| La Thessalie est une région de la Grèce septentrionale. La Thessalie, par sa position intermédiaire et la fertilité de son sol, fut exposée à de fréquentes invasions. A l'époque archaïque, les Achéens de Phtie occupaient le Sud, les Minyens Iolcos, les Éoliens on Béotiens la région d'Arné, les Dolopes les deux versants du Pinde, les Perrhèbes et les Aenianes le Nord, etc. L'unité fut l'oeuvre de la conquête du pays par les Thessaliens; ceux-ci seraient venus de Thoeprotie (Epire), probablement vers l'époque de l'invasion dorienne. Le résultat de cette conquête fut l'occupation de la plaine par l'aristocratie thessalienne (bientôt grécisée si elle n'était pas d'origine grecque); autour subsistèrent, à peu près autonomes, mais sans influence politique, les Magnètes dans leurs montagnes de l'Est, les Achéens en Phthiotide, les Dolopes dans le Pinde méridional, les Perrhèbes dans les montagnes du Nord; dans la zone d'influence des Thessaliens, il faut encore ranger les populations des montagnes et vallées méridionales, Maliens de la plaine du Sperchios, OEtaeens. Dans la plaine, l'aristocratie thessalienne avait réduit en servage la population primitive, groupée sous le nom de Penestes. L'élevage des troupeaux fut la grande fortune du pays; ses chevaux étaient particulièrement renommés, et la cavalerie thessalienne, la meilleure de Grèce. Parmi les clans nobles, les plus illustres furent les Aleuades de Larisse, les Scopades de Crannon et les Créondes de Pharsale. La Thessalie était divisée en quatre districts : Pelasgiotis, Hestraeotis, Thessaliotis et Phthiotis, les Achéens de cette partie ayant été agrégés à la fédération. Celle-ci reconnaissait en cas de guerre un chef unique, le Tagos, et pouvait équiper 6000 cavaliers et 10000 hoplites. Les divisions intérieures, l'autonomie de chaque cité et les rivalités des trois principales, Larisse, Pharsale et Phères, paralysèrent l'expansion des Thessaliens; ils ne purent dépasser au Sud les Thermopyles où les arrêtaient les Phocidiens, ni au Nord les défilés de l'Olympe. Lors de l'invasion de Xerxès, ils se soumirent au grand roi, sur le conseil des Aleuades. En 454, une expédition athénienne fut repoussée; L'aristocratie était, comme dans toute la Grèce, favorable à Sparte, le parti populaire à Athènes. En 395, .les Thessaliens entrèrent dans la coalition des Béotiens et Corinthiens contre Sparte, mais ne purent arrêter Agésilas. A cette époque s'établit à Phères une dynastie de tyrans qui s'efforça de réaliser la monarchie thessalienne et probablement visait à l'hégémonie de la Grèce, selon le plan repris et exécuté par les rois de macédoine. Ils succombèrent à la coalition de l'oligarchie, avec Thèbes et la Macédoine. Philippe, appuyé par les Aleuades, acheva l'annexion de la Thessalie en 344, mettant garnison dans Magnésie, Pagase et Phères, plaçant un fidèle à la tête de chacune des quatre provinces. Le dernier effort pour l'indépendance thessalienne fut la guerre lamiaque, mais, après la victoire d'Antipater, la domination macédonienne se continua. La victoire des Romains à Cynoscéphales (197) eut pour conséquence un affranchissement nominal de la Thessalie, sous un stratège annuellement élu; en 146, elle fut annexée à la province romaine de Macédoine; en 27 av. J.-C., à celle d'Achaïe; Vespasien la réunit de nouveau à la Macédoine; Alexandre Sévère l'érigea en province distincte. Elle partagea les vicissitudes de l'empire byzantin, ravagée par les Goths, les Huns, les Bulgares, les Slaves, d'autres fois prospère. A partir de 1084 et au siècle suivant, l'élément valaque y devint important et les Francs l'appelaient Grande-Valachie. Les Turcs la conquirent en 1393. La frontière grecque s'arrêta à l'Othrys en 1832; mais en 1881, la Thessalie presque entière fut réunie à la Grèce. Les Turcs, très nombreux autour de Larisse, ont en partie émigré; les Valaques et les Albanais vivaient en bergers semi-nomades dans le Pinde; ils fournirent aussi des ouvriers aux villes où l'on retrouvait de nombreux Juifs descendants des réfugiés espagnols. (A.-M. B.). | |