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Le climat de l'Europe |
L'Europe
est la partie du monde où l'océan
pénètre le plus intimement dans les terres, par 32.000
kilomètres de rivages, dont 5800 sur l'océan
Glacial Arctique, 13.500
sur l'océan Atlantique et les
mers qui en dépendent, 12.700
sur la mer Méditerranée
et ses annexes; celle où cette pénétration modère
le plus la température en augmentant la tiédeur, en diminuant
le froid, en égalisant les saisons,
les jours, les nuits; celle, enfin, où la pluie arrive le mieux
à son heure pour faire croître les moissons et verdir les
pâturages. Seulement, il faut distinguer soigneusement entre l'Europe
orientale, de climat « asiatique» extrême, brusque, sec,
et l'Europe occidentale, de climat humide, modéré, grâce
aux vents de l'Ouest et du Sud-Ouest, combinés
avec les souffles tièdes ou chauds de la mer Méditerranée
au Sud; enfin, les terres élevées, où l'altitude du
sol refroidit le ciel, se trouvent au midi, sauf l'exception de la Scandinavie,
de l'Ecosse, de l'Islande,
et les plaines de peu d'altitude, les divers « pays bas » au
Nord. C'est tout à fait à l'Ouest (tant au Sud qu'au Nord),
sur le rivage occidental et septentrional de la péninsule
Ibérique, sur l'occident de France
et de Grande-Bretagne, et sur la Norvège,
qu'il tombe le plus d'eau; il pleut bien moins sur la péninsule
des Balkans; encore moins sur la Russie; très
peu sur les pays tendant à la mer Caspienne;
et, par un violent contraste, sur des plateaux d'Espagne
voisins d'un maximum de pluie : on y trouve de véritables steppes,
dignes d'Asie ou d'Afrique.
La températureLa température d'un lieu dépend de causes diverses. On sait que les trois plus importantes sont la latitude, l'altitude et la proximité de la mer.Pour l'Europe, la proximité de l'océan Atlantique a une importance toute particulière, à cause des vents du Sud-Ouest et du Gulf-Stream (Les Courants marins), qui amène du golfe du Mexique les eaux chaudes des tropiques. Ces deux dernières influences, combinées avec celles des vents et de l'exposition particulière de chaque lieu, font dévier les lignes isothermes qui, si elles obéissaient seulement à la latitude, se confondraient avec les parallèles. On distingue surtout les climats marins, propres aux contrées voisines de l'océan Atlantique, et les climats continentaux, propres aux régions éloignées de l'Océan. L'Europe est comprise entre la ligne isotherme de 0°C, qui passe à l'extrémité septentrionale de l'Islande, au cap Nord, et enveloppe la Laponie, la mer Blanche et le Nord-Est de la Russie, la région continentale où le froid est intense, et la ligne isotherme de 20°C, qui, plus particulière à la la côte méditerranéenne de l'Afrique, ne touche que l'extrémité Sud-Ouest de l'Europe, du côté du cap Saint-Vincent. La ligne isotherme qui marque la moyenne température de l'Europe est donc celle de 10 °C; elle passe au sud de l'Irlande, coupe obliquement l'Angleterre de l'extrémité septentrionale du Pays de Galles à l'embouchure de la Tamise, passe au nord du Zuyderzee, puis, obéissant à la loi des climats continentaux, elle se dirige au sud-est, en longeant les monts de Bohème (Tchéquie) et en traversant la Hongrie, la Valachie (Roumanie) et la Crimée. La température moyenne des côtes européennes de la mer Méditerranée varie généralement entre 15 et 20 °C; celle des côtes des îles Britanniques, de la mer du Nord et de la mer Baltique, jusqu'au golfe de Finlande, entre 10 et 5 °C. En général, on peut dire que la température moyenne s'abaisse à mesure que, sous un même parallèle, on s'avance vers l'est dans l'intérieur du continent européen, de même qu'elle s'abaisse, dans une proportion beaucoup plus rapide, à mesure que, sous un même méridien, on s'avance vers le nord. Les montagnes exercent sur la température moyenne, comme sur toute la météorologie, une grande influence, et donnent naissance à une foule de lignes secondaires. Par exemple, la région centrale des Alpes est enveloppée par une ligne isotherme de 5 °C qu'enveloppent d'autres lignes concentriques, marquant des températures plus élevées à mesure qu'on descend vers la plaine. C'est principalement sur les lignes isochimènes ou de température égale durant l'hiver, et sur les lignes isothères ou de température égale durant l'été, que se fait sentir l'influence de l'océan Atlantique, puisqu'elle a pour principaux effets d'adoucir la froidure des hivers et la chaleur des étés; elle relève considérablement les premières vers le nord, et abaisse les secondes vers le sud, produisant ainsi, à l'occident de l'Europe, des climats tempérés, tandis que les climats continentaux qui se trouvent à l'orient de l'Europe sont des climats excessifs. Ainsi, par exemple, Dublin, ayant pour température hivernale +5 °C, et pour température estivale +15 °C, n'est soumis qu'à un écart moyen de 10 °C, tandis que les rives de l'Oural, ayant pour température hivernale -10 °C , et pour température estivale +20 °C, sont soumises à un écart de 30 °C. L'Europe est comprise entre la ligne isochimène de 20 °C, qui est celle des bords de la Kara, et la ligne de + 15 °C, qui est celle du cap Saint-Vincent. La moyenne hivernale, entre 0 et -5 °C, est celle de la région située entre la mer du Nord, le Jutland, la Silésie, les Carpates, la mer Noire et le Caucase, d'une part, et, d'autre part, le cap Nord, les Alpes scandinaves, les îles d'Aland, le golfe de Riga et les bouches de la Volga. L'Europe est comprise à peu près entre la ligne isothère de +10 °C, qui est celle de la côte méridionale de l'Islande, de la Laponie et des côtes de la mer Blanche, et la ligne de +25 °C, qui passe au sud de l'Espagne, de la Sicile et du Péloponnèse. La moyenne estivale est entre 15 et 20 °C : c'est la température de la France centrale et septentrionale, de l'Angleterre, de l'Allemagne du Nord, du midi de la presqu'île Scandinave et du centre de la Russie. Cette ligne moyenne des étés égaux n'est pas très différente du 42e parallèle, tandis que la ligne moyenne des hivers égaux s'en écarte beaucoup, et coupe obliquement ce parallèle dans la direction du nord-ouest au sud-est, relevée par la température de l'océan Atlantique qui baigne tout le nord-ouest de l'Europe. Les ventsLes vents sont dus à une inégalité de pression atmosphérique elle-même liée à une inégalité de température) sur deux points du globe.Les vents alizés, qui n'existent que dans la zone tropicale, sont un des principaux effets de cette inégalité; ils produisent eux-mêmes un contre-courant qui, près des tropiques, règne dans les régions supérieures de l'atmosphère, puis vers le 30e degré de latitude s'abaisse à la surface du sol, et souffle, dans notre hémisphère, du sud-ouest au nord-est : de là, en Europe, la fréquence du vent de sud-ouest, vent tiède et chargé de vapeurs. Nulle part, il n'est plus fréquent qu'en Angleterre et en Suède, et, en général, près des rivages de l'ocean Atlantique; nulle part, moins fréquent que dans l'Europe orientale. Le vent de nord-est, qui est produit par le grand mouvement de l'air attiré des régions polaires vers la zone torride, souffle fréquemment aussi; il domine, en général, dans l'Europe orientale, en Russie et en Hongrie. Venant de l'océan Glacial Arctique ou des vastes plaines de la Sibérie, il est froid. Le vent d'est, selon la saison, est froid ou brûlant, parce qu'il traverse des plaines où la chaleur en été et le froid en hiver sont extrêmes; mais il est toujours sec, parce qu'il ne parcourt que des terres. Ces deux vents principaux, vent de sud-ouest et vent de nord-est, peuvent, en se choquant l'un l'autre ou en se heurtant contre des chaînes de montagnes, dévier et par suite souffller à peu près vers tous les points de l'horizon. Il y a encore beaucoup d'autres causes secondaires; l'une des plus importantes est le Sahara africain qui, par les appels d'air de sa vaste surface brûlante et sèche, donne naissance, dans la région méditerranéenne, à des vents violents du nord et du nord-ouest (mistral), ou, en contre-courant -du sud-est, au printemps (solano, sirocco ou foehn). Le massif élevé et neigeux des Alpes est aussi une cause importante de production de vents. Les pluiesLe vent apporte la pluie en charriant les nuages formés à partir de l'évaporation de la mer; quand ces nuages rencontrent un milieu plus froid, ils donnent lieu à des précipitations : c'est pourquoi les vents pluvieux, en, Europe, sont les vents d'ouest qui viennent de l'océan Atlantique, et surtout le vent du sud-ouest, qui amène en général des pluies fines et continues. Les vents d'est sont secs; cependant celui du nord-est donne assez souvent de la pluie, mais c'est le plus souvent une pluie d'orage, abondante et de courte durée.Quand les nuages ne se sont pas résous en pluie sur les premiers rivages où le vent les a poussés, ils sont arrêtés par les chaînes de montagnes et s'y condensent en larges ondées. C'est pourquoi la pluie n'est nulle part aussi abondante que sur les rivages de l'océan Atlantique et dans les montagnes. A Lisbonne, dans le Leinster (Irlande), le Cornouaille et les Hébrides (Grande-Bretagne), dans les environs de Bergen (Norvège), la quantité de pluie qui tombe annuellement mesure 95 centimètres et plus au pluviomètre; dans toute la chaîne des grandes Alpes, elle atteint et dépasse 1 mètre et même 2 mètres ( Bergen, sur la côte, et le mont Ortler, dans les Alpes, sont les lieux d'Europe où il pleut le plus; on évalue à plus de 2 mètres la quantité annuelle de pluie à Bergen et à près de 3 mètres au mont Ortler la quantité décroît rapidement à mesure qu'on s'éloigne du faîte des Alpes : 1,50 m à Brescia, 0,93 m à Milan, 0,63 m à Parme, 1 mètre à Augsbourg, 0,38 m à Wurtzbourg). Elle est de 67 centimètres : 1° dans le reste de l'Irlande, dans les Pays-Bas, dans les régions de France, d'Espagne et du Portugal, voisines de l'océan Atlantique ; 2° dans toute la région qui enveloppe les Alpes, depuis le plateau central de la France jusqu'au sud de l'Italie et aux Balkans; 3° dans les régions montagneuses du Harz, de la Bohême, de la Silésie. Dans la vaste plaine de la Russie orientale et méridionale, la pluie est rare et ne dépasse pas 40 centimètres. Il en est de même sur quelques points particuliers, comme le plateau central de l'Espagne (meseta), les bords du Raab et les environs de Tokaï (Hongrie). En général, dans une contrée traversée par une chaîne de montagnes, le versant occidental, qui reçoit directement les nuages de l'océan Atlantique, est plus arrosé que le versant oriental. Le gigantesque massif neigeux des Alpes a un effet tout particulier; non seulement il retient, comme un immense réservoir, les nuages qu'il absorbe en partie; mais, plus froid que les régions circonvoisines, il est comme l'outre des vents : de ses flancs partent dans la direction du sud pour l'Italie et la vallée du Rhône, du nord pour l'Allemagne, des souffles qui entraînent les nuages amassées autour de ses pitons et qui portent avec eux la pluie. Réserve faite pour toutes les perturbations de ce genre dues à des causes accidentelles, on constate, à mesure qu'on s'avance des côtes occidentales de l'océan Atlantique vers l'Oural : 1° Que la quantité de pluie qui tombe annuellement diminue : c'est ce que nous venons de voir;A l'est est la région dite des pluies d'été, parce que la pluie qui y tombe en été dépasse 30 % du total des pluies annuelles; vient ensuite la région des pluies d'automne; au sud de la seconde, qui marque les points où les pluies d'été ne forment plus que 5 % du total, commence la région des pluies d'hiver. Les rivages de la mer Méditerranée, protégés contre l'effet. des vents d'ouest par les chaînes ibériques, les Pyrénées et les Cévennes, et des vents de sud-ouest par le désert africain, obéissent à d'autres lois pluviales. Les pluies d'été y sont généralement rares. Dans le voisinage des Alpes, c'est le vent du nord qui amène la pluie; dans l'Italie méridionale, tantôt le vent du nord et tantôt le vent du sud; mais, à mesure qu'on s'avance vers le midi, la quantité annuelle de pluie diminue (elle est de 0,62 m au sud du Pô, de 0,54 m dans l'Italie méridionale et la Sicile. Les pluies sont particulièrement abondantes dans l'Istrie, espèce d'impasse montagneuse qui arrête les nuages.). Dans Ia Sicile, le sud de l'Italie et la Grèce, l'hiver est la saison pluvieuse, comme en Afrique. Les climatsCes influences météorologiques, combinées avec le relief du sol, la constitution géologique des terrains, la direction des vallées, la distribution des eaux, donnent naissance à des climats nombreux et divers. On peut les grouper en quatre grandes catégories.Le
climat arctique.
Les
climats continentaux
La
région de la Baltique septentrionale.
La
région de la grande plaine moscovite.
La
région des steppes.
La
région, polonaise.
La
région de la basse Allemagne.
La
région des Carpates et de la Bohème.
La
région danubienne.
Les
climats océaniques.
La
région norvégienne.
La
région britannique.
La
région des Pays-Bas et de la Manche.
La
région pyrénéenne.
La
région alpine.
Les
climats méditerranéens.
La
région ibérique.
La
région italique.
La
région hellénique.
Les culturesDans les climats arctiques, la culture n'existe pas; l'orge et l'avoine seules parviennent à pousser dans quelques rares terrains très bien exposés, parce que deux ou trois mois de chaleur leur suffisent pour mûrir, quel qu'ait été le froid de l'hiver. Les sapins et les pins y gèlent; les premiers ne se hasardent guère au delà du 68e degré, et les seconds au delà du 70e; dans la presqu'île Scandinave, le peuplier, le hêtre et le chêne, au delà de 60e et 62e degrés; dans l'est de l'Europe, près de l'Oural, ils atteignent à peine le 55e degré.La vigne a à peu près pour limite le 49e degré, qu'elle n'atteint ni sur la côte de l'océan Atlantique, où le soleil d'été n'est pas assez ardent, ni dans la région des steppes, où le froid est trop vif, mais qu'elle dépasse dans quelques cantons privilégiés de l'Allemagne. Au nord de la latitude de Saint-Pétershourg, les céréales cultivées sont l'orge, qui peut mûrir en Norvège jusque sous le 69e degré, l'avoine et le seigle; au sud de la ligne de Saint-Pétersbourg, le seigle devient plus abondant, et, mêlé au froment, il est la principale céréale dans la région qui s'étend jusqu'à la latitude de York en Angleterre et de Berlin sur le continent. Au sud de la ligne passant par York et Berlin, commence la région dans laquelle domine le froment et surtout le blé tendre et qui s'étend à peu près jusqu'à la zone des climats méditerranéens; dans cette dernière zone (à laquelle il faut ajouter les régions girondine, rhodanienne et portugaise), la culture du maïs se mêle à celle du blé, surtout du blé dur, et, sur certains points, à celle du riz. Dans toute la région des climats méditerranéens, on pratique la culture du mûrier et l'élevage du ver à soie; dans les parties favorisées du soleil, poussent l'amandier, l'olivier, l'oranger, le citronnier, et, sur quelques points, le palmier, comme dans la plaine d'Alicante, le cotonnier, comme en Sicile et dans la campagne de Salonique. (E. Levasseur.). |
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