| Ecbatane est un nom de ville, qui tire son origine d'un mot perse ancien, Hagmatana, littéralement congressus = réunion, d'où les Grecs ont fait Agbatana et Ekbatana, en latin Ecbatana. Ce nom fut porté par plusieurs villes de Perse et de Médie. 1° Ecbatane de Médie, qui fut la capitale de l'empire de Médie, fut fondée par le Touranien, Déjocès, et reçut le nom générique d'Hagmatana, qui s'est perpétué jusqu'à nos jours dans la ville de Hamadan, pour son importance et le nombre de ses habitants d'une des principales villes de l'Iran actuel. Elle est située près du mont Élvend, l'antique Orontes, où Darius fit graver un texte trilingue. Le premier roi de la dynastie mède, Déjocès fonda cette ville non loin du mont Elvend, non loin des chaînes de montagnes qui séparent la Médie du bassin du Tigre. La ville était située sur le versant d'une colline et entourée de sept murs, qui furent tous visibles, s'élevant en forme de gradins l'un sur l'autre; chacune de ces circonvallations avait des créneaux d'une couleur différente. Hérodote (I, 98) nous donne l'ordre suivant: noir, blanc, écarlate, bleu, orange, argent et or, arrangé d'après un certain ordre de classement des planètes auxquelles une couleur était consacrée. L'enceinte extérieure, la plus basse, avait 250 stades (48, 5 km) en circonférence. La dernière enceinte, la plus élevée, entourant la ville sacrée et royale, renfermait le palais du souverain et un temple du Soleil; les édifices étaient bâtis en bois de cèdre et de cyprès; tous les toits et tous les chapiteaux des colonnes étaient couverts de plaques d'or et d'argent. Nous savons par les textes babyloniens qu'Ecbatane était la capitale d'Astyage; la ville et le palais passèrent sous la domination des rois perses, qui choisirent ces lieux montagneux et aérés pour leur résidence d'été. D'immenses trésors étaient accumulés dans cette forteresse entourée de sept murs. Alexandre en enleva une partie en 331; Séleucus prit Ecbatane en 313 et la pilla : mais telle fut la richesse des trésors qu'un siècle plus tard Antiochus III put emporter encore pour 4 000 talents d'argent. Les rois parthes l'enlevèrent aux Séleucides vers 470 av. J.-C., et choisirent Ecbatane également pour leur résidence d'été; les Sassanides semblent l'avoir délaissée, mais durant le Moyen âge elle conserva son importance sous le nom de Hamadan. La ville moderne étant bâtie sur le site de l'antique capitale, les fouilles à Écbatane sont devenues impossibles, et beaucoup d'antiquités remarquables doivent encore être recélées sous les constructions nouvelles. Quelques chapiteaux de colonnes, inscriptions cunéiformes et un lion en pierre sont les principaux vestiges de l'antique splendeur. On a discuté souvent sur l'emplacement de la capitale de Médie, qu'on a voulu reconnaître ailleurs que dans ce pays; mais la plupart des passages montrent (par exemple Macch. Il, 9, 8) qu'Ecbatane ne peut être que Hamadan. Le nom d'Ecbatane se trouve aussi dans le texte d'Esdras (VI, 2) sous la forme d'Akhmata; on y conservait les archives de l'empire perse, et spécialement le décret de Cyrus donnant la liberté aux Juifs. 2° Au XIXe siècle, quelques auteurs distingués, surtout Sir Henry Rawlinson (Royal Asiatic Society, vol. X, I, 494), ont voulu admettre une ville d'Ecbatane en Atropatène ou l'Azerbaïdjan près des ruines sassanides de Takht-i-Suleiman. C'est l'antique Gazaka ou Canzaka, lequel nous dénote en effet une ville de trésors. Elle était florissante durant les temps du Califat, et fut saccagée par les Mongols au commencement du XIIIe siècle. Des ruines très importantes, entourées d'une circonvallation, dénotent la grande importance de la ville qui, dans les écrits orientaux, s'appelle Shis. Il est douteux que cette ville se soit jamais nommée Ecbatane. 3° Pline (Histoire naturelle, VI, 29) parle d'une Ecbatane des Mages, aux confins orientaux de la Perside, qui, selon le texte obscur de l'auteur latin, fut transportée par Darius dans les montagnes. 4° Le nom d'Ecbatane, avec la forme plus ancienne et plus correcte d'Agbatane d'Hérodote, d'Eschyle et de Ctésias, est appliqué à une ville de Syrie. Hérodote (III, 64) raconte que Cambyse avait évité la ville d'Ecbatane, parce qu'un oracle de la ville de Buto lui avait prédit qu'il mourrait dans cette ville. Blessé en Syrie en revenant d'Égypte, il demanda comment s'appelait la ville où il se trouvait. On lui répondit que le nom en était Agbatane, et il aurait conclu que sa fin était venue et qu'il s'était trompé sur le compte de la capitale mède. Il est probable que cette ville est la ville de Hamat, qui, prononcée Hâmat avec un h fort, pouvait être prise pour Hagmatane. Ce conte, peut-être inventé, ne contient pourtant rien qui soit impossible. (J. Oppert). | |