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Placenta

Le placenta  (du latin placenta, gâteau) est un organe extra-embryonnaire par l'intermédiaire duquel le foetus emprunte ses matériaux de nutrition au sang de la mère. Chez les mammifères indéciduates (absence de caduque), le placenta est diffus (cheval, porc, etc.), c.-à-d. que les villosités allanto-choriales (placenta) sont répandues uniformément sur toute la surface du chorion, sans pénétrer dans la muqueuse utérine, ou bien il est cotylédon (ruminants), que les villosités groupées en touffes distinctes (cotylédons) s'engrèguent avec des saillies correspondantes de la muqueuse utérine, mais peuvent encore être détachées sans déchirure de la muqueuse. Chez les mammifères déciduates, les villosités choriales pénètrent dans l'épaisseur de la muqueuse utérine, et l'expulsion du placenta entraîne la formation d'une caduque. Parmi les déciduates il en est qui ont un placenta zonaire (carnivores, etc.), d'autres un placenta discoïdal (humains, singes).

Le placenta, d'après les recherches de Mathias Duval (Journ. de l'Anat., 1889-90), se forme de la façon suivante :

1° avant la fixation de l'oeuf sur la paroi utérine, il s'élève de celle-ci à l'endroit où l'oeuf se greffera, une saillie, saillie utérine cotylédonaire, et la muqueuse perd son épithélium;

2° puis l'ectoderme de l'oeuf se transforme en une couche plasmodiale (ectoplacenta) qui végète et entoure les vaisseaux utérins qui perdent leur endothélium et restent dès lors à l'état de sinus (lacs sanguins) creusés dans l'ectoplacenta;

3° il y a ensuite pénétration desvaisseanx chorio-allantoïdiens dans l'ectoplacenta;

4° enfin il y a résorption de la paroi plasmodiale des canalicules de l'ectoplacenta, de manière que les vaisseaux foetaux arrivent à plonger directement et à nu dans le sang maternel contenu dans les lacs sanguins ou sinus de la sérotine (= "caduque tardive"). C'est donc à l'ectoderme ovulaire qu'est dévolu le plus grand rôle dans la formation du début du placenta.

Le placenta humain, au moment de la délivrance, se présente sous la forme d'un gâteau circulaire, dont les bords amincis se continuent avec les enveloppés foetales. Son diamètre varie de 15 à 20 centimètres; son épaisseur, vers le centre de l'organe, atteint 3 à 4 centimètres. Son poids est d'environ 500 grammes. La face foetale est lisse, recouverte par l'amnios au-dessous duquel on voit courir les vaisseaux allantoïdiens rampant dans le chorion. C'est sur cette face que s'insère le cordon ombilical. La face utérine est irrégulière, recouverte d'une couche grisâtre qui représente la partie superficielle de la caduque sérotine exfoliée et expulsée avec le délivre. Cette face est creusée de sillons profonds, sillons placentaires, qui se coupent de façon à limiter des carrés nommés lobes placentaires.

Une section à travers le placenta montre qu'il est constitué à son centre par un tissu spongieux dont les aréoles contiennent du sang (lacs sanguins). Ces aréoles sont délimités du côté maternel par la sérotine, du côté foetal par le chorion. Ils sont parcourus par une infinité de prolongements villeux et ramifiés émanant du chorion. Deux formations d'origine différente concourent ainsi à former le placenta. L'une, de provenance utérine, la sérotine, constitue le placenta maternel; l'autre, de provenance foetale, le chorion avec ses villosités, représente le placenta foetal.

Le placenta maternel est formé par la portion caduque de la sérotine. Cette membrane, épaisse seulement de 1 millimètre au plus, revêt la face utérine du placenta (lame basale de Winkler) et s'enfonce dans les sillons interlobaires. Au fond de ces sillons, elle donne naissance à des prolongements, cloisons placentaires, interlobaires ou intercotylédonaires, qui se rattachent au chorion et circonscrivent des loges, loges placentaires, renfermant chacune un groupe de villosités choriales ou cotylédon. Des cloisons interlobaires se détachent des cloisons secondaires, ce qui fait que le lobe placentaire, composé d'un cotylédon enchâssé dans une logette de tissu décidual, peut être décomposé en un certain nombre de lobules. Ces cloisons, dans le centre du placenta, ne s'étendent pas jusqu'au chorion, de sorte que les loges cotylédonaires sont incomplètement séparées les unes des autres. A la périphérie du chorion villeux la membrane déciduale constitue une sorte de bordure (lame obturante, caduque placentaire sous-choriale, anneau obturant sous-chorial). Le tissu qui constitue la lame basale et les cloisons placentaires est remarquable par des cellules volumineuses à plusieurs noyaux, qu'on a appelées cellules géantes de la sérotine. C'est dans ce tissu que rampent les vaisseaux utéro-placentaires.
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Placenta vu par sa face foetale. 
L'amnios est déchiré pour laisser voir les vaisseaux.
A, face face foetale du placenta;
B, chorion; C, amnios;
D, cordon (son insertion sur le plateau est centrale).

Quant aux lacs sanguins, ce sont des espaces communiquant entre eux, remplis par le sang de la mère. Les villosités choriales plongent directement pans ce sang. Dans le placenta à terme, il n'y a pas de capillaires interposés aux artères et aux veines, et la communication se fait exclusivement par l'intermédiaire de ces lacs sanguins. Aussi, considère-t-on généralement aujourd'hui que les lacs sanguins ne sont autre chose que ces capillaires eux-mêmes, progressivement et énormément dilatés, transformés enfin en cavités anfractueuses dans lesquelles se sont enfoncées les expansions villeuses du placenta fatal après avoir, on quelque sorte, érodé la surface de la muqueuse sérotine. Au début, ainsi  que Keibel l'a observé sur un oeuf humain de quatre semaines, on petit retrouver l'endothélium vasculaire à la surface des lacs sanguins. Ultérieurement il disparaît.

A la périphérie du placenta il y a un sinus circulaire que l'on a appelé le sinus coronaire, en relation avec les veines utéro-placentaires.

Le placenta foetal est constitué par le chorion villeux, c.-à-d. par cette portion du chorion qui s'est recouverte de villosités rameuses (villosités allanto-choriales). Chaque villosité est composée d'une tige et de branches latérales. Le tout plonge dans un lac sanguin. Des rameaux des villosités, les uns se terminent librement au milieu des lacs, les autres s'enfoncent dans la sérotine où ils font office de crampons. Un groupe de villosités rameuses constitue un cotylédon.

Le chorion allantoïdien ou allanto-chorion se compose d'une couche profonde, vasculaire, résultant de la fusion de la portion extra-embryonnaire de la somatopleure avec le tissu allantoïdien, et d'une couche superficielle épithéliale. Cette dernière est composée d'une assise profonde où les éléments cellulaires restent nettement délimités (couche cellulaire de Langhans) et d'une assise superficielle où les cellules, sont fusionnées en une masse homogène parsemée de noyaux (couche plasmodiale). La couche profonde s'épaissit par places sous la forme de saillies qui proéminent dans les lacs sanguins. La couche plasmodiale se creuse de canalicules anastomosés. A la surface des villosités, la couche de Langhans disparaît et la couche plasmodiale persiste ou elle finit par constituer à elle seule le revêtement épithélial des villosités. La tige et les branches des villosités contiennent un axe de tissu conjonctif allantoïdien dans lequel s'engage une division de l'artère-ombilicale, qui se résout en capillaires placés directement au-dessous de la surface épithéliale. Les veinules émanées du réseau capillaire se réunissent en un tronc qui parcourt la tige de la villosité. Chaque villosité possède ainsi un système vasculaire absolument clos et indépendant des lacs sanguins. C'est, en effet, par osmose que les matériaux de nutrition passent du sang de la mère dans celui du foetus. (Ch. Debierre).
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Enveloppes foetales des Mammifères.
Enveloppes foetales des Mammifères.
1, amnios. - 2, cavité amniotique.
- 3, chorion. - 4, villosités. - 5, vésicule ombilicale.
- 6, allantoïde. - 7, mésoderme.
En botanique, on a donné le nom de placenta emprunté à la zoologie, à une saillie plus ou moins prononcée sur les parois intérieures de l'ovaire et auxquelles sont attachés les ovules des plantes. Le mot placentaire a été réservé pour désigner l'ensemble de plusieurs placentas, absolument comme le mot calice désigne la réunion des sépales. Quant à la distribution des ovules résultant de la position des placentas, elle prend le nom de placentation.

Les caractères de la placentation ont joué un rôle assez important dans les anciennes classifications des plantes. On distingue ordinairement trois sortes de placentation dont il est assez facile de se rendre compte en pratiquant une coupe horizontale des ovaires étudiés. La placentation est axile, quand le placenta occupe l'angle formé par la réunion des bords de la feuille carpellaire le long de la suture ventrale (campanulacées, malvacées; aconits); pariétale, lorsque les placentas sont fixés contre les parois de l'ovaire, à l'opposé de l'axe (les pavots, les violettes, les grossulariées); et centrale, lorsque les placentas forment au centre de la loge un faisceau indépendant des parois et chargé d'ovules (caryophyllées, portulacées, etc.). (G-s.).

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Dictionnaire Les mots du vivant
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