| Figures mystérieuses de la mythologie grecque, les Telchines sont des génies ou des hommes surnaturel, inconnus des plus anciens poètes et mythographes de l'Antiquité. Leur nombre était, à l'origine, assez restreint, si l'on s'en rapporte à la nomenclature suivante, extraite des divers auteurs qui ont parlé d'eux. Mylos, Atabyrios, Antaeos, Mégalésios, Horménos, Lycos, Nicon, Simon, Chryson, Argyron, Chalcon. Ils étaient fils de Poséidon et de Thalassa : leur soeur, Halia, eut du dieu des mers six fils, adorés après leur mort sous le nom de génies orientaux (proséooi). Cependant une tradition différente, et sur laquelle s'accordent Pausanias, Diodore et Strabon, reporte le culte des Telchines à une époque antérieure à celui de Poséidon : ce dieu leur fut, dit-on, confié par Rhéa, pour qu'ils prissent soin de son enfance, conjointement avec Caphira. Cette version concorde avec certains traits de leur mythe, qui paraissent appartenir à la plus haute antiquité, malgré le silence des écrivains. Il est difficile de tirer aucune lumière de l'assertion d'Eustathe, suivant lequel les Telchines ne sont autres que les chiens d'Actéon, métamorphosés en hommes, sans doute pour avoir vengé Artémis, dont le frère, comme nous le verrons plus bas, était fortement révéré par les génies Poséidonides. Dans les derniers âge, on fit des Telchines un peuple fabuleux dont les migrations apportèrent à la Grèce et à l'Asie le culte de certaines divinités. La Crète, Rhodes, Chypre, ou plutôt Rhodes, la Crète et la Béotie, tel est l'ordre de leurs explorations. La première de ces contrées était leur siège principal ils y adoraient Apollon (Apollon Telchinios) à Lindus, Héra (Hera Telchinia) à lalysus et à Camirus, et laissèrent à l'île le nom de Telchinis, ainsi qu'à Sicyone et à la Crète celui de Telchinia. Ils révéraient Athéna (Athéné Telchinia), leur mère, suivant quelques auteurs, à Teumesse en Béotie, où ils avaient les premiers sculpté des images de cette déesse, ainsi qu'ils l'avaient fait pour l'Apollon et l'Héra Rhodienne. Une inondation les ayant forcés à quitter Rhodes, Lycos se rendit en Lycie, et y éleva le temple d'Apollon Lycien. Des nymphes, dites nymphes Telchiniennes, faisaient aussi partie du système religieux des Telchines, dont le culte, comme on a pu le voir, avait une étroite affinité avec celui des grands dieux. On a donc lieu de s'étonner si des traditions toutes contraires présentent Rhéa comme leur étant adverse (Antaïa) , ainsi qu'Apollon : ce dieu les tua, métamorphosé en loup (Servius); ou bien il les perça de ses flèches (Eustathe). Suivant Ovide, Zeus les ensevelit sous les flots et les changea en rochers. Ces récits, qui transforment les Telchines, législateurs divins, instituteurs de le religion, et pieux artistes, en êtres malfaisants; coïncident avec une des faces de leur caractère mythique, postérieure sans doute aux deux premières, lesquelles s'accordent et les mettent dans une intime connexion avec les Dactyles et les Curètes, qui, suivant Strabon, faisaient originairement partie de la peuplade rhodienne. Serviteurs des dieux et fondateurs errants, les Telchines instituent le culte, inventent les arts, la médecine, font les premières statues des immortels, fabriquent la faux de Cronos et le trident de Poséidon; grands métallurgistes, ils savent donner toutes les formes aux métaux: de là les noms de trois d'entre eux, Chryson, Argyron, Chalcon. De là aussi la croyance vulgaire qui leur attribuait, comme aux Dactyles, un pouvoir magique. C'étaient, disait-on, des enchanteurs, des Goètes, qui jetaient le mauvais oeil, prenaient à volonté toutes sortes de formes, faisaient à leur gré pleuvoir, neiger ou grêler, et se plaisaient à détruire les moissons et à faire périr les troupeaux en arrosant la terre avec un philtre composé de soufre et d'eau du Styx. (E. Jacobi, Th. Bernard). | |