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L'Ibérie |
![]() | La Péninsule ibérique, qui doit son nom à l'ancienne population des Ibères![]() ![]() ![]() Elle n'est séparée de l'Afrique que par un détroit de quatre à 25 km. Du cap Trafalgar jusqu'au delà de la pointe de Gibraltar les deux rivages sont en vue, ils semblent parfois s'enchevêtrer l'un dans l'autre. Du haut du roc de Gibraltar on aperçoit distinctement les murs et les maisons de Ceuta La péninsule ibérique a un plus long développement de côtes sur l'océan Atlantique que sur la mer Méditerranée, 1675 kilomètres d'un côté, 1150 de l'autre, en négligeant les détails. Mais c'est seulement sur la Méditerranée que son littoral s'enrichit de dépendances insulaires. Du haut du Mongo, une des cimes du cap de la Nao, dans la province d'Alicante L'océan Atlantique, au contraire, ne lui oppose que peu de rivages à proximité. On comprend que les Anciens aient considéré l'Ibérie ConfigurationDans toute l'étendue de ce développement côtier, si les irrégularités de détail nemanquent pas, aucune partie ne se détache sensiblement du corps, aucune échancrure ne s'enfonce assez profondément pour altérer la régularité de la forme générale. Cette forme est celle d'une masse trapézoïdale, dont la surface serait presque égale à celle de la France et de la Suisse réunies (590.000 kilomètres carrés). Entre les divers côtés de cette figure presque géométrique, les distances restent partout considérables; on compte 820 kilomètres à vol d'oiseau entre la côte des Asturies ![]() ![]() ![]() Plateaux. ![]() Carte du relief de la Péninsule ibérique. On trouve en elle un type de contrée qui se rencontre rarement en Europe, mais souvent dans d'autres parties du monde, et dont l'Algérie et l'Anatolie Une forme de relief qui se répète souvent et qui imprime un caractère exotique à la physionomie du sol, est celle que les Espagnols désignent sous le nom de parameras. On désigne ainsi de hauts plateaux tantôt enfermés entre les ramifications d'un même système de chaînes, tantôt remplissant l'intervalle entre les différents groupes. « Ces parameras sont des plateaux intérieurs, la plupart fort élevés au-dessus du niveau des mers, sortes de landes où quelques cistes, des légumineuses, des graminées rigides avec des lavandes et du romarin remplacent nos bruyères. Elles s'étendent entre quelques points des différents systèmes montagneux ou vers leur faite. Les plus remarquables de ces solitudes sont celles des provinces d'AvilaLe plateau central (Meseta) est divisé en deux étages par une puissante arête montagneuse, qui se déroule dans la direction de l'Est-Nord-Est vers l'Ouest-Sud-Ouest et qui constitue un des traits orographiques les mieux marqués de la péninsule. Elle mériterait d'être désignée par un nom générique : à défaut d'un nom que l'usage ait consacré, on y distingue les sierras de Guadarrama et de Gredos qui séparent la Vieille de la Nouvelle-Castille ![]() ![]() ![]() ![]() D'autres chaînes moins importantes sillonnent le plateau au Sud de Tolède ![]() ![]() ![]() ![]() ![]() Fleuves de plateaux. Le Douro, assez riche en eau, y coule étroitement encaissé entre des rives rocheuses. Le Tage, qui est le plus long, mais non le plus important des fleuves de la péninsule, s'y traîne péniblement entre des îles de sable ombragées de tamaris, ou s'engouffre dans des gorges granitiques qu'il remplit tout entières. Le Guadiana, au sortir du Campo de Montiel, plateau situé au Nord-Est de la sierra Morena, disparait dans une plaine marécageuse, pour reparaître une quarantaine de kilomètres plus bas, sous forme de grandes sources, « les yeux du Guadiana »; puis il continue jusqu'à Badajoz ![]() Carte des fleuves de la Péninsule ibérique. C'est aussi par une série d'escarpements et de rapides que le Tage et le Douro débouchent hors du plateau dans les plaines du Portugal, où se déroule leur cours inférieur. Condamnés par la structure du plateau à percer la barrière montagneuse qui les flanque à l'Ouest, ils précipitent leur allure de telle sorte que les communications naturelles sont interceptées entre le moyen et le bas fleuve, et que les différentes parties du cours fluvial restent étrangères l'une à l'autre. Dans la riche bordure de plaine où s'achèvent le Douro et le Tage, leur lit se déroule plus librement, leurs rives s'animent et se peuplent, la navigation commence à se développer; mais sans profit pour la région intérieure, qui reste à part et presque sans liaison avec les embouchures. Les deux autres grands fleuves de la péninsule n'appartiennent aux plateaux que par leur origine. Il s'agit du Guadalquivir et de l'Ebre. Très inférieur en longueur aux précédents, le Guadalquivir (Ouadi-al-Kebir ou grand fleuve), les dépasse de beaucoup en importance. La source du cours d'eau qui porte ce nom se trouve par 1369 mètres de haut dans la sierra de Cazorla, une des chaînes de jonction de la sierra Morena et de la Cordillère bétique; mais le Guadarmeno, bras principal qui devrait être considéré comme le fleuve, naît au nord de la sierra Morena sur le plateau même. Après un cours de 150 km dans les montagnes, le Guadalquivir entre, vers Menjibar, dans une plaine qui se continue sans interruption jusqu'à l'Océan. Il y roule pendant plus de 500 km ses eaux terreuses. A l'est les cimes presque alpestres de la sierra Nevada, qui mérite son nom, même en été, lui envoient le Jénil; et la marée remonte jusqu'à Séville Le principal fleuve méditerranéen de la Péninsule, l'Ebre, naît à l'extrémité opposée du plateau, dans les hautes et froides terrasses de Reinosa. Mais au lieu de suivre, comme la Pisuerga dont il n'est éloigné que de 25 km, la direction de l'Atlantique, il s'échappe, en traversant une série de chaînes, du plateau de la Vieille-Castille et prend sa route vers le Sud-Est. Il va suivre le sillon de 700 kilomètres qui sépare, comme une ride entre deux soulèvements, les terrasses castillanes des contreforts sub-pyrénéens d'Aragon Mais la dépression de l'Ebre participe par sa nature fermée au caractère général de la péninsule. Elle se compose de deux bassins étagés, celui de Tudela et celui de Saragosse On remarquera que la ligne de partage des eaux entre l'océan Atlantique et la Méditerranée ne suit nullement les crêtes élevées qui servent de rebords au plateau central. La plupart des fleuves de la péninsule ont leurs sources et une partie au moins de leur cours supérieur sur le plateau même. Entre les tributaires de l'Océan et ceux de la Méditerranée il n'y a souvent qu'un léger renflement de terrain, qui suffit néanmoins pour déterminer la divergence des eaux. Tel est le cas, ainsi qu'on l'a vu, entre la Pisuerga, affluent du Douro, et l'Ebre; il en est de même entre le Guadiana et le Jucar. Ce dernier fleuve, dont la source est voisine de celle du Tage, suit d'abord la di- Le Guadalaviar, qui naît comme le Jucar et le Tage au pied de la Muela de San-Juan (Muela est un nom qui désigne une de ces montagnes isolées abruptes sur les flancs et aplaties au sommet, qui ont la forme d'une dent molaire); le Segura, dont le cours supérieur s'écoule dans les hautes steppes connues sous le nom de Despoblados de Murcie; le Guadalhorce, qui a creusé de superbes gorges pour se jeter dans la mer à Malaga: tous ces fleuves présentent la même particularité. Les chaînes de montagnes, au lieu de former ceinture, forment barrière, mais des barrières que le fleuve traverse. ![]() La péninsule ibérique vue de nuit depuis l'espace. Source : Nasa. Plaines périphériques. Là commencent les végas d'Andalousie, et les huertas de Murcie et de Valence. Ces noms qui veulent dire jardins, caractérisent à merveille ces oasis d'irrigation et de culture qui se succèdent au pied des montagnes le long de la zone méditerranéenne. Grâce à un système admirablement combiné de canaux et de rigoles, les cultures se pressent et même se superposent; les légumes et les primeurs mûrissent à l'abri des grenadiers, abricotiers, figuiers et citronniers; les récoltes se succèdent sans relâche et pas un pouce du sol n'est inactif. C'est ainsi qu'à la sortie des montagnes le Guadalaviar fertilise les 8400 hectares de la huerta de Valence Une vie remarquable s'est développée à diverses époques dans chacune de ces plaines, comme en autant de foyers distincts. Mais elle n'a pu ni embrasser la périphérie entière, ni remonter de la circonférence au centre. ![]() Carte muette de la Péninsule ibérique. ClimatL'intérieur de la Péninsule ibérique a un climat continental fortement accentué, conséquence de sa structure. « Trois mois d'enfer et neuf mois d'hiver! » : ce proverbe castillan en dit assez sur le régime des hauts plateaux. Toutes les parties de la Meseta et même le bassin de l'Ebre sont soumis à de brusques contrastes de température entre le jour et la nuit, à des hivers rigoureux et des étés brûlants, à peine séparés vers octobre ou avril par quelques semaines de répit dans la verdure et la fraîcheur. Au printemps et en automne tombent des pluies souvent torrentielles, mais pendant le reste de l'année le ciel est le plus souvent sans nuage, et l'air d'une extraordinaire sécheresse. Les plaines de la Nouvelle-Castille et de l'Estremadoure sont, en juillet et août, des déserts où tout disparaît sous la poussière. Parfois dans les après-midi brûlantes, par 40 ou 50°C, une sorte de brume poudreuse appelée calina envahit le ciel sans nuages, change son azur en un gris de plomb et voile tous les objets éloignés. A Madrid (655 mètres d'altitude) la gelée fait ordinairement son apparition dès les premiers jours de novembre, parfois en octobre, et se maintient pendant de longues séries de jours; et cependant la latitude de cette ville est plus méridionale que celle de Naples![]() L'âpre nature de la Péninsule ibérique s'adoucit seulement le long de la périphérie. Peu de climats sont aussi doux et agréables que celui de la côte septentrionale jamais d'excès dans le froid ni le chaud, un ciel qui n'a pas la pureté immaculée du ciel méditerranéen, mais où le soleil et les nuages produisent de merveilleux effets de lumière, une atmosphère constamment imprégnée d'humidité, grâce à laquelle les vallées des Asturies et de la Galice conservent leurs prairies verdoyantes toute l'année. La côte occidentale jouit d'un ciel plus pur, d'un climat plus chaud mais encore plus égal, qui ressemble dans le sud à celui de Madère. Les hivers restent remarquablement tièdes dans la plaine andalouse et sur le littoral de la Méditerranée jusqu'au nord d'Alicante; mais l'ardeur des étés n'est plus atténuée par l'influence océanique et prend quelque chose d'africain. La Catalogne a un climat qui rappelle celui du Languedoc |
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