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Thèbes (Grèce)

Thèbes (néo-grec : Thivai, Phiva, ancien grec : Qebai).  - Ville de Grèce, la plus importante de l'ancienne Béotie. Elle occupe aujourd'hui l'emplacement de la Cadmée, citadelle de la cité antique, sur les ruines de laquelle sont deux autres villages, Theodori et Pyrgi. La Thèbes antique occupait plusieurs des hauteurs qui séparent les bassins de l'Asopos et du lac Copaïs. La principale était au midi la Cadmée (45 à 53 m au-dessus de la plaine), à l'Est de la source et du ruisseau de Dircé; à l'Est de la Cadmée étaient la colline Isménienne, puis la source et le ruisseau Ismenos; les deux ravins de Dircé et d'Ismene descendant vers le Nord finissent par se réunir à 3 kilomètres des sources; la ville occupait l'espace intermédiaire, d'ailleurs divisé par un troisième ravin parallèle (nommé Strophia par Pausanias) qui séparait de la Cadmée le prolongement méridional de l'Ismenion appelé Ampheion. La ville moderne, confinée sur la Cadmée, se compose de deux rues la traversant dans le sens de la longueur : au Nord est la grosse tour franque dite de Saint-Omer; au Sud un aqueduc franc; à I'Est de l'Ismenos, l'église Saint-Luc. Sur la plaine environnante s'étendent de petits jardins affectés à la culture maraîchère.

Il ne reste à peu près rien de la ville antique plusieurs fois détruite et dont les matériaux ont servi à fonder les maisons modernes; on n'est pas d'accord sur la position des sept portes légendaires (Proetide, Electre, Néitae, Krénée, Ogygie, Omoloide et Haute); la première était au Nord-Est, menant à Chalcis; la seconde au Sud (route de Platées); la troisième au Nord-Ouest (route de Delphes); la quatrième à près de la fontaine de Dircé. La description de Pausanias permet de se rendre à peu près compte de la topographie antique; ville haute à l'Ouest du ravin Strophia comprenant deux quartiers la Cadmée au Sud et l'Agora au Nord; ville basse, que la mythologie grecque dit avoir été ajoutée par Amphion et Zethus (ou Zethos) à l'Est du ravin, comprenant aussi deux quartiers, Ismenios au Sud et Amphion au Nord; ce dernier renfermait le tombeau supposé d'Amphion, le théâtre et le temple de Dionysos; le précédent avait le temple d'Apollon Isménien, sanctuaire de Thèbes.

La mythologie attribuait la fondation de Thèbes à Cadmus (ou Cadmos), chef d'une colonie phénicienne; l'Odyssée désigne comme fondateurs Amphion et Zethus, constructeurs de l'enceinte; les logographes ont voulu en faire des successeurs de Cadmus; on a contesté l'origine phénicienne des Cadméiones. Quoi qu'il en soit, les mythes les plus courants disent que Cadmus eut un fils, Polydore, et quatre filles, Ino, Sémélé, Antonoè, Agavé; la première épousa Aphama et en eut Mélicerte; la seconde enfanta avec Zeus le dieu Dionysos; la troisième fut mère d'Actéon; la quatrième eut pour fils Penthée, lequel succéda à Cadmus de son vivant, mais fut déchiré par les Ménades pour avoir combattu le culte de Dionysos; Cadmus vieilli se retira alors chez les Illyriens, laissant le trône à Polydore; celui-ci aurait eu pour fils Labdacus, auquel succéda son fils Laius (ou Laïos), père d'Oedipe. Mais la couronne aurait été usurpée après Labdacus par Lycus; le frère de celui-ci,  Nycteus, eut pour fille Antiope, laquelle fut aimée de Zeus et en eut deux fils jumeaux, Amphion et Zethus; persécutés par Lycus (ou Lycos) et sa femme Dircé, les jumeaux supplantent leur grand-oncle, s'emparent de Thèbes et la fortifient. Après eux, le trône revient à Laius, puis à son fils et meurtrier Oedipe. 

Le grand drame légendaire se poursuit par les malheurs et de la ruine des Labdacides. La rivalité d'Etéocle et de Polynice, fils d'Oedipe, amène au siège de la ville aux sept portes la coalition des sept chefs; Polynice, Adraste, roi d'Argos, Amphiaraos, Capanée, Hippomédon, Parthenopée, Tydée. Après le duel tragique où succombent les deux frères, l'attaque est repoussée, et six des sept chefs assiégeants périssent; mais, quatorze ans plus tard, leurs fils, les Epigones, recommencent l'expédition, Thersandre, Aegialée, Alcméon, Amphilochos, Stheneleus (Sthénélos), Promachos, Diomède; ils défont les Cadméens sur les rives du Glisas; le devin Tirésias persuade les assiégés d'évacuer la ville et de se retirer en Illyrie, et les Epigones installent à Thèbes Thersandre, fils de Polynice. Celui-ci, raconta-t-on plus tard, périt dans la guerre de Troie sous les coups de Télèphe. Mais le catalogue de l'Iliade, rédigé par les Ioniens et sous l'influence d'Athènes, ne fait pas mention de Thèbes. 
Une autre légende, sans connexion avec les précédentes, fait naître à Thèbes Heraclès et lui attribue l'abaissement de la vieille cité rivale, Orchomène. D'après la chronologie de Thucydide, les Cadméens auraient, soixante ans après la guerre de Troie, été expulsés par des envahisseurs  venus de Thessalie, la tribu éolienne des Béotiens; une autre tradition veut que les Béotiens soient issus d'exilés thébains chassés par des conquérants Thraces et pélasges et revenus ensuite.  Tous ces mythes et récits ont été amalgamés artificiellement et sans souci de vraisemblance; ils sont visiblement de source différente et il est impossible de dire s'il y a là-dedans ne serait-ce qu'un nom qui puisse faire référence à un personnage historique. 
L'histoire véritable de Thèbes demeure obscure jusqu'à l'époque où le Corinthien Philolaos lui aurait donné. sa constitution vers 720 av. J.- C. Cette constitution fut oligarchique et le demeura longtemps; Thèbes était à la tête de la confédération des dix cités béotiennes, élisant deux des onze magistrats appelés béotarques. La sécession de la cité ionienne de Platées amena une guerre où les Platéens soutenus par Athènes l'emportèrent et fixèrent la frontière à l'Asopos (519). Lors des guerres médiques, Thèbes se soumit aux Perses et leur fournit un contingent; ses chefs compromis furent mis à mort par les Grecs victorieux. L'oligarchie thébaine s'appuya sur Sparte, releva ses fortifications, imposa son hégémonie à la Béotie. La défaite d'Oenophyta (456) livra la ville et le pays aux Athéniens qui y établirent un gouvernement démocratique; mais en 447 les exilés béotiens reprirent Orchomène, Chéronée, défirent l'armée athénienne et restaurèrent l'oligarchie à Thèbes. 

La guerre du Péloponnèse (La rivalité de Sparte et d'Athènes), dont les Thébains donnèrent le signal par leur tentative de surprendre Platées, amena la destruction de cette cité. L'insolence des Spartiates leur aliéna Thèbes après le succès; elle abrita les exilés démocrates d'Athènes et les aida à renverser les Trente tyrans; elle refusa toute assistance à Agésilas. Lysandre prit argument d'une querelle entre les Locriens Opuntiens, amis de Thèbes, et les Phocidiens pour envahir la Béotie et assiéger Haliarte; il y fut tué (395), et une coalition de Thèbes avec Athènes, Corinthe et Argos menaça la prépondérance spartiate; à son retour, Agésilas gagna péniblement la sanglante bataille de Coronée. Puis il profita de la paix d'Antalcidas pour déclarer abolie la suzeraineté thébaine sur les autres cités de Béotie; dans chacune, une oligarchie hostile fut organisée; des garnisons lacédémoniennes occupèrent Orchomène et Thespies. En 382, le Spartiate Phoebidas occupa par trahison l'acropole thébaine, la Cadmée.

Une réaction patriotique dirigée par Pelopidas et Epaminondas expulsa la garnison étrangère et le parti oligarchique (379) ; l'alliance d'Athènes permit aux Thébains de résister, et lorsque Athènes traita avec Sparte (paix de Callias, 371), ils purent à eux seuls infliger aux Spartiates le désastre de Leuctres. A leur tour, ils obtinrent la prépondérance en Grèce, disloquèrent la confédération péloponnésienne et centralisèrent contre Sparte les forces de l'Arcadie et de la Messénie. En Béotie, ils avaient détruit Thespies (371) et exterminé la population d'Orchomène (368); en Thessalie, ils établissaient un protectorat. La disparition d'Epaminondas mit fin à cette hégémonie; la lutte contre Athènes affaiblit Thèbes qui dut laisser sa rivale maîtresse de l'Eubée. Elle engagea contre les Phocidiens la terrible guerre sacrée où s'épuisèrent les forces de la Grèce et quelle ne put achever qu'avéc l'alliance de Philippe de Macédoine. Mais lorsque ce redoutable auxiliaire s'installa à Elatée, aux portes de la Béotie, les Thébains se laissèrent convaincre par Démosthène de l'arrêter : leur armée, jointe à celle des Athéniens, perdit la bataille de Chéronée où le fameux bataillon des 300 amis, bataillon sacré, resta tout entier sur le champ de bataille. Il fallut se rendre, laisser bannir ou mettre à mort les adversaires de la Macédoine, subir une garnison dans la Cadmée pour appuyer le gouvernement de 300 partisans du roi; Orchomène et Platées furent relevées (338). 

A la mort de Philippe, les exilés thébains soulevèrent la ville; Alexandre accourut et la prit d'assaut, massacra 6 000 hommes, en prit 30 000 qui furent vendus comme esclaves; Thèbes fut rasée, à l'exception de la seule maison de Pindare (336). En 315, Cassandre releva la ville, y rappela les survivants; elle redevint prospère matériellement, au milieu de ses jardins bien arrosés, elle avait 17 kilomètres de tour; mais sa puissance politique était brisée. Ses remparts furent abattus par Mummius (146); Sulla lui ôta la moitié de son territoire pour le consacrer aux dieux. A l'époque de Strabon, ce n'était plus qu'un petit village. Pausanias ne vit d'habitants que dans la Cadmée. 

Au déclin de l'Empire romain, Thèbes redevint prospère aux XIe, et XIIe siècles, ses manufactures de soieries et ses teintureries de pourpre eurent une grande importance. La ville combattit les Bulgares sans succès en 1040; elle fut pillée par les Vikings en 1146; la domination franque lui fut favorable, les seigneurs de Saint-Omer y bâtirent un château que détruisirent en 1311 les mercenaires catalans (Almogavares) du duc d'Athènes. La décadence de son commerce de soieries et les invasions turques réduisirent de nouveau la vieille cité, à une simple bourgade. Le tremblement de terre de 1853 l'a renversée; elle a été reconstruite ensuite. (A.-M. Berthelot)..

Thèbes de Phthiotide. - Ville de la Grèce antique, au Nord-Est de la Phthiotide (Thessalie), près de la mer; ce fut la cité maritime et commerciale de la Thessalie jusqu'à la fondation de Démétriade en 290 av. J.-C. Elle ne prit aucune part à la guerre Lamiaque, fut occupée par les Etoliens auxquels l'enleva le roi Philippe, fils de Démétrius, lequel la baptisa Philippopolis. Les Romains lui rendirent son ancien nom. On voit ses ruines et son enceinte de 4 kilomètres de circonférence presque intacte à 14 kilomètres de Halmyros.
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Dictionnaire Villes et monuments
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