| On entend par Phrygie ancienne le plateau intérieur de l'Asie Mineure, à l'Ouest de l'Halys et du désert central. Là sont les sources qui coulent vers le Nord (Sangarios, Rhyndacos) et vers l'Ouest (Hermos et Méandre). Cette région, coupée d'étroites et profondes vallées, renferme beaucoup de terres fertiles, principalement sur le versant occidental. Sa richesse en or a un écho dans la légende de Midas. Le marbre se trouve en abondance à Synnada, mais par-dessus tout elle était renommée par la laine de ses troupeaux. Les Phrygiens paraissent avoir joué un rôle bien plus important à une époque antérieure à celle dont traitent les auteurs classiques. Leur nom a laissé des traces en Troade, en Lycie, sur le Sipyle. De tout temps les Phrygiens furent un peuple d'agriculteurs, élevant les troupeaux et travaillant la laine. On place vers l'an 800 avant notre ère la fondation du royaume phrygien que la tradition attribue à un laboureur du nom de Gordios à qui succéda son fils Midas. Ces deux noms se retrouvent à plusieurs reprises attachés aux rois phrygiens. Après une invasion des Cimmériens, la Phrygie fut conquise par les rois de Lydie vers 620, puis elle passa avec cette dernière à l'empire perse. Dans la suite, elle fit partie du royaume de Pergame, et les Romains en 90 av. J.-C. l'incorporèrent à leur province d'Asie. Au Nord, sur le Sangarios et son affluent le Tymbre, étaient les villes célèbres de Pessinonte, Midaeion, Cordieion, Dorylaeion (Karadja Hissar?), Cotyaeion (Coutahia). Dans cette région se trouvent les monuments funéraires des anciens rois. Au Sud, Celaenae aux sources du Méandre, remplacée plus tard par Apamée Kibôtos. Au Sud-Ouest, Laodicée bâtie par Antiochus II, Hiérapolis aux sources chaudes et calcaires (auj. Pammukkale) et Colossae. Hérodote et Xanthos de Lydie, au Ve siècle avant notre ère, attribuent aux Phrygiens une origine thrace. D'autre part, on rapprochait les Phrygiens des Arméniens, si bien que pour Hérodote ceux-ci n'étaient qu'une colonie phrygienne. Aujourd'hui ces questions de migrations de peuples apparaissent moins simples et l'on convient que les rapprochements linguistiques ne sont pas toujours suffisants, La Phrygie renferme une série de monuments qui se rattachent à l'architecture funéraire; ce sont des façades taillées dans le roc et curieusement décorées. L'une d'elles porte une dédicace en caractères grecs archaïques au roi Midas. Elle se compose d'un rectangle simulant une façade, munie d'une fausse porte et décorée d'ornements à éléments rectilignes les uns en creux, les autres en relief. Le tout est surmonté d'un fronton. Ce monument était uniquement commémoratif; mais les sépultures réelles offrent la même décoration. Derrière la façade, est la tombe où le plus souvent l'on accède pur un puits vertical. Les lions affrontés se retrouvent eu Phrygie comme motif décoratif ; dans la suite, les tombeaux s'ornent de colonnes. (René Dussaud). | |