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Suivant les traditions légendaires, le royaume de Macédoine fut fondé, dans l'Emathie, par l'Héraclide Caranus, vers l'an 799 av. J.-C. Et si l'on se fie à Hérodote, qui puise lui aussi dans les anciennes légendes, ce royaume remontait à l'Héraclide Perdiccas Ier, issu de la famille royale des Témènides d'Argos, qui avait fait la conquête de l'Emathie, vers l'an 729. Thucydide est du même avis, et la Grèce reconnut cette origine par l'autorisation accordée au fils d'Amyntas Ier, Alexandre « le Philhellène», comme Pindare l'appelle, de concourir aux jeux olympiques. Quoi qu'il en soit, Hérodote donne pour successeurs à Perdiccas Ier, Argée Ier, Philippe Ier, Éropos, Alcétas et Amyntas Ier, dont on sait peu de chose. Ce n'est qu'à l'époque des guerres Médiques qu'un demi-jour se fait dans cette histoire. Le royaume, sans étendre bien loin son action, était déjà considérablement agrandi : le mont Bermios avait été franchi; les Piériens chassés de la côte et rejetés à l'est sur le Strymon; les Bottiéens, au sud, vers la Chalcidique, tout en conservant Pella. La domination macédonienne avait même passé l'Axios; les Édoniens étaient expulsés d'une partie de la Mygdonie, Anthémous occupée à l'entrée de la péninsule chalcidique, dans l'intérieur, les Éordéens et le petit peuple inconnu des Almopes dépossédés; de sorte que les rois de Macédoine tenaient, même au delà de l'Axios, de fortes positions et paraissaient les suzerains des petits princes qui régnaient sur les barbares voisins. Vers la mer, ils possédaient la côte de la Piérie jusqu'aux bouches de l'Haliacmon, où ils étaient arrêtés par les Grecs, qui, dès la 10e olympiade, avaient couvert la péninsule chalcidique de leurs colonies et fondé Méthone sur la côte même de la Piérie. La Macédoine tributaire de la Perse Telle était la situation de la Macédoine quand les Perses s'emparèrent de la Thrace. Amyntas Ier, un ami des Pisistratides, y régnait. Il suivit l'exemple des peuplades voisines qui s'étaient soumises, et consentit à offrir aux envoyés de Mégabaze, satrape de Thrace, la terre et l'eau. Mais, dans un repas, ces ambassadeurs ayant oublié Alexandre I. Perdiccas II. Athènes ne demeura pas en reste avec lui. A l'est de la Macédoine, se trouvaient les Odryses sous le commandement du roi Sitalcès, qui avait fait reconnaître son autorité aux plus vaillantes peuplades de la Thrace. Il ne demandait qu'une occasion de mettre le pied chez son voisin. Les Athéniens l'y poussèrent, et il entra en Macédoine avec une nombreuse armée qui imposa de dures conditions. Ces conditions, Perdiccas les viole; Sitalcès reparaît plein de colère, s'avance, malgré les courageux efforts de Perdiccas et des petits princes du Nord; jusqu'à l'Axios, ravageant tout sur sa route, et devient si redoutable, qu'Athènes effrayée cesse de lui fournir des provisions (429). Perdiccas saisit le moment, il regagne le roi des Odryses qui se retire, peut-être en livrant Philippe I à son frère. Perdiccas s'était rapproché un instant d'Athènes pour être en état de repousser son formidable adversaire. Le danger évanoui, il redevint son ennemi, excita contre elle les villes de la Chalcidique, s'allia avec Sparte et obtint qu'elle envoyât de ce côté Brasidas (424). Il avait un autre projet; il voulait que le Spartiate l'aidât à dompter les petits princes de la haute Macédoine, qui s'efforçaient d'échapper à sa suprématie. Derdas, roi des Orestes, avait, pour cette raison, pris récemment les armes; actuellement, c'était Arrhibée, roi des Lyncestes. Brasidas refusa d'abord; puis, quand il se fut emparé de toutes les villes chalcidiques et d'Amphipolis, il consentit à joindre ses troupes à celles de Perdiccas. Mais, en présence de l'ennemi, les mercenaires illyriens du roi firent défection, les Macédoniens, effrayés, s'enfuirent, et Brasidas, avec ses Grecs, opéra une retraite difficile (423). Cet événement altéra la bonne amitié du roi et des Spartiates; d'ailleurs ceux-ci, à leur tour, étaient devenus trop redoutables : Perdiccas traita avec Athènes, et obtint des Thessaliens qu'ils fermassent le passage aux armées lacédémoniennes. Les choses restèrent sur ce pied jusqu'à sa mort (418). Sa règle de conduite avait été de ne point se lier par de durables alliances, et de faire servir tour à tour à sa puissance Athènes et Sparte, Corinthe et les Odryses : politique peu généreuse, ne méritant pas, à qui la pratique, l'estime de l'histoire, mais habile, hardie, et qui perd les États ou les conduit à une grande fortune. Alexandre Ier avait commencé la série de ces princes macédoniens qui sentirent le besoin d'helléniser leur peuple pour ajouter, aux forces de la barbarie, l'éclat et les ressources de la civilisation. Perdiccas Il suivit son exemple; il ouvrit ses États aux Grecs que la guerre chassait de chez eux et reçut dans sa demeure royale le poète Mélanippide, même Hippocrate. Ses successeurs continueront cette tactique intelligente : ce seront les Macédoniens qui donneront à la Grèce ses derniers défenseurs et qui écriront à Pydna la dernière page de son histoire. Archélaos I. « Il fit, dit Thucydide, pour l'organisation et la puissance de la Macédoine, plus que ses huit prédécesseurs pris ensemble. »Au lieu de mercenaires sans fidélité et de levées tumultueuses sans expérience ni discipline, il eut une armée régulière. Il fortifia des villes pour arrêter les invasions et ouvrit des routes pour favoriser le commerce et l'agriculture, peine que ne se donnaient pas les gouvernements de ce temps-là. Trouvant Pydna trop exposée aux attaques par mer, il se construisit une autre capitale, Pella, située dans l'intérieur des terres et défendue par des marais, tout en étant, par un fleuve voisin, le Ludias, en communication avec le golfe Thermaïque. Au pied de l'Olympe, sur la route qui menait à la vallée de Tempé, il fonda Dion, où il appela la civilisation de la Grèce. A Aegées, il institua des jeux en l'honneur de Zeus, comme les Grecs en célébraient à Olympie. Sa cour était magnifique : il y fit venir des artistes de la Grèce : Zeuxis exécuta dans son palais des peintures que le roi paya 7 talents. Il s'efforça vainement d'y attirer Sophocle, dont le fier génie ne se plaisait que dans Athènes, et Socrate, qui eût cessé d'être lui-même s'il eût quitté l'Agora; mais il réussit auprès d'Euripide, qui vint terminer sa vie en Macédoine auprès de deux autres poètes, Choerilos et Agathon, alors célèbres, et du musicien Timothée; Athénée dit qu'il était en relation d'amitié avec Platon. A ce pays enfin, demi-grec et demi-barbare, qui n'avait ni vie civile régulière, ni commerce, ni industrie, ni art, ni littérature, Archélaüs Ier donna les éléments de toutes ces choses, s'efforçant de faire regagner en peu de temps, à son peuple, l'avance que les Grecs avaient prise sur lui. Le Pierre le Grand de cette Russie du monde grec périt assassiné en 399, victime peut-être des ressentiments de la noblesse. On pourrait pousser plus loin la comparaison avec la Russie, en ajoutant que cette civilisation hâtive ne pénétra pas dans la masse de la nation et ne fit que polir, peut-être corrompre, la noblesse et la cour. « Lorsque mon père devint votre roi, dira un jour Alexandre aux Macédoniens mutinés, vous étiez pauvres, errants, couverts de peaux de bêtes et gardant les moutons sur les montagnes ou combattant misérablement pour les défendre contre les Illyriens, les Thraces et les Triballes. Il vous a donné l'habit du soldat; il vous a fait descendre dans la plaine et vous a appris à combattre les barbares à armes égales. »Le roi civilisateur avait donc laissé beaucoup à faire. Son règne d'ailleurs fut suivi de crimes, d'usurpations, de meurtres et de guerres civiles qui remplirent quarante années (399-359). Oreste, Aéropos, Pausanias et Amyntas II. « Le roi est supérieur à tous, dit Aristote, en richesse et en honneur. »Cependant, il vivait habituellement au milieu de troubles et de révolutions qui ne donnaient pas aux peuples plus de tranquillité que les démagogues n'en assuraient aux cités démocratiques. Alexandre II, Ptolémée l'usurpateur, Perdiccas III, Amythas IV. Philippe à la conquête de la Grèce Avant Philippe II, la Macédoine était dans une situation désespérée : elle payait tribut aux Illyriens, et l'intervention hautaine de Thèbes, d'Athènes dans ses affaires, y augmentait le chaos. Envoyé à Thèbes en otage, Philippe fut élevé dans la maison d'Épaminondas, et vit comment le génie d'un homme pouvait sauver une nation. Aussi lorsqu'il eut le pouvoir, deux années lui suffirent pour délivrer le royaume des barbares et lui-même de deux compétiteurs, à l'aide de la phalange qu'il avait organisée d'après une idée d'Epaminondas. La Macédoine au temps de Philippe II. Prise d'Amphipolis, occupation de la Thessalie. Seuls, en effet, les Athéniens veillaient alors pour la Grèce, guidés par un grand citoyen, Démosthène, qui employa sa nerveuse éloquence à dévoiler sans relâche les desseins ambitieux du roi. Mais ses Philippiques, ses Olynthiennes ne purent déjouer la ruse appuyée de la force. Olynthe, que Démosthène avait voulu sauver, tomba, et avec elle la barrière qui gênait le plus la Macédoine (348). Athènes, menacée maintenant dans l'Eubée et jusque dans l'Attique, où des troupes macédoniennes vinrent renverser les trophées de Marathon et de Salamine, signa une paix conseillée par Démosthène lui-même, et qu'il alla négocier avec le roi. Seconde guerre sacrée (346). Bataille de Chéronée (338). La Macédoine, en effet, était maintenant un puissant Etat, s'étendant des Thermopyles au Danube, et des bords de l'Adriatique jusqu'à la mer Noire. Son gouvernement intérieur ne redoutait plus ni les troubles, ni les prétendants; l'aristocratie, cause de tous les désordres antérieurs, avait été gagnée par la gloire du monarque, par les honneurs et les commandements, ou contenue par les otages qu'elle avait du livrer pour faire de tous les jeunes nobles la garde du prince. Philippe fut arrêté par la mort au milieu de ses grands projets. Un noble, Pausanias, l'assassina, plutôt sans doute à l'instigation des Perses qu'à celle de sa femme, l'impérieuse Olympias (336). Il n'avait que quarante-sept ans. Son fils, Alexandre III, lui succéda. Alexandre à l'assaut du monde Soumission de la Grèce à Alexandre (336-334). « Démosthène m'appelait enfant, dit-il, lorsque j'étais en Illyrie, jeune homme lorsque j'arrivai en Thessalie; je veux lui montrer au pied des murs d'Athènes que je suis un homme. »Il prend Thèbes, tue six mille de ses habitants, en vend trente mille, et les Grecs épouvantés lui donnent, à Corinthe, le titre déjà décerné à son père de généralissime pour la guerre Persique. Expédition de Perse (834). Conquête du littoral asiatique et de l'Egypte. Conquête de la Perse, mort de Darius, meurtre de Clitus (331-327). Sûr maintenant qu'aucune armée du roi de Perse ne pourra tenir tête à ses Macédoniens, il laisse encore une fois ce prince fuir vers ses provinces orientales, descend à Babylone où il sacrifie à Bélus dont il relève le temple renversé par Xerxès, et court occuper les autres capitales de Darius : Suse qui renfermait d'immenses richesses, Pasargade, le sanctuaire de l'empire, Persépolis qu'il incendie pour annoncer à tout l'Orient qu'un nouveau conquérant est venu s'asseoir sur le trône de Cyrus. Il soumet au pas de course, par lui ou par ses généraux, les montagnards du voisinage, entre dans Ecbatane huit jours après que le roi en est parti, le poursuit encore et allait l'atteindre quand trois satrapes, dont le malheureux prince était le prisonnier, l'égorgent et ne laissent entre les mains du conquérant qu'un cadavre. Bessus, un des meurtriers, essaye d'établir en Bactriane un centre de résistance; Alexandre ne lui en donne pas le temps; il traverse rapidement l'Arie, l'Arachosie, la Bactriane, jusqu'à l'Oxus; Bessus, qui s'était retiré derrière ce fleuve, lui est livré, et un conseil de Mèdes et de Perses l'abandonne au frère de Darius qui lui fait souffrir mille tourments. Alexandre passa l'hiver dans ces régions, où il fonda sur les bords du Iaxartes, une nouvelle Alexandrie qu'il peupla de Grecs mercenaires, de barbares voisins et de soldats invalides. Un satrape, Spitamène, complice de Bessus, avait repris les desseins de ce chef ambitieux; il fut traqué comme une bête fauve et rejeté chez les Massagètes, qui envoyèrent sa tête aux Macédoniens. La prise du roc Sogdien, le mariage d'Alexandre avec Roxane, fille d'un seigneur perse, et la fondation de plusieurs villes achevèrent la soumission de la Sogdiane, où le conquérant laissa de grands, mais aussi de terribles souvenirs : le supplice de Philotas et de son père Parménion, à la suite d'une conspiration qu'ils n'avaient pas révélée, le meurtre de Clitus dans une orgie (327), et celui du philosophe Callisthène pour un complot auquel il était etranger. Alexandre au-delà de l'Indus; retour à Babylone; sa mort (327-323). « Comment veux-tu que je te traite? dit Alexandre au captif. - En roi », répondit Porus.Il lui laissa ses Etats, les agrandit même et le chargea de maintenir le pays dans son obéissance. Il voulait passer encore l'Hyphase pour pénétrer dans la vallée du Gange; son armée s'y refusa et il dut s'arrêter. Après avoir marqué l'extrême limite de sa course victorieuse par douze autels autour desquels il célébra des jeux, il revint sur l'Indus qu'il descendit jusqu'à l'Océan, soumettant les peuplades riveraines, fondant des villes, des chantiers, des ports, et explorant avec soin les embouchures du fleuve. Il retourna à Babylone par les déserts de la Gédrosie et de la Carmanie, où nulle armée n'avait encore pénétré; pendant ce temps Néarque, son amiral, longeait avec sa flotte le littoral et revenait par le golfe Persique pour tracer au commerce la route des Indes. Malgré les recrues nombreuses que lui avaient envoyées la Macédoine et la Grèce, Alexandre n'aurait pu fonder tant de villes et maintenir ses sujets dans l'obéissance, s'il n'avait usé envers les vaincus d'une sage politique, sacrifiant à leurs dieux, respectant leurs coutumes, laissant entre les mains des indigènes le gouvernement civil du pays et s'efforçant d'unir les vaincus et les vainqueurs par des mariages, comme il en donna lui-même l'exemple en épousant Barsine ou Statira, fille de Darius. Les forces militaires restaient seules entre les mains de ses Macédoniens; et il comptait sur la bienfaisante influence du commerce pour créer entre l'Orient et l'Occident, entre la Grèce et la Perse, des intérêts communs, qui feraient de tant de peuples divers un seul et formidable empire. La mort qui le surprit à Babylone à la suite de ses excès (21 avril 323) arrêta ses grands desseins. Personne après lui n'eut assez de force ou d'autorité pour les reprendre. Près de rendre le dernier soupir, il avait remis son anneau a Perdiccas ; ses autres lieutenants lui demandèrent à qui il laissait sa couronne : « Au plus digne, mais je crains qu'on ne me fasse de sanglantes funérailles. »II n'avait que trente-deux ans et il en avait régné treize. La période hellenistique Démembrement de l'empire d'Alexandre; Ipsus (301). Royaumes de Syrie (301-64) et d'Egypte (301-30). L'Egypte eut des jours meilleurs, sous les premiers Lagides,qui portèrent tous le nom de Ptolémée. Elle fut alors un État puissant, le centre du commerce du monde, l'asile des lettres et des sciences, qui eurent à Alexandrie une magnifique bibliothèque; mais après les rois habiles, arrivèrent rapidement les rois débauchés, cruels et incapables, et à leur suite l'intervention étrangère. Ainsi Ptolémée Soter (301) augmenta son royaume de la Cyrénaïque, de Chypre, de la Coelé-Syrie et de la Phénicie; Philadelphe (285) développa la marine et soutint deux guerres heureuses, l'une contre son frère Magas, gouverneur de Cyrène, l'autre contre le roi de Syrie, qui ne put entamer l'Egypte; Evergète (247) pénétra en Asie jusqu'à, la Bactrianeet en Afrique dans l'intérieur de l'Ethiopie, tandis que ses lieutenants lui soumettaient les côtes de l'Arabie Heureuse, pour assurer la route du commerce avec l'Inde. Philopator (282) commença la décadence Epiphane (205) l'accéléra en se plaçant sous la tutelle des Romains, qui ne cessèrent plus de se mêler aux affaires de l'Égypte jusqu'aux jours de César et de Cléopâtre, dangereuse sirène, à qui Antoine sacrifia son honneur, sa fortune et sa vie. Octave lui résista et la reine, menacée d'être traînée à Rome en triomphe, se fit piquer par un aspic. L'Égypte devint une province romaine (30). Le royaume de Pergame dans l'Asie Mineure, l'était depuis l'an 129 par le testament de son dernier roi. Royaume de Macédoine (301-146); Cynocéphales et Pydna. |
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