| Les Satyres, Satyri sont des personnages de la mythologie grecque, dont l'imagination peuplait les bois et les montagnes. Ce n'étaient pas des dieux, mais plutôt des esprits, des démons, comparables aux lutins et aux farfadets du folklore et des légendes modernes. A Rome, on les confondra souvent avec les Faunes et les Sylvains. Il n'en est pas question dans les poèmes homériques; d'après un fragment d'Hésiode, cité par Strabon, on voyait en eux les frères des Nymphes et des Curètes. C'étaient des êtres lâches et paresseux, qui se plaisaient à effrayer les bergers, à poursuivre de leurs brutalités sensuelles les Nymphes et même les déesses, à danser joyeusement avec les avec les Dryades ou les Nymphes, tout en jouant de la syrinx ou de la double flûte. Ils sont plus spécialement connus comme compagnons de Dionysos; ils participent à l'éducation du jeune dieu; ils l'accompagnent dans ses voyages; ils l'assistent dans ses expéditions amoureuses, par exemple lors de sa liaison avec Ariane; ils le suivent lorsqu'il revient en triomphe des profondeurs lointaines de l'Asie. Ils jouent un rôle considérable dans les vendanges; ils se plaisent à fouler les grappes cueillies; ils se livrent, en compagnie des Ménades, à mille danses bachiques ou licencieuses. Ils s'enivrent souvent et parfois tombent de sommeil sur leur outre dégonflée. C'est comme compagnons de Dionysos qu'ils furent admis sur la scène athénienne; ils remplirent alors le drame satyrique de leurs ébats et de leurs farces. Leur importance fut surtout considérable dans l'art antique. A toutes les époques, les artistes aimèrent à les représenter, et l'évolution que subit leur type est particulièrement intéressante. Les plus anciennes figures de Satyres que nous connaissons sont celles qui ornent un grand nombre de vases peints. Les Satyres étaient conçus à cette époque comme des êtres fort laids, assez âgés, barbus, toujours ithyphalliques; leur caraetère bestial était accentué, pour ainsi dire, par de longues oreilles pointues, par un nez très épaté, une bouche très large dans une face presque simiesque, et au bas des reins une queue plus ou moins longue.Telle est la physionomie que leur donnèrent les peintres attiques du VIe et du commencement du Ve siècle, Brygos par exemple. Ces artistes s'inspirèrent aussi des drames satyriques; ils composèrent de nombreuses scènes où l'on voit les Satyres autour d'Héraclès et de Persée, dont ils se moquent, auxquels ils essaient de jouer quelque farce plaisante. - Jeune Satyre jouant de la flûte. Villa Albani. Rome. Le type des Satyres se modifia peu à peu, en même temps que celui de leur maître et patron, Dionysos. Cette transformation fut progressive; ce fut par degrés qu'elle s'accomplit. Le Marsyas de Myron peut montrer comment eut lieu la transition il y avait encore, si nous en jugeons par les répliques de ce bronze que nous avons conservées, dans l'oeuvre du grand sculpteur athénien, quelque chose d'anguleux, de raide, d'archaïque. La physionomie du Satyre rappelait les figures des vases peints, tout en étant déjà moins caricaturale, plus voisine de la vérité humaine. Ce fut avec Praxitèle et Lysippe que se constitua le, type du Satyre jeune, dont le corps gracieux d'éphèbe ne trahit plus que par quelques détails le caractère à demi animal prêté par la légende aux Satyres : les oreilles sont un peu pointues; une petite queue subsiste au bas du dos; quelquefois deux cornes à peine visibles sont sculptées dans les cheveux au-dessus du front. Citons, comme oeuvres de la sculpture grecque représentant des Satyres, le Satyre de Praxitèle, célèbre dans toute l'Antiquité et dont nous possédons de nombreuses copies; le Satyre Borghèse, peut-être de Lysippe, en tout cas d'un artiste de son école; le Satyre endormi, connu sous le nom de Faune Barberini, etc. L'art hellénistique et l'art gréco-romain ont multiplié les Satyres dans les scènes de genre et dans les compositions rustiques. Les fouilles d'Herculanum et de Pompéi ont montré combien leur type était populaire. Beaucoup de statuettes en bronze, un plus grand nombre encore de peintures, les représentent dans des attitudes variées. (J. Toutain). | |