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Les Renards
Vulpes
On désigne sons le nom de Renards de petites espèces de Canidés, qui se répartissent en trois genres distincts : la plupart des Renards appartiennent au genre Vulpes, qui comprend, par exemple, le Renard roux (Renard d'Europe) et le Fennec;  les deux autres groupes sont les genres Urocyon et Otocyon. 

Le Renard se distingue du Loup par sa faible taille, son corps plus allongé, plus bas sur pattes et à membres plus minces; son museau plus pointu, ses oreilles assez grandes, droites, acuminées; sa pupille oblongue. La queue est droite, cylindrique, très touffue. Le pelage épais est d'un fauve rougeâtre, quelquefois tirant au gris en dessus, blanchâtre en dessous, avec la queue de la couleur du dos et terminée de blanc.
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Renard gris.
Un Renard de Gray dans le Minnesota (Etats-Unis). Photo : Dave Schaffer.

Mais ces caractères sont peu fixes, et, dans le passé, l'on a pu ranger par erreur des Canidés d'Amérique du Sud parmi les Renards alors qu'ils se rapprochent plutôt des Chiens et des Loups, dont ils ont tous les caractères ostéologiques des Loups, malgré leur faible taille.  En montrant combien la différence était faible entre les Chiens et les Renards, Huxley a établi que le seul caractère ostéologique de quelque valeur était la présence, chez les Chiens (Canini), d'un sinus frontal qui manque chez les Renards (Vulpini), ce caractère coïncidant avec une plus grande épaisseur des os du crâne et une forme du cerveau en rapport avec cette épaisseur, la place de ce sinus étant occupée chez le Renard par le lobe frontal antérieur. Cette différence n'a, du reste, qu'une importance très secondaire; mais elle permet de ranger les Canidae en deux séries qui correspondent aux deux groupes : Loups et Renards. 

Le genre Vulpes.

Les Renards roux.
Le Renard roux, Renard d'Europe ou Renard vulgaire (Vulpes vulpes) est d'un fauve plus ou moins roux en dessus, blanc en dessous, avec le derrière des oreilles noir; sa queue touffue est terminée par un bouquet de poils blancs. Son museau est effilé, son front aplati; son odorat extrêmement fin; sa vue perçante la nuit, car son oeil a, comme celui du chat, une pupille en fente verticale dans le jour, qui s'arrondit la nuit. 

Son repaire est habituellement établi dans les bois ou dans les rochers, au voisinage des fermes ou des habitations des cultivateurs dont il compte exploiter les basses-cours. Ce repaire est un terrier qu'il se creuse ou s'approprie; souvent c'est celui d'une famille de lapins ou d'un blaireau, dont il a banni les premiers propriétaires en l'infectant de son urine, et qu'il accommodé à sa taille et à son usage. Là s'établit le renard avec sa femelle. 

Ce logis a plusieurs entrées qui, par de nombreuses galeries, arrivent à trois pièces distinctes; près des entrées, antichambre, nommée maire, pièce ronde de 0,60 m à 1 mètre de diamètre, où l'animal vient jeter un coup d'oeil au dehors, épier les dangers ou seulement prendre l'air; puis, salle à manger, nommée fosse ou fusée, pièce à deux ou plusieurs issues, allongée, mesurant 1 mètre environ, où sont déposées les proies, gibiers, volailles, etc., que se partage et dévore toute la famille; enfin chambre à coucher, nommé accul, pièce à une seule entrée et sans issue, ronde et des mêmes dimensions que la maire, où le renard dort, où la femelle met bas et allaite ses renardeaux.

C'est au mois de février que le Renard donne de la voix et que la femelle commence à porter des petits; après 9 semaines de gestation, elle met bas 4 à 5 renardeaux qui naissent comme les petits chiens, les yeux fermés, et se développent, dans les mêmes délais. Adulte à 1 an et demi ou 2 ans, le renard en vit 14 à 15. Durant le temps qu'elle soigne ses petits, d'avril en juin, la renarde devient très courageuse pour les défendre; le père et la mère quêtent et recueillent une proie abondante pour les nourrir. Quand les petits ont atteint 5 à 6 mois, ils pourvoient eux-mêmes à leurs besoins. Alors chaque parent reprend ses allures solitaires, ne rentrant au terrier que pour se soustraire à un danger pressant, passant la journée tapi dans quelque fourré près du logis, se mettant en chasse à la nuit tombante, pour ne revenir qu'au petit jour.
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Renards.
Renards communs (Vulpes vulpes).

Pendant toute la nuit rampant sous les buissons, le long des haies, toujours l'oeil au guet, souvent à l'affût, il quête les oiseaux endormis, les lièvres, les lapins, les mulots, les rats d'eau, les lézards même et les grenouilles;  tout lui est bon : au besoin, il se rabat sur les insectes et les cadavres qu'il rencontre.S'il existe un poulailler à proximité, c'est là autour qu'il va rôder, toujours à couvert; s'il peut s'y glisser, en quelques instants sa victime est saisie, tuée et mangée; mais prudemment il tue encore ce qu'il peut emporter pour le cacher dans son terrier ou dans quelque trou à sa portée. Si les proies sont rares, le renard se rabat sur les fruits baies; mais, en tous cas, le raisin et le miel sont pour lui des friandises. Chasseur habituellement solitaire, le renard s'associe cependant quelquefois à un confrère pour chasser le lièvre; l'un fait lever le lièvre et, le poursuit en jappant; ses cris avertissent l'autre (généralement la femelle) qui coupe la retraite au fuyard, et tons deux en viennent facilement à bout. Son cri ordinaire est rue sorte de glapissement.

On distingue, comme de simples variétés individuelles ou locales : le Renard charbonnier, qui a le bout de la queue noir avec des traces de cette couleur au dos, au poitrail et sur les pattes de devant; le Renard croisé (V. v. crucigera), semblable au précédent, mais avec une bande dorsale et les épaules noires (ce qui forme une croix), le bout de la queue blanchâtre; le Renard à ventre noir (V. v. melanogaster), variété du sud de l'Europe caractérisée par la couleur de ses parties inférieures, et qui habite les Alpes-Maritimes et la Corse; et, enfin  le Renard musqué de Suisse, qui exhale une odeur de musc. 

Le Renard roux habite toute l'Europe et le sud de la Sibérie jusqu'aux steppes d'Asie centrale, la Chine, le Japon et l'île de Taiwan; elle se retrouve dans le nord de l'Afrique, en Algérie, en Egypte (Vulpes v niloticus, V. v anubis, etc.), en Ethiopie et en Turquie d'Asie. Quant aux Renards  de l'Amérique du Nord (V. v fulvus, V. v argentatus, etc.), ils constitunt eux aussi tout au plus une variété de celui de l'ancien continent. Une espèce encore très voisine (V. montanus Pearson) habite l'Himalaya, le Tibet et le Turkestan oriental. Les Vulpes flavescens (Gray) du Nord-Ouest de l'Inde, de l'Afghanistan et du Penjab, et V. adusta (Sundevall), de l'Afrique au sud du Sahara, différent également très peu du Renard roux d'Europe

Les Renards arctiques.
L'Isatis ou Renard arctique (Vulpes lagopus) espèce plus distincte par son mode de vie et son habitat, que par ses caractères qui sont ceux des Renards roux : la plante des pieds est fourrée; la queue est très touffue.  C'est le Peset des Russes, le Fialracka des Suédois, le Njai des Lapons. La taille est inférieure à celle du Renard roux, et la robe est variable suivant l'âge et le sexe et la période de l'année. Gris roux ou gris noirâtres en été les isatis prennent en novembre une fourrure blanche, Iongue, touffue, moelleuse, qu'ils gardent jusqu'en mars, et qui est estimée à très haut prix dans le commerce. Ce sont ces peaux que les fourreurs désignent sous le nom de Renard bleu, et qui sont d'un brun ou d'un gris ardoisé, appartiennent, paraît-il, aux jeunes et aux femelles. 
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Renard arctique.
Renard arctique (Vulpes lagopus).

Cette espèce fait la chasse aux oiseaux, aux rongeurs, et même aux poissons, et nage avec facilité. Elle a la remarquable habitude de migrer, parfois en grand nombre, vers le milieu de décembre, du littoral de l'Océan glacial arctique, vers, des contrées moins septentrionales. Ils ne dépassent cependant pas le 69° de latitude. La cause de leurs voyages est la rareté du gibier dans leur habitat d'origine, mais après 1, 2, 3 ou 4 ans d'absence, ils reviennent dans leur pays glacé où le gibier s'est multiplié en leur absence.

Corsacs  et compagnie.
Le Corsac ou Adive (Vulpes corsac) est une espèce à formes gracieuses, plus petite que le Renard d'Europe, à pelage moins fourni, isabelle avec le ventre blanchâtre et le bout de la queue noir. Il habite les steppes de l'Asie centrale et l'Irak, de la Volga et de la mer Caspienne au lac Baïkal, le Nord-Ouest de la Chine, la Mongolie et le Tibet

Le Vulpes bengalensis (Shaw) remplace l'espèce précédente en Inde et au Sri Lanka : ses teintes sont plus rousses, mais il a également le bout de la queue noir. Le V. pusilla (Blyth) du Pendjab n'en diffère probablement pas. L'Anatolie et le nord-est de l'Afrique possèdent aussi un Renard peu différent du Corsac : c'est le V. famelica (Canis famelicus Cretzch.) qui s'étend de l'Iran à l'Ethiopie, au Kordofan et au Sénégal, et se trouve aussi en Algérie

Plusieurs autres espèces de Renards rappellent les Corsacs : le Renard à terriers (V. velox Say), de l'Amérique du Nord, se rattache au même groupe. Son pelage est gris argenté. Il se creuse un terrier et habite plus particulièrement les plaines du Missouri. Le Vulpes macrotis, du sud de la Californie, a été décrit par Merriam. Une espèce plus distincte est le V. leucopus (Blyth) ou V. persicus (Blanford), qui habite le nord-ouest de l'Hindoustan, le Hindou Kouch, le Tibet et l'Iran. 

Les Fennecs et les Caamas.
Les Fennecs (Fennecus Gray) également proches des Corsacs, sont propres aux régions chaudes, surtout de l'Afrique. Ils ont généralement les oreilles plus grandes que les Renards communs, la queue, touffue, et sont de petite taille. On en connaît deux espèces : les Fennecs proprement dits et les Caamas.

Les véritables Fennecs  (Vulpes zerda), de très petite taille, se distinguent de tous les autres Renards par ses oreilles larges et pointues, aussi longues que la tête. Leur museau est pointu et leur queue très fournie. Le pelage est isabelle, clair avec la queue couleur d'ocre, terminée de noir. Ils habitent les déserts du nord de l'Afrique et se creusent un terrier d'où ils ne sortent que la nuit pour faire la chasse aux rongeurs, aux petits oiseaux, et même aux perdrix qu'ils surprennent pendant leur sommeil. Ils se nourrissent aussi de lézards, de sauterelles, de pastèques et de dattes. On les trouve dans tout le Sahara, de l'Algérie au Soudan et en Arabie. 
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Fennec.
Fennecs (Vulpes zerda).

Dans le désert, sud-africain, le Fennec est remplacé par le Caama, qui lui ressemble par la taille et la couleur, mais n'a pas les oreilles beaucoup plus développées que celles des autres Renards. Ses moeurs sont les mêmes; il vit par couple et s'attaque surtout aux oiseaux qui nichent à terre, et à leurs oeufs. L'autruche elle-même, dit-on, n'est pas à l'abri de ses rapines. Les deux Caamas, mâle et femelle, guettent le moment où l'oiseau quitte son nid, s'emparent de l'un des oeufs déposés dans le sable et le roulent, non sans peine, dans la direction de leur terrier. Pour briser la dure coquille, ils poussent l'oeuf contre des pierres jusqu'à ce qu'il éclate et dévorent son contenu. 

Les Otocyons.
Les Otocyoninae sont représentés dans la faune actuelle par le seul genre Otocyon (Desmarest) ou Megalotis (Bonnet) de l'Afrique australe. L'unique espèce (O. megalotis Desm.) est très remarquable par sa denture, plus compliquée encore que celle des Aniphicynunae tertiaires; en effet, elle possède quarante-huit dents, comme l'indique la formule suivante :

i.3/3, c.1/1, pm.4/4, m.4/4 X 2 = 48 dents,
Cette formule devant être comparée à la première de nos deux formules générales des Canidés. Les tuberculcuses (arrière-molaires) sont au nombre de quatre (au lieu de deux) à la mâchoire supérieure, et de quatre (au lieu de trois) à l'inférieure, de chaque côté. La dernière molaire supérieure est caduque et disparaît de bonne heure, de telle sorte qu'on ne la trouve plus chez l'adulte. La carnassière est peu développée, tandis que les arrière-molaires sont grandes et décroissent, beaucoup moins rapidement que  dans le genre Canis, de la première à la dernière. L'ensemble de cette denture indique un régime plus omnivore que celui des autres Canidés et rapproche l'Otocyon des Carnivores plantigrades désignés sous le nom de Procyonidés, notamment du Coati. 
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Otocyon.
Otocyon (Otocyon megalotis).

L'Otocyon est, sde ce point de vue, un type archaïque très remarquable, présentant avec les autres Canidés les mêmes rapports que le Cryptoprocte présente avec les Félidés. Mais il n'est pas sans intérêt de remarquer que la ressemblance s'arrête là : l'Otocyon, loin d'être plantigrade comme le Cryptoprocte et comme on serait porté à le croire d'après l'examen seul de sa denture, est digitigrade, comme les autres Canidés, et même plus haut sur jambes que les Renards et les Fennecs dont rien ne le distingue à l'extérieur; c'est un digitigrade à denture de plantigrade. Ce désaccord entre les caractères de la denture et, ceux de la locomotion est digne de remarque, car il prouve que le développement des membres n'est pas toujours en rapport direct et forcé avec celui du système dentaire. 

L'Otocyon, habitant les déserts de l'Afrique australe et forcé de faire de longues courses à la recherche de sa nourriture, ne pouvait garder une allure plantigrade. Quoi qu'il en soit, cet animal a la forme et la taille d'un petit Renard ou d'un Chacal; sa tête arrondie, à museau pointu, est surmontée de larges oreilles, semblables à celles des Fennecs qui habitent le même pays; la queue est très touffue. Le pelage est d'un fauve assez foncé avec les oreilles, les jambes et la queue brunâtres. Il habite les steppes à buissons de l'Afrique australe, au Nord du fleuve Orange et de là jusqu'au Zambèze, restant le jour caché. dans son terrier, et ne chasse que la nuit en poussant des glapissements plaintifs. Sa nourriture consiste en petits animaux, surtout en sauterelles dont il suit les migrations; il est probable qu'il y ajoute des racines et autres substances végétales, comme l'indique sa denture.

Les Urocyons.
Un dernier type de la série des Renards est le genre Urocyon  (Baird),. Il présente dans la forme de l'angle de la mâchoire inférieure recourbée en dedans et danse développement de ses tuberculeuses supérieures, des signes d'infériorité qui le rapprochent de l'Otocyon. C'est le Renard tricolore, dont on connaît trois espèces (Urocyon californicus, U. cinereoargenteus, U. littoralis), et dont le pelage est agréablement varié de fauve, de gris, de roux et de blanc avec le bout de la queue noir. La queue, assez touffue, présente, sur la ligne dorsale, une rangée de poils épineux, mêlée aux poils soyeux qui forment son panache. Ces animaux habitent l'Amérique septentrionale du nord des Etats-Unis au Costa-Rica,et les îles de la Californie. 

Les autres "renards"

On ajoutera pour terminer qu'on a aussi donné le nom de Renards à des Canidés qui appartiennent en réalité au même groupe que les Loups et les Chiens (tribu des Canini) et non à celui des Renards vrais (Vulpini). Ce sont de petites espèces sud-américaines, qui, à la taille près, ont pourtant tous les caractères des Chiens ou des Loups. Ces faux renards sont réunis dans deux genres : Lycalopex [Lycalopex vetulus (Renard chenu), L. culpaeus (Renard fuégien), L. fulvipes (Renard de Darwin), L. griseus (Renard gris d'Argentine) ] et Pseudalopex. 

Le Renard fuégien ou Lycalopex culpaeus de Molina (Canis magellanicus de Gray) est les plus méridional de tous les Canidés. Il est de la taille d'un Chien de berger, d'un roux fauve avec le dos et la queue noirâtres; le pelage est long, surtout à la queue. Il habite la région des Cordillères, depuis la Bolivie jusqu'au détroit de Magellan, la Patagonie et le Chili, faisant la chasse aux lièvres et aux perdrix, enlevant même les poulets domestiques qu'il surprend par ruse. Il est peu sauvage et se laisse volontiers approcher par l'humain. (E. Trouessart).
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Dictionnaire Les mots du vivant
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