|
Canal ou
Détroit des Dardanelles, l'Hellespont des Anciens, c.
à d. mer d'Hellé , détroit qui sépare
l'Europe
de l'Asie
et la mer Egée
à la mer de Marmara.
Sa largeur varie de 2 à 9 kilomètres; en quelques endroits
on peut le traverser à la nage. La côte occidentle est européenne;
la côte orientale est asiatique (c'est l'ancienne Dardanie,
en Mysie). Sur ses bords sont les villes des
Dardanelles et, jadis, plusieurs forts à l'extrémité
Nord-Ouest se trouve Gallipoli (auj. Gelibolu), ce qui le fait aussi appeler
Détroit de Gallipoli.
«
Puis l'Hellespont prend son essor; la mer presse la terre, battant de son
flot tourbillonnant la barrière qui l'arrête, et arrachant
l'Europe de l'Asie. » (Dapper, Description
de l'Archipel). -
Le
détroit des Dardanelles vu depuis l'espace.
Source : Nasa.
A l'entrée du détroit sont
les caps Sigée en Asie, et Mastusia en Chersonèse de Thrace,
aujourd'hui cap Janissari et cap Grego. Plus loin, le détroit se
resserre et la côte d'Asie projette vers l'Europe le cap Trapeza,
aujourd'hui cap Berbier, sur lequel était située la ville
d'Abydos, vis-à-vis de Sestos, qui
occupe la côte de Thrace. En cet endroit
l'Hellespont n'a que 1300 m de large (sept stades, disait Pline).
C'était là que s'effectuait ordi nairement du temps des anciens
le passage d'Europe en Asie; c'est là que Xerxès
établit ce double pont de bateaux sur lequel son immense armée
franchit en 480 av. J. C., ce bras de mer qu'il a appelé si justement
une rivière salée.
Les anciennes Dardanelles occupent l'emplacement
de Sestos et d'Abydos. Plus tard à l'entrée du détroit,
sous Méhémet IV, au milieu du XVIIe
siècle, les Turcs construisirent les Nouvelles-Dardanelles, ou château
d'Europe et château d'Asie, afin de compléter la défense
de ce détroit qui ouvre aux flottes ennemies le chemin de Constantinople.
En 1717 Alexis Orloff, qui venait de brûler la flotte des Turcs à
Tchesmé et de détruire le château de Ténédos.
voulut forcer les Dardanelles. Elles furent défendues par un Français,
le baron de Tott, qui fit élever de nouvelles fortifications sur
les deux rives du détroit. Néanmoins tous ses travaux de
défense étaient réputés peu formidables n'ont
d'ailleurs pas empêché les Anglais
de forcer le passage des Dardanelles en 1807; et c'est dans le droit international
et dans la politique du système européen, qui interdisaitt
le détroit aux navires de guerre, qu'a résidé jusqu'à
la Première Guerre mondiale la vraie
garantie de l'inviolabilité des Dardanelles. (L. Lacroix).
Par
une clause secrète du traité d'Unkiar-Skélessy, la
Russie avait fait fermer le détroit
à tous les bâtiments de guerre étrangers autres que
les bâtiments russes (1833). Cette clause a été annulée
par le traité des Détroits (1841) (La
Question d'Orient).-
Carte
des Dardanelles.
Les rives du détroit des dardanelles
présentent une suite d'admirables points de vue.
«
Rien n'est au-dessus de l'aspect que nous avions le soir, dit Dallaway,
du lieu où notre vaisseau était à l'ancre, et d'où
nous voyions les deux châteaux opposés. L'air était
doux comme dans le printemps, et les feuilles des arbres commencaient à
revêtir leur couleur d'automne. Environ une lieue au-dessus des châteaux,
le canal tourne si considérablement et sa direction est tellement
dissimulée, qu'on croit voir un lac immense dont les bords sont
garnis de villes et de villages avec leurs tours et leurs minarets; des
vignobles et des troupeaux de chèvres sont répandus sur les
pentes des montagnes; enfin l'on aperçoit tous les accidents de
la scène la plus pittoresque. Dans le centre est une belle baie,
dont les eaux semblent enfermées par le promontoire, de sorte qu'on
n'aperçoit pas qu'elles débouchent dans la mer de Marmara.
En cet endroit l'épithète de large Hellespont, qu'Homère
donne au détroit, peut n'être pas considérée
comme une licence poétique, surtout si on l'entend d'une largeur
relative et comparée [...]. A mesure que Le vent nous favorisait,
nous avancions dans notre voyage. Nous observions que la côte d'Asie
était la mieux cultivée, la plus agréable pour la
variété de verdure et la beauté de ses contours formés
en quelque sorte par les racines du mont Ida se prolongeant jusqu'à
la mer. » (Dallaway, Constantinople).
|
|