furent quelquefois surmontées de combles en carènes, présentant l'aspect de navires renversés : c'est de là qu'un quartier de Rome, situé entre le mont Esquilin et la porte Capène, tira son nom de Carinae. Les basiliques chrétiennes des premiers siècles étaient recouvertes de combles semblables à ceux des monuments païens, au-dessous desquels étaient rapportés des plafonds à soffites. Dans beaucoup de nos églises de la période romane, les combles restèrent apparents; les diverses parties en furent souvent ornées et peintes, comme en Italie. Mais à partir de la fin du XIe siècle, ils furent cachés par les voûtes, sur lesquelles même ils s'appuyèrent quelquefois, au grand préjudice de leur solidité. L'arête longitudinale ou faîtage des combles fut ornée de crêtes et de dentelures en pierre, en fer ou en plomb, et le poinçon de croupe supporta un ange ou une figure sainte, comme on le voit encore à la Sainte-Chapelle de Paris. Les toitures primitives des cathédrales gothiques eurent assez souvent une faible pente; mais au XVe et au XVIe siècle on les renouvela et on les remplaça par des combles élevés, à versants rapides, qui concoururent à l'effet extérieur des monuments. Au XVIIe siècle, les monuments civils reçurent ces combles à la Mansart dont, la plupart des châteaux royaux (et c'était aussi le cas autrefois de celui des Tuileries) et beaucoup de grands hôtels nous offrent des exemples. Depuis cette époque, l'étude des oeuvres de l'Antiquité a ramené les architectes vers les combles de forme primitive à deux versants. A partir du commencement du XIXe siècle, on a taillé des combles en berceau de voûte : ainsi furent faits ceux des maisons de la rue de Rivoli, à Paris, commencée en 1804; on revient aussi aux combles mansardés, non plus surmontés d'un toit comme au XVIIe et au XVIIIe siècle, mais d'un terrasson couvert en zinc, de sorte que les chambres mansardées, n'étant plus embarrassées de fermes, d'entraits, ni de poteaux, en sont plus spacieuses, et qu'il ne reste dans le faîte des maisons aucun grenier perdu, c.-à-d. inhabitable. (B.). | |