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Les
premières traces d'occupation humaine dans la région bulgare remontent
au Paléolithique. Des outils en pierre,
des ossements d'animaux et des artefacts ont été découverts, témoignant
de la présence de chasseurs-cueilleurs. La transition vers l'agriculture
et la sédentarisation marque le Néolithique.
Les premières communautés agricoles apparaissent, comme celles de la
culture de Karanovo, avec des maisons en terre, des poteries décorées
et des outils en pierre polie. L'Âge du bronze
voit l'émergence de plusieurs cultures importantes dans la région, telles
que la culture de Varna (4500 - 4000 av. JC), réputée pour ses riches
tombes funéraires et ses objets en or. La culture de Barrow est également
notable pour ses tumulus et ses objets en bronze. La région devient un
carrefour important pour les échanges commerciaux et culturels entre les
civilisations de l'Antiquité. Les contacts avec les civilisations voisines
comme celles des Mésopotamiens, des Égyptiens et des Grecs influencent
les pratiques locales.
Vers 1200 av. JC,
à partir du début de l'Âge du fer, la région est dominée par la culture
thrace. Les Thraces sont un groupe de peuples indo-européens qui s'installent
en Bulgarie et dans d'autres parties des Balkans. Ils établissent des
royaumes et des cités-états, comme les royaumes de Triballia et de Bessinia.
Les Grecs établissent des colonies le long des côtes de la mer Noire
et de la mer Égée, comme Apollonia (aujourd'hui Sozopol) et Mesembria
(aujourd'hui Nessebar). Ces colonies exercent une influence culturelle
et économique sur la région thrace. Un sous-groupe des Thraces, les Gètes,
occupe une partie de la Bulgarie actuelle. Ils sont souvent en conflit
avec les Romains et jouent un rôle important dans l'histoire militaire
et politique de la région.
À partir du Ier
siècle av. J.-C., les Romains étendent leur empire dans les Balkans.
En 29 av. JC, la région est intégrée dans la province romaine de Thrace.
Les Romains construisent des routes, des villes et des infrastructures,
établissant des fortifications le long des frontières pour protéger
l'Empire contre les incursions des peuples barbares. La province de Thrace
est administrée par les Romains, et des villes comme Philippopolis (aujourd'hui
Plovdiv) et Serdica (aujourd'hui Sofia) se développent comme centres administratifs
et commerciaux. Les Romains introduisent des réformes administratives
et un mode de vie urbain influencé par les coutumes romaines. Ala fin
de l'Empire romain, la région est influencée par des migrations et des
invasions de peuples germaniques et scythes. Les mouvements de ces groupes
commencent à perturber la stabilité régionale.
A dater du Ve
siècle de l'ère chrétienne, les Slaves pénétrèrent dans la péninsule
balkanique, non point par une invasion brusque, mais par une lente infiltration;
au VIe siècle, ils arrivèrent en bandes
plus considérables et poussèrent jusqu'au Péloponnèse .
Ils assiégèrent Salonique à diverses reprises, mais sans pouvoir s'en
emparer. En somme, au VIIe siècle, ils
formaient au Nord et au Sud du Balkan le fond de la population; mais ils
n'avaient ni unité ni organisation politique étendue. Cette organisation
leur fut donnée par un peuple étranger, les Bulgares de la Volga ( Les
Turks ),
dont une autre branche a laissé son nom à la ville russe
de Bolgary .
Une tribu de ce peuple passa le Danube en 679, sous la conduite du khan
Asparoukh, s'allia aux Slaves contre l'empereur byzantin
et réussit à grouper en une seule masse les tribus diverses des Severtsis,
des Timotchans, des Moravi, des Smolians, des Dragovitchi, etc. Ainsi les
Bulgares actuels, comme les Français, comme les Russes, ont pris le nom
d'une tribu étrangère; leurs premiers souverains portent des noms ouraliens
: Kroum, Omortag, Soursouboul, Alogobotour. On parlait dans leur entourage
trois langues : le grec, le slave et le bulgare, comme on parlait chez
les rois mérovingiens
le latin et le tudesque; mais la langue des envahisseurs ne devait pas
tarder à disparaître, comme le tudesque a disparu en France .
Elle a laissé fort peu de traces.
Kroum (802-807) porta
ses armes victorieuses jusqu'aux portes de Constantinople.
L'un de ses successeurs, Boris ou Bogoris, se
convertit au christianisme
(864); peu à peu malgré les révoltes des boïars, le peuple bulgare
imita l'exemple du souverain; l'élément slave, grâce au christianisme,
prit définitivement le dessus et absorba les éléments ouraliens. Le
tsar Siméon (893-927) accrut le territoire de la Bulgarie, étendit ses
frontières jusqu'à l'Ibar, la Save, et s'empara même de la Valachie
et d'une partie de la Hongrie .
Il établit sa capitale à Preslav, dont on voit encore aujourd'hui les
ruines insignifiantes auprès de Choumen, et fut l'un des princes les plus
lettrés de son époque. Son fils Pierre épousa une princesse byzantine .
Après sa mort, la
Bulgarie tomba dans l'anarchie et se divisa en deux royaumes. L'hérésie
des Bogomiles s'y répandit. La Bulgarie fut
attaquée et envahie tour à tour par les Russes ,
les Grecs ,
les Serbes ,
les Petchénégues ( Les Turkmènes );
à la fin du Xe siècle, un empereur byzantin ,
Basile
II, reçut le titre de tueur de Bulgares. Vers cette époque, la capitale
de l'État bulgare était à Ochrida, en Macédoine .
De 1018 à 1196, Ia Bulgarie fut soumise à l'empire grec. Sous le règne
d'Isaac II l'Ange, deux boïars, Jean et Pierre Asan (ou Asen), réussirent
à délivrer leur pays et fondèrent une dynastie nationale qui subsista
jusqu'en 1257. La Bulgarie affranchie toucha les trois mers; la ville de
Trnovo (Tarnovo), sa capitale, était au dire des Grecs, "une seconde Constantinople";
le tsar s'intitulait dans les documents latins : Imperator Bulgarorum
et Blacorum; roi de Blaquie et de Boulgrie, écrit Villehardouin;
sur leurs monnaies ils étaient représentés tenant d'une main un globe
et de l'autre un glaive surmonté d'une croix. Après la mort du dernier
Asanide,
la Bulgarie tomba de nouveau en décadence; elle fut envahie et occupée
en partie par le tsar serbe Douchan le Fort, qui s'empara de la Macédoine.
Certains Serbes s'appuieront beaucoup plus tard sur le souvenir de cette
conquête éphémère pour revendiquer la Macédoine. D'autre part, les
Turcs
occupèrent Philippopoli. Le pays se divisa en deux royaumes, dont l'un
eut pour capitale Trnovo et l'autre Viddin.
En 1382, les
Turcs
pénétrèrent jusqu'à Sofia
: après la chute de l'état serbe
(1389), ils s'emparèrent de Trnovo et le tsar Jovan Schichman disparut,
tué ou fait prisonnier (1393), Viddin fut pris en 1396. Sa chute marque
la fin de l'indépendance bulgare. Le pouvoir politique passa aux mains
des Osmanlis ,
le pouvoir spirituel aux mains du clergé grec, qui peu à peu réussit
à éliminer les prêtres bulgares de tous les postes supérieurs; un grand
nombre de Bulgares se firent musulmans .
Leurs descendants le sont encore aujourd'hui; ils portent le nom de Pomaks
et vivent dans le Rhodope ou dans le Nord de la Bulgarie. Les enfants mâles
furent périodiquement enlevés pour recruter le corps des janissaires .
Le nom même de la Bulgarie disparut; elle devint le gouvernement du beglerbey
de Roumélie ;
cependant, certains districts conservèrent sous le nom de districts militaires
une indépendance relative. Ils étaient commandés par des voiévodes
(voïvodes) indigènes, nommés par le sultan, et tenus de remplir auprès
de ses armées certains services militaires. Ces districts étaient particulièrement
situés au Sud des Balkans. A différentes reprises, les Bulgares essayèrent
de se révolter, mais en vain; un certain nombre d'entre eux émigrèrent
en Roumanie
et en Transylvanie ;
quelques-uns se firent heïdouques ou klephtes (c'est-à -dire brigands)
et, réfugiés dans les montagnes, tinrent tête aux autorités musulmanes.
A la fin du XVIIIe
et au commencement du XIXe siècle, le
pays eut horriblement à souffrir des brigands connus sous le nom de Kirdjalis,
qui le ravagèrent sans merci; le pacha Pazvan
Oglou, établi à Viddin ,
tint tête aux armées du sultan et se constitua un véritable État indépendant.
Cependant la conscience nationale commençait à se réveiller grâce aux
écrits des Paisii, des Sofroni; les succès
des Grecs
et des révoltés serbes
permettaient aux Bulgares d'espérer des jours meilleurs; mais il leur
était difficile d'imiter l'exemple de leurs voisins; la Bulgarie du Sud
était trop près de Constantinople;
les plaines de la Bulgarie du Nord étaient peu favorables aux guérillas.
A diverses reprises, en 1806, en 1829, les heïdouques prêtèrent leur
concours aux troupes russes ;
mais la Bulgarie ne retira aucun profit des expéditions des Russes contre
les Osmanlis .
Impuissants au point de vue militaire, les patriotes concentrèrent toute
leur activité sur les écoles et la question religieuse; pour échapper
à la domination du clergé phanariote, ils songèrent d'abord à embrasser
l'Union et à reconnaître la suprématie spirituelle du pape; puis ils
s'efforcèrent d'obtenir l'indépendance de leur église.
Après de longues
et pénibles négociations ils y réussirent; un firman (= édit)
rendu en 1870 les reconnut comme communauté religieuse indépendante.
A la tête de cette communauté était l'exarque résidant à Constantinople.
Le premier exarque fut installé en 1872. Cette communauté nouvelle fut
excommuniée par le patriarche grec, mais elle ne tint aucun compte de
cet anathème
peu désintéressé. Ce fut là un succès très important, c'était en
quelque sorte la reconnaissance officielle de la nationalité bulgare.
Cependant l'Empire ottoman
s'efforçait d'autre part de paralyser le développement de cette nationalité
et elle établissait en Bulgarie des colonies tcherkesses dont les indigènes
avaient singulièrement à souffrir. Des chefs de heïdouques (notamment
le célèbre Panaiot Hitov, Rakovski, le poète Botev) s'efforcèrent Ã
diverses reprises de soulever le peuple.
Lorsque l'insurrection
éclata en Bosnie
et en Herzégovine
(1875), des mouvements se produisirent également en Bulgarie, notamment
à Panagiourichte et à Koprivchtitsa, à Gabrovo, à Drenovo. Les Turcs
déchaînèrent contre les insurgés les Bachi-bouzouks et les Pomaks,
qui mirent le pays à feu et à sang; plus de soixante localités furent
incendiées, on évalua le nombre des victimes à douze mille. Ces «-horreurs
bulgares », flétries par Gladstone, émurent
l'Europe
qui envoya des commissaires en Bulgarie et réclama, en vain d'ailleurs,
l'autonomie des provinces bulgares. La Russie
prit alors les armes pour défendre ses coreligionnaires. Ses troupes passèrent
le Danube le 3 juillet 1877 et, après une série de combats sanglants
dont les pays bulgares furent constamment le théâtre et où des troupes
indigènes jouèrent un rôle honorable (affaires de Plevna, de Gorni-Doubniak,
Chipka, etc.), elles arrivèrent aux portes de Constantinople.
Par le traité de
San Stefano (3 mars 1878) la Russie
exigeait la constitution d'une grande Bulgarie, vassale du Sultan, qui
comprenait tous les pays situés entre le Danube, la mer Noire et la Mer
Egéen sauf les environs de Constantinople,
Salonique et la presqu'île de Chalcidique .
Mais la diplomatie européenne intervint; on craignait que cette grande
Bulgarie ne fût l'avant-garde ou l'avant-poste de la Russie sur la Mer
Egée. Le traité de Berlin
(juillet 1878) modifia complètement celui de San Stefano. Il divisait
les pays bulgares en trois tronçons l'un, situé au nord du Balkan, constituait
une principauté vassale et tributaire de l'Empire ottoman ,
gouvernée par un prince élu avec l'agrément des puissances; l'autre,
située au sud du Balkan, constituait la Roumélie orientale ,
province autonome, régie par un gouverneur chrétien nommé par le Sultan
et accepté par les puissances; d'autre part, la Dobroudja
fut donnée à la Roumanie
: Pirot, Nich et Vrania adjugés à la Serbie ;
tous les autres pays bulgares (la Macédoine et la région d'Andrinople )
restaient sous la domination immédiate des Turcs. ( La
Question d'Orient ).
Au mois de décembre
1878 le général Dondoukov-Korsakov, gouverneur intérimaire de la Bulgarie
du Nord, convoqua une assemblée constituante à Trnovo; après avoir rédigé
la Constitution, cette assemblée élut comme prince de Bulgarie Alexandre
de Battenberg, un jeune officier russe ,
d'origine allemande .
Son règne (1879-1886) est surtout remarquable par le rôle prépondérant
que la Russie joua dans la nouvelle principauté. Elle fournit des officiers
à son armée et des ministres à son gouvernement. Le premier gouverneur
de la Roumélie
fut Aleko Pacha; au bout de cinq ans, il fut remplacé par Krstevitch ou
Gavril Pacha (1884). Une commission internationale dota cette province
d'un statut organique, rédigé d'après les principes de l'administration
française. Mais l'état de choses fondé par le traité de Berlin
ne pouvait être durable : au Nord comme au Sud du Balkan, les Bulgares
ne dissimulaient pas leurs aspirations vers l'unité. Au mois de septembre
1885, une révolution, d'ailleurs pacifique, éclata à Philippopoli (Plovdiv).
Le gouverneur Gavril Pacha Krstevitch, qui avait récemment succédé Ã
Aleko-Pacha, fut enlevé dans son konak et emmené à Sofia ;
un gouvernement provisoire proclama l'union et appela le prince Alexandre,
qui se rendit immédiatement en Roumélie et fit à Philippopoli une entrée
triomphale; les grandes puissances furent surprises et déconcertées par
ce mouvement, qui mettait à néant une des clauses du traité de Berlin.
On soupçonnait la Russie d'y être pour quelque chose. Mais elle désapprouva
cette révolution prématurée qui s'était faite sans son aveu et qui
pouvait la compromettre.
L'empereur Alexandre
de Russie
rappela les officiers russes qu'il avait prêtés à la Bulgarie et raya
le prince Alexandre des cadres de son armée. Le roi de Serbie ,
Milan, crut le moment favorable pour arrondir son royaume aux dépens de
la Bulgarie; sous prétexte de maintenir l'équilibre des puissances balkaniques,
il passa la frontière et marcha sur Sofia .
Il fut repoussé aux combats de Tsaribrod, Slivnitsa, et vit la Serbie
envahie (novembre 1885 ). Grâce à l'intervention de l'Autriche ,
qui arrêta la marche victorieuse du prince Alexandre, la paix fut conclue
à Bucarest
entre les Serbes et les Bulgares.
La Turquie
reconnut le prince Alexandre comme gouverneur de la Roumélie orientale ,
mais la Russie
refusa énergiquement d'accepter l'état de choses dont il bénéficiait;
un parti russe se forma pour supprimer le prince; dans la nuit du 21 au
22 août 1886 il fut enlevé de son palais par des officiers, embarqué
sur le Danube et débarqué en Bessarabie
: les autorités russes le laissèrent libre, et il fit bientôt dans ses
États une rentrée triomphale. Les principaux auteurs de sa chute avaient
été Karavelov, Tsankov et le major Grouev; il avait été rétabli par
Stefan Stamboulov et Moutkourov. Désespérant de pouvoir régner sans
l'aveu de la Russie, il donna sa démission (7 septembre 1886). Il laissait
le soin du gouvernement à une régence composée de Stamboulov, Karavelov
et Moutkourov. Ils convoquèrent une grande assemblée qui élut le prince
Waldemar de Danemark
(11 novembre 1886). Celui-ci n'accepta pas; la Russie essaya en vain de
lancer la candidature du prince de Mingrélie ;
une mission confiée au général russe Kaulbars, ancien ministre du prince
Alexandre, échoua complètement.
Après avoir envoyé
dans les différentes cours d'Europe une députation qui ne recueillit
guère que des sympathies platoniques, la régence convoqua à Trnovo une
nouvelle grande assemblée qui élut le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg-Kohà ry.
Le prince accepta et fit son entrée à Trnovo le 13 août 1887. Les puissances
refusèrent de le reconnaître, et le parti russophile, par des complots
et des soulèvements, s'efforça de renverser son ministre Stamboulov,
qui se défendit avec vigueur, réussit à maintenir l'ordre à l'intérieur
et entretint des relations correctes avec l'Empire ottoman ,
mais il ne parvint jamais à faire reconnaître le prince Ferdinand par
les grandes puissances, jalouses avant tout de ménager les susceptibilités
ombrageuses de la Russie .
On considérait cependant que ce prince avait pour lui les sympathies secrètes
de l'Autriche ,
de l'Angleterre
et de l'Allemagne ,
également désireuses de voir l'influence russe amoindrie dans la péninsule
balkanique.
--
Stefan
Stamboulov.
Ferdinand de Saxe-Cobourg
fut reconnu finalement par le sultan. Il fit convertir son fils Boris Ã
l'orthodoxie (1895) et, ayant rompu avec Stamboulov, qui périt assassiné
cette même année, il se rapprocha du parti russophile; il fut alors reconnu
par la Russie ,
puis par les autres puissances européennes (1896). En octobre 1908, profitant
de la révolution jeune-turque, la Bulgarie proclama son indépendance.
Ferdinand se fit couronner tsar de Bulgarie à Trnovo, rattachant ainsi
sa dynastie à l'ancien Empire bulgare.
L'un des événements
les plus marquants du règne du prince Ferdinand avait été l'achèvement
du chemin de fer qui réunissait Belgrade
à Constantinople, et mettait la Bulgarie
en rapport direct avec l'Europe centrale et occidentale. En tant que tsar,
il fut l'un des principaux ouvriers de l'alliance balkanique qui, en 1912,
réussit à chasser presque entièrement les Turcs d'Europe et à porter
la Bulgarie jusqu'à la mer Égée et aux portes de Constantinople. Mais
les fruits de ses victoires furent en grande partie perdus pour les Bulgares
à la suite de leur agression brutale de 1913 : les Serbes
et les Grecs ,
auxquels se joignirent les Roumains ,
les mirent à la raison. Le traité de Bucarest
leur causa une vive déception dont ils essayèrent de se venger au cours
de la Grande Guerre en prenant parti pour l'Allemagne
en 1915. La défaite conduisit Ferdinand à abdiquer en faveur de son fils
qui, à partir de 1918, régna sous le nom de Boris III. Le Traité de
Neuilly
(1919) déposséda la Bulgarie de la Thrace égéenne et d'autres parties
périphériques de son territoire. La même année vit la constitution
d'un Parti communiste.
En 1920, le parti
agrarien de Alexandar Stambolijski accéda au gouvernement, mais son chef,
conduisant une politique autoritaire, fut assassiné dès 1923. Lui succédera
comme premier ministre Alexandar Tsankov, qui réprima les agrariens et
les communistes, dont le parti fut interdit en 1924. Dix ans plus tard,
Boris III suspendit la constitution pour imposer sa propre dictature. En
1940, il fit alliance avec l'Allemagne
hitlérienne au cours du Second conflit mondial, mais sans déclarer la
guerre à l'URSS
ni se soumettre à la déportation des Juifs
de son pays. Cela permit à la Bulgarie de reprendre quelques territoires
(Dobroudja ,
Thrace, Macédoine) En 1943, Boris mourut peu après une rencontre avec
Hitler.
Le tsar Siméon II qui lui succéda vit rapidement son pouvoir très limité.
En septembre 1944, les troupes soviétiques occupèrent la Bulgarie et
imposèrent un gouvernement hostile à l'Allemagne à la tête duquel ils
placèrent Kimon Georgiev, le chef du parti Zveno. D'autres élections
eurent lieu. En septembre 1946, le roi fut renversé, tandis que les communistes,
dirigés par Georgi Dimitrov, vainqueurs du
dernier scrutin, alliés aux socialistes et aux agrariens, proclamaient
la république. Après l'assassinat du chef de l'Union agrarienne, Nikolaj
Petkov, en 1947, le pays fut transformé en démocratie populaire.
Dimitrov, artisan d'un fulgurant processus de soviétisation, mourut en
1949 et fut remplacé par Vulko Cervenkov (Tchervenkov), qui mena une politique
stalinienne. Todor Zhivkov (Jivkov) lui succéda
à partir de 1956 et dirigea la Bulgarie jusqu'en 1989, prenant le titre
de président seulement à partir de 1971. Alliée fidèle de l'URSS, la
Bulgarie subira directement les effets de la désintégration de son puissant
protecteur.
En 1989, Jivkov fut
renversé par un de ses ministres, Petar Mladenov, qui avec le soutien
de l'aile réformatrice du Parti communiste, introduisit le multipartisme.
Les communistes, regroupés au sein du nouveau Parti socialiste Bulgare
(PSB), n'en conserveront pas moins le pouvoir jusqu'en 1991. Les années
suivantes seront marquées par les rapides privatisations décidées par
leurs successeurs à la tête du gouvernement de l'Union des Forces démocratiques
(UFD). Un passage à l'économie de marché chaotique qui favorisera le
retour au pouvoir du PSB en 1994. Celui-ci, incapable de trouver des solutions
à la crise économique et financière qui s'abattait alors sur le pays,
céda une nouvelle fois la place à l'UFD après les élections anticipées
de 1997. A partir de cette date, la Bulgarie, qui accepta de soumettre
son économie aux directives du FMI (Fonds monétaire international), orienta
sa politique extérieure en direction de l'Union européenne et de l'Otan.
L'adhésion à l'Alliance atlantique a été effective en mars 2004. Quant
à l'entrée dans l'Union européenne,
elle a eu lieu le 1er janvier 2007. Cette
adhésion apporte des opportunités économiques et financières, mais
aussi des obligations en termes de réformes et de lutte contre la corruption.
(GE
/ HGP).
De 2007 Ã 2009,
le gouvernement dirigé par Sergei Stanishev du Parti socialiste bulgare
(BSP) se concentre sur les réformes nécessaires à l'intégration européenne,
mais est critiqué pour sa gestion de la corruption et de l'inefficacité
administrative. Boyko Borisov, leader du parti de centre-droit GERB (Citoyens
pour le développement européen de la Bulgarie), devient Premier ministre
après une victoire électorale en 2009. Son mandat est marqué par des
promesses de réformes économiques et de lutte contre la corruption. Borisov
démissionne en 2013, suite à des manifestations de masse contre les conditions
économiques et la corruption. Un gouvernement intérimaire est formé,
suivi par une série d'élections qui voient une montée des partis populistes
et nationalistes. Borisov revient au pouvoir en 2014 après de nouvelles
élections, mais son second mandat est également marqué par des défis
politiques et économiques persistants.
Dans les années
2010, la Bulgarie connaît une croissance économique modérée, aidée
par les fonds européens et les investissements étrangers. Cependant,
des problèmes structurels persistent, notamment la corruption, une administration
inefficace, et des inégalités économiques. La crise bancaire affecte
la Bulgarie avec la fermeture en 2014 de la quatrième plus grande banque
du pays, la Corporate Commercial Bank (CCB), entraînant des pertes financières
importantes et une instabilité économique. Les manifestations contre
la corruption gouvernementale deviennent fréquentes, signes un mécontentement
croissant envers les élites politiques. Une série de manifestations massives
éclatent en 2020 contre le gouvernement de Borisov, alimentées par des
accusations de corruption et de collusion entre les dirigeants politiques
et les oligarques. Les protestataires demandent la démission de Borisov
et des réformes profondes pour combattre la corruption.
La Bulgarie, comme
de nombreux pays, est gravement touchée en 2020 et 2021par la pandémie
de covid-19. La crise sanitaire exacerbe les problèmes économiques et
sociaux et à rude épreuve le système de santé du pays. Le gouvernement
est critiqué pour sa gestion de la crise, ce qui alimente davantage les
mécontentements populaires.
Après des élections
législatives très disputées en 2021, Kiril Petkov, co-fondateur du mouvement
anti-corruption « Nous continuons le changement » (PP), devient Premier
ministre. Son gouvernement promet de lutter contre la corruption et de
réformer le système judiciaire, mais fait face à des défis considérables
pour stabiliser la politique et l'économie du pays.
Pour ce qui concerne
le relation de la Bulgarie avec les autres pays, bien que la Bulgarie soit
membre de l'UE, elle fait souvent l'objet de critiques concernant le respect
de l'État de droit, la corruption, et la
liberté de la presse. L'UE maintient une pression constante pour que le
pays mette en oeuvre des réformes judiciaires et administratives. La Bulgarie
maintient des relations ambivalentes avec la Russie, un important partenaire
énergétique. Ces relations oscillent entre coopération économique et
tensions politiques, en particulier concernant la dépendance énergétique
et l'influence géopolitique de la Russie dans la région. |
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