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L'histoire de l'Afrique du Sud
Certains des premiers restes humains fossiles rencontrent se trouvent en Afrique du Sud. Vers l'an 500 ap. JC., des groupes de langue bantoue (en particulier les Xhosas et les Zoulous) ont commencĂ© Ă  s'installer dans ce qui est aujourd'hui le nord-est de l'Afrique du Sud, dĂ©plaçant les populations autochtones des KhoĂŻsan (les KhoĂŻ et les San) vers le sud-ouest.  Les Bantous apportèrent avec eux l'agriculture et l'Ă©levage. Ces populations s'installèrent dans diffĂ©rentes rĂ©gions du pays.

La période coloniale.
L'histoire coloniale de l'Afrique du Sud commence en 1652, lorsque Jan van Riebeeck, représentant de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, établit un poste de ravitaillement au Cap pour les navires se rendant aux Indes. Cette colonie du Cap se développa progressivement avec l'arrivée de colons hollandais, allemands et français (ces derniers étant principalement des huguenots fuyant les persécutions religieuses en France). Ces colons, appelés Boers ou Afrikaners, commencèrent à s'étendre vers l'intérieur des terres, ce qui entraîna des conflits avec les populations indigènes, notamment les Khoïsan.

En 1806, durant les guerres napolĂ©oniennes, les Britanniques prirent le contrĂ´le de la colonie du Cap. Cela marqua un tournant dans l'histoire de l'Afrique du Sud, car la domination britannique s’intensifia et entraĂ®na des tensions croissantes avec les Boers, qui ressentaient une menace pour leur culture et leur indĂ©pendance. Au cours des dĂ©cennies suivantes, des milliers de Boers, mĂ©contents de l'administration britannique, entreprirent le Grand Trek dans les annĂ©es 1830 et 1840, une migration massive vers l'intĂ©rieur du pays. Ils fondèrent plusieurs rĂ©publiques indĂ©pendantes, comme la RĂ©publique du Transvaal et l'État libre d'Orange  (L'histoire de l'Afrique australe). Pendant cette pĂ©riode, les Boers entrèrent en conflit avec les populations indigènes, notamment les Zoulous, qui formaient un puissant royaume sous le règne de Shaka Zulu. Les Zoulous opposèrent une rĂ©sistance farouche Ă  l'expansion des Boers, mais finirent par ĂŞtre vaincus.

La découverte de diamants à Kimberley (1867) et de l'or (1886) dans le Witwatersrand ont accéléré l'immigration et la colonisation européenne, au détriment des premiers habitants, africains, du pays. Ces découvertes ont aussi accru les rivalités entre les Britanniques et les Boers. Les Britanniques cherchaient à contrôler ces régions riches en ressources, tandis que les Boers souhaitaient maintenir leur indépendance.

Les guerres des Boers.
La Première Guerre des Boers (1880-1881) Ă©clata  lorsque les Boers du Transvaal se rĂ©voltèrent contre la domination britannique. La guerre se solda par une victoire des Boers, qui parvinrent Ă  maintenir leur indĂ©pendance sous la forme de la RĂ©publique sud-africaine (ou Transvaal). La tension culmina avec la Seconde Guerre des Boers  (1899-1902), un conflit majeur entre les Britanniques et les rĂ©publiques boers du Transvaal et de l'État libre d'Orange. Cette guerre, alimentĂ©e par la question du contrĂ´le des richesses minières et des droits des citoyens britanniques en territoire boer, fut extrĂŞmement violente. Les Britanniques finirent par l'emporter après une guerre coĂ»teuse en vies humaines, utilisant des mĂ©thodes telles que les camps de concentration pour affaiblir la rĂ©sistance boer.

L'apartheid.
A la fin de la Seconde Guerre des Boers, l'Afrique du Sud était un territoire fragmenté, marqué par des divisions ethniques, coloniales et économiques. Les fondements étaient posés pour la création de l'Union d'Afrique du Sud en 1910, qui réunirait les anciennes colonies britanniques et républiques boers sous un gouvernement central dominé par les Blancs, ouvrant la voie aux politiques de ségrégation raciale qui caractériseraient le pays au XXe siècle.

Les lois discriminatoires commencent à être systématisées. Par exemple, le Natives Land Act de 1913 restreint la propriété foncière des Noirs à 7 % des terres arables, limitant ainsi leurs moyens de subsistance; le Natives Urban Areas Act de 1923 impose des zones de résidence séparées pour les Noirs dans les villes. Pendant cette période, l'économie sud-africaine se développe grâce à l'exploitation des mines d'or et de diamants, mais la ségrégation raciale et les inégalités sociales se renforcent.

L'institutionalisation de l'apartheid.
En 1948, le Parti national, dominé par les Afrikaners, remporte les élections et met en place la politique de l'apartheid, une ségrégation systématique et légalisée des populations en fonction de l'origine ou de la couleur de peau. Cette politique repose sur une série de lois telles que :

• Le Population Registration Act de 1950, qui classe les habitants en catégories raciales : Blancs, Noirs, Coloureds (Métis) et Indiens.

• Le Group Areas Act de 1950, qui impose des zones résidentielles distinctes pour chaque groupe racial.

• Le Bantu Education Act de 1953, qui impose une éducation inférieure pour les Noirs afin de les maintenir dans des emplois subalternes.

L'apartheid entraîne l'expulsion forcée de millions de personnes de leurs terres et de leurs foyers. Pendant ce temps, la résistance contre l'apartheid commence à s'organiser, notamment avec la création de mouvements comme l'African National Congress (ANC) et le Pan Africanist Congress (PAC).

RĂ©sitances.
En 1960, la répression s'intensifie avec le massacre de Sharpeville, où la police tue 69 manifestants pacifiques opposés aux lois sur les laissez-passer. Ce massacre marque un tournant, avec la radicalisation de la lutte contre l'apartheid. L'ANC et le PAC sont interdits, et leurs dirigeants, dont Nelson Mandela, sont emprisonnés ou contraints à l'exil.

En 1961, l'Afrique du Sud devient une république, se retirant du Commonwealth en raison des critiques internationales croissantes à l'égard de l'apartheid.

En 1976, les émeutes de Soweto éclatent après l'imposition de l'afrikaans comme langue obligatoire dans les écoles noires. Ce soulèvement, réprimé dans le sang, galvanise la résistance à l'apartheid, en particulier parmi les jeunes. Des mouvements comme la Black Consciousness Movement, dirigée par Steve Biko, prennent de l'importance.

Les années 1980 sont marquées par une résistance de plus en plus organisée et par des sanctions internationales croissantes contre le régime sud-africain. Des boycotts économiques, des embargos et des pressions diplomatiques isolent l'Afrique du Sud sur la scène mondiale.

Face à une résistance intérieure croissante et à une pression internationale continue, le président F.W. de Klerk entame des réformes. En 1990, Nelson Mandela est libéré après 27 ans de prison. Les négociations entre le gouvernement et les mouvements de libération aboutissent à la fin de l'apartheid et à la mise en place d'élections dites multiraciales.

La démocratie.
Mandela et la fin de l'apartheid.
En 1994, les premières élections démocratiques sont organisées. L'ANC, dirigé par Nelson Mandela, remporte une victoire écrasante. Mandela devient le premier président noir de l'Afrique du Sud, marquant la fin de près de 50 ans d'apartheid. La nouvelle Constitution de 1996 garantit l'égalité des droits pour tous les citoyens. Une Commission Vérité et Réconciliation, dirigée par l'archevêque Desmond Tutu, est mise en place pour examiner les crimes commis sous l'apartheid.

Cependant, l'Afrique du Sud post-apartheid fait face à des défis considérables : des inégalités économiques persistantes, un chômage élevé, la criminalité, et l'épidémie de VIH/sida. Malgré ces difficultés, l'Afrique du Sud est saluée pour sa transition pacifique vers la démocratie.

La présidence de Thabo Mbeki.
Thabo Mbeki succède à Nelson Mandela en 1999. Sa présidence est marquée par une approche centrée sur la croissance économique, la modernisation et l'intégration de l'Afrique du Sud sur la scène internationale. Sous Mbeki, l'économie sud-africaine connaît une croissance soutenue, mais les inégalités restent importantes. Mbeki est également critiqué pour sa gestion de l'épidémie de VIH/sida. Son déni initial des liens entre le virus et la maladie, ainsi que son refus d'adopter des politiques de traitement adéquates, entraînent de nombreuses critiques et une augmentation des décès liés à cette épidémie. En 2008, Mbeki est contraint de démissionner après avoir perdu le soutien de l'ANC, en raison de luttes internes au sein du parti. Il est remplacé par Kgalema Motlanthe, qui assure l'intérim jusqu’aux élections de 2009.

La présidence de Jacob Zuma.
Jacob Zuma, après avoir remporté la présidence de l'ANC, devient président en 2009. Son mandat est marqué par des scandales de corruption, des luttes internes au sein du parti et une gestion controversée de l'économie. Bien que le pays continue de connaître une croissance économique au début de son mandat, les niveaux de pauvreté, de chômage et d'inégalités restent très élevés. Les scandales de corruption culminent avec l'affaire de Nkandla, où Zuma est accusé d'avoir utilisé des fonds publics pour rénover sa résidence privée. Plus tard, les révélations de ce que l'on a appelé le "casse du siècle" ou la "capture de l'État" impliquant la famille Gupta, accusée d'avoir influencé les décisions gouvernementales, déclenchent une vaste indignation. Malgré ces controverses, Zuma reste au pouvoir jusqu’en 2018, lorsqu'il est forcé de démissionner par l'ANC, face à une pression croissante tant interne qu’externe.

La présidence de Cyril Ramaphosa.
Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste devenu homme d'affaires, succède à Zuma en 2018. Sa présidence commence avec la promesse de lutter contre la corruption, de revitaliser l'économie et de restaurer la crédibilité de l'ANC. Ramaphosa lance des enquêtes sur les scandales de corruption et tente d'attirer des investissements pour stimuler la croissance économique. Cependant, Ramaphosa doit faire face à des défis importants, notamment la stagnation économique, le chômage croissant (en particulier chez les jeunes) et les inégalités sociales qui persistent. La réforme agraire, un sujet sensible, devient une priorité, avec des débats sur l'expropriation des terres sans compensation pour corriger les injustices historiques. La pandémie de covid-19 en 2020 exacerbe les problèmes économiques et sociaux, aggravant la pauvreté et l'insécurité alimentaire. Le gouvernement met en place des mesures de confinement strictes et un plan de relance économique, mais les effets de la crise se font sentir profondément. En juillet 2021, des violences et des émeutes éclatent dans les provinces du KwaZulu-Natal et du Gauteng après l'arrestation de Jacob Zuma, qui devait purger une peine de prison pour outrage à la justice. Ces troubles, parmi les plus graves depuis la fin de l'apartheid, mettent en lumière les tensions sociales et les frustrations liées aux inégalités économiques.

Lors des élections générales de mai 2024, l'ANC a vu sa part du vote national tomber en dessous de 50 % pour la première fois depuis la fin de l'apartheid, bien qu'il soit resté le parti le plus important au Parlement sud-africain. Réélu par l'Assamblée nationale, Ramaphosa a formé un gouvernement d'unité nationale après avoir conclu un accord avec l'Alliance démocratique, l'ancien principal parti d'opposition.

Les défis actuels.
Le chômage reste l'un des plus élevés au monde, touchant particulièrement les jeunes. L'économie sud-africaine connaît des périodes de croissance faible, exacerbées par la corruption, une infrastructure défaillante et des coupures d'électricité fréquentes dues à la mauvaise gestion d'Eskom, l'entreprise publique d'électricité. L'Afrique du Sud reste l'un des pays les plus inégalitaires au monde. La majorité noire continue de souffrir de pauvreté, tandis qu'une minorité bénéficie de l'essentiel des richesses. La corruption endémique au sein des institutions publiques mine la confiance des citoyens dans le gouvernement. Bien que Ramaphosa ait engagé des réformes, les réseaux de patronage et de clientélisme restent puissants. Le taux de criminalité élevé et la violence, souvent liés aux inégalités socio-économiques, constituent des problèmes majeurs. Les féminicides et la violence de genre sont également préoccupants.

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