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Xénophon
est un historien et polygraphe grec,
né, selon Diogène Laërce,
entre 430 et 423 av. J.-C., à Erchia, dème de l'Attique
(district de la tribu Egéide), mort à Corinthe
vers 350. Fils de Gryllos, riche propriétaire, et de Diodora (Strabon
l'appelle un cavalier ou chevalier), soumis, de bonne heure, à une
exacte et forte discipline, aussi ardent pour les exercices physiques,
chasse, équitation, gymnastique, que pour les disertes leçons
de Philostrate, d'Isocrate et de Prodicos de
Céos, il excellait dans les luttes de la palestre comme à
l'école de rhétorique. On admirait sa bonne mine, sa vigueur
précoce, sa contenance noble et modeste, sa rare et candide beauté.
On prétend qu'à dix-huit ans, il rencontra dans la rue Socrate,
qui se prit d'affection pour lui et l'élut comme disciple, se faisant
fort de lui apprendre à devenir un homme accompli. Une anecdote
apocryphe veut que tous deux, le maître et l'élève,
aient combattu côte à côte sous les murs de Déliun
en Béotie (424). Xénophon, désarçonné,
grièvement blessé, aurait dû son salut à l'énergie
de Socrate, qui l'emporta sur ses épaules hors de la mêlée.
Pendant la guerre du Péloponnèse, il servit sans doute, à titre de cavalier ou d'hoplite, dans l'armée athénienne. Peut-être, vers 411, fut-il captif à Thèbes, On ne sait ce qu'il devint durant les années qui s'écoulèrent de 404 à son départ pour l'Asie : il dut se soumettre aisément aux maîtres imposés à Athènes par Lysandre. En 401, le Béotien Proxène l'appelle à Sardes, promettant de le présenter à Cyrus le Jeune, fils de Darius II et de Parysatis, ambitieux et remuant satrape d'une région de l'Asie Mineure, en train de préparer sa révolte contre son frère Artaxerxès II Mnemon, roi de Perse, récemment parvenu au pouvoir. Cyrus, recrutant alors une armée parmi les barbares, voulut y joindre un contingent de 15.000 volontaires mercenaires grecs. Xénophon, après avoir consulté pour la forme Socrate et l'oracle d'Apollon, part pour l'Asie, où il reste deux ans. On sait comment tourna l'aventure. Cyrus mourut à Cunaxa (septembre 401), et les mercenaires grecs - Arcadiens, Achéens, Athéniens, Thessaliens. Lacédémoniens, Thraces - durent aussitôt regagner leur pays à travers mille périls et difficultés où ils eurent pour guide habile Xénophon, qui, pourtant, n'était pourvu d'aucun grade dans l'armée. Ce fut la fameuse retraite des Dix-Mille (des rives du Tigre à Chrysopolis). En 399, les restes de cette imprudente expédition parvenaient aux bords du Pont-Euxin et en Thrace. Xénophon y aida le roi Seuthès (Les Odryses) à remonter sur le trône, et conduisit les restes des Dix-Mille en Ionie. A la suite de la guerre d'Ionie (399-396), Xénophon se lie avec Agésilas, roi de Sparte, qui, après avoir dirigé plusieurs campagnes heureuses contre les satrapes de l'Asie Mineure, fut rappelé précipitamment en Europe afin de lutter contre la coalition menaçant sa cité (Thèbes, Athènes, Corinthe, Argos, la Thessalie : guerre de Corinthe, 395-387). La coalition est vaincue à Corinthe (juillet 394), puis Agésilas culbute, aux Thermopyles, la cavalerie thessalienne et défait à Coronée (août) les confédérés thébains et athéniens. Xénophon était à ses côtés durant le combat; aussi fut-il, cette année-là même, frappé par ses concitoyens d'une sentence de bannissement perpétuel pour cause de laconisme ou prédilection trop marquée pour Lacédémone. Sa disgrâce s'explique : depuis longtemps, son attitude était au moins singulière. Il ne paraît pas s'en être douté, dans son enthousiasme naïf pour le ville de Lycurgue, qu'il estimait l'idéal de la cité antique, réglant sa vie, élevant ses fils selon les traditions doriennes. De plus en plus, il devient l'ami, le confident, le conseiller peut-être d'Agésilas, qu'il accompagne dans toutes ses expéditions jusqu'au traité d'Antalcidas (387). Après Coronée, Xénophon
s'était retiré chez les Spartiates, qui lui accordèrent
le titre de proxène et lui donnèrent (vers 387) une maison,
des esclaves, un domaine à Scillonte, petite ville d'Elide,
sise près d'Olympie. C'est là
qu'il vécut une trentaine d'années encore, en compagnie de
sa femme Philésia, de ses fils Gryllos et Diodoros (surnommés
les Dioscures), menant l'existence d'un seigneur féodal érudit
parmi les bois, les prés et les eaux, partageant ses loisirs entre
la chasse et les lettres, sacrifiant aux dieux, offrant à ses amis,
dit son biographe, une large hospitalité. C'est à Scillonte
qu'il écrivit la plupart de ses ouvrages historiques (sauf les deux
premiers livres des Helléniques, rédigés à
Athènes, de 403 à 401). Peut-être, après l'échec
des Spartiates à Leuctres (374 av. J.-C.), fut-il obligé
par une invasion des Eléens de se réfugier
à Corinthe. Sur ces entrefaites (367); Athènes, réconciliée
avec Lacédémone, rapporta, sur la proposition d'Eubulos,
le décret d'exil. Xénophon ne rentra probablement pas à
Athènes, mais il envoya ses deux fils lutter dans les rangs des
Athéniens contre les Thébains à Mantinée
(362). L'un d'eux, Gryllos, périt glorieusement. Le père
accueillit la sombre nouvelle avec l'âpre courage d'un stoïcien
: « Je le savais mortel », dit-il simplement. Puis il acheva
le sacrifice commencé. C'est à Corinthe même que Xénophon
passa les dernières années de sa vie. Il y acheva plusieurs
de ses livres, notamment le Traité sur les revenus de l'Attique,
son dernier et l'un de ses meilleurs ouvrages. Telle fut cette active carrière.
L'élève
de Socrate.
Les Mémorables de Socrate
(4 livres) sont un recueil de souvenirs consignés par le plus affectueux
des disciples. Rien de plus charmant que ces dialogues où le sage
est mis en scène, prêchant sur le mode familier, suivant son
usage, la piété, la justice, la tempérance et le courage,
exposant ses vues sur le bien, le beau, la politique. Pour conclure, Xénophon,
comme Platon, exalte l'exemplaire fermeté
de ce juste qui meurt en souriant, soutenu par son démon.
Le Banquet est une causerie vive, plaisante et courtoise, qui effleure avec aisance les sujets les plus divers (les parfums, l'éducation des femmes, la danse, l'ivresse, etc.). Chacun des convives, Critobulos, Charmidès, Antisthénès, Hermogénès, Philippos et Socrate en personne, vante ce qu'il préfère : la justice ou la beauté, la pauvreté, les vertus morales, l'amitié, etc. Le
soldat.
L'Equitation, traité technique d'hippologie, étudie les règles d'élevage et de dressage, les soins qui s'imposent au palefrenier (écurie, nourriture), les exercices variés du manège, la façon de manier le cheval vicieux, le cheval de combat, le coursier de parade. En terminant, l'auteur décrit l'armure du cavalier et de sa monture et enseigne l'emploi du javelot. L'Hipparque (commandant de la cavalerie) énumère les devoirs généraux et particuliers de la fonction (recrutement, manoeuvres, ordonnance des escadrons, évolutions appropriées aux jours de fête, aux processions et aux exercices de l'hippodrome, marches de guerre, ruses militaires, prestige du chef aux yeux des soldats). On devine en l'auteur un bon capitaine. Le
chef de famille.
Le Hiéron flétrit la tyrannie égoïste et violente, en montre les périls et les souffrances, et prouve que les tyrans sont plus à plaindre que les simples particuliers. La République de Sparte est un ingénieux plaidoyer en faveur de la législation lacédémonienne et un commentaire enthousiaste de l'oeuvre de Lycurgue, dont il met en relief les points essentiels. C'est l'oeuvre d'un rhéteur partial. L'historien.
La Vie d'Agésilas est, d'un bout à l'autre, un panégyrique, un dithyrambe plus qu'une biographie. Il énumère ses exploits en Europe, en Asie, détaille longuement ses vertus-: désintéressement, continence, patriotisme, noblesse de sentiments, bonté. Nulle ombre à ce portrait. Le style est parfois monotone par son élégance soutenue. Le
romancier.
Le style de Xénophon
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Xénophon
d'Ephèse est un romancier
grec. Il vivait, croit-on, au IIIe
siècle de notre ère. Comme sa date, sa biographie est, d'ailleurs,
totalement inconnue. Son ouvrage, intitulé Récits éphésiens,
Amours d'Abrocome et d'Anthia, ou encore Ephésiaques,
roman en cinq livres, abrégé
peut-être des dix livres que, selon Suidas,
il comptait à l'origine, expose les mésaventures qui séparent,
aussitôt après leur hymen, la jeune Anthèia et le bel
Habrocomès, victime de la rancune d'Eros, offensé par ses
dédains. Les deux époux se sont juré réciproquement
un serment de fidélité qu'ils tiennent, en dépit des
dangers de toute nature qu'ils courent, malgré la protection d'Apollon,
d'Artémis et d'Isis.
La scène se passe sur les bords de la Méditerranée (Ionie, Rhodes, Chypre, Cilicie, Syrie, Egypte, Sicile, Grande-Grèce), à une époque incertaine de l'Empire romain, peut-être sous les Antonins. Le réalisme du cadre, qui n'a plus rien de fabuleux, ainsi qu'une louable tendance à la composition moins lâche, constituent la nouveauté de cet essai, qui renferme quelques tentatives d'esquisse psychologique, mais pas de portraits achevés. La vie en est malheureusement absente. La narration, simple, rapide, légère, mais superficielle et sèche en général, manque, non d'élégance ni de précision, mais de vigueur et d'originalité. Cette manière sent l'école. La diction, altérée par l'influence de la sophistique contemporaine, et parfois négligée, n'a rien de classique ni d'attique. En somme, Xénophon est très inférieur à son imitateur Héliodore, l'auteur de Theagène et Chariclée. (Victor Glachant). |
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