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Les
LĂ©muriens
(Strepsirhiniens) |
Les Strepsirhiniens
(Strepsirhini), ou LĂ©muriens au sens large, sont
un sous-ordre de Primates créé par A. Milne-Edwards
(1871) pour les LĂ©murs ou Makis, qui ont un museau
allongé de Renard. Les Lémuriens proprement
dit forment, au sein de ce sous-ordre, la famille des Lémuridés
(Lemuridae).
Les Loris, que Linné avait pris pour type des genres et espèces que l'on range aujourd'hui dans le sous-ordre des Strepsirhiniens, ont des membres très minces. Cela lui faisait penser à ces « spectres » que dans l'Antiquité on appelait des Lémures, doù le nom de Lémuriens choisi pour les animaux de ce groupe.Ces animaux, par ailleurs proches des Tarsiers (Tarsiiformes), ressemblent aux Singes (Simiiformes) par la présence de mains (avec des pouces opposables) aux quatre membres, caractère d'adaptation à des habitudes arboricoles. Par tout le reste de leur organisation, les Lémuriens diffèrent beaucoup des Singes pour se rapprocher des Ongulés. Comme ces derniers et comme les Carnivores, les Lémuriens ont un placenta « en forme de cloche » dépourvu de caduque, avec un grand allantoïde au lieu du placenta discoïde; semblable à celui de l'Humain, que présentent tous les Singes : ce placenta est diffus, c.-à -d. formé de villosités séparées, implantées sur toute la surface de l'oeuf, sauf le pôle antérieur. L'utérus est profondément divisé (bicorne). La structure du crâne, des dents, du canal digestif, des muscles, des membres, présente aussi des rapports avec les Ongulés. Le cerveau ressemble à celui des Insectivores; le cervelet se montre à découvert, et les grandes espèces seules présentent quelques rares circonvolutions. - Une famille de Makis (Lemur catta). Photo : Jérôme Thérond (licence Creative Commons). Extérieurement, les Lémuriens sont, comme les Singes, des quadrumanes pourvus d'un pouce opposable aux deux paires de membres dont l'antérieure est ordinairement la moins développée; les ongles sont presque toujours plats, sauf celui de l'index postérieur qui est constamment en forme de griffe : l'Aye-Aye a des griffes à tous les doigts, sauf le pouce. La forme de la tête ressemble à celle des Carnivores, ce qui a valu aux Lémuriens le nom de Singes à museau de Renard; la région faciale est velue, sauf le bout du nez, et l'oreille est pointue comme celle des Carnivores. Le crâne a les orbites incomplètement fermés et communiquant avec la fosse temporale; le trou lacrymal s'ouvre en dehors de l'orbite. La denture est complète, au moins chez le jeune, car chez l'adulte certaines dents sont souvent caduques, ce qui réduit d'une façon remarquable la denture primitive : cette réduction est poussée à ses dernières limites chez l'Aye-Aye qui présente la formule des Rongeurs, bien que l'on retrouve chez le jeune la denture normale des Lémuriens. Les incisives supérieures, ordinairement au nombre de deux paires, sont petites et séparées sur la ligne médiane par un large intervalle; les canines sont grandes comme chez les Carnivores; la mâchoire inférieuresressemble davantage à celle de certains Insectivores, tels que le Hérisson : elle présente en avant deux ou trois paires de dents proclives qui tiennent la place des incisives, mais dont les plus externes sont souvent considérées comme des canines, car elles sont immédiatement suivies par les prémolaires. Les molaires sont hérissés de cônes pointus, généralement au nombre de quatre, comme chez les Insectivores. La denture diffère beaucoup d'ailleurs d'un genre à l'autre. Outre les mamelles pectorales, il y a une seconde paire de mamelles inguinales ou ventrales. Les Lémuriens sont des animaux
organisés pour vivre dans les forêts et qui se
meuvent avec une grande aisance au milieu des branches d'arbres : Ă terre
ils marchent mal et avancent par petits sauts en se tenant dressés sur
leurs membres postérieurs. Tous ont des habitudes plus ou moins nocturnes
et se nourrissent d'insectes, de fruits
et de feuilles d'arbres,
le régime végétal prédominant chez les grandes espèces, tandis que
les plus petites sont presque exclusivement insectivores.
Petit Chirogale (Cheirogaleus medius). Photo : Frank Vassen (licence Creative Commons). Leur pelage est assez long, souvent laineux, et la queue est ordinairement longue et plus ou moins touffue. La taille varie de celle d'un Macaque à celle d'un jeune Rat. Leur intelligence est peu développée. Tous habitent les régions chaudes de l'Ancien continent. Classification des SrepsirhiniensCe sous-ordre comprend actuellement sept familles réparties entre trois infra-ordres bien distincts. Sur la centaine d'espèces actuellement répertoriées, 90 au moins, sont considérées comme étant menacées (23 sont au bord de l'extinction), principalement à cause de la destruction rapide des forêts à Madagascar. Les Lémuriens sont devenus le groupe de Vertébrés les plus menacés. Le tableau suivant recense 22 genres :
Principaux genres
et espèces.
LĂ©muriformes Les
Makis ou LĂ©murs.
A première vue, les véritables Makis ressemblent plutôt à de petits chiens braques qu'à des singes; ils ont une taille élancée; des membres vigoureux et d'une longueur moyenne; une queue touffue, ordinairement plus longue que le corps; des oreilles courtes, couvertes de poils, souvent entièrement cachées dans le pelage; des yeux de grandeur moyenne; le crâne allongé et le museau pointu comme celui du Renard; la tête, même, à l'exception toutefois de l'expression innocente des yeux, rappelle complètement celle du Renard commun. Les membres postérieurs ne sont pas beaucoup plus longs que ceux de devant; les mains sont courtes; l'index des mains antérieures est assez long. Le pelage, toujours fin et doux, est quelquefois laineux; sa couleur est très mêlée. Les Makis sont sociables et se montrent
souvent, vers le coucher du soleil, par troupes de trente Ă cinquante
individus. Ils grimpent avec autant de vitesse que de sécurité. sur les
branches, sans faire entendre le moindre bruit. Lorsqu'ils marchent lentement,
ils tiennent la queue en l'air, l'extrémité recourbée en arrière; lorsqu'ils
courent, ils la couchent horizontalement sur le dos. Pendant le jour, ils
se cachent du mieux qu'ils peuvent; quelquefois cependant ils sortent de
leurs réduits pour jouir de la chaleur du soleil; on les voit alors au
repos sur les rochers. Au commencement de la nuit, ils s'animent et crient;
deux de ces animaux suffisent pour faire un vacarme tel qu'on croit ĂŞtre
en présence d'une centaine d'individus.
Lémur couronné (Eulemur coronatus). Photo : Matthias Markolf / Madagascar Lemurs Atlas (licence Creative Commons). On connaît une quinzaine d'espèces de Makis, assez difficiles à distinguer les unes des autres. Parmi elles, nous nous bornerons à signaler les suivantes : • Le Maki Mococo (Lemur catta). - Il se distingue principalement par sa queue annelée de noir et de blanc; la couleur générale de son pelage, fin; serré, doux et laineux, est d'un gris tirant tantôt sur le gris cendré, tantôt sur la. couleur de rouille; la face, les oreilles et la partie inférieure du corps sont blanchâtres, le museau est noir et les yeux. sont entourés d'une tache de même couleur. La longueur du corps est de 0,34 m, celle de la queue de 0, 50 m. • Le Lémur Mongos (Eulémur Mongoz) est est d'un gris cendré foncé en dessus, d'un gris clair en dessous; la partie supérieure de la tête est presque noire, les côtés du cou sont d'un gris clair. La couleur varie d'ailleurs de l'un à l'autre. La taille est un peu plus petite que celle du Maki mococo. • Les Varis
(Lémurs à crinière). - On trouve dans le genre Varecia les deux
espèces les plus grandes et les plus communes des Lémuridés.
La taille des Varis, qui est environ de 0,90 m (0,42 m pour le corps, 0,48
m pour la queue), égale celle d'un grand chat. Leur pelage, allongé sur
la tête et sur les flancs, est tacheté de noir et de blanc; ces taches
sont grandes, mais irrégulièrement disposées, de telle sorte que, chez
certains individus, c'est le blanc qui domine, tandis que chez d'autres
c'est le noir. Quelques-uns sont tout noirs, d'autres tout blancs; il en
est chez lesquels la moitié ou la totalité du dos est blanche et le ventre
noir. La face, la queue et les membres antérieurs sont ordinairement noirs,
les oreilles blanches.
Vari (Varecia variegata). Photo : Mathias Appel (licence Creative Commons). Les
Indridés
i.2/1, c.1/1, pm.2/2, m.3/3 ou i.2/2, c.1/0, pm.2/2, m.3/3 suivant que l'on considère la seconde incisive inférieure comme une véritable incisive ou comme une canine. Il y a donc trente dents, mais la première dentition en comprend trente-deux, bien que les arrière-molaires ne soient pas encore sorties; par contre, il y a deux dents de plus de chaque côté de la mâchoire inférieure, entre les incisives et les prémolaires, mais ces dents de lait ne sont pas remplacées chez l'adulte. Les pattes postérieures sont plus langues que les antérieures bien que le tarse soit normal : le gros orteil, très développé, est bien opposable aux autres doigts qui sont légèrement palmés à leur base. Il y a deux mamelles pectorales. L'intestin est muni d'un vaste caecum et d'un côlon très long et contourné en spirale. Ces animaux qui sont les plus grands et les plus élevés en organisation de tous les Lémuridés; ils vivent sur les arbres, se nourrissant de fruits, de feuilles et de bourgeons. On distingue trois genres : Indri, Avahi et Propithecus. • L'Indri est actuellement représenté
par une seule espèce, le Babakoto ou Indri à queue
courte (I. Indri ou I. brevicaudatus). Il se distingue des espèces précédentes,
outre son système dentaire spécial (ses incisives supérieures sont subégales
et la canine qui suit est plus grande que la première prémolaire), par
une grosse tĂŞte, plutĂ´t triangulaire que ronde; par un museau court,
de longues jambes postérieures, de longues mains, à pouce complètement
libre; enfin par l'absence de queue, représentée par un simple tubercule,
ce qui lui a valu le nom d'homme des bois, que lui donnent les Malgaches.
Les oreilles sont saillantes et terminées par une touffe de poils frisés.
Indri (Indri indri). Photo : Inaki Relanzon, Jonah Ratsimbazafy / Madagascar Lemurs Atlas (licence Creative Commons). L'Indri est le plus grand de tous les Lémuriens. Son corps a jusqu'à 0,65 m, tandis que sa queue n'a que 0,07 m. Sa taille est plutôt élancée que trapue; son pelage est beau, laineux, doux et serré; sa face est presque nue. Le front, les tempes, la gorge, la poitrine, la région lombaire, la queue, la partie inférieure des cuisses, du talon et des flancs sont blancs; les oreilles, l'occiput, les épaules, les bras et les mains sont noirs; la partie inférieure du dos, la partie supérieure des cuisses sont brunes; le face antérieure des membres postérieurs est d'un brun noir. La distribution de ces couleurs pouvant varier beaucoup suivant les individus. Cet animal est très doux et facile à apprivoiser. Son cri ressemble à la voix d'un enfant qui pleure. Comme toutes les espèces voisines, l'Indri est très agile et saute si rapidement d'un arbre sur un autre, que l'oeil a de la peine à le suivre. Pour manger, il s'assied debout comme un Ecureuil, et saisit avec les mains antérieures sa nourriture, qui consiste principalement en fruits. • L'Avahi laineux (Avahi laniger)
est un petit animal d'environ 0,30 m de long, ou de 0,53 m avec la queue.
Il a une longue queue et des oreilles courtes; son pelage roux ou
jaune rougeâtre, mais gris de souris à la partie inférieure, est soyeux
et fin; les membres postérieurs sont très longs et les doigts partiellement
soudés. La seconde incisive supérieure est plus grande que la première,
et la canine est à peine plus développée que la prémolaire qui suit.
Avahi laineux (Avahi laniger). Photo : Leonora Enking / Ranomafana National Park (licence Creative Commons). Durant le jour, il se cache dans le creux des arbres; au crépuscule, il grimpe dans les cimes et descend rarement à terre. Il débarrasse prestement l'écorce des arbres de tous les insectes qui s'y rencontrent. Ce Lémurien vit seul , par couples ou par petites sociétés; son cri est plaintif comme celui de tous les animaux nocturnes faibles. • Les Propithèques ou Sifakas se distinguent des Indris par leur museau pointu; par leurs oreilles cachées dans une fourrure longue, douce et laineuse; par leur queue longue ou très longue; par la structure de leur main et leur système dentaire (leur seconde incisive supérieure plus petite que la première, la canine étant plus grande que la première prémolaire). Leurs pattes de derrière,
très développées, leur servent à sauter d'arbre en arbre jusqu'à une
distance de 8 Ă 10 m, sans effort apparent. Lorsqu'ils descendent Ă terre,
ils se tiennent droits sur leurs pieds sans se servir de leurs bras qu'ils
élèvent au-dessus de leur tête : ils progressent ainsi par petits sauts,
ce qui donne à leur démarche une allure assez risible. Ils ne sont pas
nocturnes, mais ils se montrent le matin et l'après-midi, se cachant dans
les branches seulement pendant la grande chaleur du jour. Leur cri qui
ressemble au gloussement d'une poule est moins désagréable que celui
des Lémuridés. La femelle n'a jamais qu'un seul petit par portée. L'espèce
la plus remarquable est le Propithèque à diadème ou Sifaka couronné
(Propithecus coronatus), qui est un des plus grands et des plus
beaux LĂ©muriens.
La longueur du corps du Sifaka couronné est de 0,56 m, celle de sa queue de 0,45 m; sa taille est élancée et assez gracieuse; les membres postérieurs sont deux fois plus longs que les membres antérieurs; la disposition de ces membres est inverse de celle des singes à longs bras. Son pelage est long, ondulé et soyeux ; la couleur en est brillante, et assez variée. Les mains et la face sont presque complètement nues, sur celle-ci, les poils commencent immédiatement au-dessus des yeux. Une bande jaunâtre traverse le front et va gagner le cou en passant sous les oreilles et en se rétrécissant; la tête et le cou sont noirs; sur les épaules et sur les flancs, un peu de blanc se mêle au noir; la proportion du blanc augmente de plus en plus à mesure qu'on descend sur les reins, qui sont blancs, tachetés de noir; la partie inférieure du corps est d'un blanc pur; la queue est blanche, avec la racine jaune rougeâtre, et l'extrémité teintée de jaunâtre; les mains sont noires, et les doigts garnis de longues touffes de poils d'un rouge jaunâtre. Les
Microcèbes.
• Le Microcèbe mignon
(Microcebus murinus) a la taille
d'un petit rat; son corps a 15 cm de longueur, sa queue 16 cm; son pelage
ressemble Ă celui de la Souris. Le jour, il s'enroule et dort; la
nuit,
il saute d'un arbre sur l'autre, comme le muscardin, en faisant de très
grands bonds.
Microcèbe mignon (Microcebus murinus). Photo : Michael Sale (licence Creative Commons). • Le Microcèbe de Mme Berthe (Microcebus berthae) est le plus petit des Primates connus. Il atteint à peine la taille d'une souris (corps de 9 à 11 cm de long et poids de l'ordre de 30 grammes). La couleur de son pelage est grise comme celle des Souris. Lorisiformes Les
Lorisidés.
Ils ont les membres postérieurs un peu
plus longs que les membres antérieurs. La queue leur fait complètement
défaut; le museau est pointu, mais court; les yeux sont très rapprochés,
ronds et très grands; les oreilles sont de grandeur
moyenne et couvertes de poils. Leur pelage est Ă©pais, court et soyeux.
Loris lent pygmée (Nycticebus pygmaeus). Photo : Marie Hale (licence Creative Commons). L'index des mains est très court, rudimentaire et dépourvu d'ongle, le quatrième doigt est au contraire allongé, et le cinquième est armé d'une griffe longue et pointue. Le pouce et le gros orteil peuvent s'écarter beaucoup des autres doigts; ce dernier surtout peut se diriger presque en arrière. Le tarse est médiocrement allongé La femelle n'a que deux glandes mammaires, ayant chacune deux mamelons. La disposition fasciculée de l'artère crurale et de l'artère sous-clavière est très caractéristique ces deux artères se divisent en autant de branches qu'il y a de muscles dans les membres correspondants, comme chez les Paresseux, ce qui expliquerait la lenteur de leurs mouvements. Les Loris, en effet, sont les véritables paresseux quadrumanes; aussi les appelle-t-on quelquefois singes-paresseux. Ce nom leur convient très bien, mais il a le défaut de les faire confondre avec le Paresseux d'Amérique, ou Bradypes, qui sont des Mammifères d'un autre groupe. Les Lorisidés sont nocturnes et ne quittent jamais les arbres où ils grimpent de branche en branche sans jamais sauter. Ils se nourrissent non seulement de matières végétales, mais aussi d'insectes, d'oeufs et de petits oiseaux. • Le Loris mince gris (Loris lydekkerianus).
- C'est un joli petit animal, n'ayant que 21 cm de long, par conséquent
à peine aussi grand qu'un Ecureuil. Son corps est élancé, ses yeux gros,
son museau pointu, ses membres fins et longs; son pelage soyeux est d'un
gris fauve-rougeâtre ou d'un brun jaunâtre en dessus, gris ou jaune pâle
en dessous. Autour des yeux, le pelage est plus foncé et tranche sur la
partie supérieure du museau, qui est blanche. Le Loris gris passe
la journée à dormir dans les arbres creux, et ne sort que le soir.
Loris mince gris (Loris lydekkerianus nordicus). Photo : Dr. K.A.I. Nekaris / OTRS. Thévenot est le premier naturaliste qui ait parlé du Loris grêle. Vers la fin du XVIIe siècle, il en vit quelques-uns, à Aurengabad, capitale de Balagate, dans le royaume de l'antique grand Moghol. Ses observations firent sensation, parce que les singes supposés qu'il décrivait se distinguaient des véritables singes par leur petite taille : « Quand je les examinais, dit-il, ils se tenaient sur les pieds de derrière, et s'embrassaient souvent, regardant fixement le monde sans s'effaroucher. »Leur maître les appelait des hommes sauvages. On les connaît aussi sous le nom de Tevangan ou Theivangu. Vers le milieu du XVIIIe siècle, Seba a décrit aussi le Loris mince gris, et en a donné une excellente figure. Il l'appelle le Paresseux de Ceylan; mais il se hâte de dire qu'il ne mérite pas ce nom, car sa taille élancée suffit pour prouver qu'il n'est ni lent ni paresseux, et qu'il marche et grimpe au contraire avec beaucoup d'agilité. Il vit de fruits et de graines des grands arbres, que le mâle cueille, goûte et passe ensuite à la femelle, qui, de son côté, se montre pleine d'attentions pour lui. Le nombre des petits s'élève quelquefois à quatre. • Le Loris tardigrade. - Cette
espèce est un peu plus commune que la précédente (sauf au Sri
Lanka). Sa taille est plus grande, et son corps plus trapu; elle a
un peu plus de 32 cm de long. La tĂŞte est ronde, le museau camus, et le
nez ne fait pas saillie au-dessus de la bouche; les oreilles sont ovales
et cachées dans la fourrure.
Loris tardigrade (Loris tardigradus). Photo : Alex Pyron/ OTRS. La face et les mains sont couvertes de poils clairsemés; le reste du pelage est bien fourni et doux; les poils sont courts, touffus d'un brun jaunâtre en dessus, plus clairs en dessous, un peu rougeâtres sur les côtés extérieurs. Une bande rousse occupe toute la longueur du dos jusqu'au front, où elle se divise, et est interrompue par des bandes blanches. Le Loris tardigrade est un des plus rares habitants des forêts et de plus solitaires dans les régions où on le rencontre. Il forme de petites familles qui passent le jour à dormir dans les arbres creux, s'éveillent avec le crépuscule et vont alors à la recherche de leur nourriture. Cette espèce est connue dans l'Asie du Sud sous le nom de Tonger ( = dormeur), et Tevang ( = qui rampe); à Sumatra, sous celui de Brouh Samoundi; en Inde on l'appelle Lajjà Banar. • Les Nycticèbes (Nycticebus)
ont des formes moins grêles que les espèces du genre Loris; la première
incisive supérieure est plus grande que la seconde qui est caduque. Ces
animaux vivent dans les forĂŞts des montagnes, se cachent le jour et cherchent
leur nourriture pendant la nuit.
• Le Pérodictique ou Potto (Perodicticus potto), qui représente les Loris en Afrique, est muni d'une queue assez développée. L'index est réduit à un petit tubercule. Son pelage est fauve, varié de gris et de brun. Il habite les pays riverains du golfe de Guinée jusqu'au Gabon, est entièrement nocturne et encore plus lent dans ses mouvements que les Nycticèbes, dont il a les moeurs. Il atteint la taille d'un Chat. • Les Arctocèbes ou Angwantibos (Arctocebus) rappellent le genre précédent. L'espèce A. calabarensis ou Potto de Calabar a des formes plus grêles que celles du Potto propement dit, et sa queue est rudimentaire. Elle habite le Vieux-Calabar. Les
Galagos.
Ces animaux, dont les dimensions varient
de la taille d'un jeune Chat Ă celle d'un Rat; la longueur du corps Ă©tant
de 18 cm, celle de la queue de 24. Bien que trapus et assez vigoureux,
ils ont des formes élégantes. Ils sont remarquables par l'allongement
de leurs membres postérieurs. Ils ont la même denture que la plupart
des Lémuriens, mais la dernière prémolaire supérieure présente deux
tubercules externes très développés et atteint presque la taille de
la première vraie molaire. Les os du tarse sont très allongés.
Leur queue est longue et plus ou moins touffue; leurs oreilles grandes, ovales et nues, se replient à volonté; l'index des mains postérieures est armé d'une griffe. Leur intestin est assez long et muni d'un coecum très développé. Les femelles ont quatre mamelles, deux pectorales et deux inguinales. Leur pelage court, mais épais et soyeux, est d'un gris fauve à la partie supérieure, roussâtre à la tête et sur le dos, jaune-blanc à la face interne des membres et au ventre; les joues sont blanches, ainsi qu'une bande qui part d'entre les yeux et se termine à l'extrémité du nez; les oreilles sont couleur de chair. Les Galagos vivent sur les arbres (ils
semblent affectionner les forĂŞts de mimosas, hautes ou basses, ), dormant
le jour dans quelque trou ou sur des branches épaisses, le plus près
possible du tronc, et se réveillant à l'approche de la nuit pour chercher
leur nourriture qui consiste en Insectes, en fruits, en actifs d'Oiseaux.
Ils forment de petites troupes d'une demi-douzaine d'individus appartenant
à une même famille. Ils sautent très bien d'un arbre sur un autre et
descendent rarement à terre, mais alors le développement de leur tarse
leur permet de sauter à la façon des Gerboises.
Galago senegalensis. Avant de mettre bas, la femelle prépare dans des creux d'arbres ou dans des nids abandonnés d'oiseaux, une couche tendre de brins d'herbes où elle donnera naissance à un ou deux petits, auxquels elle donnera longtemps ses soins. Chiromyiformes L'Aye-Aye.
Aye-aye (Daubentonia madagascarensins). Photo : Nomis-Simon (licence Creative Commons). On s'aperçut au bout de quelque temps qu'il en différait beaucoup, et qu'il se rapprochait autant des Primates, et parmi eux des Lémuriens, par la conformation des membres; les antérieurs ont 5 doigts comme les postérieurs, les doigts de devant sont allongés, surtout l'annulaire; le pouce, quoiqu'il soit écarté de l'index, n'est pas réellement opposable; mais les pouces postérieurs le sont complètement comme dans les autres Lémuriens; d'un autre côté, il est vrai que l'Aye-Aye ressemble à l'Ecureuil par son port et par sa queue, par l'absence de dents canines, par la présence d'une paire de fortes incisives en haut et en bas, séparées des molaires par un espace vide. Cet animal est de la grosseur du Chat, il a le fond du pelage formé d'un duvet fauve clair, traversé sur le dos par de longues soies rudes et brunes; les membres sont bruns, la queue, noire; il est d'un caractère doux, mais très lent; il se nourrit d'insectes et de vers qu'il tire des trous des arbres avec ses longs doigts. Distribution géographiqueLa distribution géographique de ces animaux à l'époque actuelle est fort remarquable. Les Lemuridae, qui comprennent les trois quarts des espèces, et les Daubenonidés habitent Madagascar. Les Galagos sont, avec les genres Arctocebus (Angwantibos) et le Perodicticus (Pottos), les seuls Lémuriens du continent africain (ils habitent l'Afrique au Sud du Sahara). Les Lorisinae sont propres à la Malaisie, à l'Indonésie et aux régions de l'Asie méridionale qui se rattachent à la même faune (Péninsule indochinoise) et présentent tant de rapports avec la région afrotropicale.• Tous les Makis habitent Madagascar et les îles les plus voisines du même groupe. L'indri ne se trouve que dans les forêts de la région orientale de Madagascar où on le rencontre par petites troupes de quatre à cinq individus; les Propithèques se rencontrent dans presque toute l'île, vivant dans les forêts par troupes de six à huit et se nourrissant de bourgeons, de fleurs et de baies. L'Avahi laineux habite les forêts des régions montagneuses de la côte orientale de cette même île, ainsi qu'une région très limitée de la côte Nord-Ouest, dont les spécimens constituent une variété assez distincte par sa taille plus petite et sa coloration. • Le Microcèbe souris vis dans les régions de l'Ouest et du Sud de Madagascar. Quant à l'habitat du Microcèbe de Mme Berthe, il se réduit à une petite région du Sud-Ouest de Madagascar; on le recontre dans les grands arbres des forêts de feuillus, à une hauteur dépassant souvent les 150 m. • Les Loris habitent l'Inde et les îles voisines, ainsi que l'Indonésie. Ils sont les équivalents des Makis en Asie méridionale, mais au point de vue de la forme seulement. Le Loris mince gris habite les forêts de l'île de Sri Lanka et l'Inde. Le Loris tardigrade habite les forêts du continent indien et des îles de la Sonde, principalement de Sumatra. • On trouve le Galago commun dans une grande partie de l'Afrique. Adanson le découvrit dans les forêts du royaume de Galam, au Sénégal et en Gambie; d'autres voyageurs l'ont trouvé, par la suite, dans le Mozambique, au cap de Bonne-Espérance (Afrique du Sud) et dans la région soudanienne. De façon générale il vit à l'ouest du Nil Blanc, et principalement dans le Kordofan où les habitants le connaissent très bien sous le nom de Tendi ou Moholi. PaléontologieOn trouve à Madagascar, dans des couches géologiques relativement récentes (Cénozoïque), des débris fossiles indiquant l'existence à cette époque de Lémuriens d'une taille bien supérieure à celle des espèces actuelles : le Leptadapis devait atteindre la taille des Singes anthropoïdes ou des grands Cynocéphales. Mais on trouve également, dans le plus ancien tertiaire d'Europe et d'Amérique, des restes fossiles que l'on doit rapporter à l'ordre des Lémuriens, et qui ont été décrits sous les noms d'Adapis, Caenopithecus, Anaptomorphus, Indrodon, etc.Ces animaux éteints, connus d'abord seulement par leur crâne et leur denture; ont été longtemps considérés comme de petits Ongulés, et Cuvier, en décrivant l'Adapis de l'Eocène des environs de Paris, le considérait comme un animal comparable au Daman. Plus tard, on a trouvé des os des membres prouvant que ces prétendus Ongulés étaient grimpeurs et avaient des habitudes arboricoles comme les Lémuriens modernes. Leurs dents ressemblent beaucoup à celles de ces derniers. D'autres types fossiles indiquent un passage aux Insectivores. On doit donc admettre, au point de vue phylogénique, que les Lémuriens représentent, dans la nature actuelle, un groupe archaïque très généralisé, comme les Marsupiaux. De même que ces derniers, les Lémuriens, après avoir vécu dans le Nord des deux continents, ont émigré vers les régions intertropicales du globe où ils ont survécu en se modifiant. Les ressemblances que les Lémuriens ont conservées dans leur organisation interne et dans leur denture avec les Ongulés d'une part, avec les Insectivores de l'autre, sont l'indice de leur antique origine. On ne connaît pas de Galagos à l'état fossile, mais le genre Necrolemur de l'Eocène d'Europe semble en avoir été fort voisin. Les genres Protoadapis et Plesiadapis de l'Eocène inférieur (cernaysien) des environs de Reims, représentent probablement le type primitif des Lémuriens. D'autres genres de l'Amérique du Nord (Hyopsodus, Nicrosyops) et le Mierochoerus de l'Eocène supérieur d'Angleterre rappellent encore par leurs dents à la fois les Ongulés et les Insectivores, et la formule dentaire de ce dernier est celle du Tarsier actuel. (E. Trt. / A.E. Brehm). |
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