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La Silésie

La Silésie, Slask en polonais, Schlesien en allemand, est une région du Sud-Ouest de la Pologne (avec de petits empiétements sur la République Tchèque et l'Allemagne), qui correspond au bassin supérieur de l'Oder, et qui fut jadis province des États prussiens. Elle est bornée au Sud-Ouest par le quadrilatère de Bohème et la Saxe, au Nord-Est par le Brandebourg, au Nord-Est par la Poznanie, au Sud par la Galicie, et la Moravie. La partie Sud-Ouest et la frontière occidentale sont très montueuses; ailleurs s'étendent de vastes plaines. Sol fertile, industrie active. Les Silésiens parlent aujourd'hui polonais et conservent aussi un dialecte particulier du polonais.
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Silésie : le viaduc de Zgorzelec.
Le viaduc entre Zgorzelec (Pologne) et Görlitz (Allemagne), sur la Neisse, vers 1900.

Géographie.
La frange méridionale de la Silésie est adossée aux contreforts des Carpates et des Sudètes. Dans les Beskides, au Sud-Est, le Lysa Hora atteint 1325 m; dans les monts de Zloty Stok  (Reichenstein), au Nord-Ouest, le Praded (Altvater) en a 1491; les hauteurs de Klodzko  (Glatz) atteignent 1424 m au Králický Snežník  (Schneeberg); les monts des Géants, 1602 m, au Sniezka (Schneekoppe).

Dans l'intérieur, les hauteurs sont moindres : au Sud, les collines houillères de Haute-Silésie ne dépassent pas 385 m (Góra Swietej Anny); à l'Est de Swidnica  (Schweidnitz), le Zolten en a 748; près de Goerlitz, la Landeskrone a 419 m. 

La plaine qui se développe sur les deux rives de l'Oder est arrosée par ses nombreux tributaires : Opawica (gauche), Olza (droite), Cyna (gauche), Klodnica (droite), Mala Panew (droite), Neisse de Glatz / Nysa Klodzka (gauche), Olawa (gauche), Weida (droite), Bystrzyca (gauche), Kaczawa (gauche), Barycz (droite), Babra (gauche) grossie de la Gneisse, Neisse de Lusace (gauche). Quelques cantons du Sud-Est, sont drainés par la Vistule, quelques cantons du Nord-Ouest par des tributaires de l'Elbe, la Sprée et l'Elster noire.

Les précipitations annuelles varient de 500 mm à 1160 mm (dans les montagnes); elle est de 520 mm à Opava, et de  730 mm à Cieszyn. la température moyenne annuelle est de +8°C à Wroclaw.

Du sol de Silésie, 56 % revient aux champs cultivés, 10 % aux prés, 20 % aux bois. La plaine est très fertile au centre, de Racibórz  à Legnica  (Liegnitz), où les trois quarts de la surface sont labourés; dans la zone houillère, à l'Est d'Opole (Oppeln), les cantons montagneux et les pays marécageux qu'arrose la Barycz (Bartsch), la production agricole est moindre et les forêts dominent.

Les richesses minérales sont considérables; le bassin houiller de la Haute-Silésie occupe 137.500 hectares, un bassin plus petit est intercalé dans les porphyres et mélaphyres de Basse-Silésie, près de Waldenburg; signalons aussi de petits bassins isolés.  Au voisinage du grand bassin houiller sont des minerais de fer, de zinc, que l'on exploite également en d'autres points. 

Histoire.
La région était habitée par des Lygii et des Quades au temps des Romains. Le nom de Silésie vient de la Sleza (Lohe), affluent de gauche du fleuve. Il apparaît au Moyen âge. Cette région était alors partagée entre les Slaves occupant la plaine et les Germains demeurés dans la montagne. Vers l'an 900, la Pologne s'étendit jusqu'à la rive droite de l'Oder; la Bohème, qui avait occupé le pays entre la rive gauche et la Bobra (973), la céda à la Pologne (999); à l'Ouest de la Bobra commençait la Lusace. Ce sont les Polonais de Poznan, qui convertirent la Silésie au christianisme, et fondèrent en 1051 l'évêché de Breslau (Wroclaw). 

Une invasion de l'empereur Henri V fut repoussée en 1109; mais les querelles de famille des Piasts permirent à Frédéric Barberousse une intervention plus heureuse (1163); il imposa un partage et fit attribuer presque toute la Silésie (cette Silésie, plus grande que la région qui portera ensuite ce nom, contenait le Brandebourg jusqu'à la Warta) aux fils du roi Wladyslaw; ils y fondèrent une dynastie nouvelle qui morcela la Silésie en deux duchés, Basse et Haute-Silésie, Breslau et Ratibor (Raciborz), eux-mêmes subdivisés à maintes reprises. 

Protégés allemands, les Piasts travaillèrent activement à germaniser le pays. Le partage de la Basse-Silésie après la défaite et la mort du duc Henri II, qui succomba à Liegnitz (Legnica) contre les Mongols, créa en 1241 les duchés de Breslau, Liegnitz, Troppau (Ostrava); celui de la Haute-Silésie, les duchés de Teschen (Cieszyn), Oppeln (Opole) et Ratibor. Mais en 1340, Ratibor fut uni au fief bohème de Troppau, tandis que s'en détachait le nouveau duché de Jaegerndorf (1366). Au commencement du XIVe siècle, on comptait en Silésie dix-huit princes qui se partageaient le pays. Le roi Jean de Bohème fit reconnaître sa suzeraineté par presque tous (1327-1329) et, en 1335, obtint du roi de Pologne, Casimir le Grand, qu'il la lui abandonnât.

Charles IV acheva l'annexion à la Bohème par l'acquisition des principautés de Jauer (Jawor) et de Schweldnitz; néanmoins, la Silésie garda son autonomie et ses diètes particulières. 

La Silésie éprouva le contre-coup des guerres contre les Hussites, prospéra néanmoins par industrie et le commerce (grâce à l'introduction de nombreuses familles allemandes), compta de bonne heure beaucoup de Protestants, et fut pendant la guerre de Trente Ans le théâtre de plusieurs des opérations de Wallenstein
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Silésie : la place du marché de Wroclaw.
La place du marché de Wroclaw, sur une ancienne photographie

Vladislav autorisa les ducs de Liegnitz, Teschen, Oppeln et Ratibor à disposer par testament de leurs Etats, s'ils manquaient d'héritiers mâles (1498 et 1511). C'est en vertu de cette autorisation que le duc Frédéric II de Liegnitz, Brieg (Brzeg ) et Wohlau (Wolów), conclut avec l'électeur Joachim Ill de Brandebourg un pacte successoral (1537); mais le roi de Bohème d'alors, Ferdinand Ier de Habsbourg, déclara ces arrangements nuls et non avenus. Les Silésiens s'étaient en majorité convertis au protestantisme; ils furent violemment persécutés par l'empereur dans les principautés qui, par déshérence, avaient fait retour à la couronne de Bohème; le prince de Jaegerndorf, de la famille de Hohenzollern, fut dépossédé pour avoir soutenu l'électeur palatin. En 1648 les jésuites furent installés, les églises protestantes closes et leurs biens confisqués. Peu à peu les principautés passaient toutes aux mains des Habsbourg; en 1675, le dernier duc de la maison des Piasts mourut, laissant vacants ses duchés de Liegnitz, Brieg et Wohlau. 

L'électeur de Brandebourg les revendiqua en vertu du pacte de 1537, mais dut se contenter du cercle de Schwiebus / Swiebodzin  (1686), que son fils revendit huit ans plus tard pour 250.000 florins. Le roi de Suède Charles XII fit rendre aux protestants 128 églises et le droit d'occuper les fonctions publiques. Les Etats de Silésie adhérèrent en 1720 à la pragmatique sanction, reconnaissant pour souveraine future la fille de Charles VI, Marie-Thérèse. Mais à son avènement, le roi de Prusse, Frédéric II, revendiqua les principautés de Liegnitz, Brieg, Wohlau et Jaegerndorf, offrant son alliance à la reine. Sur son refus, il envahit la Silésie et, par le traité de Breslau (11 juin 1742), se la fit céder tout entière, à l'exception des principautés de Teschen, Troppau, Jaegerndorf, c.-à-d. les trois autres principautés de Haute-Silésie (Oppeln, Ratibor, Bielitz / Bielice) et les treize principautés de Basse-Silésie (Breslau, Brieg, Glogau / Glogów, Jauer, Liegnitz, Münsterberg / Ziebice, Neisse, Oels / Olesnica , Sagan / Zagan, Schweidnitz / Swidnica , Wohlau, Trachenberg / Zmigród , Karolath) et les seigneuries moindres. 

Cette province fut plusieurs fois prise et reprise dans la guerre de Sept Ans; l'impératrice en céda définitivement la plus grande partie à la Prusse en 1763, et ne s'en réserva que la moindre portion sous le nom de Silésie autrichienne. Celle-ci, au Sud de la précédente, forma avec la Moravie le gouvernement autrichien de Moravie-et-Silésie; elle se divisait en 2 cercles : Troppau (Ostrava) et Teschen. 

La Silésie prussienne. - Cette province du royaume de Prusse, comprenait, outre la partie de la Silésie conquise en 1742, le comté de Glatz, une partie de la Haute-Silésie enlevée à la Saxe par le traité du 9 juin 1815. La superficie était de 40.307 km², la population atteignait 4,5 millions d'habitants en 1895, soit 109 h/km². L'administration très fiscale, mais bien ordonnée, la tolérance religieuse, gagnèrent la Silésie à ses nouveaux maîtres. Elle fut un des foyers les plus ardents du patriotisme prussien en 1813 et 1866-1870. Les couleurs provinciales étaient blanc et jaune. La province se divisait en trois districts subdivisés en 65 cercles, à savoir : Breslau, 24 cercles; Oppeln, 20 cercles; Liegnitz, 21 cercles. Les deux premiers districts formaient le territoire du 6e corps d'armée; Liegnitz relevait du 5e. Une grande partie du pays restait en la possesion des princes féodaux. 

La Silésie Autrichienne. - Ce duché de la couronne d'Autriche était formé de la partie de la Silésie conservée par elle en 1742. Il comprenait 5147 km² et 606 000 habitants. (en 1890), soit 118 h/km². La Silésie autrichienne, située au Sud de la province prussienne, était divisée par le district morave de Mistek en deux parties, les anciens cercles de Teschen à l'Est et de Troppau à l'Ouest. Le duché était divisé en 10 circonscriptions, 3 villes et 7 capitaineries. La population comprenait 48 % d'Allemands et 52 % de Slaves (dont 22 de Tchèques et 30 de Polonais). Elle était en grande majorité catholique et relevait du prince-évêque de Breslau qui avait un vicaire à Teschen. 

Le XXe siècle.
Après la Première Guerre mondiale, la Silésie prussienne revint à la Pologne, et la Silésie autrichienne fut attribuée au nouvel état Tchécoslovaque, créé après par le Traité de Saint-Germain (1919), lors du démantèlement de l'empire austro-hongrois.

Envahie en même temps que le reste de la Pologne, en 1939, par les armées allemandes, la Silésie polonaise devient sous le régime nazi une destination de peuplement (ou de repeuplement) par des Allemands. Mais au lendemain du second conflit mondial, le nouveau tracé des frontières le long de la ligne Oder-Neisse, qui restitua l'essentiel de la Silésie à la Pologne, occasionna un nouveau déplacement de populations (expulsion des Silésiens germanophones). 

L'histoire de la Silésie s'inscrit ensuite dans celle des Etats entre lesquels elle est divisée. L'essentiel appartient à la Pologne restée communiste jusqu'en 1990. Depuis 1999, elle est divisée administrativement entre trois voïvodies : celle de Basse-Silésie, d'Opole, et de Lubusz . La Silésie tchèque fait maintenant partie de la République tchèque (région de Moravie-Silésie et partie nord de la région d'Olomouc). La Silésie allemande ou Silésie-Lusace (Niederschlesien Lusace) fait partie du Land de Saxe. (A.-M. B.).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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