| Philippe II, roi de Macédoine, troisième fils d'Amyntas III, né l'an 383 av. J.-C., fut envoyé à Thèbes comme otage par Pélopidas, qui avait été appelé en Macédoine pour mettre fin aux troubles qui désolaient ce pays, et y vécut dans la maison d'Épaminondas, dont il reçut les leçons. A la mort de Perdiccas III, son frère (360), Philippe s'évada de Thèbes, saisit le pouvoir comme tuteur de son neveu Amyntas (titre qu'il changea bientôt en celui de roi), leva et disciplina une armée, qui dut sa plus grande force au perfectionnement de la phalange, rétablit la tranquillité à l'intérieur en battant ses compétiteurs Argée et Pausanias, à l'extérieur en traitant avec Athènes, agrandit son royaume par la prise d'Amphipolis, de Pydna, de Potidée (358-57), et par d'importantes conquêtes en Illyrie, en Péonie et en Thrace, et transporta sa capitale à Pella. En 356, il épousa Olympias, fille du roi d'Épire, se fortifiant ainsi par une puissante alliance. Peu d'années après, il tourna ses vues sur la Grèce et dirigea surtout son habile et perfide politique contre Athènes; mais il y trouva un redoutable adversaire dans l'orateur Démosthène, qui démasqua son ambition dans ses célèbres Philippiques. Profitant des troubles de la Guerre sacrée, il s'empara de Méthone, ville alliée d'Athènes, au siège de laquelle il perdit l'oeil droit, d'Imbros, de Lemmos, de Magnésie, se fit déclarer protecteur des Thessaliens, et tenta, mais vainement, de franchir les Thermopyles (353). Il protégea utilement Mégalopolis contre Sparte, fit contre l'Eubée une tentative qui échoua devant la résistance de Phocion, prit Olynthe (348), malgré les foudres de Démosthène (Olynthiennes), termina la première guerre sacrée, se fit admettre au conseil amphictionique à la place des Phocidiens, et se fit attribuer, avec l'intendance du temple de Delphes, la présidence des jeux Pythiques (346). Puis il tourna de nouveau ses armes contre l'Epire et la Thrace, tout en se préparant à asservir la Grèce. Démosthène, qui avait deviné ses projets, ayant fait renouveler la guerre, Philippe éprouva d'abord des revers et fut contraint par Phocion de lever le siège de Byzance (340); mais, ayant pénétré en Grèce à l'occasion d'une nouvelle guerre sacrée, sous le prétexte de réprimer un attentat sacrilège (338), il attaqua la Béotie et l'Attique, prit Elatée et remporta la même année sur les Athéniens et les Thébains la victoire de Chéronée, qui ruina la liberté de la Grèce. Philippe II n'abusa pas de sa supériorité sur ses faibles ennemis, et retourna bientôt en Macédoine pour préparer une grande expédition contre les Perses; mais il périt avant d'avoir pu l'accomplir : il fut assassiné, en 336, par Pausanias, seigneur macédonien, qui lui reprochait un déni de justice : on crut que le meurtrier n'était que l'instrument d'Olympias, première femme de Philippe, que ce prince venait de répudier pour épouser Cléopâtre. Philippe avait régné 24 ans. Alexandre le Grand, son fils, lui succéda. Ce prince joignait l'astuce au courage; c'est le plus profond politique de l'Antiquité, mais aussi un des hommes les plus corrompus : il disait qu'aucune place n'est imprenable quand on peut y faire pénétrer un mulet chargé d'or. (GE). | |