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Relativité

Lorsqu'on parle de relativité ont se réfère à la relation qui existe entre deux éléments, à la manière dont on peut considérer un élément relativement à un autre. On peut également utiliser le terme de relativité pour signifier que quelque chose dépend du contexte ou de la perspective. La philosophie, comme la physique, emploient ce terme dans des sens analogues, mais l'appliquent à leurs propres objets. 

En philosophie, le concept de relativité est lié à la nature relative et dépendante de la réalité, de la connaissance, des valeurs ou de la vérité. La relativité en philosophie est celle des perspectives, des valeurs et des connaissances. En physique, le concept de relativité relève aussi de préoccupations sur la nature de la réalité, de la connaissance et de la perception. Sa visée de départ semble plus modeste, pour l'essentiel il ne s'agit de parler que de la relativité du mouvement. Mais la manière d'articuler l'espace, le temps, la matière et l'énergie que cela implique, vont bien au delà de nos intuitions les plus simples.

La relativité en philosophie.
Les philosophes opposent le relatif à l'absolu. Par l'expression d'absolu, ils désignent ce qui se suffit à soi-même et pour exister et pour être conçu, au lieu qu'ils appellent relatif ce qui ne saurait être conçu que par rapport à quelque autre chose, ce qui donc ne se suffit ni pour exister ni pour être intelligible; tel est, par exemple, chez Spinoza, le mode, lequel n'a de sens qu'en tant qu'il détermine un attribut; tel est encore l'attribut, lequel n'a de réalité que dans la mesure où il détermine la substance, cette dernière demeurant, en fin de compte, l'absolu unique et total. 

La relativité, dans le langage ordinaire des métaphysiciens, désignerait donc cette condition générale de tous les objets, sauf un, qui tombent sous les prises de notre pensée, de se rapporter les uns aux autres, d'entrer dans des liaisons qui les unissent ou dans des oppositions qui les font contraster. Encore, pour cette unique exception que l'absolu présente, a-t-on pu soutenir qu'elle était plus apparente que réelle, attendu qu'on ne le pense qu'en le mettant en antithèse avec son contraire, c.-à-d. avec le relatif. Nommez le Dieu, si bon vous semble, vous n'arriverez pas à le concevoir en lui-même et abstraction faite de toutes les existences imparfaites, finies, relatives, qui ont dans le flot divin le principe de leur existence. La notion de relativité ainsi comprise a même constitué l'une des objections les plus graves, la plus fondamentale à coup sûr qui ait été dirigée contre la preuve ontologique de l'existence de Dieu, preuve à laquelle on sait que Kant ramenait tous les arguments possibles de la théologie rationnelle. Cette preuve prend, comme donnée, le concept d'être parfait, et de cela seul que ce concept n'est pas contradictoire ou, en d'autres termes; est possible, conclut que l'objet en est réel. Or, on a opposé parfois à cette démonstration que le passage qu'elle présume de le possibilité à l'être est ici précisément illégitime, parce que toute existence étant conditionnée, l'Être parfait, par cela seul qu'on l'admettrait comme réel, tomberait sous des conditions, c.-à-d. cesserait d'être absolu, d'être parfait. 

Mais la notion de relativité a été également entendue dans un sens différent, et cette seconde acception est celle qui, grâce aux progrès de la philosophie critique, a pris la plus grande importance. Elle ne désigne plus alors la loi en vertu de laquelle tout objet est conditionné par rapport à d'autres objets, mais bien cette autre loi en vertu de laquelle tous les objets, quels qu'ils soient, sont conditionnés par l'intelligence même qui se les représente. « Penser, c'est conditionner », a dit William Hamilton, ce qui revient à affirmer que toute chose, par le seul fait qu'on la nomme, tombe sous l'action de la pensée. et par le seul fait qu'on la pense, se conforme aux exigences de cette pensée elle-même. 

Jusqu'à quel point peut s'étendre cette action réfringente de la pensée sur ses objets? Ici commencent les divergences et les doutes, qui peuvent entraîner le critique aux conclusions extrêmes, soit de l'idéalisme absolu, soit du scepticisme radical. Cet objet, dira-t-on, que la la pensée pense, c'est-à-dire soumet aux relations qui lui sont essentielles, à ses catégories-nécessaires, offre-t-il encore à l'esprit qui le contemple quelque chose qui ne soit pas, comme disent les philosophes anglais, manufacturé par l'intelligence? La réalité qui, au dehors, lui correspond, est-elle quelque chose de plus, sinon une simple occasion, une mise en jeu de notre mécanisme mental? L'objet réel a donné peut-être uniquement la chiquenaude; les formes et déterminations n'ont été l'oeuvre que de l'esprit. 

On est allé plus loin encore dans la voie de ce que l'on a appelé, la relativité de la connaissance. Ces relations elles-mêmes que la pensée impose nécessairement à tout ce qu'elle se représente, on s'est demandé si elles ne constituaient pas de simples manières d'être, des dispositions anatomiques, si l'on peut dire, de notre pensée, dispositions exclusivement subjectives, dénuées de significations, si on vent les transférer à l'univers objectif. L'illusion qui nous porte à croire obstinément le contraire ne serait due qu'à une nécessité de notre nature, qui nous oblige à des croyances trompeuses et préservatrices, qui nous fait, pour notre plus grande utilité, réaliser hors de nous un monde que nous portons en nous-mêmes et dont nous avons été les véritables créateurs. Ce serait là une doctrine de relativisme extrême. On devine quel parti le scepticisme ne saurait manquer d'en tirer, s'il est vrai comme l'ont voulu Reid et Hamilton, que la distinction du moi et du non-moi, celle de la réalité et de l'apparence, sont les premières démarches de l'intelligence en quête de la vérité. Il semble bien qu'une prétention de ce genre ait été, comme l'a très bien vu l'historien Grote, hasardée par le grand sophiste-Protagoras quand il disait : 

« L'humain est la mesure des choses, de ce qu'elles sont, dans la limite ou elles sont, de ce qu'elles ne sont pas, dans la limite ou elles ne sont pas ».
Et les maîtres de l'École pyrrhonienne ( Pyrrhon, Enésidème)) ne se sont pas fait faute de dériver d'une interrogation de ce genre, l'une de leurs plus redoutables époques. Pour rompre le réseau du relativisme sceptique la pensée toutefois possède une ressource héroïque : affirmer qu'elle ne fait qu'un avec l'être et que ce dernier mot, si on fait abstraction de l'intelligence et de ses formes éternelles, se vide de signification. Ce parti est celui que suit l'idéalisme absolu. (G. Lyon).

Formes de relativité en philosophie.
Le concept de relativité peut apparaître dans différents contextes, et revêtir chaque fois une forme différente.

• Relativité culturelle. - Dans le domaine des sciences sociales et culturelles, la relativité culturelle renvoit à l'idée que les normes, les valeurs et les croyances varient d'une culture à l'autre.

• Relativité morale. - La relativité morale signifie que les normes morales et éthiques peuvent varier d'une personne à l'autre ou d'une société à l'autre. Ce concept souligne que ce qui est considéré comme moralement acceptable ou inacceptable peut dépendre du contexte culturel ou individuel.

• Relativité de la connaissance (Relativisme). - La relativité de la connaissance résulte de ce que nous ne connaissons rien absolument, « nous ne connaissons le tout de rien », dit Pascal, et surtout de ce que nous ne pouvons rien connaître, comme l'a montré Kant, que relativement à nous, c'est-à-dire par le moyen de nos facultés de connaître qui imposent leurs formes, leurs lois subjectives à toutes nos connaissances. Protagoras disait déjà : L'humain est la mesure de toutes choses. Hamilton, se fondant sur cette opinion que penser c'est conditionner, en concluait que la connaissance de l'absolu était démontrée impossible. On distingue :

a) La relativité absolue : toute connaissance, même rationnelle, est relative : c'est l'opinion de Hume, Hamilton, Stuart Mill, Spencer, Bain. 

b) La relativité relative : de la perception sensible.

La relativité en physique.
La physique a développé de son côté un concept de relativité pour qualifier la manière dont les lois physiques s'expriment en fonction du référentiel dans lequel elles sont envisagées.

La physique classique repose sur la relativité galiléenne; mais au début du XXe siècle, Einstein a proposé une nouvelle théorie de la relativité qui possède deux versants :

La relativité restreinte.
La relativité restreinte formulée en 1905 traite des effets de la relativité du mouvement. Elle est basée sur deux principes fondamentaux :

 a) Le principe de la relativité proprement selon lequel les lois de la physique sont les mêmes pour tous les observateurs inertiels, indépendamment de leur vitesse relative.

 b) La constance de la vitesse de la lumière dans le vide est toujours la même, indépendamment de la vitesse de la source de lumière ou de l'observateur.

La relativité restreinte a des conséquences importantes, telles que l'équivalence de la masse et de l'énergie  (exprimée par la célèbre équation E=mc²) et la dilatation du temps (le temps s'écoule plus lentement pour un objet en mouvement par rapport à un observateur au repos).

La relativité générale.
La relativité générale, formulée en 1915, est une extension de la relativité restreinte qui traite de la gravité. Elle est basée sur l'idée que la gravitation est une expression de la courbure de l'espace-temps par la présence de masse et d'énergie. La relativité générale a été confirmée par plusieurs expériences et observations, et elle a remplacé la théorie de la gravitation newtonienne dans la plupart des contextes.

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