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Arès

Arès. - Dieu grec de la guerre, une des divinités olympiennes. Il est fils de Zeus et d'Héra, d'après Homère et Hésiode. D'après un récit postérieur (Ovide), Héra l'aurait engendré seule. L'étymologie de son nom est inconnue; on a proposé de le faire venir d'airô (enlever, tuer), d'ara (vengeance, destruction), ou de le rattacher à la racine sanscrite mar (les Maruts sont les divinités de l'orage dans la mythologie védique). On sait qu'il a été assimilé par les Romains à leur dieu Mars

Dans Homère, la personnalité d'Arès est très accusée; il est naturel que le dieu de la guerre paraisse souvent dans les combats de la guerre de Troie racontés par l'Iliade, et le poète a marqué sa physionomie de traits accentués. Arès est l'idéal du combattant animé de la furie guerrière, que ne dirige aucune volonté bien réfléchie; il s'occupe peu de savoir de quel côté est le droit; il a promis à sa mère et à Athéna d'aider les Grecs : il les combat. Couvert de son bouclier, de sa cuirasse et de son casque d'airain, brandissant sa lance, il se précipite dans la mêlée en poussant de grands cris, rompant les rangs, tuant les guerriers, prenant autant de part à l'action qu'un simple mortel. Il sera même blessé par Diomède.

D'ordinaire il est à pied, parfois il monte sur un char de guerre traîné par ses quatre chevaux Aïthon, Phlogios, Konabos et Phobos, accompagné parfois de ses fils, la Crainte et la Terreur (Deimos et Phobos), de la Discorde (Eris), de la redoutable Enyo, la déesse des combats, et même des Kères, les déesses de la mort violente, toute une série d'êtres formidables et redoutés que l'art primitif représentait sur les boucliers. 

Par une singulière défaveur, Arès est vaincu dans toutes ses entreprises, dès qu'il est aux prises avec une autre divinité. Celle qui a coutume de lui infliger les plus cruels échecs, est Athéna la vierge guerrière de l'Iliade. Elle dirige le bras de Diomède quand il blesse Arès; frappé, le dieu tombe en poussant un cri comme celui que feraient entendre dix mille hommes; plus tard il s'attaque à Athéna elle-même et succombe de nouveau. A plusieurs reprises, il a aussi affaire à Héraclès, le protégé d'Athéna, et toujours celle-ci lui inflige une défaite. 

Quand Héraclès a tué Cycnus, le fils d'Arès, le dieu de la guerre l'attaque pour venger son fils, il est blessé et terrassé. De même, quand il combat pour Pylos; d'après un autre récit, Zeus aurait séparé les deux combattants, en lançant la foudre entre eux. Les géants Aloades font subir à Arès un sort plus dur encore: ils l'enchaînent et le gardent pendant treize mois dans un cachot d'airain d'où Hermès finit par le tirer.
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David : Combat d'Arès et d'Athéna.
Combat d'Arès et d'Athéna, par David (musée du Louvre).

Arès est souvent associé à Aphrodite, qui paraît être comme lui une divinité d'origine étrangère. Dans l'Iliade, c'est pour avoir volé au secours d'Aphrodite blessée par Diomède, qu'Arès se fait blesser (chant V); à son tour, Aphrodite veut l'emmener, lorsqu'il a été terrassé par Athéna (chant XXl) et s'attire le courroux de la déesse guerrière. D'après les légendes du cycle thébain, Arès était l'époux d'Aphrodite; d'après l'Odyssée, au contraire, il n'était que son amant: elle le préférait à son époux, Héphaïstos, le boiteux forgeron. Informé par Hélios (le soleil), Héphaïstos surprit les deux coupables et les enferma dans un filet invisible, puis les donna en spectacle aux autres dieux. C'est par jalousie, dit un récit postérieur, qu'Arès aurait fait périr Adonis, l'amant d'Aphrodite. 

Les légendes thébaines nous représentent Arès comme adversaire de Cadmus; il est le père d'Harmonia, l'épouse de Cadmus, mais il ne la lui accorde qu'après que le héros a tué le dragon, fils d'Arès et d'Erinnys. L'hostilité reprend bientôt et c'est à la colère d'Arès et Démèter Erinnys qu'on attribue les malheurs et la ruine de la famille de Cadmus.

On a beaucoup discuté sur le caractère primitif d'Arès : les mythographes qui voulaient retrouver dans chaque dieu grec la personnification d'une force naturelle ont été assez embarassés pour Arès comme pour Athéna ou Hermès; c'est qu'en effet le dieu de la guerre, dont l'individualité morale est marquée de traits précis, n'a guère de caractères qui puissent être interprétés dans le sens physique. Preller y voyait un dieu de l'orage, Schwenck un dieu lumineux, Welcker un dieu solaire, d'autres un dieu chthonien, une de ces divinités redoutables du monde souterrain, qui apportent aux humains la prospérité ou la ruine. Ce système développé en leur temps par H.-D. Müller et par Stoll (Die ursprüngliche Bedeutung des Ares, 1855) est assez séduisant.

Le séjour favori d'Arès est la Thrace : c'est de là qu'il vient, nous dit Homère, prendre part au combat des Ephyres et des Phlégyens, c'est là qu'il retourne après son aventure avec Aphrodite. Il est presque ignoré de l'auteur de la Théogonie hésiodique. Son culte aurait été importé de Thrace en Béotie, à Thèbes qui en est le centre principal dans l'Hellade. (Stoll admet au contraire que le culte d'Arès avait passé de Thèbes en Thrace). Homère appelle Thèbes, la cité d'Arès; les contingents d'Orchomène et d'Asplédon ont pour chefs des fils d'Arès. Il joue dans la légende de Cadmus et de sa lignée un rôle prépondérant; les guerres et les effroyables catastrophes qu'il accumule sur eux auraient accentué son caractère de divinité meurtrière et c'est ainsi qu'il serait devenu le dieu de la guerre qui figure dans les poèmes homériques. 

Le culte d'Arès n'a pas pris de grands développements. On le vénérait surtout au Nord de la Grèce. Ses sanctuaires sont peu nombreux et relativement peu importants. Le plus célèbre est celui de l'Aréopage; on en trouve près d'Argos, à Troezen, à Hermione, à Tégée, à Elis, en Laconie, etc. A Athènes, en Laconie, près d'Argos, son culte a certainement été apporté de Thèbes. Il est associé : tantôt aux divinités chthoniennes, Hadès et Démèter (à Hermione), à Despoïna (à Lycosoura en Arcadie); tantôt aux déesses de la guerre, Enyo et Athéna (à Athènes et à Olympie); tantôt à Aphrodite (près d'Argos); à Tégée il est uniquement honoré par les femmes. A Sparte, les prisonniers de guerre lui étaient sacrifiés. 
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Arès au repos. A ses pieds folâtre l'Amour.
Musée des Thermes. Rome.

Quoique peu nombreux ces cultes d'Arès semblent donc répondre à des conceptions assez différentes du dieu. Néanmoins il est avant tout le dieu de la guerre dépeint dans l'Iliade sous des couleurs si vives qu'on a pu dire ne ce n'était pas le dieu de la guerre, mais la guerre elle-même, une personnalité aussi redoutable et aussi vague que son fils Phobos (la Terreur). Un grand nombre de héros célèbres nous sont présentés comme fils d'Arès : les Etoliens Méléagre, Oxylos, Evenos, Moles, Thestios, Pylos; les Minyens Ascalaphe et Phlegyas; en Thrace, Diomède, ce farouche roi des Bistone qùi tomba sous les coups d'Héraclès, Térée, etc.; en Elide, OEnomaos mêlé à la légende de Pélops; les Amazones aussi étaient ses filles, et on rattache à leur invasion en Attique l'origine de l'Aréopage. D'une manière générale tout vaillant guerrier est, dit-on, de la lignée d'Arès. 

Les épithètes et les surnoms appliqués à Arès sont très nombreux; le plus fréquent est Enyalien; Enyo qui était peut-être primitivement le cri de guerre des Hellènes désigne une divinité guerrière, mère, nourrice ou fille d'Arès. Ses attributs sont la lance et la torche que, d'après un vieil usage, deux de ses prêtres portaient au devant des armées qui marchaient à la bataille. Les animaux consacrés au dieu de la guerre étaient le chien et le vautour.

Archéologie.
Le type d'Arès n'a pas beaucoup inspiré les artistes grecs et un petit nombre seulement de représentations nous l'ont transmis. L'évolution en est très simple: après avoir commencé par le représenter comme un hoplite armé de toutes pièces, on a fini par en faire un beau jeune homme nu, absorbé dans ses rêveries. Le type archaïque ne nous est connu que par les vases peints; les monnaies nous manquent, aucune cité n'ayant pris Arès comme divinité protectrice. Sur le vase François, de vieux style attique (à Florence), il figure deux fois en guerrier barbu, revêtu de son armure, armé de la lance et du bouclier. Son duel avec Héraclès est plusieurs fois représenté. D'autres fois il est entouré des divinités secondaires qui relèvent de lui, Deimos, Eris ou Phobos. Sur des vases de date plus récente il est vêtu à l'ionienne, une couronne dans sa chevelure, étendu à côté d'Aphrodite. Vers le Ve siècle on rajeunit le dieu : c'est un jeune homme imberbe, il n'a plus ni l'armure ni le long vêtement ionien, il est presque nu : c'est ainsi qu'il est représenté sur la frise du Parthénon. Tantôt il conserve la chlamyde, tantôt il est complètement nu; en général on lui laisse la lance à la main: c'est le cas pour la statue connue sous le nom d'Achille Borghèse (musée du Louvre). Des sculpteurs de la grande époque, deux seulement firent des statues d'Arès, Alcamène et Scopas. On suppose que l'Arès de la villa Ludovisi est une reproduction de la colossale statue de Scopas: le dieu imberbe est assis et tient son épée; à sa droite est un bouclier, à ses pieds un Eros (Amour). Arès et Aphrodite ont souvent été représentés ensemble sur les vases ou dans les peintures murales de Pompéi par exemple. On a même prétendu que la Vénus de Milo faisait partie d'un groupe où se serait trouvé Arès. 

En somme, les artistes grecs se sont peu occupés de leur dieu de la guerre; pour l'archéologie comme pour le culte, c'est un dieu très secondaire; la plupart des statues de Mars que nous possédons sont des oeuvres romaines et se rapportent à un dieu qui n'a été confondu avec Arès qu'à une époque assez tardive. (A.-M. B.).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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