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L'Olympe

L'Olympe (auj. Elymbos) est une montagne du Nord de la Grèce, sur la frontière de la Macédoine et de la Thessalie; elle se développe du Nord au Sud, dominant la plaine littorale de Piére jusqu'à l'embouchure du Pénée qui coule dans l'étroite vallée de Tempé, creusée entre l'Olympe et l'Ossa. Le point culminant atteint 2973 m.

L'Olympe de Thessalie a été la montagne sainte du polythéisme grec. Les Hellènes, groupèrent longtemps  leurs diverses tribus autour de l'Olympe. Sur ces hautes cimes, qui semblaient inaccessibles, et que, le plus souvent, on voyait de loin briller, lumineuses, au-dessus des nuages, on se représentait la ville forte et le palais de Zeus, bâtis par Hephaïstos (Iliade, XI, 76; Odyssée, VI, 42). 

Les divinités qui habitaient l'Olympe, que, pour cette raison, on appelait Olympiennes, étaient au nombre de douze : Zeus, Arès, Poséidon, Hadès, Héphaïstos, Apollon, Héra, Hestia, Athéna, Déméter, Artémis et Aphrodite
Dans une grande salle de ce palais se réunissaient non seulement les dieux de l'Olympe, qui formaient le cortège de Zeus, mais tous les autres dieux qui habitaient la terre ou la mer (Iliade, XX, 5).
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Le mont Olympe.
L'Olympe vu de la mer.

Les portes de la cité divine étaient aussi celles du ciel (Iliade, V, 749); si bien que l'on confondit insensiblement l'Olympe et le ciel, et qu'enfin les deux mots devinrent presque synonymes. 

Des brigands étant venus assiéger cette forteresse, la mythologie grecque dit que les géants avaient escaladé le ciel. Selon les poètes, les vents, la pluie et les nuages n'osent approcher du sommet, séjour d'un printemps éternel. L'on n'y voyait pas de loups, s'il faut en croire Pline. Solin en raconte d'autres merveilles plus fabuleuses : 

« L'endroit le plus élevé, dit-il, est appelé ciel par les habitants. Il y a là un autel dédié à Jupiter (Zeus). Les entrailles des victimes immolées sur cet autel résistent au souffle des vents et à l'impression des pluies, en sorte qu'elles se trouvent, l'année suivante, dans le même état où elles avaient été laissées. En tout temps, ce qui a été une fois consacré au dieu est à l'abri des injures de l'air. Les lettres tracées sur la cendre restent entières jusqu'aux cérémonies de l'année suivante. La partie la plus élevée de cette montagne s'appelait Pythium; Apollon y était adoré. »
L'Olympe, chez les poètes latins, n'est plus une montagne, mais le séjour des dieux, c'est la cour céleste, où la flatterie romaine publiait que les empereurs et les impératrices allaient, après leur mort, s'asseoir a la table des dieux, et jouir comme eux de l'immortalité, en partageant leur puissance. 
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Les dieux dans l'Olympe.
Les dieux dans l'Olympe : Poséidon, Apollon et Artémis.
Frise du Parthénon en marbre du Pentélique.(Musée de l'Acropole, Athènes).

C'est dans les mythes relatifs à l'Olympe que l'on voit le mieux s'exprimer la conception anthropomorphique des dieux grecs. De là, cette conception se répandit dans tout le monde grec. On donna le nom d'Olympe à beaucoup d'autres montagnes, à des pics de Lesbos (938 m), des environs de Smyrne (Izmir), de l'Ida, du Taurus, de Bithynie (auj. Kechichdag, au Sud de Bursa, 1930 m), de Chypre (auj. Troodos, 2010 m). On appela Olympe un des sommets du Lycée en Arcadie; c'est par là sans doute que le nom arriva dans la vallée de l'Alphée, où s'éleva le grand sanctuaire de Zeus Olympien. Mais l'Olympe de Thessalie resta, par excellence, le séjour des dieux. Depuis la chute du paganisme, les prophètes, les apôtres et les moines ont remplacé les dieux : un des sommets de la montagne sainte est consacré au prophète Elie, un autre à saint Denys, moine des Météores.

On a fait dériver ce nom d'olos et lampein, tout brillant de lumière; cependant l'absence de l'aspiration au commencement de ce mot rend cette étymologie douteuse. De même, on ne peut accorder de crédit à l'explication donnée par Mairan, qui croyait que c'est l'aurore boréale qui avait fait croire que Zeus et les dieux étaient assemblés sur l'Olympe. (P. Monceaux / A19).

L'Olympe : un monde à l'envers selon Homère?
Le 30 juillet 1726, un certain Boivin a proposé devant l'Académie des inscriptions et belles-lettres une lecture d'Homère dans laquelle, l'orientation de la demeure des dieux est inversée par rapport à la Terre, comme sur l'image ci-dessous :

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L'Olympe, selon Boivin.
L'Olympe dans le "système d'Homère", d'après Boivin.

Boivin a cherché à justifier son point de vue avec toutes sortes d'arguments. Appelant à son aide la cosmographie, l'astronomie, la physique, tantôt il comparait l'Olympe à une immense clef de voûte qui pend du ciel; tantôt il supposait que, dans la pensée d'Homère, le ciel est un corps sphérique, infiniment plus vaste que la Terre, et sur lequel l'Olympe n'est rien de plus qu'une montagne analogue à toutes les autres. L'ingénieux académicien a développé ainsi longuement sa singulière hypothèse. L'extrait ci-dessous en présente l'argument principal : 

En lisant attentivement Homère et en m'appliquant à le bien entendre, il m'a paru que l'Olympe dont il parle en beaucoup d'endroits était, selon lui, une montagne qui avait pour base le ciel, et dont le sommet regardait la terre. Je me suis dit, d'abord à moi-même, que cette idée était chimérique, puisqu'elle faisait du ciel et de l'Olympe un vrai monde renversé : ensuite, ayant lu et relu plusieurs fois, et comparé soigneusement tous les endroits de l'Iliade et de l'Odyssée où il est fait mention de l'Olympe, je me suis confirmé dans la pensée où j'étais que c'était là le véritable sentiment d'Homère.

Dans le Ve livre de l'Iliade, Pallas (Athéna) et Héra, sachant qu'Arès fait un carnage horrible des Grecs dans les plaines du Scamandre, entreprennent d'arrêter sa fougue et de le châtier. Pallas, après s'être armée de toutes pièces dans le palais de Zeus, monte sur le char de Héra et s'achemine avec elle vers la Terre. Devant elles s'ouvrent les portes du ciel où les Dieux habitent et dont la garde est confiée aux Heures; elles entrent ensuite dans la route qui mène du ciel à la Terre, et rencontrent sur le chemin Zeus assis sur le plus haut sommet de l'Olympe. Le poète ne dit pas qu'elles se soient détournées de leur route pour venir trouver ce dieu. Il dit seulement :

"Elles trouvent le fils de Cronos assis, à l'écart des autres Dieux, sur le plus haut sommet de l'Olympe."
Il faut donc que le plus haut sommet de l'Olympe soit sur le chemin du ciel à la Terre. Donc, il est plus près de la Terre que l'endroit dont les déesses sont parties. Or, elles sont parties du ciel, et de l'endroit même où les Dieux habitent. Donc, l'Olympe du côté de sa base s'éloigne autant de la Terre qu'il s'en approcha par son sommet. Donc l'Olympe par rapport à nous est une montagne renversée, et telle que nous avons dit qu'Homère la supposait.

Dans le VIIIe livre, vers le commencement, Zeus assemble les dieux, non pas dans son palais, où il a coutume de les assembler, mais sur le plus haut sommet de l'Olympe; il leur déclare sa volonté, et, après avoir vanté sa puissance, il leur fait un défi : 

"Pour vous convaincre tous, dit-il, de la vérité de ce que je dis, essayez, suspendez du ciel une chaîne d'or, attachez-vous à cette chaîne, tout ce que vous êtes ici de dieux et de déesses; donnez-vous des peines infinies; jamais, quoi que vous fassiez, vous ne pourrez entraîner du ciel en Terre Zeus, le dieu suprême, qui dispose de tout souverainement : mais s'il me plaisait aussi, après cela, de vous attirer de force vers moi, pour lors je vous entraînerais tous, et avec vous j'enlèverais encore la mer et la Terre." Zeus ajoute : "Je n'aurais ensuite qu'à lier la chaîne au plus haut sommet de l'Olympe, et tout cela demeurerait suspendu en l'air."
Beaucoup de gens s'imaginent que l'Olympe où habitent les dieux est l'Olympe de Thessalie : je leur demande comment il se pourrait faire que la mer et la Terre demeurassent suspendues par une chaîne au plus haut sommet d'une montagne qui tient à la Terre et qui n'en est qu'une très petite portion. Je pourrais aussi leur demander l'explication d'un autre endroit d'Homère, où il est dit qu'Otus et Ephialtès son frère, voulant escalader le ciel, se mirent à entasser le mont Ossa sur l'Olympe et le mont Pélion sur l'Ossa. Comment comprendre que l'Olympe où habitent les dieux aurait pu, surchargé des deux autres montagnes, servir de premier degré pour monter au ciel?

Il faut donc chercher un autre Olympe que celui de Thessalie, sur lequel les dieux aient pu établir leur domicile; et il faut que cette montagne soit de nature à pouvoir soutenir le poids de la Terre et de la mer, s'il plaisait à Zeus d'accrocher au plus haut sommet de l'Olympe la chaîne d'or à laquelle tous les dieux se seraient suspendus pour l'entraîner? Mais où serait située cette montagne? Seraient-ce les nues? Homère dit en termes exprès, que l'Olympe est le siège éternellement stable des dieux. Les nues sont dans une agitation perpétuelle. Mais l'endroit où les dieux habitent est sans nuages : cette partie du ciel n'est pas exposée aux vents ni à la neige. Ce n'est donc point sur les nuages qu'il faut aller chercher la basé de l'Olympe, cette base inébranlable où les dieux ont fixé leur domicile. Il ne nous reste plus après cela, pour asseoir l'Olympe, que le ciel même dans la région éthérée, et c'est là aussi qu'Homère l'a assis, dans la situation la plus convenable à l'exécution de ce que Zeus se vante qu'il fera, quand il dit qu'il liera la chaîne au plus haut sommet de l'Olympe, et que les dieux avec la mer et la Terre y demeureront suspendus en l'air.

Mais, dira-t-on, Homère supposait alors que les dieux marchaient sur l'Olympe les pieds plus élevés que la tête et la tête renversée du côté de la Terre. D'abord on peut répondre, pour justifier Homère, qu'il ne s'agit pas ici de corps pesants qui tendent au centre d'un globe massif tel qu'est celui de la Terre; il s'agit de corps subtils et légers, plus légers et plus subtils que la matière éthérée. Tels sont en effet les corps des dieux, selon Homère : leur sang n'est pas un sang grossier comme est le nôtre, c'est une liqueur subtile; formée dans leurs veines par le nectar et par l'ambroisie dont ils se nourrissent; liqueur aussi différente du sang humain que l'ambroisie et le nectar diffèrent des aliments terrestres dont se nourrissent les hommes.

Les corps des dieux, légers par eux-mêmes, et que nul aliment grossier n'appesantit, se meuvent en tout sens dans les plus hautes et les plus basses, régions du ciel : ils font tout ce qu'ils veulent, et de la manière qu'ils le veulent; ils marchent, ils volent, ils s'élancent, ils sentent, ils se précipitent; ils se font traîner ou porter comme il leur plaît sur la Terre, sur la mer, au milieu des airs; leurs chars, pour être d'or ou d'argent, n'en sont pas moins légers, étant fabriqués par Héphaïstos, qui, par de secrets ressorts, sait rendre légers les métaux les plus pesants. Quant à leurs chevaux, non seulement ils sont immortels comme eux, mais ils semblent être plus légers que les dieux mêmes.

Autant qu'un homme assis au rivage des mers
Voit du haut d'un rocher d'espace dans les airs,
Autant des immortels les coursiers intrépides
En franchissent d'un saut.
Ainsi donc, les dieux d'Homère montent et descendent avec une égale facilité, ou plutôt ils ne montent ni ne descendent réellement, lorsqu'ils paraissent se mouvoir de l'une ou de l'autre façon.
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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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