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I

Ictus. - Notes très accentuées, au premier et au dernier temps forts d'un rythme et sur lesquelles le rythme est pour ainsi dire appuyé. L'ictus diffère de la thésis, qui est la première note du premier temps (temps fort) de chaque mesure.

Idiomèle. - Se dit, dans le chant liturgique, des antiennes qui ont une mélodie spéciale, par opposition à celles appelées automèles, qui empruntent une mélodie commune à plusieurs textes.

Imitation. - Reproduction dans une ou plusieurs parties d'un dessin musical proposé précédemment par une autre partie. L'imitation est la base du style contrepointique, du canon et de la fugue. On en trouve les premières tentatives, sous le nom de Repetitio vocis, chez les théoriciens et chez les déchanteurs du XIIe s. Jean de Garlande en mentionne l'usage dans les morceaux à 3 et à 4 parties et spécialement dans les Conduits, et il en donne un exemple qui consiste, dans l'échange de fragments alternativement reproduits par deux voix semblables, dont les dessins s'entrecroisent. On remarque dans l'une des pièces à 3 voix du manuscrit de Montpellier l'application du même procédé. De bonne heure les contrepointistes aperçurent les ressources que pouvait présenter l'imitation pour exciter l'intérêt, l'accroître, le presser, et augmenter sans cesse la richesse d'un morceau sans en rompre l'unité et ils en développèrent les procédés avec une fertilité d'invention dont on peut admirer les preuves les plus variées dans les oeuvres de Palestrina, au au XVIe s. et de Bach, au XVIIIe. L'emploi constant de l'imitation est une des caractéristiques du style de César Franck, qui en a renouvelé l'usage dans la musique moderne. L'enseignement de la composition place l'imitation parmi les éléments de l'art du contrepoint, comme préparation à la fugue. On professe que l'imitation peut se faire à un intervalle quelconque au-dessus ou au-dessous du dessin principal, en commençant à un point, quelconque de la durée de ce dessin. Elle est dite simple, lorsqu'une seule partie imite le thème, double, lorsque deux parties en imitent deux autres, exacte, lorsque le fragment imité est reproduit sans changements, libre ou irrégulière, lorsqu'elle diffère du thème en un détail quelconque de sa structure mélodique. (Michel Brenet).

Impromptu. - Petite composition instrumentale, de style brillant et de forme libre, soi-disant composée «  in promptu », à l'improviste. Ce titre est porté par quelques pièces célèbres pour le piano, de Chopin (op. 29, 36, 66 (posthume), de Schubert (opus 90 et 142).

Improperia, en latin = reproches, par lequel on désigne, dans la liturgie catholique, des antiennes qui se chantent, le matin du vendredi saint, pendant l'adoration de la Croix. Palestrina a composé (1560) pour ces antiennes, une série d'admirables faux-bourdons, qui se sont maintenus jusqu'à nos jours  au répertoire de la chapelle Sixtine non sans avoir été soumis au régime des abbellimenti traditionnels ou improvisés, des chantres.

Improvisation. - Exécution musicale sans préparation, sans notation préalable.

Incantation. - Chant auquel s'attache une idée d'enchantement, de magie ou de sortilège. Quelques morceaux d'opéra, de caractère semi-religieux et semi-fantastique, ont porté ce titre, par exemple dans Le Roi de Lahore, de Massenet, au Ile acte de Fervaal, de V. d'Indy, etc.

Indice. - Chiffre par lequel les physiciens différencient les octaves dans l'énonciation des notes de l'échelle.

Instruments de musique. - Appareil construit pour la production des sons musicaux. Ces sons peuvent être produits par la vibration de cordes (instruments à cordes pincées - guitare - ou frappées - piano), par la vibration d'une colonne d'air (instruments à vent - flûte, orgue), par la vibration d'un corps solide sous l'effet d'un choc (instruments à percussion - tambour, xylophone, triangle), etc.

Instrumentation. - Art d'exprimer la musique par des instruments. Manière dont la partie instrumentale d'un morceau de musique est disposée. Instrumenter, ou orchestrer, c'est répartir entre les divers instruments dont se compose un orchestre les différentes parties d'une oeuvre  orchestrale. Certaines oeuvres anciennes doivent être de nouveau orchestrées, parce que quelques instruments (théorbe, viole d'amour, etc.) sont aujourd'hui tombés en désuétude. L'art de l'instrumentation enseigne les différents instruments, leur nature, leur timbre, les cas où leur emploi est préférable, leur technique, afin d'éviter aux exécutants des difficultés inutiles ou insurmontables. Il est fort recommandé aux compositeurs d'apprendre, outre la théorie, le maniement effectif d'un instrument de chaque classe d'instruments. cordes, bois et cuivres.

Instrumentiste. - Musicien qui joue d'un instrument.

Intensité. - Volume du son. Qualité plus ou moins forte du son émis ou perçu. L'intensité du son est proportionnelle au carré de l'amplitude des vibrations qui le produisent. La gradation de l'énergie dans l'attaque du son détermine l'amplitude et produit les nuances dynamiques dont l'emploi raisonné concourt à l'expression et à la beauté de l'exécution musicale.

Interférence. - En musique, où ce terme a une acception plus restreinte qu'en physique, c'est l'entre-croisement des ondes sonores à l'aller et au retour; il y a interférence lorsqu'il s'agit de 2 sons identiques qui s'annulent.  Il y a battement lorsque 2 sons se trouvent très rapprochés l'un de l'autre, sans être absolument identiques. On expérimente le phénomène de l'interférence en plaçant l'un à côté de l'autre sur le même sommier 2 tuyaux d'orgue semblables et accordés exactement à l'unisson; chacun d'eux donne séparément un son net et égal; si l'on fait arriver le vent dans les 2 tuyaux à la fois, leur sonorité s'annule et l'on ne perçoit plus qu'un souffle insonore.

Interligne. - Espace compris entre 2 lignes de la portée. Il y a 3 interlignes dans la portée de chant grégorien, 4 dans la portée musicale usuelle de cinq lignes. On les compte de bas en haut.

Interlude. - Petite pièce instrumentale jouée entre deux morceaux plus considérables. Dans la musique d'orgue, petit morceau exécuté entre les strophes ou les versets d'une hymneou d'un psaume.

Intermède. - Petite pièce de théâtre introduite entre deux actes de la pièce principale. L'usage en était établi dans les spectacles de cour, à la fin du XVIe s. Six intermèdes en musique s'entremêlaient aux scènes de la comédie jouée à Florence en 1589 pour les noces de Ferdinand de Médicis et Christine de Lorraine; chacun comprenait plusieurs madrigaux accompagnés par divers instruments; ils avaient pour auteurs Malvezzi et Marenzio et furent publiés en 1591. C'est sous la forme et le titre d'intermèdes que furent composés les premiers opéras-bouffes italiens et que quelques-uns des plus  célèbres d'entre eux, notamment la Serva Padrona, de Pergolèse, furent représentés à Paris (1729 et 1752). Le Devin du village, de J.-J. Rousseau (1752), fut intitulé Intermède. Encore en 1779, L'Italiana a Londra, de Cimarosa, reçoit le titre de « Intermède à cinq voix ». On donne ce titre aujourd'hui à des scènes d'opéra ou de ballet faisant corps avec l'ouvrage principal, mais y apportant un élément accessoire, qui suspend ou ralentit l'action.

Internationale (L'). - Chant de ralliement des travailleurs révolutionnaires de tous les pays, unis pour lutter contre le capital. Le poème est dû à Eugène Pottier (1871); la musique, à Adolphe Degeyter.

Interprétation. - Exécution d'une oeuvre musicale. Ce vocable exprime particulièrement le rôle assumé par un chanteur, un instrumentiste ou un chef d'orchestre, qui entreprennent de faire connaître une oeuvre par l'audition et qui se trouvent en quelque sorte chargés de la traduire ou de l'expliquer, lorsqu'ils réalisent par les sons la pensée écrite du compositeur.

Intervalle. - Distance qui sépare un son d'un autre, soit au grave, soit à l'aigu. Les intervalles sont dits simples quand ils se trouvent renfermés dans l'étendue d'une octave ; il y en a de sept sortes : seconde (do-ré), tierce (do-mi), quarte (do-fa), quinte (do-sol), sixte (do-la), septième (do-si), octave (do-do). L'intervalle qui dépasse l'étendue d'une octave est un intervalle redoublé ou composé; tels sont les intervalles de neuvièmes, de dixièmes, de onzièmes, de douzièmes, etc. Les intervalles de même nom ne sont pas toujours égaux entre eux; il y a plusieurs espèces de secondes, de tierces, de quartes, etc. Pour les distinguer, on les a qualifiés de : mineurs, majeurs, justes, diminués, augmentés. - On entend par renversement d'un intervalle la transposition du son supérieur ou aigu à une octave plus bas, ou bien celle du son inférieur ou grave à une octave plus haut. - Deux notes entendues simultanément forment un intervalle harmonique. Il y a des intervalles consonants et des intervalles dissociants. Les intervalles consonants sont la tierce majeure ou mineure, la quinte juste, la sixte majeure ou mineure et l'octave juste; les intervalles dissonants sont la seconde majeure ou augmentée, la quarte et la quinte augmentées ou diminuées, la sixte augmentée, la septième. etc. La quarte tient de l'un et de l'autre genre. Par le renversement,  tout intervalle majeur devient mineur; tout intervalle augmenté devient diminué, et vice versa; tout intervalle juste reste juste étant renversé.

Intonation. - Manière d'attaquer le son vocal; l'intonation est juste, quand la voix émet exactement le son voulu; elle est douteuse, lorsqu'elle laisse l'oreille dans l'incertitude; elle est fausse, lorsque le son produit diffère du son exigible. - On nomme également intonation les inflexions musicales de la voix parlée, l'accentuation réglée et sonore des paroles dans les commandements militaires. - L'intonation est aussi une formule de chant servant, dans la psalmodie catholique, à relier la finale de l'antienne avec la dominante du mode sur laquelle doivent se chanter les versets du psaume. Il y a autant de formules d'intonation que de tons de psaume. - On désigne encore sous le même nom d'intonation, dans le chant liturgique, les paroles et les notes initiales des chants de l'ordinaire de la messe qui sont entonnés par le célébrant et dont le choeur prend la suite : Gloria in excelsis Deo, - (choeur :) Et in terra; Credo in unum Deum - (choeur :) Patrem omnipotentem, etc.

Intrada, en italien = entrée. - Titre quelquefois donné par les compositeurs du XVIIe s. à de courtes pièces servant d'ouverture ou d'introduction à une suite instrumentale.

 Introduction. - Fragment préparatoire, dans un mouvement lent, qui précède l'allegro d'une symphonie ou d'une ouverture, d'une pièce de danse ou d'une chaîne de valses. La forme et les dimensions, la présence ou l'omission de l'introduction, ses relations thématiques avec le morceau qu'elle annonce, ne dépendent que de l'imagination du compositeur et restent absolument libres chez les auteurs même les plus accoutumés aux formes régulières. Quatre des Symphonies de Beethoven sont précédées d'une introduction, ainsi que ses ouvertures de Leonore, n° 2 et 3; dans ses Quatuors, op. 130 et 132, les thèmes de l'introduction et de l'allegro se mélangent. 

Les introductions des ouvertures de Freischütz, de Weber (1823), de Guillaume Tell, de Rossini (1829), de Benvenuto Cellini, de Berlioz (1834-1837), sont au nombre des exemples  les plus célèbres que l'on puisse citer. 

Le titre d'introduction, désigne fréquemment, dans l'ancien répertoire, la première scène d'un opéra. Pris comme synonyme de prélude, il caractérise une forme abrégée d'ouverture, précédant, soit l'opéra tout entier, soit l'un de ses actes. C'est en ce sens que Wagner, dans Lohengrin, dans Tristan et Isolde, et dans les Niebelungen, emploie le mot allemand Einleitung qui est l'équivalent du mot introduction.

Introït. - Antienne chantée par le choeur au commencement de la messe, dans le moment que le prêtre s'avance vers l'autel.

Invention. - Action d'imaginer, de créer des pensées ou des formes nouvelles. La masse des amateurs désigne communément par le nom d'inspiration la faculté d'inventer des dessins mélodiques; mais à cette partie de la composition ne se borne pas le don supposé de l'invention en musique. Les maîtres du style contrepointique; au XVIe s., imaginaient rarement eux-mêmes les motifs sur lesquels ils faisaient reposer leurs oeuvres; ces motifs étaient presque toujours empruntés à des pièces antérieures, religieuses ou profanes; mais ils déployaient une fertilité d'invention inépuisable dans la manière dont ils développaient et travaillaient le thème choisi. C'est de la même puissance et de la même variété d'invention que témoignent, à l'époque classique, des oeuvres telles que l'Air avec 30 variations ou l'Art de la fugue, de Bach, ou les 33 Variations de Beethoven sur une valse de Diabelli. Lorsque la critique ou le public parlent des « trouvailles harmoniques » de Fauré ou de Debussy, il rend hommage à l'esprit d'invention de ces maîtres. 

Invitatoire. - Dans le chant liturgique romain, titre de l'antienne qui se chante au début de l'office de Matines, avec le Psaume LXXXIV, dont les mélodies sont spéciales à cette fonction.

Iodler du verbe allemand Iodeln, chanter à la manière des Tyroliens, avec des sauts brusques de la voix sur des intervalles éloignés. Littré adopte pour ce mot l'orthographe iouler. (Voy. Tyrolienne).

 Ionien. - Nom d'un mode de la musique antique, donné par certains auteurs aux 7e et 8e modes ecclésiastiques.

Ison. - Terme de chant liturgique oriental. Se dit d'une note, ordinairement tonique ou dominante, tenue en sourdine par une voix, tandis que les autres exécutent une mélodie.

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Dictionnaire Musiques et danses
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