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On désigne
sous le nom de fossiles (du latin fossilis, même sens)
les débris d'animaux ou de végétaux
que l'on trouve dans les différentes couches géologiques
qui forment l'écorce du globe terrestre (Le
Passé de la Terre).
La branche des sciences naturelles que l'on désigne sous le nom
de paléontologie est basée sur l'étude des fossiles,
la paléozoologie s'occupant des animaux et la paléophytologie
des plantes fossiles. Quand les débris fossiles proviennent d'organisme
récemment éteints, on emploie l'expression subfossile.
Ainsi les trilobites sont fossiles dans les
terrains paléozoïques ; les drontes
sont subfossiles aux Mascareignes.
Ces débris sont généralement
« pétrifiés », c.-à-d. que la matière
organique des tissus de l'organisme vivant a été
remplacée par une substance minérale : il en résulte
que les parties molles (peau, muscles,
viscères, parenchyme des feuilles) ne sont
généralement pas conservées et que les parties dures
(os des vertébrés,
coquille ou test des invertébrés,
squelette chitineux des arthropodes, tronc,
branches, nervures des végétaux) sont les seuls débris
qui permettent de se faire une idée de l'organisation des animaux
ou des plantes auxquels ils ont appartenu. (Fossilisation,
Bois fossiles).
Cependant, il y a des organismes que l'on
doit considérer comme des fossiles bien que leur mode de conservation
s'écarte de celui que nous venons d'indiquer : les cadavres
de mammouth et de rhinocéros gelés
avec leur chair et leur peau dans les glaces de la Sibérie,
les insectes englobés dans l'ambre
tertiaire, ne présentent pas trace de pétrification. D'un
autre côté, les organismes minéralisés à
l'époque actuelle (feuilles et os incrustés des tufs calcaires),
ne sont pas de véritables fossiles. On ne considérera donc
comme fossiles que les débris trouvés dans les couches géologiques
antérieures à l'époque actuelle (Zittel).
En général, ces débris
sont très modifiés sous l'influence des causes chimiques
et physiques qui ont agi sur eux. Lorsque le cadavre d'un animal est enfoui
dans la boue d'un lac, du bord d'une rivière
ou dans le sable d'un rivage maritime - et c'est, le plus souvent, dans
ces conditions que cette dépouille a pu se fossiliser de manière
à se conserver pendant des périodes géologiques successives
- la putréfaction détruit lentement toutes les parties molles
sans épargner les cartilages, les parties
cornées, chitineuses, et la gélatine du squelette externe
ou interne. La désagrégation qui en résulte peut aller
jusqu'à réduire les os et les coquilles à l'état
d'une substance farineuse qui tombe en poussière dès qu'on
y touche; de tels fossiles ne peuvent rendre que des services limités,
sinon nuls, aux naturalistes. Mais, dans les cas plus favorables, les vides
produits par la putréfaction dans les parties solides se remplissent
lentement de substance minérale amenée à l'état
de dissolution, et il s'opère une véritable pétrification.
Le carbonate de chaux est l'agent habituel
de cette transformation : la silice, sous forme
de silex ou de calcédoine, d'autres minéraux encore peuvent
constituer la substance des fossiles, dont la structure histologique est
souvent assez bien conservée, comme chez les coralliaires, les échinodermes
et dans le bois silicifié. Lorsque la substance minérale
cristallise, elle détruit complètement la structure intime
des tissus. Dans d'autres cas, la substance primitive du fossile peut être
entièrement détruite et remplacée par une autre :
on n'a plus alors qu'une espèce de moule reproduisant exactement
la forme extérieure, mais non la structure des tissus. La silice,
la pyrite, la limonite,
la calamine, la malachite, la baryte,
etc., peuvent ainsi se substituer à la substance minérale
qui donnait primitivement leur dureté aux squelettes et aux coquilles.
La silice en particulier peut affecter des aspects très divers,
suivant la manière dont s'opère la fossilisation : tantôt
elle conserve exactement la structure histologique, tantôt elle la
détruit complètement.
On appelle moulage l'empreinte de la forme
extérieure ou intérieure de fossiles qui se trouve ainsi
conservée, alors que ces fossiles eux-mêmes ont été
détruits. Les mollusques, les échinodermes,
les coralliaires, etc., laissent leur empreinte lorsque leurs parties molles
ayant été décomposées puis remplacées
par le sédiment de la couche géologique, les parties calcaires
du fossile sont dissoutes à leur tour par des agents chimiques :
la masse du sédiment qui s'est introduite et déposée
à l'intérieur de la coquille, s'appelle le moule interne.
Quand le fossile a été complètement dissous après
la formation du sédiment, on ne trouve plus que son moule externe.
Quand la cavité formée par la destruction du fossile se remplit
postérieurement d'une substance étrangère, on dit
que l'on n'a que son modèle. L'incrustation est une fossilisation
produite dans des couches relativement récentes; dans ce cas, le
fossile est recouvert d'une enveloppe calcaire
ou siliceuse déposée par des eaux qui contiennent des sels
en dissolution. Souvent il ne reste que ce moule externe, le corps organique
se décomposant à la longue.
La carbonisation se produit par suite de
la désoxydation lente qui a lieu généralement sous
l'eau et dans des conditions ou l'air a peu d'accès et ne peut produire
la putréfaction; ce sont surtout les végétaux qui
sont ainsi fossilisés : la tourbe, les lignites,
la houille ne sont que des stades plus ou moins
avancés de cette carbonisation. Les feuilles et les tiges sont souvent
transformées en minces pellicules charbonneuses mélangées
de matières minérales et montrant encore leurs nervures et
leurs plus fins détails (fougères
des schistes houillers). La chlorophylle est
toujours détruite dans les végétaux fossiles. Les
animaux peuvent également subir la carbonisation (insectes de l'ambre,
graptolithes). Dans les schistes bitumineux du Tyrol autrichien, on trouve
une grande quantité d'inclusions de
poissons, c.-à-d. que les parties molles
de ces poissons se sont carbonisées lentement en laissant leur empreinte
dans la roche qui les renferme, et le bitume ou le goudron particulier
qui en résulte est exploité sous le nom d'ichthyol.
D'après ce que nous venons de dire,
on voit que la couleur primitive du fossile est rarement conservée.
On cite cependant des insectes tertiaires qui présentent encore
des traces de reflets métalliques. Les coquilles et les os des vertébrés
ont généralement la couleur de la substance minérale
qui les imprègne; cette couleur, blanche dans les couches calcaires,
devient rouge, brune ou jaune, lorsqu'il s'y trouve des oxydes de fer,
et noire dans les couches métalliques, carbonifères ou bitumineuses.
La consistance est aussi, comme nous l'avons dit, très variable
: souvent des os, incrustés dans une roche très dure, sont
extrêmement friables : on est donc obligé, avant de les étudier
et surtout de les séparer de la gangue (enveloppe minérale)
qui les renferme de leur faire subir une préparation qui consiste
à les imprégner de gélatine, de manière à
leur rendre la consistance dure et élastique des os de l'animal
vivant.
On désigne sous le nom de coprolites
les excréments pétrifiés que l'on rencontre assez
souvent dans les couches géologiques. Cette terminaison : lithe
ou lite (pierre) était autrefois très employée
pour désigner les fossiles : on disait anthropolithe au lieu
d'homme fossile; ichtyolithe pour poisson fossile, etc. Ces expressions
sont actuellement presque inusitées, sauf les cas ou la nature douteuse
d'un débris fossile force à le désigner sous un nom
vague et indéterminé.
Les empreintes ou traces laissées
par les animaux, pendant leur vie, portent le nom d'ichnites, et
la science qui s'en occupe s'appelle ichnologie; ainsi les ornithichnites
sont des empreintes de pas d'oiseau. Des mammifères,
des reptiles, des crustacés, des mollusques,
des annélides ont ainsi laissé
des pistes ou traces de leur passage sur le sable ou la boue dans des couches
souvent anciennes. Des végétaux même ont produit de
ces empreintes. Les plus célèbres sont les traces de pattes
à trois doigts qui abondent sur les grès
rouges triassiques des Etats-Unis
et qui ont été décrites par Hitchcock. Les empreintes
de méduses des schistes lithographiques de Solenhofen un précieux
indice qui nous permet d'affirmer l'existence de ces animaux à corps
mou aux époques géologiques antérieures.
Des actions physiques ou mécaniques
ont souvent modifié considérablement la forme des fossiles,
en déformant, écrasant et comprimant jusqu'aux crânes
de certains vertébrés. Le paléontologiste doit tenir
compte de ces déformations qui peuvent être une source d'erreur.
(E. Trouessart).
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Claudine
Cohen, Méthode
de zadig. La trace, le fossile, Seuil, 2011. - Que
nous disent les fossiles? L’histoire passée de la vie peut-elle
être scientifiquement établie? Comment la paléontologie
et la préhistoire se sont-elles confrontées à la question
de la preuve, de la reconstitution, et plus largement, au problème
de leur scientificité? Zadig, le subtil enquêteur du
conte de Voltaire, sert ici de guide pour comprendre la façon dont
les fossiles ont été constitués comme preuves d’une
histoire des êtres vivants et de l’homme, et les cadres théoriques
dans lesquels les paléontologues et les préhistoriens s’efforcent
de redonner vie et cohérence aux mondes disparus. ce livre analyse
aussi la manière dont ces preuves et ces démonstrations ont
été présentées au public, en explorant la riche
iconographie des mondes disparus. S’appuyant sur nombre de thèmes
populaires, dinosaures, mammouths, hommes préhistoriques, ce livre
abondamment illustré de photographies en couleur et de gravures
originales rend accessibles des questions épistémologiques
complexes, et participe au combat contre les créationnismes et les
obscurantismes. (couv.).
Allessandro
Garassino et al., 180
fossiles du monde entier, Delachaux et Niestlé, 2006.
- Plus de 180 espèces-
fossiles végétales, d'invertébrés
et de vertébrés les plus significatives
et les plus rares en 400 photographies couleurs. Sont également
abordés : l'histoire de la paléontologie, le mystère
de la formation d'un fossile, les conseils pratiques pour nettoyer des
fossiles, le thème du patrimoine paléontologique que représentent
les grands gisements, ainsi que le pouvoir magique de fascination exercé
depuis toujours par les fossiles sur les hommes. (couv.).
Giovanni
Pinna, Les
fossiles, Atlas, 2005. - Empreintes ou
restes organiques figés au cour de la pierre, les fossiles constituent
le témoignage le plus concret que nous possédions sur le
passé lointain de notre planète. Depuis deux siècles
et les travaux de Georges Cuvier, les paléontologues s'efforcent
d'en décrypter les mystères et de reconstituer à travers
eux l'évolution de la vie, de la formation des premiers agrégats
de cellules reproductibles jusqu'aux espèces évoluées
qui nous environnent aujourd'hui pour aboutir à l'Homme.
Sélectionner
les spécimen les plus typiques, les recenser de manière homogène
et les présenter sous la forme la plus claire et la plus fidèle,
tels ont été les objectifs de cet ouvrage. Plus de 1300 reproductions
en couleurs font de cet ouvrage un véritable «-musée
portatif » indispensable au spécialiste comme à l'amateur
passionné de paléontologie. (couv.).
J.
Tola, E. Infiesta, Atlas
des fossiles et minéraux, Gamma, 2004.
Pour
les plus jeunes.
Chris
Pellant, Les
pierres fossiles, Nathan (coll. tout s'explique), 2004. |
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