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L'art de la danse,
chez les Grecs et chez les Romains,
comprenait tout ce que nous entendons par le mot chorégraphie
et par le mot pantomime, c.-à-d.
d'une part l'application du rythme musical
aux mouvements du corps, et de l'autre, la représentation dramatique
réduite à la gesticulation (cheironomia, gesticulatio).
Le grec orchestes et le latin saltator désignèrent
indifféremment quiconque exerçait l'un ou l'autre de ces
arts. Lucien a fait justice en quelques mots (De
Saltatione, 7) de toutes les fables relatives à l'origine de
la danse :
«
Ceux qui ont parlé avec vérité de son origine affirment
qu'elle prit naissance au temps même de la création de toutes
choses et qu'elle est aussi ancienne que l'Amour, le plus ancien des dieux.
»
Certains peuples avaient une sorte de renommée
chorégraphique, notamment les Crétois,
les Phrygiens, les Arcadiens.
De plus, chaque contrée avait sa danse de prédilection. Chez
les Athéniens, c'étaient les
choeurs et les rondes dionysiaques; à
Syracuse, les choeurs iambistes, à
Lacédémone, les danses guerrières
exécutées au son de la flûte.
Les sexes étaient-ils toujours séparés? Eustathe,
dans son commentaire sur Homère, rapporte
que Thésée organisa des danses
auxquelles prenaient part les jeunes gens et les jeunes filles qu'il avait
soustraits à la voracité du Minotaure,
ce qui reporterait la confusion des sexes à une haute antiquité;
toutefois Athénée (Dipnosoph,
XIV, 13) rappelant que chez les Arcadiens il y avait des danses où
cette confusion était admise, nous donne lieu de croire que c'était
là une exception.
Les Grecs et les Romains avaient une façon
toute différente de considérer la danse, principalement la
danse profane. Dans les cités grecques, elle était cultivée
par les citoyens les plus honorables et du rang le plus élevé.
Un danseur de profession, Aristodème, est envoyé en ambassade
par les Athéniens auprès du roi Philippe.
Ce même roi épouse une danseuse, Larisséa. Socrate
aimait la danse et ne s'en défendait pas. Epaminondas
était un bon danseur.
Rome tint longtemps cet art en mépris;
vers 160 av. J.-C., Scipion Emilien proteste
éloquemment contre l'invasion de la danse profane au sein des écoles
de gymnastique (Macrobe, Saturnales, III,
14). Cicéron disait :
«
Nul ne peut danser étant à jeun, à moins d'avoir perdu
la raison. » (Pro Muraena, 6).
Salluste cité
par Macrobe (Sat., 8) après avoir rappelé les talents chorégraphiques
et musicaux de Sempronia, ajoute qu'elle y mettait beaucoup plus de grâce
qu'il ne convient à une honnête femme. D'autre part, à
Rome comme en Grèce, la danse figurait dans les fêtes
religieuses. En quoi consistait l'accompagnement de la danse? Chez Homère,
elle est exécutée soit avec celui d'un chant
vocal, soit au son de la Iyre, soit encore
aux sons de la lyre et de la voix. L'accompagnement
de la flûte vint plus tard de l'Orient; toutefois il apparaît
déjà chez Hésiode. Les danses
dionysiaques réclamaient plus particulièrement
les instruments à percussion, tels que tambourins,
crotales et sistres.
Les Anciens ont classé leurs danses
de la manière suivante (Athénée, XIV, p. 630) :
-
Danses
religieuses |
- |
Danses
dramatiques |
Tragique
: Emmélie
Comique
: Cordace
Satyrique
: Sicinnis |
Danses
lyriques |
Pyrrhique
Hyporchème
Gymnopédique |
Danses
particulières |
- |
L'emmélie et la gymnopédique
étaient graves et lentes; la cordace et l'hyporchème exprimaient
la joie; la pyrrhique et la sicinnis se distinguaient par la véhémence.
C'est le lieu de marquer la différence
entre l'orchestique et la choristique. Le premier de ces
termes, lorsqu'il est employé dans un sens spécial, se rapporte
aux pas et aux gestes d'un seul danseur ou de plusieurs considérés
isolément : le mot choristique désigne les mouvements circulaires
exécutés par une troupe d'artistes dans les choeurs religieux
ou scéniques. L'union de la choristique et du chant qui l'accompagne,
c'est la chorodie. Le chef d'un choeur est le proorchester,
praesultor. On en cite à qui furent élevés
des monuments funéraires (Lucien, De Salt., 14). Le ballismos
se rapproche plus de la choreia ou choristique que de l'orchésis.
Athénée remarque que le ballismos est toujours synonyme de
choreia chez les poètes Epicharme, Sophron
et Alexis. De là l'italien ballo et le mot bal en
français.
Danses religieuses.
On comprend exclusivement sous l'appellation
de danses religieuses celles qui s'exécutaient à l'intérieur
des temples. Toutes les danses consacrées aux dieux Apollon
et Artémis, personnification du soleil
et de la lune, ou plus généralement toutes celles qui se
pratiquaient autour d'un autel ou d'une victime, avaient un mouvement circulaire
qui rappelait le mouvement apparent de ces deux astres. On sait que le
chant des bacchanales était le dithyrambe.
Les hymnes dithyrambiques étaient toujours
accompagnés de danses exécutées au son des crotales.
La danse religieuse, à partir de Thespis,
revêtit insensiblement une forme de plus en plus rapprochée
de la représentation dramatique. Il est probable que le caractère
liturgique se conserva plus fermement dans le secret des mystères.
La tradition présente les Corybantes
et les Curètes, prêtres de Cybèle,
comme les premiers qui pratiquèrent la musique et la danse sacrées.
A côté d'eux, se placent les Cabires,
les Dactyles, les Telchines.
Les mystères d'Eleusis
ayant fini par absorber ceux de Dionysos, ouvrirent
bientôt une brèche à l'élément séculier
et civil par le côté dramatique de ces mystères (Ch.
Magnin, Origines du théâtre moderne); c'est ainsi que
la danse sacrée a produit la danse tragique, ou emmélie,
et la danse comique ou cordace.
A Rome, il en fut tout autrement. Les danses
religieuses ne sont pas là, comme chez les Grecs, destinées
à se confondre un jour avec les danses dramatiques. Dès les
temps les plus anciens elles avaient une place, accompagnées de
chants, dans les fêtes de Vitula,
déesse de la joie et dans celles de Volupia, déesse de la
volupté, dans les lustrations rurales
et urbaines des frères Arvales et dans
les cérémonies des prêtres Saliens
qui furent institués en l'honneur de Mars
et d'Hercule, et dont le nom (Salii)
rappelle précisément ce détail particulier de leur
ministère (Salire). Vers l'an 200 av. J.-C., on réforma
les jeux mégalésiens consacrés
à Cybèle empruntés aux mystères phrygiens,
jeux dans lesquels figurait le sacrifice d'Attis.
On y dansait au son des cymbales, du tympanum
et des flûtes « bérécynthiennes ». Les
prêtres nommés Galli étaient toujours mutilés
comme Attis et originaires de Phrygie, car cette mutilation aurait déshonoré
un citoyen romain. Les prêtres d'lsis n'étaient
que tolérés. Affublés d'un costume étrange,
ils parcouraient les rues de Rome en demandant
l'aumône et en exécutant des chants et des danses avec accompagnement
du sistre.
Tite-Live parle
de choeurs formés de jeunes filles qui dansaient en rond per
manus reste data (XXVII, 37).
Danses dramatiques.
Les anciens Grecs faisaient venir les
mots emmeleia, kordax et sikinnis des noms de trois
satyres ou prêtres de Dionysos (Lucien,
De Salt.). Cette étymologie indique l'intention de rattacher
les danses dramatiques à une origine religieuse et notamment au
culte dionysiaque.
Emmélie.
L'emmélie, dénomination
commune et aux diverses sortes de danse exécutées dans la
tragédie et aux chants ou aux airs
de flûte dont elles étaient accompagnées, avait pour
caractères la noblesse et la gravité, on pourrait dire le
recueillement (Platon, Lois, VII).
On attribue à Eschyle son introduction
sur la scène tragique. D'ailleurs, Hérodote
la fait danser par un jeune Athénien, Hippoclide, à la cour
de Clisthène, tyran de Sicyone, vers
l'an 500, pendant qu'une aulète joue un air sur la flûte.
Une variété de l'emmélie était le skiphismos
ou plutôt xiphismos. Le danseur, armé d'un glaive,
étendait la main comme pour porter un coup à son adversaire
(Hésychius, in voce; Eustathe, in Odyss. citant Pausanias).
Cordace.
La cordace s'exécutait sur un rythme
vif qui devait appartenir au genre iambique ou double (rythme antique);
car Cicéron, d'après Aristote
(Orat., 57) et Quintilien (IX, 4),
donnent le nom de « cordax » au trochée. Elle était,
comme l'emmélie, d'origine purement hellénique. Les anciens
la qualifient de phortikos, violente, et de aselgès,
licencieuse. Aristophane en fait un pas très
libre ou l'exécutant jouait des hanches d'une façon comique
et même grotesque jusqu'à l'indécence. On a dit qu'elle
devait se retrouver dans la saltarelle dansée à Rome et dans
la tarentelle des Napolitains (Glaeser, Dissertatio,
etc.). En tout cas, elle se dansait encore pendant le Moyen
âge grec, car Nicétas parle d'un Iogothète appelé
Camatère, qui « cordacisait » (Manuel Comnène,
I. III).
Sicinnis.
La sicinnis avait aussi un caractère
religieux, dionysiaque; elle était propre au drame
satyrique, mais ce n'est pas à dire qu'elle ne se rencontrât
pas ailleurs. Par sa véhémence elle rappelait les pyrrhiques
ou danses guerrières. Entre autres origines, on l'a dite inventée
en Phrygie, par les prêtres de Dionysos-Sabazius. Une de ses principales
variétés est la bacchique, exécutée dans le
Pont et en Ionie (Lucien, De Salt., 22).
Ce terme, pris génériquement, comprend toutes danses où
figurent Pan, satyres, silènes,
nymphes et ménades.
Ses interprètes sont le plus souvent dans un état voisin
de l'ivresse. Ils sont désignés par les termes de «
satyristes » ou de « sicinnistes ». La sicinnis romaine
était en usage dès le règne des Tarquins (Denys
d'Halicarnasse, VII, 40). Le mot « Sicinnium » était
déjà ancien à l'époque du poète Attius
(Aulu-Gelle, XX, 3).
Chez les Grecs, on dansait ce pas en s'accompagnant
de la lyre, du sistre ou de la voix; mais à Rome, où il perdit
beaucoup de sa vivacité, le sicinniste et le musicien n'étaient
plus réunis dans la même personne (Aulu-Gelle).
-
Représentation
d'une danse de Ménades, sur un vase étrusque (Musée
du louvre).
Danses lyriques.
On a vu plus haut que les danses lyriques
se divisent en pyrrhique, gymnopédique et hyporchématique.
Le trait commun à ces trois catégories, c'est que la danse
est exécutée le plus souvent au son de la lyre ou de la cithare.
De plus, elles sont généralement consacrées an dieu
citharède Apollon, à Arès
ou à Zeus. Enfin, elles admettaient le mélange
des sexes.
Pyrrhique.
La pyrrhique, suivant des traditions multiples,
aurait été inventée, les uns disent par Athéna,
d'autres, par les Dioscures, par Castor
seul, par le dieu Dionysos, par les Curètes,
par Achille, par Néoptolème son
fils, sans doute à cause de son autre nom, Pyrrhus,
par Lycurgue, par le danseur crétois
ou lacédémonien Pyrrhichus, enfin par Thalès
qui, du moins, aurait composé les premiers airs destinés
à l'accompagnement de cette danse. On ne nous demandera pas de choisir
entre ces opinions.
A Rome, on lui donnait pour inventeur le
roi Romulus. Elle s'y nommait « bellicrepa
» (Festus, in voce), terme à rapprocher des «
bryalistae » d'Hésychius, si l'on songe que bryaligmos
signifie « bruit, cliquetis ». Il semblerait que cette danse,
dont les exécutants se frappaient avec des glaives, s'est longtemps
conservée en Italie. La pyrrhique
tenait une grande place dans l'éducation des Lacédémoniens.
Leurs enfants, d'après la législation instituée par
Lycurgue, devaient l'apprendre dès l'âge de sept ans. On la
dansait sur des airs composés dans le mode phrygien et au son de
la flûte. Il en était de même
chez les Crétois. Primitivement elle avait un caractère essentiellement
militaire et violent, c'était une danse armée. Plus tard,
comme l'a remarqué Athénée, il y eut une pyrrhique
d'un mouvement beaucoup moins vif. Si le texte d'Athénée
est correct, elle figurait dans les cérémonies dionysiaques.
Ailleurs il la classe parmi les danses comiques.
La pyrrhique où l'on représentait
le mythe de Pasiphaé (Suétone,
Néron, 12), devait être une pantomime
qui n'avait rien de la danse guerrière. D'ailleurs, la mention d'une
pyrrhikè enoplios (pyrrhique armée) notée par
Meursius, donne lieu de croire qu'il y en avait
une autre qui ne l'était pas. Chez les Athéniens, elle avait
son emploi dans les Panathénées,
où de jeunes « pyrrichistes » recrutés aux frais
d'un riche citoyen mimaient les combats qui s'étaient terminés
à la gloire d'Athéna et de tout le nouvel Olympe.
Platon (Lois, VII), décrit dans tous les détails un
combat de pyrrichistes. Cette danse fut en usage dans tout le reste de
la Grèce, en Thrace
et dans l'Asie hellénisée, au
moins jusqu'aux derniers jours de l'Empire
romain. Elle est connue dans la Grèce moderne, écrit
Sathas, sous le nom d'albanaise. Rappelons en passant, d'après Ch.
Nisard (Conjectures étymologiques), qu'au XVIIe
siècle un célèbre maître à danser, Bocan,
inventa un pas qui reçut son nom (la bocane),
contrefaçon ou caricature de la pyrrhique; de là viendrait
l'ancienne expression « donner un boucan (donner une danse)-».
Les femmes exécutaient rarement
la pyrrhique. Xénophon en cite un exemple
(Anabase, VI). Dans l'Ane d'or d'Apulée
et dans les Ethiopiques d'Héliodore,
on la voit danser par des choeurs de jeunes gens des deux sexes. La description
que donne Apulée au livre X de ses Milésiennes rappelle
à s'y méprendre les figures du quadrille
moderne. Il est probable que ce terme pyrrhykè prit avec
le temps une grande extension. Le verbe pyrrhychisein fut même
assez souvent synonyme d'orcheisthai.
Gymnopédie.
C'était une danse que les jeunes
garçons de Sparte exécutaient,
presque entièrement nus, dans les cérémonies qui accompagnaient
les fêtes de même nom, célébrées en l'honneur
d'Apollon Pythien, de Léto,
d'Artémis et même de Dionysos.
Suivant les uns, ces danseurs formaient des rondes autour de l'autel, situé
dans l'Amycléon, en se frappant mutuellement le dos et en chantant
des péans composés par Alcman et
d'autres poètes. Les coryphées ou premiers danseurs portaient
des couronnes de palmier. On les nommait thyréatiques, en
mémoire de la victoire remportée à Thyrea et des citoyens
morts dans cette journée. Selon Hésychius,
la fête célébrée encore de son temps sous ce
nom par les Athéniens avait lieu dans
l'Agora. Les jeunes danseurs ne se frappaient
pas comme à Sparte, mais ils étaient nus. Pausanias
nous apprend que la partie de l'Agora réservée à la
gymnopédie était ornée des statues d'Apollon Pythien,
d'Artémis et de Léto. Athénée
donne le mot kretika comme le premier nom de cette danse. Elle avait,
comme l'emmélie, un caractère grave et sévère
(Dipnosoph, XIV).
Hyporchématique.
C'était la danse lyrique par excellence.
Elle avait pour accompagnement des chants sacrés on « hyporchèmes
» composés en l'honneur d'Apollon. Athénée en
trouve la forme primitive dans le passage de l'Odyssée
(VIII, 256) où Démodocus, à
la cour d'Alcinoüs, conduit un choeur de jeunes gens au son de sa
voix et de sa lyre, et dans ceux de l'Iliade
(XVIII, 494 et 604) où de jeunes citharistes accompagnent un chant
et une danse exécutés simultanément. Dans la période
de perfectionnement, avec Xénodème et Pindare,
elle se divise en trois classes :
1° Monodie, un danseur ou
une danseuse chante en solo un hymne sacré, tandis qu'un autre artiste
marque la mesure avec les cymbales;
2° Amébus (amoibos),
hyporchème à deux voix et dansé à deux;
3° choeurs, danse à plusieurs
exécutants au son de la lyre ou de la cithare, appartenant aux deux
sexes, pris isolément ou mélangés. Les choreutes tournaient
autour de l'autel où les victimes se consumaient, d'abord de gauche
à droite, puis de droite à gauche, et formaient une sorte
de farandole animée. Ces rondes étaient en grande faveur
chez les Crétois, à ce point que les hyporchèmes sont
souvent appelés kretika (Ath., Dipn.). Elles rappellent
à s'y méprendre les danses des Saliens.
Danses particulières.
Les Anciens, surtout les Grecs, avaient
une foule de ces sortes de danses destinées soit à donner
un attrait de plus à leurs festins, soit à les délasser
de leurs travaux rustiques et autres, soit à terminer des fêtes
de famille, naissances, mariages, obsèques, anniversaires, etc.
Tantôt c'étaient des rondes, tantôt des pas, des gestes,
des sauts ou même des tours de force cadencés, tantôt
enfin de véritables pantomimes représentant sous une forme
simple et naturelle, parfois comique ou même grotesque, les occupations,
du peuple, ses amours, ses plaisirs et ses maux. Chaque contrée,
chaque âge, l'un et l'autre sexe, chaque condition sociale possédait
sa danse propre.
Nous renonçons à donner ici
une description complète et détaillée des danses particulières,
mentionnées par les auteurs grecs,
surtout Athénée, et par les auteurs latins,
sans parler des nombreux monuments figurés qui les représentent.
Nous nous bornerons aux plus caractéristiques. La même considération
nous oblige à passer sous silence les noms d'environ soixante-quinze
danseurs qui ont été mentionnés dans les écrits
des anciens.
-
L'aposkélésis
était une danse comique exécutée par des enfants.
A Sparte,
les gens de bas étage dansaient le mothon, pas violent et
grossier, même licencieux, au son de la flûte, sur un air qui
portait le même nom.
Les
paysans chantaient la phrygienne et la dansaient en s'accompagnant
de la flûte, avec des sauts et des poses grotesques, provoqués
par d'abondantes libations.
Les
bergers romains affectionnaient le tripudium pareillement au son
de la flûte en frappant du pied par trois fois (Calpurnius, Eclog.,
14). Du reste le mot tripudium reçut une acception plus générale.
L'angélique,
où l'artiste figurait un messager porteur d'une nouvelle, était
une danse paroinios;, accompagnée de fortes libations. On la pratiquait
beaucoup à Sicyone et à Ithaque. Les Arcadiens qui la dansaient
un diadème posé sur leur tête, l'appelaient cidaris.
L'anthéma
était une danse populaire accompagnée de ce chant que nous
a conservé Athénée (XIV) :
«
Où trouverai-je les violettes? où trouverai-je de beau persil?
»
Plus
anciennement on avait chanté : «
où trouverai-je des roses? ».
L'apokinos
était autre danse comique, nommée aussi mactrismos
ou le pétrin, caractérisée par un certain mouvement
des reins et des hanches.
A cette
classe appartiennent le bactriasmos, l'aposeisis, l'igdis,
le sobay, le kalabousthai, le callibas, que l'on dansait
en se frappant les flancs, et le ricnousthai ou jeu des hanches;
l'ascoliasmos,
qui consistait à sauter sur des outres pleines (askoi) et frottées
d'huile;
le
baucismos, danse ionienne inventée par le danseur Baucus; |
la
bibasis, exercice pratiqué à Sparte, pour lequel des
prix étaient décernés aux jeunes gens des deux sexes
qui se frappaient le plus souvent du talon (Pollux, Onomast., IV,
14);
l'épanconiasmos,
qui exigeait un vif mouvement des coudes se heurtant contre ceux des voisins;
l'epilénios
ou danse du pressoir, pantomime exécutée au son de la petite
flûte ou syrinx, dont les pastorales de Longus (Daphnis et Chloé)
nous ont conservé une gracieuse description; Tacite a raconté
une orgie présidée par Messaline (Annales, I. XI)
qui paraît être une parodie de l'épilenios;
l'hormus,
danse de caractère où les jeunes gens prenaient des attitudes
de guerriers et les jeunes filles exécutaient des pas pleins de
grâce (Lucien, De Salt., 12); Apulée parle d'un «
hormus bellicosus » dansé au son de la flûte (Métamorphoses,
I. X);
la
kybistesis, où l'on marchait sur les mains. L'artiste, qui
était souvent une femme, lançait quelquefois du feu par la
bouche. C'était une des danses favorites des Crétois.
Une
danse analogue, l'eclactismos, était la spécialité
de certaines femmes qui élevaient leurs talons au-dessus de l'épaule.
La
lamprotera se dansait avec accompagnement de chants licencieux.
Le
morphasmos imitait par des mouvements comiques, la démarche
des animaux.
La
danse des robes, syrtôn orchèsis, originaire de Béotie,
devait avoir un caractère religieux et prenait place dans les cérémonies
funèbres. L. Dindorf, au XIXe s., prétendait qu'elle se pratique
encore de son temps en Grèce.
La
thermystris, ou danse du creuset, tenait de la pyrrhique et de la
kybestésis (Lucien, De Salt.). C'était une série
d'exercices que rappellent assez fidèlement ceux des clowns. Son
nom lui venait du « tricotement » des pieds, le lymphaticum
tripudium dont parle Apulée (Métamorphoses, I.
VIII). |
Quant au costume des danseurs, il se confond
généralement avec celui des pantomimes. Voltaire
cite la découverte d'une mosaïque, au pays de Vaux, représentant
des danseurs, mais nous avons peine à le croire lorsqu'il les dit
« vêtus » précisément comme les danseurs
de l'Opéra (Dictionnaire philosophique, art. Chant).
(C.-E. Ruelle). |
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