| Ville de l'ancienne Attique, Eleusis, aujourd'hui Lepsina, était située sur le golfe de Salamine, à l'Ouest de l'Attique, sur la route entre Athènes et l'Isthme, dans la plaine fertile (Rharienne ou de Thriasie), arrosée par le Céphise. Elle dut sa renommée au culte des grandes déesses Déméter et Perséphone qui étaient censées y résider et dont les mystères y étaient célébrés sous le nom d'Eleusinies; cette religion d'Eleusis se répandit dans la Grèce entière. Eleusis paraît avoir eu dès une haute antiquité le caractère de ville sacrée qu'elle conserva pendant toute l'Antiquité. Ce fut d'abord un des douze royaumes entre lesquels se partageait l'Attique; il était gouverné par la famille des Eumolpides préposée au culte comme à la direction politique. Lorsque Athènes se subordonna les autres cantons voisins, la défaite d'Eleusis établit définitivement sa suprématie. La légende racontait qu'à la suite d'une guerre entre le roi Eumolpus d'Eleusis et le roi Erechthée d'Athènes, les Eleusiniens, ayant succombé, reconnurent la domination athénienne, excepté en ce qui concernait les mystères. Ce qui est certain, c'est qu'Eleusis, bien que réduit à la condition de dème de l'Attique, conserva de grands privilèges; le titre de cité (polis), le droit de battre monnaie. Les deux villes étaient réunies par la voie Sacrée sur laquelle chaque année se déroulait la grande procession vers Eleusis. Cette voie bordée de monuments a été décrite par Pausanias et par Polémon dans un ouvrage perdu. Elle commençait à Athènes par deux voies bientôt réunies partant du Dipyle et de la porte Sacrée; on rencontrait successivement les monuments du héraut Anthémocrite, le tombeau de Molosse, du prophète Scirus, le dème Laciades (patrie de Miltiade); franchissant le Céphise sur un pont où les initiés venaient plaisanter les passants, on atteignait le monument de Pythionice (femme d'Harpale), puis le mont Poecile et le temple d'Apollon (aujourd'hui chapelle Saint-Elie); auprès était un temple d'Aphrodite bâti en l'honneur de Phila, femme de Démétrius Poliorcète. On arrivait ensuite à Rheiti, dont les cascades étaient à la limite entre le territoire d'Athènes et celui d'Eleusis; on entrait dans la plaine éleusinienne; à partir du tombeau de Straton, la voie longeait la mer; elle traversait le Céphise éleusinien et entrait dans la ville sainte. Celle-ci occupait principalement la partie orientale d'une colline rocheuse courant parallèlement au rivage et peu distante du mont Cerata à l'Ouest. La colline portait l'Acropole, naturellement; son extrémité orientale avait été aplanie et de grands terrassements avaient été établis pour supporter les édifices sacrés groupés autour du temple de Déméter. La ville proprement dite s'étendait au Sud de la colline entre elle et la mer, formant un triangle d'environ 500 m de côté. Le mur oriental se prolongeait dans la mer par un des môles longs de 100 m qui formaient le port artificiel d'Eleusis. Pausanias cite des temples de Triptolème, de Poseidon, d'Artémis Propyléenne et le Callichorum (au Nord de la colline) où les femmes d'Eleusis célébraient les déesses par des chants et des danses. Mais la plupart des édifices religieux étaient réunis dans le Hiéron, autour du temple de Déméter. Le Hiéron était entouré d'une double enceinte. ll subsiste de cet ensemble des ruines considérables qui ont été décrites, notamment par la commission des Dilettanti. En arrivant d'Athènes, abordant la colline par le Nord-Est, on trouvait les Propylées, vestibule monumental analogue à celui de l'Acropole d'Athènes; devant était le petit temple d'Artémis Propyléenne. Après avoir franchi les Propylées, on était dans l'enclos extérieur; à 50 pieds plus loin était le mur de l'enclos intérieur qui avait la forme d'un pentagone; on y pénétrait par les Propylées intérieures et on se trouvait en présente du temple de Déméter. Ce temple où se célébraient les mystères, était le plus vaste de la Grèce; il pouvait, au dire de Strabon, contenir autant de personnes qu'un théâtre. Le plan en avait été donné par Ictinus, l'architecte du Parthénon; l'exécution s'était poursuivie avec une lenteur extrême; le portique ne fut achevé qu'en 318 par l'architecte Pluton, au temps de Démétrius de Phalère. Ce temple était un des chefs-d'oeuvre de l'architecture grecque. Il était orienté face au Sud-Est; la celle de 166 pieds carrés était portée par 28 colonnes doriques disposées sur une double rangée; on y accédait par un superbe portique de 12 grandes colonnes doriques; la plate-forme située derrière le temple dominait de 20 pieds le pavé du portique; on y montait par des degrés; un petit portique la faisait communiquer avec l'Acropole. Nous nous bornons ici à cette description sommaire des ruines actuellement existantes. Ce temple de Déméter avait remplacé l'ancien, brûlé par les Perses dans la seconde guerre médique (480). Les mystères maintinrent la prospérité d'Eleusis jusque vers la fin de l'empire romain ; les membres de l'aristocratie venaient s'y faire initier. Eleusis fut détruit par Alaric en 396 et ne se releva jamais. | |